jeudi 21 avril 2016

Ils allumèrent pour elle une lampe



Ils envoyèrent donc la servante, allumèrent pour elle une lampe et lui ouvrirent la porte. Elle entra et les trouva couchés qui dormaient ensemble.
La servante sortit pour annoncer que Tobie était vivant et que rien de mal n’était arrivé.
Alors Ragouël bénit le Dieu du ciel en s’écriant : « Béni sois-tu, ô Dieu, par toute bénédiction pure ! Béni sois-tu dans tous les siècles !
(Tobie 8, 13-15 traduction liturgique)

Viens Esprit Créateur, viens Souffle de vie, viens Espérance des pauvres. Illumine nos cœurs, vivifie nos corps, anime nos esprits. 

Ils envoyèrent donc la servante, allumèrent pour elle une lampe et lui ouvrirent la porte.
On entend battre le cœur des parents, de la servante. Ils ont tant souffert des 7 décès précédents. Leur espérance, leur confiance, leur foi en Dieu ont besoin de signes. On voit toute la délicatesse des parents qui envoient la servante : ils lui allument une lampe. Elle aurait pu le faire elle-même. Mais non, ils allument une lampe, comme s’ils lui confiaient le petit souffle d’espérance qui leur reste, comme s’ils lui confiaient la petite flamme de foi qui réchauffe encore leur cœur. Ils allument pour elle une lampe. Pour l’accompagner en sa mission. Aussi pour s’assurer qu’elle voit bien ce qui se passe dans la chambre. Ils lui ouvrent la porte. Une porte d’espérance. Ils lui ouvrent une voie vers la réalité tout à la fois. Ils se veulent discrets, on imagine pourtant que cela ne leur déplairait pas d’entendre les jeunes adultes qui sont leurs enfants se réveiller au grincement de la porte… ils ont tellement besoin d’être rassurés pour oser croire encore en la vie.

 Elle entra et les trouva couchés qui dormaient ensemble.
La servante exécute sa mission, elle entre munie de sa lampe. Et voici, elle les trouve endormis, ensemble. Comment fait-elle pour ne pas bondir de joie et les réveiller ? non, elle demeure discrète. Elle entre et elle voit.

La servante sortit pour annoncer que Tobie était vivant et que rien de mal n’était arrivé.
Et puis elle sort comme elle était entrée. On la devine quand même empressée, et combien soulagée de ne pas être messagère d’une mauvaise nouvelle. Qui sait si elle n’avait pas déjà reçu une telle mission pour les précédents prétendants de la fille de Ragouël… Et la voici, messagère de vie : Tobie est vivant ! et elle confirme : rien de mal n’est arrivé. Oui, il faut bien deux annonces plutôt qu’une ! Ils ont tant souffert, Ragouël et son épouse, que pour croire au bonheur, il leur faut double annonce : Tobie est vivant ! rien de mal n’est arrivé !


Alors Ragouël bénit le Dieu du ciel en s’écriant : « Béni sois-tu, ô Dieu, par toute bénédiction pure ! Béni sois-tu dans tous les siècles !
Alors jaillit du cœur de Ragouël la bénédiction, la prière de louange qui rend grâce au Seigneur pour la vie ! Ragouël se trouve exaucé en son désir, et il est tellement heureux, que sa bénédiction s’envole d’abord à Dieu, toute pure, ce n’est qu’après qu’il redira le motif de sa joie, il loue d’abord le Seigneur Dieu des siècles.

Seigneur, nous savons que tu accompagnes nos routes, nous savons que tu es le Dieu de la vie, le Dieu de l’amour. Nous savons que tu veux le bonheur de chacun. Et pourtant parfois, lorsque le malheur frappe, lorsque la ténèbre est là, nous avons besoin de signe, nous avons besoin de confirmation. Nous avons besoin de revoir le jour. Béni sois-tu pour toutes les prières exaucées, pour l’espérance qui renaît de la cendre, pour tous les jaillissements de vie, promesses de résurrection.

mercredi 20 avril 2016

ils s'en allèrent creuser une tombe



Et ils se couchèrent pour la nuit. Quant à Ragouël, il se leva, appela ses serviteurs, et ils s’en allèrent creuser une tombe.
« Car, se disait-il, si jamais Tobie était mort, nous serions objet de risée et de blâme. »
Quand ils eurent fini de creuser la tombe, Ragouël rentra chez lui, appela sa femme
et lui dit : « Envoie une jeune servante : qu’elle aille voir si Tobie est encore vivant. Et s’il est mort, nous l’enterrerons, sans que personne ne le sache. »
(Tobie 8, 9-12  traduction liturgique

Viens Esprit Saint, illumine nos cœurs, éclaire nos chemins, que nous marchions vers le Père. 

Et ils se couchèrent pour la nuit.
Après la prière, Tobie et Sarra se couchent. Nuit de noce.

 Quant à Ragouël, il se leva, appela ses serviteurs, et ils s’en allèrent creuser une tombe.
Pendant que Tobie et Sarra s’abandonnent en confiance, Ragouël, lui gère son angoisse comme il peut… après avoir connu par 7 fois la mort de son beau-fils dans la première nuit de leur mariage, il prend les devant. Il a beau avoir prié, célébré la fête, il prend peur, et avec ses serviteurs va creuser la tombe par avance. IL s’explique :

« Car, se disait-il, si jamais Tobie était mort, nous serions objet de risée et de blâme. »
La scène est cocasse, digne d’un roman. Mais c’est toute l’angoisse de Ragouël qui perce, à laquelle s’ajoute la peur du ridicule. Quand par 7 fois l’époux décède dans la nuit de noce, donne-t-on sa fille une nouvelle fois en mariage ? l’expérience n’a-t-elle pas suffi ? en plus de la peine Ragouël ne veut pas avoir à affronter la risée du voisinage, il se prépare à dissimuler la mort.

Quand ils eurent fini de creuser la tombe, Ragouël rentra chez lui, appela sa femme
et lui dit : « Envoie une jeune servante : qu’elle aille voir si Tobie est encore vivant.
Ragouël et les serviteurs ont creusé la mort, marchant du côté de la mort. Sa femme et la servante sont appelées du côté de la vie. Ragouël ne sait vivre son angoisse, la traverser, qu’en la vérifiant, en la faisant vérifier. Il demande qu’on vérifie que Tobie est encore vivant.

Et s’il est mort, nous l’enterrerons, sans que personne ne le sache. »
Et il prévoit le pire : s’il est mort. Et en ce cas, il prévoit de masquer cette mort, la taire, elle sera suffisamment douloureuse sans que s’y ajoute la peine de la moquerie et du blâme du voisinage. Ragouël ne semble pas très courageux pour affronter le voisinage. Mais est-ce pour lui qu’il prévoit cette dérobade ? ou pour sa fille, qui a déjà tant enduré de moquerie ? le texte n’en souffle mot.
Mais il nous montre un père en désarroi face à une angoisse plus forte que lui. Un homme blessé qui se débrouille, qui s’en tire avec ses pauvres moyens pour prévoir un plan catastrophe.

Seigneur, lorsque nous cheminons dans l’obscurité de nos doutes, lorsque nous portons le poids de nos blessures et qu’elles nous submergent, et éteignent notre espérance, tu es là.
Sois à nos cotés, que nos chemins soient fidèles à ta vie, à ton appel.

mardi 19 avril 2016

qui lui soit semblable



C’est toi qui as fait Adam ; tu lui as fait une aide et un appui : Ève, sa femme. Et de tous deux est né le genre humain. C’est toi qui as dit : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui soit semblable.”
Ce n’est donc pas pour une union illégitime que je prends ma sœur que voici, mais dans la vérité de la Loi. Daigne me faire miséricorde, ainsi qu’à elle, et nous mener ensemble à un âge avancé. »
Puis ils dirent d’une seule voix : « Amen ! Amen ! »
(Tobie 8, 6-8 traduction liturgique

Viens Esprit de Jésus, enseigne-nous à lire la Parole pour en vivre ! Viens Esprit de Jésus, viens prier en nos cœurs, tourne-nous vers le Père avec amour. 

C’est toi qui as fait Adam ; tu lui as fait une aide et un appui : Ève, sa femme.
Tobie poursuit la prière avec Sarra. Il médite sur le mariage qu’il vit avec elle, en reprenant le thème dans la Bible. Sa prière est comme une lectio. Il se souvient du premier couple dans la Bible : Adam et Eve. Il se souvient que Adam a reçu aide, comme aide et appui. Que la femme est don de Dieu, création de Dieu tout comme Adam. Si la science nous a appris le jaillissement scientifique de la vie, l’évolution qui a mené au genre humain, la foi nous dit le projet divin qui sous-tend cette évolution. La foi nous dit, combien Dieu, a porté l’évolution vers l’humanité, et combien il a voulu cette humanité.

Et de tous deux est né le genre humain.
S’il y a eu un début de vie, que les scientifiques tentent d’expliquer, il y a aussi une fécondité au sein même de la création, qui fait que les êtres deviennent à leur tour source de vie pour de nouveaux êtres. Ainsi Tobie reconnaît la participation des humains à la propagation de l’espèce humaine. Dieu est à la source, mais il a voulu la collaboration de la création.

 C’est toi qui as dit : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui soit semblable.”
Tobie perçoit dans le mariage un désir de Dieu, que l’humain ne soit pas seul, un désir d’une humanité en communion, en réciprocité. Il ne nous a pas créés comme des êtres de solitude, d’isolement. Et Tobie perçoit combien la femme n’est pas une créature de seconde zone, mais bien une créature semblable à l’homme, une partenaire pour un échange d’égal à égal.

Ce n’est donc pas pour une union illégitime que je prends ma sœur que voici, mais dans la vérité de la Loi.
Tobie reçoit le mariage comme beauté voulue par Dieu, comme beauté correspondant au désir de Dieu.

Daigne me faire miséricorde, ainsi qu’à elle, et nous mener ensemble à un âge avancé. »
De là la prière de Tobie et Sarra : qu’ils collaborent au rêve de Dieu, en vivant longuement ensemble. Il sait combien ce projet, ce rêve sera soutenu par la miséricorde de Dieu, leur fidélité sera soutenue par la miséricorde.

Puis ils dirent d’une seule voix : « Amen ! Amen ! »
Amen, cette racine hébraïque que nous avons reprise en notre liturgie sans la traduire (il fut un temps où on la traduisait par ainsi soit-il. ) est une parole de total consentement, de total enracinement. L’Amen est un oui jailli du cœur profond, un consentement au projet divin sur l’humanité.

Seigneur, fais de nos vies un Amen à ton désir de vie, une foi en ton projet, une adhésion à ce projet qui est vie, bonheur pour tous.