mardi 6 octobre 2015

Sans délai

Si 5
6 Ne dis pas : « Sa miséricorde est grande,
il me pardonnera la multitude de mes péchés »,
car la pitié comme la colère lui appartiennent
et sur les pécheurs s’abattra son courroux.
7 Reviens au Seigneur sans délai
et ne remets pas de jour en jour,
car elle surviendra soudain, la colère du Seigneur
et tu seras anéanti au jour du châtiment.
8 Ne t’appuie pas sur des richesses injustement acquises,
elles ne te serviront à rien au jour de la détresse.

Viens, Esprit Saint, donne-nous d’entendre, en travers de cette parole, la voix du Seigneur afin de pouvoir lui répondre sans délai.

Ne dis pas : « Sa miséricorde est grande, il me pardonnera la multitude de mes péchés » : une mise en garde qui semble importante car elle répète le verset précédent et le traducteur a même supprimé un verset hébreux qui le répétait encore mot pour mot. Oui, spéculer sur la miséricorde de Dieu pour pécher à son aise, voilà sans doute qui lui fait vraiment offense.

car la pitié comme la colère lui appartiennent et sur les pécheurs s’abattra son courroux :
un des plus beaux versets concernant notre Dieu dit « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à  la colère et plein d’amour » (Ps 145 entre autres). Cette colère de Dieu tiendra compte du refus de ceux qui se tiennent volontairement loin de lui.

Reviens au Seigneur sans délai et ne remets pas de jour en jour :
voilà une recommandation qui nous interpelle : que de choses, de décisions, ne remettons-nous pas de jour en jour… ! Pourtant nous sommes continuellement invités par l’Ecriture à être des veilleurs, à saisir le moment favorable, à être présents à l’Autre et aux autres… Nous retrouvons cette même expression « sans délai » au coeur de la Règle de St Benoît. Quand le Seigneur nous appelle à revenir à lui, à marcher avec lui, mettons-nous en route sans délai !

car elle surviendra soudain, la colère du Seigneur et tu seras anéanti au jour du châtiment :
 et, pour y aider celui qui s’aveugle, un dernier appel à la lucidité.

Ne t’appuie pas sur des richesses injustement acquises, elles ne te serviront à rien au jour de la détresse :
un retour en arrière, au verset 5, pour souligner encore l’inutilité des richesses. L’hébreu dit « richesses de mensonge », ce qui ne désigne donc pas nécessairement leur acquisition frauduleuse mais plutôt la fausse confiance qu’elles peuvent inspirer, et qui, sous une forme ou une autre, peut nous concerner.


Seigneur Jésus, donne-nous de te suivre sans délai, d’être prompts aujourd’hui à nous mettre en route avec toi, à revenir à toi chaque fois qu’au long de ce jour nos pas te quitteraient.


lundi 5 octobre 2015

Ne dis pas

Si 5
1 Ne t’appuie pas sur tes richesses et ne dis pas : « Elles me suffisent ! »
2 Ne te laisse pas entraîner par ton instinct et ta force à suivre les passions de ton cœur.
3 Ne dis pas : « Qui aura pouvoir sur moi ? » car le Seigneur à coup sûr te punira.
4 Ne dis pas : « J’ai péché et rien ne m’est arrivé ! » en effet longue est la patience du Seigneur.
5 Ne sois pas si assuré de ton pardon que tu entasses fautes sur fautes.


Viens Esprit Saint, viens purifier nos pensées, nos intentions, viens nous éclairer au travers de cette parole.

Ne t’appuie pas sur tes richesses et ne dis pas : « Elles me suffisent ! » : l’avertissement de Ben Sirac est clair et en même temps tout en nuance : il ne dit pas de nécessairement renoncer aux richesses, il prévient des pièges dans lesquelles elles peuvent nous faire tomber. Et d’abord celui de croire qu’elles nous apportent la sécurité, qu’elles « suffisent », au sens de « suffisance ». Les considérer comme telles, c’est en faire des idoles.  Notre seul appui, c’est Dieu !

Ne te laisse pas entraîner par ton instinct et ta force à suivre les passions de ton cœur :
dans notre cœur aussi il y a le pire et le meilleur. Curieusement, c’est la force que nous croyons en nous qui peut entraîner sur la mauvaise voie. C’est notre instinct qui risque de laisser libre jeu à nos passions incontrôlées.

Ne dis pas : « Qui aura pouvoir sur moi ? » car le Seigneur à coup sûr te punira :
ne dis pas, ne pense pas… si nous ne le disons pas avec autant d’arrogance, il nous arrive bien souvent d’avoir recourt aux excuses, à l’un ou l’autre chemin de fuite… « Partout Dieu voit ce que l’homme fait » dit St Benoît à ses moines : c’est le regard d’un père bon et exigeant dans son amour pour nous.

Ne dis pas : « J’ai péché et rien ne m’est arrivé ! » en effet longue est la patience du Seigneur :
patience qui nous attend : à nous de ne pas la décevoir…

Ne sois pas si assuré de ton pardon que tu entasses fautes sur fautes : voilà qui serait considérer le pardon de Dieu comme un dû, comme un automatisme…, une vue qui pervertit le pardon !

Seigneur Jésus, apprends-nous à ne mettre notre assurance qu’en toi, toi qui es notre appui, notre soutien, notre lumière dans la nuit.



samedi 3 octobre 2015

La main ouverte

Si 4
29 Ne sois pas hardi dans tes propos
mais paresseux et indolent dans tes actes.
30 Ne sois pas un lion dans ta maison
et un poltron parmi tes serviteurs.
31 Que ta main ne soit pas ouverte pour prendre,
et fermée quand il s’agit de rendre.

Viens Esprit Saint, donne-nous d’accueillir cette parole pour qu’elle inspire nos actes de ce jour.

Ne sois pas hardi dans tes propos mais paresseux et indolent dans tes actes : après avoir invité à parler, à oser parler quand il le faut, l’auteur balance son propos en soulignant la nécessité de conformer l’agir à la parole.

Ne sois pas un lion dans ta maison et un poltron parmi tes serviteurs :
voilà une maxime imagée… dont le premier membre semble assez clair, tandis que la traduction du second est obscure, même en grec.

Que ta main ne soit pas ouverte pour prendre, et fermée quand il s’agit de rendre 
: encore une image, cette fois assez parlante, que l’on pourrait proclamer haut et fort aujourd’hui. Et Ben Sirac ne parle même pas de don mais d’un rendu. Et n’est-il pas vrai que tout ce que nous avons, nous l’avons un jour reçu ?


Seigneur Jésus, donne-nous aujourd’hui de vivre les mains ouvertes pour recevoir et pour rendre, donne-nous de conformer toute notre attitude à l’appel de ta parole.

vendredi 2 octobre 2015

Parler quand il le faut

Si 4
23 Ne t’interdis pas de parler quand il le faut.
24 Au discours on reconnaîtra la sagesse,
l’instruction aux paroles de la langue.
25 N’argue pas contre la vérité,
sois confus de ton ignorance.
26 N’aie pas honte d’avouer tes péchés,
ne prétends pas t’opposer au cours d’un fleuve.
27 Ne t’aplatis pas devant un insensé,
ne te laisse pas influencer par le puissant.
28 Jusqu’à la mort lutte pour la vérité
et le Seigneur Dieu combattra pour toi.

Viens Esprit Saint, toi qui nous combles de tes dons, permets qu’ils n’alimentent jamais notre orgueil mais soient au service de la parole.

Ne t’interdis pas de parler quand il le faut : Ben Sirac le sage a bien observé la nature humaine, il sait combien de faux motifs peuvent servir de prétexte au choix de ne pas agir. Se taire par modestie en est sans doute un bon exemple. Certains manuscrits, en donnant une autre version de ce verset, l’explicitent parfaitement : « ne cache pas ta sagesse par vaine gloire »

Au discours on reconnaîtra la sagesse, l’instruction aux paroles de la langue : il y a donc bien souvent un devoir de parler, de bien parler, pour partager sa sagesse, ses connaissances.

N’argue pas contre la vérité, sois confus de ton ignorance 
: mais que cette parole soit toujours en faveur de la vérité et humble dans ses limites. L’auteur nous conduit sur la crête de ce frêle équilibre à tenir entre vaine gloire et humilité.

N’aie pas honte d’avouer tes péchés, ne prétends pas t’opposer au cours d’un fleuve :
appel à ne pas nier notre condition de pécheur et notre impossibilité à nous en distancer : avouer son péché est une autre façon d’être dans la vérité.

Ne t’aplatis pas devant un insensé, ne te laisse pas influencer par le puissant :
conseil touchant les relations humaines directement en lien avec la recherche de sa juste place, sans se laisser influencer par un beau-parleur ou un puissant.

Jusqu’à la mort lutte pour la vérité et le Seigneur Dieu combattra pour toi :
que toute la vie soit recherche de la vérité, avec l’aide du Seigneur.


Seigneur Jésus, toi qui as toujours parlé, au risque de ta vie, pour rendre témoignage à ton Père, donne-nous une parole libre de toute peur, de tout orgueil, une parole vraie et juste.

jeudi 1 octobre 2015

Une honte qui est grâce

Si 4
20 Observe les circonstances et garde-toi du mal,
n’aie pas honte de toi-même.
21 Car il y a une honte qui conduit au péché,
une autre qui est gloire et grâce.
22 Ne te fais pas mauvais visage à toi-même,
n’aie pas honte au point de tomber.

Viens Esprit Saint, éclaire les consciences, afin que nous puissions nous voir en vérité et humilité.

Observe les circonstances et garde-toi du mal : Ben Sirac recommande de tenir compte des circonstances. Cela peut paraître évident et pourtant nous le faisons si peu. Les circonstances sont toutes les particularités qui accompagnent un évènement, si ténu soit-il, et qui en détermineront, si nous savons les voir, la façon dont nous allons nous comporter, dont, dit-il, nous allons nous garder du mal.

n’aie pas honte de toi-même 
: il enchaîne avec une réflexion sur la honte, suggérant d’abord de ne pas se sous-estimer au point de ne plus s’aimer soi-même.

Car il y a une honte qui conduit au péché, une autre qui est gloire et grâce :
une dichotomie qui peut étonner : voilà deux sortes de honte ? Celle qui est mépris de soi conduit au désespoir, conduit au péché. Celle qui est conscience de sa pauvreté, de sa faiblesse, conscience de sa faute, conduit à la grâce du pardon, à la beauté des enfants de Dieu.

Ne te fais pas mauvais visage à toi-même, n’aie pas honte au point de tomber : « ne sois pas sévère avec toi-même »
propose une autre traduction moins suggestive. Si l’on se fixe sur soi-même en se mésestimant, lorsqu’on se noie dans sa honte, on ne voit plus le chemin, on est sûr de tomber. Essayer de se voir dans le regard de Dieu sur nous : avec patience, avec confiance, avec douceur… et lui tendre la main sur le chemin.


Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tous mes chemins te sont familiers. Je reconnais devant toi le prodige, l'être étonnant que je suis : étonnantes sont tes oeuvres toute mon âme le sait. (Ps 138)