samedi 14 juin 2025

Liturgie de la Parole 10e samedi TO-I

Introduction

Que votre oui soit oui. Voilà bien une parole qui nous invite à vivre cette célébration en communion avec la Vierge Marie en lui demandant cette grâce d'être ouvert corps et âme à l'appel de l'Esprit.
Dans la lecture des Vigiles ce matin, Emmanuel Mounier avait des mots que je trouve très forts et dynamisants pour notre réponse au quotidien. Il dit ceci : « Le chrétien est un être qui assume. Adsum, présent. »
Célébrer une « Eucharistie » entre guillemets, sans prêtre, c'est peut-être l'occasion de prendre mieux conscience de ce que nous sommes appelés à assumer en nous disant chrétiens... Il s'agit d'assumer le chemin de Vie que le Christ nous propose, l'assumer jusque dans le geste ultime du don de soi total et radical que le Christ nous invite à faire en mémoire de Lui.
C'est à chacun de nous que le Christ dit : « Fais ceci en mémoire de moi. Avec moi, offre-toi au Père, avec moi, mets-toi corps et âme à la disposition de l'Esprit et en Lui à la disposition de tes frères et sœurs. »
Entrons dans cette célébration en nous unissant à la prière de l'Eglise par le chant des psaumes que le Christ lui-même a chantés.

Commentaire de l’Évangile

Quelques pistes de réflexion à propos de ce bel Évangile.
Je les retire encore du texte d'Emmanuel Mounier lu ce matin.
« L'exigence la plus immédiate d'une vie personnelle est notre engagement. »
Aujourd'hui, on revendique souvent le droit à une vie personnelle et le respect de cette zone de nous-même qui ne regarde que nous. Revendication sans doute légitime mais dont la publicité s'est emparée, confondant la personne avec un ego tyrannique qui nous coupe des autres et finalement de notre propre profondeur au nom d'un bonheur très aléatoire.
Une vie réellement personnelle c'est ce dynamisme en nous qui nous fait dire : « je veux » ou « je ne veux pas ». Les promesses de notre baptême que nous reprenons lors de la Vigile pascale se résument d'ailleurs en 2 mots : « je crois » « j'adhère » et « je renonce ».

Une autre réflexion d’Emmanuel Mounier : « Amener au bord du Non serviam (je ne servirai pas) celui qui ne veut dire ni oui ni non, c'est le rendre plus capable sans doute des miracles de la grâce qu'il ne l'était sous sa couverture d'irresponsabilité. »
Cela nous pouvons nous l'appliquer à nous-même, en nous rappelant les mots de st Jean dans l'Apocalypse : « Je connais ta conduite : tu n'es ni froid, ni brûlant -mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant- aussi puisque tu es tiède, ni froid ni brûlant- je vais te vomir » Je vous invite à relire la suite c'est au chapitre 3 de l'Apocalypse. 
Si nous osions résumer nos actes, nos paroles à ces 2 mots : Oui ou Non ; froid ou brûlant ; je sers ou non serviam (je ne servirai pas), ne serait-ce pas là une chance de nous ouvrir à la grâce de Dieu qui nous conforte dans notre Oui et qui dans notre Non vient rejoindre en nous le fond de notre cœur, de notre désir pour nous amener à la conversion, qui, si nous y regardons de près, correspond à notre épanouissement profond, à cette vie personnelle que nous revendiquons.

Après un temps de silence, nous nous rassemblerons autour de l'autel pour chanter à Dieu notre action de grâces. Je vous invite à emporter votre carnet de chant à la page E67: Grâce te soit rendue .[1]

Chant : c'est un Oui sans réserve [2]

Prière après la communion

Nous te bénissons Seigneur pour ce pain de Vie que tu nous as partagé. Conduis-nous par ta grâce sur le chemin de la loyauté, de la rectitude du cœur, de notre Vérité pour qu'avec Marie ta mère nous te disions un Oui clair et franc. Libérés de tout égocentrisme nous pourrons alors partager avec nos frères et sœurs, la joie d'être chrétiens. L’Esprit le demandons à toi qui règnes avec le Père et l'Esprit pour les siècles des siècles.

Sr Myrèse écrit en 2017

 [1] https://www.chantonseneglise.fr/chant/241/grace-te-soit-rendue

[2] http://www.cfc-liturgie.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=198&Itemid=133 

vendredi 13 juin 2025

Liturgie de la Parole 10e vendredi TO-I

Méditation

L'Évangile fait partie du Sermon sur la montagne, le premier des grands discours dans lesquels saint Matthieu rassemble les enseignements de Jésus sur le Royaume de Dieu. Jésus détaille les attitudes que nous devons cultiver par rapport à la Loi, par rapport à Dieu, par rapport à l’autre et dans la prière. Il commence le discours en détaillant les béatitudes qui dépeignent le visage de Jésus-Christ et manifestent son amour. Jésus nous enseigne ici la plénitude de la Loi, il nous invite à faire un pas de plus, à vivre la vie chrétienne non pas comme des commandements à accomplir mais comme des attitudes à atteindre,  en faisant corps avec « Lui » sous le souffle de l’Esprit Saint. Les béatitudes sont notre chemin vers le bonheur.
C'est dans ce contexte que nous devons comprendre l'Évangile d'aujourd'hui. Jésus descend dans les détails concrets. Nous faudra-t-il être manchot, estropié pour parvenir à ce royaume des cieux qu’est le royaume du cœur ? Où est la bonne nouvelle dans ce texte ? C’est costaud comme évangile. « Si ta main droite entraîne ta chute coupe là, et jette la loin de toi…etc. Si une blessure intérieure t’empêche d’aimer, nomme là, jette là et avance…
La suite du texte qui suit vient du magnificat :
Comme pour le meurtre, Jésus déplace le regard de son auditeur, du plus grand au plus petit, depuis l’état de fait massif, incontestable, extérieur et scandaleux, l’adultère consommé, jusqu’à sa manifestation la plus ténue : un simple  regard justement. Ce regard trahit pourtant la racine de l’attitude mise en question, La naissance du désir, qui est une disposition tout intérieur : « pour la désirer ». Déclarant aussitôt que l’adultère est déjà accompli pour cet homme « dans son cœur » Jésus fait échos à la sixième béatitude, celle des  « purs de cœur » 
Je vous reviens avec ma réflexion.
Jésus en appelle au grand respect en soi et pour l’autre.
D’où parte en moi mes mots, mes gestes, mes désirs ? « Il, Jésus » nous invite à bien nous connaitre.
Un arrêt, une pose s’invite afin de vérifier au-dedans l’intensité du désir. Est-il guidé par le « souffle de l’Esprit Saint, où guidé par le malin ?
Jésus nous invite à toujours regarder notre propre intériorité.
Le péché n'est pas seulement une action extérieure, mais aussi une action intérieure qui nous fait du tort, nous éloigne de Dieu et de l’autre. Par conséquent, être capable de surmonter la tentation intérieure nous prédispose à être  des hommes et des femmes plus libres. Nous sommes d’avantage capable d’aimer si dans notre fort intérieur notre regard est tourné continuellement vers le Seigneur et vers les autres.  
Jésus nous invite à toujours regarder au-dedans de nous la racine de nos péchés, de nos dysfonctionnements, les endroits blessés en notre être sont des sources subtiles de nos combats, des sources de nos violences intérieures. Demandons au Seigneur la grâce d'avoir toujours un cœur prêt à aimer Dieu, à aimer  notre voisin, notre voisine.
Être libéré du péché,  c’est retrouver notre dignité d’enfant de Dieu, et laisser son amour restaurer ce qui en nous était brisé.

Brigitte 

jeudi 12 juin 2025

Liturgie de la Parole 10e jeudi TO-I 

Lectures 2 Corinthiens 3, 15-4, 1, 3-6. Matthieu 5, 20-26, 

Introduction

Saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens dit que grâce à l'Esprit, nous n'avons pas de voile qui couvre notre cœur. Il dit aussi que notre visage reflète la gloire de Dieu. Tandis que ceux qui sont aveuglés par un dieu mauvais ne voient pas clairement la gloire du Christ. Nous, nous ne perdons pas courage, rempli(e)s d'espérance, c'est en tout cas, ce qui devrait se passer pour nous qui avons reçu la lumière...
Dans l’Évangile de Mathieu, Jésus compare l'insulte à un frère à un meurtre, il y a plusieurs façons de tuer... Jésus nous invite à la réconciliation, à la bonne entente pour que nous puissions avancer ensemble.
Bertrand Lesoing, dans le « Prions en Église » compare l'harmonie à un concert il dit « il s'agit de trouver la juste note de départ pour cheminer ensemble dans l'harmonie »
Chantons les psaumes en rendant gloire !

Commentaire

« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens » ...
La justice des pharisiens est limitée, dans la loi de Moïse, il n'y a pas l'amour de Dieu et du prochain. Il nous faut donc à nous, chrétiens, surpasser cette justice des scribes et des pharisiens. La Loi de Moïse c'est le minimum nécessaire à la cohabitation. Si on se met en colère contre son frère, ou qu'on l'insulte... Les paroles de Jésus sont dures, pour deux actes bien différents, un meurtre ou une colère, c'est le même jugement. Il y a en effet, plusieurs façons de tuer les autres. 
Noël Colombier a un jour chanté : Il y a des mots qui blessent. - Il y a des mots qui font mal. - Il y a des mots qui tuent comme les pierres lancées sur la femme adultère. - Il y a des mots violents, des mots méchants, qui déchainent les pleurs, la mort, le sang. -Des mots bouche d'égout sales et puants, et les mots mensonges, les mots serpents. -  Il y a les mots mielleux qui insinuent la rumeur et les sous-entendus. Ceux qui tournent tout en dérision et massacrent ta réputation. Les mots sûrs d'eux-mêmes, à l'air hautain qui sont arrogants, pleins de dédain ! - Il y a les mots poignards, les mots fusils, pleins de raillerie et d'ironie. Et puis, il y a des mots comme « liberté », le mot « amitié » et le mot « paix », le mot « espérance », le mot « courage », le mot « gentillesse », le mot « partage » et puis viennent les mots amour et joie. - Il y a des mots qui chantent l'amitié et la vie, il y a des mots-soleil, des mots-chaleur qui réchauffent le cœur.
« si quelqu'un traite son frère de fou » ... Si on prend ce passage à la lettre… beaucoup seront condamnés !  Jésus lui-même a traité Pierre de “Satan” et les pharisiens de « sépulcres blanchis ». Mais il insiste sur l’urgence de la réconciliation. Et ce n'est pas seulement entre frères, c’est avec tout adversaire, qu’il faut se réconcilier 
 « Tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou » C'est encore une phrase dure de Jésus. Il prend un exemple de la vie courante pour que tout le monde comprenne.  Bien sûr, il nous faut reconnaître en toute humilité que nous avons besoin de la grâce de Dieu pour pouvoir pardonner. 

    A propos de mots, dans la Bible (livre des proverbes 16, 24) il est écrit « Les paroles aimables sont un        rayon de miel : douces au palais, elles redonnent des forces ».

Invitation au Notre Père

Le visage rayonnant de la gloire du Christ, prions notre Père avec les paroles apprises par Jésus.

Danièle F


mercredi 11 juin 2025

Liturgie de la Parole 11 juin St Barnabé

Méditation autour de la Pentecôte 

« En effet » (Ac 11, 21-26)
Le passage des Actes des Apôtres de ce jour titre : « C’était un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi » (Ac 11, 24). On parle de Barnabé, celui que l'on fête aujourd’hui. Cela nous dit tout, ou beaucoup, sur cet homme en peu de mots. Et cela réveille en nous ce que nous venons de célébrer avec la fête de Pentecôte.
« C'était... »
« Un homme de bien… »  Cela renvoie à la qualité humaine, à la droiture morale, à une bonté reconnue par les autres. On parle de quelqu’un de profondément bon, juste, honnête. Le genre de personnes qu’on croise parfois et avec lesquelles on se sent un peu « transformé ». Pas parce qu’elles ont dit des choses extraordinaires, mais parce qu’elles dégagent quelque chose de vrai, de lumineux. Des personnes qui ne cherchent pas à impressionner, mais à écouter, à servir, à comprendre. Des personnes dont la présence fait du bien.
« Rempli d’Esprit Saint … » La vie de Barnabé est animée, inspirée, traversée par Dieu lui-même. Ce n’est pas seulement un homme qui "fait le bien", mais quelqu’un dont les choix, les paroles, les gestes sont portés par une présence divine, par l’Esprit. On pourrait dire que c'est quelqu'un qui porte la sagesse, le discernement, la force intérieure, une paix, une joie calme, une liberté intérieure. Quelqu’un de profondément habité, quelqu'un qui vit vrai.
« Et de foi »… » Ce n’est donc pas juste une force intellectuelle ou culturelle. Il s’agit d’une personne dont la confiance est enracinée, vivante, en Dieu. Qui possède une foi qui habite, qui guide, qui ouvre; la foi qui fait vivre, qui éclaire et qui fait avancer.
Tel était Barnabé. 
On pourrait paraphraser ce verset en disant : « C’était une personne bonne, profondément habitée par Dieu, et qui vivait avec une confiance authentique en Lui. »  Et on pourrait penser à d'autres personnes qui lui ressemblent, des figures connues, des personnes de notre entourage… Des hommes et des femmes qui, à leur manière, laissent passer quelque chose de Dieu dans leur façon d’être, chacun à sa manière. On pourrait aussi penser à un modèle de ce que l’Église est appelée à être : humaine et bonne, habitée par l’Esprit, marchant dans la foi.
Mais dans ce verset 24, il y a deux petits mots qui changent tout : « en effet ». « C’était en effet un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi ». C’était assurément, effectivement, indéniablement, véritablement, un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. 
« En effet »… Dans « en effet », il y a « en » et il y a « effet ». L’adverbe est utilisé pour confirmer, pour justifier, pour motiver ce qui a été énoncé dans le verset précédent : « À son arrivée (à Antioche), voyant la grâce de Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur. » (Ac 11, 23)
Le verset 24 explique le verset 23, comme un effet. L'un est l'effet de l'autre. Ou l'un est le fruit de l'autre...  C’est parce que Barnabé est un homme habité par la bonté, par l’Esprit et par la foi (v. 24), qu'il se réjouit sincèrement de voir la grâce de Dieu à l’œuvre chez les autres et qu’il les encourage avec autant de cœur et de justesse (v. 23).
Quelle disposition de cœur ! Quelle foi ! Quelle vie intérieure ouverte à l’Esprit !  Et quel regard ! Un regard qui fait place à la grâce chez les autres. Un regard qui donne confiance. 
Colette Nys-Mazure, dans Célébration du quotidien, écrivait « J’aimerais tant qu’on m’offre ce regard qui dit : je vois ton désir d’avancer, même si c’est maladroit, même si ça hésite. » 
Marion Muller-Collard, dans L’inquiétude de Dieu, confie : « Et c’est ce regard qui me remet debout. »
Ce regard-là existe ! Il vient d’un don. Un don que nous avons reçu ! Un don qui se cultive. Il a un nom : l'Esprit. Nous sommes tous capables d'avoir ce regard-là !
Et c'est cela la vraie Pentecôte : un nouveau regard sur la grâce, une foi assez profonde pour s’étonner encore, un Esprit assez libre pour reconnaître Dieu à l’œuvre… ailleurs. 
Seigneur, apprends-moi à cultiver cette foi et cette ouverture à l’Esprit, pour reconnaître ta présence dans nos vies, dans celles des autres, dans nos communautés, et pour m’en réjouir pleinement. Amen.

Isabelle Halleux