samedi 5 juillet 2025

Liturgie de la Parole 13e samedi TO-I

Méditation de sœur Françoise du Carmel Saint Joseph (8 juillet 2023)

Lecture: Matthieu 9,14-17 

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/matthieu-9-14-17-6/ 
« Personne ne pose une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement et la déchirure s ‘agrandit » Matthieu 9,16
La pièce neuve agrandit la déchirure, quelle est cette nouveauté source de déchirure ?
« Si tu déchirais les cieux, si tu descendais Seigneur » Isaïe 63, 19
Lorsque l’Esprit Saint prit Marie sous son ombre les cieux se sont alors déchirés et tu es descendu Seigneur en notre humanité.
« Vois cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël, il doit être en but à la contradiction » Luc 2, 34
Syméon prophétise : cet enfant nouveau-né provoquera la déchirure au sein même du peuple élu et même au plus profond de l’âme de Marie. « et toi-même un glaive te transpercera l’âme » Luc 2,35
Tout au long du ministère du Christ cette déchirure ne fera que s’agrandir.
« Et Voilà que le rideau du Temple se déchira en deux du haut en bas » Matthieu 27, 51
Désormais la présence de Dieu n’est plus dans le Temple de pierres, fait de mains d’homme, mais en Jésus temple du Saint Esprit qui est répandu à travers l’ultime déchirure de son cœur provoquée par le coup de lance.
Devant un si grand Amour, ne déchirons pas nos vêtements mais nos cœurs pour que par cette brèche puisse s’engouffrer cet Amour infini de notre Dieu qui fait toute chose nouvelle !


vendredi 4 juillet 2025

Liturgie de la Parole 13e vendredi TO-I

« Le Seigneur passe ».

Lectures: Genèse 23,1-4.19; 24,1-8.62-67; Matthieu 9,9-13 

Méditation

À première vue, il n’y a pas de lien entre les lectures de ce jour. La première lecture ressemble un peu à un conte de fée qui pourrait se terminer par « ils furent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants » … mais en réalité, ce n’est pas si simple. L’évangile nous parle de l’appel de Matthieu et de l’épisode qui suit, où Jésus est à table dans la maison. Le fil rouge qui nous guide résonne dans le chant que nous venons de chanter : « le Seigneur passe ».
Le Seigneur passe, dans la vie d’Abraham et de Sarah, dans la vie d’Isaac et de Rébecca. Le Seigneur passe discrètement, par les bons et loyaux services du serviteur d’Abraham. Et de ce long récit, nous n’avons entendu que le début et la fin, pour montrer comment Isaac se console de la mort de sa mère en trouvant une femme qui accepte de partager sa vie. Cela paraît simple, mais les versets manquants qui occupent presque deux pages entières de la Bible, montrent que les motifs de Rébecca ne sont peut-être pas si purs que cela. Le Seigneur passe dans nos vies humaines, faites de beaux et de petits côtés, il passe et il laisse une trace pour que la vie continue.
Le Seigneur passe dans la vie de Matthieu. Dans l’évangile de Mt, cela tient en un seul verset. Matthieu a réellement saisi au bond le passage de Jésus dans sa vie : et cela a tout changé pour lui. D’assis, il est passé à la position debout. Jésus lui a dit un seul mot : suis-moi » ou plus exactement : « accompagne-moi », c’est-à-dire « marche avec moi », risque le chemin, l’incertitude, l’aventure… Comme Abraham autrefois, Matthieu s’engage sur un chemin dont il ne sait pas où il le mènera. Il s’engage dans la confiance en celui qui a dit, juste avant : « le fils de l’homme a le pouvoir, sur terre de pardonner les péchés ».
Le Seigneur passe dans la vie des pharisiens, dans la vie de ceux qui ont consacré leur vie à méditer sur l’œuvre de Dieu et sa Torah. Dans la vie de ceux qui se situent du côté des « justes », et non des pécheurs (du moins ils le pensent). Il passe en les provoquant un peu, en les interpellant sur le domaine où ils sont maîtres, l’Écriture. Le prophète Osée : « je veux la miséricorde, non le sacrifice ». Et il ajoute : « je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ». Pourquoi vous en offusquer ? Serait-ce parce que, inconsciemment, vous êtes un peu jaloux de l’attention que je leur accorde ? Et cela voudrait-il dire qu’en fait, vous aimeriez que je vienne aussi manger chez vous ? Serait-ce que vous reconnaissez en moi le Messie, même si vous mettez dans ce titre un autre contenu que moi ?
Le Seigneur passe dans nos vies. La plupart du temps, il passe discrètement et nous ne le remarquons qu’après-coup, de dos, quand il est passé. Peut-être nous dit-il : « accompagne-moi ». Marche avec moi et découvre, au fur et à mesure du chemin, le pardon et la guérison que je t’apporte. La vie.
Le Seigneur passe : ouvriras-tu quand frappe l’inconnu ? Veux-tu le fuir et refuser d’être l’or au creuset ? Le Seigneur passe : attendras-tu un autre rendez-vous ? Pourquoi tarder, prends avec lui le chemin de la vie !

sr Marie -Raphaël le 4 juillet 2025


jeudi 3 juillet 2025

Liturgie de la Parole 3 juillet fête de saint Thomas

Ouverture

En cette fête de saint Thomas, nous entendrons un extrait de la lettre aux Éphésiens qui dit que nous faisons partie de la construction qui a pour fondement les apôtres et les prophètes, et pour pierre angulaire le Christ Jésus. Toute la lettre aux Éphésiens est construite sur le contraste entre un « vous » et un « nous ». Le « nous », ce sont les judéo-chrétiens, le « vous », représenté par les Éphésiens, ce sont tous les autres. Donc nous aussi. Tout l’argument de la lettre consiste à montrer que cette rencontre, cette « réconciliation » entre le vous et le nous, se trouve dans la croix du Christ : la lettre insiste là-dessus : c’est par la croix du Christ que nous avons été réconciliés, c’est par sa mort qu’il a tué la haine. Cet aspect-là se retrouvera aussi dans l’évangile. Thomas est l’un des ces apôtres sur qui repose l’Église, et s’il n’était pas là, il manquerait une pierre à l’édifice !

Résonances

Thomas – mais pourquoi donc n’était-il pas là le premier soir ? - reçoit de plein fouet la parole des autres : « nous avons vu le Seigneur ! ». Thomas n’est pas nécessairement l’incrédule de service, qui doute de tout. Il est plutôt l’homme raisonnable, qui nous ramène les pieds sur terre. Et si c’était une « fake news » ? De la poudre aux yeux ? Du toc ? Qu’est-ce que me dit que vous n’êtes pas tous ensemble victimes d’une hallucination collective ? Enfermés que vous êtes derrière vos portes verrouillées, confinés dans votre peur, vous laissez se matérialiser vos fantasmes… Moi, j’ai besoin de vérification.
Voilà bien l’attitude que nous devons avoir devant les informations qui nous sont données et dont nous soupçonnons qu’elles sont manipulées pour nous embobiner. Premier réflexe : vérifier (si c’est possible). Ensuite, se poser la question : « d’où parlez-vous ? Que cherchez-vous en disant cela ? quelles sont les valeurs que vous cherchez à défendre ? quel est votre intérêt de dire cela ? » Enfin, choisir à qui je veux donner sa confiance, car on ne peut pas tout savoir, tout vérifier.
Thomas, donc, veut vérifier. Ce qui est beau, c’est qu’il choisit comme critère de vérification les signes de la Passion, la marque des clous.
Au premier degré, on peut dire, c’est très concret : c’est la meilleure façon de vérifier qu’il s’agit bien de Jésus. Au 2ème degré, au-delà de la matérialité du geste, ce que cela symbolise : Thomas ne veut pas, ne peut pas passer outre de la Passion. Pour lui, le Ressuscité est indissociable du Crucifié. Il veut toucher les plaies de Jésus et ce côté d’où ont jailli l’eau et le sang.
Ensuite, 8 jours se passent. Que se passe-t-il durant ces 8 jours ? Un mûrissement peut-être, un questionnement. Mais aussi, une humble reprise de la vie quotidienne, dans sa chair concrète. Et la décision de Thomas de rester avec les autres, de ne pas se dissocier du groupe.
Vient alors la rencontre du 8ème jour, et Jésus qui s’adresse directement à Thomas, devançant ses réticences. Et cette formule : « cesse d’être incrédule, sois croyant ». Que l’on pourrait aussi traduire : « ne deviens pas incroyant, deviens croyant ». En effet, voir et toucher les plaies de Jésus, ce peut être une pierre de fondation de la foi, mais ce peut être aussi une pierre d’achoppement. On se trouve là à un point de rupture. Pour beaucoup, les plaies du crucifié sont précisément le signe que Jésus n’est pas Dieu. Comment Dieu pourrait-il souffrir ? Face aux plaies du Christ, il y a un choix radical à faire : choisir de croire ou de ne pas croire. Choisir de croire en un Dieu qui nous aime tant qu’il en est mort ! Refuser de gommer les plaies de la Passion.
La réponse de Thomas jaillit alors du fond de ses entrailles : « mon Seigneur et mon Dieu ! » Cette profession de foi, c’est l’élan de son cœur. Lui qui est si raisonnable, il a compris que le plus raisonnable est la folie d’y croire. Il choisit de mettre sa confiance dans le Ressuscité, grâce aux plaies de sa passion, plaies désormais transfigurées, mais pas effacées.
Si notre foi repose sur celle des apôtres, c’est aussi pour cela. Ce qu’ils ont vu de leurs yeux a résonné au plus profond de leur intuition. C’est dans le cœur que cela se passe, le cœur qui est le siège des pensées et des sentiments. La foi et la raison.

Prière

Jésus-Christ, pierre angulaire, en toi la construction s’élève : donne-nous de grandir dans la foi. Les plaies de ta passion, transfigurées dans la lumière de la résurrection, témoignent de ton amour plus fort que toute mort. Aide-nous à ouvrir les portes verrouillées de nos doutes, afin de porter au monde la bonne nouvelle : pour ceux qui croient en toi, ceux qui t’ont vu et ceux qui croient sans avoir vu, tu es notre Seigneur et notre Dieu, pour les siècles des siècles

Sr Marie-Raphaël écrit le 3 juillet 2024


mardi 1 juillet 2025

Liturgie de la Parole 13e mardi TO-I

Suivre Jésus dans la barque

Méditation

Comment suivre la voie de Dieu ? Comment suivre Jésus ? Les lectures de ces jours nous invitent à y réfléchir, à renouveler notre engagement.
Lot a suivi la voie de l’amour, en accueillant les étrangers chez lui, et cela lui vaut d’être sauvé de la destruction de Sodome. Mais il doit fuir confiant en la parole qui lui est dite. Il doit fuir, sans retour en arrière, pas même du regard. Si nous sommes appelés à être sel de la terre, pour lui donner saveur, nous ne pouvons pas être colonne de sel dans la raideur figée du regard qui ne voit que ce qui est en arrière. Il nous faut plutôt marcher vers l’horizon que nous ouvre l’appel de Dieu.
 
Hier, les disciples qui voulaient suivre Jésus se sont entendu dire qu’il fallait tout quitter, sans un regard en arrière, et partir à la suite du Fils de l’homme qui n’a point où reposer la tête.
Aujourd’hui, les disciples suivent Jésus dans la barque, nous dit l’Evangile. Et nous savons que c’est là accepter de perdre pied, prendre le risque du grand large, avec ses aventures.
Voilà que la mer s’agita violemment, le grec littéralement dit : il y eut un grand séisme. Bref, si vous voulez suivre Jésus, attendez-vous à quelques secousses… lorsque tremble la terre, lorsque soufflent les vents, ce n’est pas confortable si vous êtes en route… que dire, si vous êtes sur un frêle esquif en mer ! Et Dieu dans tout cela, sommes-nous souvent tentés de dire ! Dieu ? il dort ! là au fond de la barque, sur le coussin ! Cela relève de l’invraisemblable. Mais n’est-ce pas l’expérience que si souvent nous connaissons, tandis qu’agités par les événements, Dieu nous semble absent. Mais il n’y a qu’à l’appeler… crier vers lui, pour constater, qu’il est bien là, présent, toujours prêt à calmer nos tempêtes.
Nous l’entendrons nous dire : Pourquoi avez-vous peur ? hommes, femmes de peu de foi ! Pour suivre Jésus dans la barque de la vie, il nous faut grandir en la foi, croire qu’au bout de la traversée, de la tempête, de l’épreuve, il n’y a pas l’anéantissement, mais la vie nouvelle, avec le Ressuscité, lui qui a tout pouvoir sur le mal et la mort.
Prenons un temps de prière silencieuse, pour confier au Seigneur, les tempêtes qui nous agitent, qui agitent tant de nos frères et sœurs sur la terre. Prenons un temps de prière silencieuse, pour du plus profond de notre cœur, porter vers lui les cris de notre humanité ébranlée.

Sr Myrèse écrit le 2 juillet 2013