vendredi 15 janvier 2016

Leur coeur est double



Osée 10, 1-8


Le texte (traduction de la Bible de Jérusalem) :
1 « Israël était une vigne luxuriante, qui donnait bien son fruit. Plus son fruit se multipliait, plus il a multiplié les autels; plus son pays devenait riche, plus riches il a fait les stèles.
 2 Leur coeur est double, maintenant ils vont expier; lui-même renversera leurs autels, il dévastera leurs stèles.
 3 Alors ils diront : " Nous n'avons pas de roi, car nous n'avons pas craint Yahvé, mais le roi, que pourrait-il faire pour nous ? "
 4 On tient des discours, on jure en vain, on conclut des alliances; et le droit prospère comme la plante vénéneuse sur le sillon des champs!
 5 Pour le veau de Bet-Aven les habitants de Samarie tremblent; oui, sur lui son peuple mène le deuil, ainsi que sa prêtraille : Qu'ils exultent sur sa gloire maintenant qu'elle est déportée loin de nous!
 6 Lui-même, on le transportera en Assur comme tribut pour le grand roi. Éphraïm recueillera la honte, et Israël rougira de son dessein.
 7 C'en est fait de Samarie! Son roi est comme un fétu à la surface de l'eau.
 8 Ils seront détruits, les hauts lieux d'Aven, ce péché d'Israël; épines et chardons grimperont sur leurs autels. Ils diront alors aux montagnes : " Couvrez-nous! " et aux collines : " Tombez sur nous! " »

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
La méditation quotidienne de ce livre d’Osée vous aura confronté au double fil rouge qui traverse ses prophéties : celui de l’attachement du Seigneur d’Israël pour son peuple et celui du reproche envers ses infidélités.
Ce double tissage peut nous rejoindre… Découvrons-le.

(v. 1) « Israël était une vigne luxuriante, qui donnait bien son fruit… »
En plus d’être une végétation typique de la région, la vigne fut utilisée comme image pour désigner Israël dans la relation avec son Dieu. Objet des soins du jardinier, son Seigneur, Israël est le peuple choisi, aimé de Dieu. Il n’a cependant pas bien interprété la fécondité qu’il reçut de Dieu :

« … Plus son fruit se multipliait, plus il a multiplié les autels; plus son pays devenait riche, plus riches il a fait les stèles »
Dès le verset 1, le narrateur nous présente le péché par excellence, l’idolâtrie, contre laquelle tous les prophètes se sont élevés.
Au lieu de reconnaître en son Dieu l’origine de son fruit, il l’attribua à d’autres, à ses idoles, auxquelles il voua des autels et des stèles.

(v. 2) « Leur cœur est double… »
Terrible dénonciation. Rappelons-nous l’histoire d’Israël : la libération de l’esclavage en Egypte, l’offre de la Loi, le don de la Terre promise… et, à travers tous ces cadeaux, l’attachement de Dieu qui se laisse deviner.
Dieu constate que le cœur de son peuple n’est pas clairement en sa faveur.
Dans un premier temps, c’est la réaction instinctive de Dieu qui s’exprime. Il veut punir :
« … maintenant ils vont expier; lui-même renversera leurs autels, il dévastera leurs stèles »

Le verset 3 fait référence à un épisode charnière de l’histoire d’Israël : le peuple réclame un roi pour le conduire. On trouve ce récit dans le Premier Livre de Samuel. Ce projet était désapprouvé par Dieu car, derrière cette demande d’un roi, Dieu comprend bien que « c'est (Lui) qu'ils ont rejeté, ne voulant plus qu’(Il) règne sur eux » (1 S 8).
Dans l’optique de Dieu, un roi devrait être son « lieu-tenant », mais le peuple veut substituer l’un à l’autre. Dès lors, on comprend mieux la réplique du peuple :
(v. 3) « Alors ils diront : ‘Nous n'avons pas de roi, car nous n'avons pas craint le Seigneur, mais le roi, que pourrait-il faire pour nous ?’ »

Le verset suivant poursuit la dénonciation : 
(v. 4) « On tient des discours, on jure en vain, on conclut des alliances… » ; et le droit est comparé à « une plante vénéneuse ».
On peut se rappeler la désolation du vigneron chez Isaïe, où Israël était également comparé à la vigne :
« … La vigne du Seigneur Sabaot, c'est la maison d'Israël… Il attendait le droit et voici l'iniquité, la justice et voici les cris » (Is 5, 7).

(v. 5) « Pour le veau de Bet-Aven les habitants de Samarie tremblent… »
Le veau en question fut l’objet de l’idolâtrie du peuple dès Jéroboam, successeur de Salomon (1 R 12, 32) : le roi sacrifia à des idoles qui avaient l’apparence de veaux et il leur établit des prêtres. En guise de moquerie, le prophète change le nom de Béthel (« maison de Dieu ») en Beth-Aven (« maison du crime »).

Comme punition, la déportation est annoncée :
(v. 6-7) « Lui-même, on le transportera en Assur comme tribut pour le grand roi. Éphraïm recueillera la honte, et Israël rougira de son dessein… »
Dans cette honte qu’éprouvera Israël, on peut espérer un début de conversion, un désir de revenir à Dieu, de renouveler l’Alliance…

Après la déportation des habitants, c’est la destruction des autels, l’abandon des lieux d’idolâtrie :
(v. 8) « Ils seront détruits, les hauts lieux d'Aven, ce péché d'Israël; épines et chardons grimperont sur leurs autels… »

« … Ils diront alors aux montagnes : ‘Couvrez-nous!’ et aux collines : ‘Tombez sur nous!’ »
Dans cette demande, c’est le désespoir du peuple qui s’exprime : face aux désastres vécus, plutôt mourir !

Mais la Parole de Dieu ne s’en tiendra pas à cette note-là…
Nous annoncions dans l’introduction le double fil qui tisse les prophéties d’Osée. Si nous avons largement évoqué ici les infidélités d’Israël, le chapitre suivant tissera le fil de l’attachement de Dieu pour son peuple. Nous ne pouvons nous empêcher d’en citer un extrait, pour susciter le goût de la lecture :
« Comment t'abandonnerais-je, Éphraïm, te livrerais-je, Israël ? Comment te traiterais-je comme Adma, te rendrais-je semblable à Çeboyim ? Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère, je ne détruirai pas à nouveau Éphraïm, car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Saint, et je ne viendrai pas avec fureur… » (11, 8-9)

En fait, ces paroles parfois dures de Dieu pour son peuple ne visent qu’un seul objectif : le reconduire dans l’Alliance, lui rappeler le bonheur de sa jeunesse, lui indiquer la voie de ses amours d’antan…

Prière :
Seigneur, par la parole de ton prophète, tu veux détruire nos idoles et nos autels, mais pas nous-mêmes…
Tu veux purifier notre cœur, pour l’aider à mieux aimer et surtout à se tourner vers Toi. Toi seul peux nous offrir le vrai bonheur.
Pour cette invitation à reconnaître tes bienfaits et à susciter notre fidélité. Pour ton Esprit qui nous y aide, jour après jour, Seigneur, sois béni !

 Sr Marie-Jean

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