samedi 29 janvier 2011

Crois-moi, femme...

La femme lui dit : « Seigneur, je vois que prophète tu es, toi !
Nos pères adorèrent sur cette montagne-ci
et vous vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer.
Jésus lui dit : « Crois-moi, femme, l’heure vient,
où ni sur cette montagne-ci, ni à Jérusalem vous adorerez le Père.
Vous adorez ce que vous ne connaissez pas.
Nous, nous adorons ce que nous connaissons
parce que le salut vient des juifs.
Jean 4, 19-22

Esprit de Jésus fais-nous connaître le Père
et entrer en cette adoration qui est louange et vie,
qui est salut et grâce.

La femme lui dit : « Seigneur, je vois que prophète tu es, toi !
O merveille, la femme ne s’enfuit pas devant la parole de révélation de Jésus. Elle ne semble pas effrayée de voir soudain la lumière entrer en sa vie, et démasquer ses errances.
Elle en conclut tout simplement que cet homme, ce juif, qui lui demandait à boire, n’est pas n’importe qui, il doit être prophète, c'est-à-dire parler au nom de Dieu. Car qui peut connaître ainsi les cœurs ?
Je vois que… le verbe voir que la femme utilise ici, pourrait être traduit, je contemple que…
C’est un regard plus profond que le simple regard, qui l’amène à une telle reconnaissance. C’était le même verbe qui était utilisé quand le Baptiste déclarait avoir vu descendre l’Esprit comme une colombe sur Jésus (1,32), de même au prologue nous avons vu sa gloire (1,14). C’est ce même regard qui a donné à Jésus de discerner que deux disciples s’étaient mis à le suivre (1,38). Les yeux du cœur de cette femme se sont ouverts ! et elle discerne en Jésus un prophète. S’il est homme de Dieu, alors c’est le moment de sortir toutes les questions théologiques qui la taraudait :

Nos pères adorèrent sur cette montagne-ci et vous vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer.
Et avec cette question, on semble à nouveau changer de registre en la conversation ! Des maris, nous voici aux lieux de culte… à moins qu’il ne faille lire, un saut moins étonnant, de la Samarie où les idoles sont adorées en même temps que le Seigneur, au seul temple ou révérer le seul Seigneur. Dans l’échange, la femme garde les distances juif-samaritain : nos pères… vous, vous dites… Sa question porte sur le lieu de l’adoration véritable, elle ne met nullement en question le fait d’adorer.

Jésus lui dit : « Crois-moi, femme, l’heure vient, où ni sur cette montagne-ci, ni à Jérusalem vous adorerez le Père.
Et encore un saut dans l’échange, la femme questionne sur le lieu, Jésus lui répond en passant du lieu à l’identité du Dieu adoré peu importe le lieu ! Et voici une révélation capitale, faite à cette samaritaine, c’est le PÈRE qu’il s’agit d’adorer.
Et Jésus s’adresse à elle en l’interpellant « femme », sans apparemment s’arrêter à son identité de samaritaine-schismatique, mais plus profondément, comme femme. Peu importe qu’elle soit de Samarie.  
A Cana Jésus s’était de même adressé à sa mère en lui disant « Femme, mon heure n’est pas encore venue ». Les femmes seraient-elles plus sensibles à la venue de l’heure ? ou plus impatientes ?
J’écoute l’interpellation de Jésus : Crois-moi, femme… Invitation à mettre sa foi en Jésus, Dieu fait homme, assis là, fatigué au bord du puits de Jacob. Invitation à mettre sa foi en cet homme qui demande à boire.

Vous adorez ce que vous ne connaissez pas. Nous, nous adorons ce que nous connaissons parce que le salut vient des juifs.
Dans cet échange en tête à tête, la femme était passée soudain au pluriel : vous dites… englobant en la personne de Jésus l’univers juif. Jésus lui répond maintenant en passant aussi au pluriel : vous adorez… vous les samaritains… nous nous adorons ce que nous connaissons. Qui est ce « nous » ? Il semblerait que ce sont les juifs… mais on pourrait peut-être aussi y voir la petite communauté naissante autour de Jésus.
Le salut vient des juifs… il vient au milieu de leur peuple, un peu à leur insu !!! Comme confesse le Baptiste : moi je ne le connaissais pas… Il est venu par le peuple juif, accueilli par certains, rejeté par d’autres. Il a grandi en ce peuple qui l’avait attendu durant des siècles. Jésus ne renie jamais ses origines, mais il plonge au contraire ses racines profondément en ce peuple qui est sien. Cela ne l’empêche pas d’aller au devant des autres nations, et de leur porter sa lumière et son salut.

Viens, Seigneur, en ma terre, en la terre de tous les peuples, sois lumière et salut
Viens, Seigneur, découvre-nous le Père

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