mardi 5 juin 2012

Sauvé

Lc 8
36 Ceux qui avaient vu leur rapportèrent comment celui qui était démoniaque avait été sauvé.
37 Alors, toute la population de la région des Gergéséniens demanda à Jésus de s'éloigner d'eux, car ils étaient en proie à une grande crainte ; et lui monta en barque et s'en retourna.

Esprit Saint, tu souffles où tu veux, mais qu’il est difficile d’entendre ta voix… Rends-nous attentifs à ta parole de ce jour.

Ceux qui avaient vu leur rapportèrent comment celui qui était démoniaque avait été sauvé : comment ? Comment cela peut-il se faire ? C’est avec cette question que tout le village a accouru. Et les témoins (les apôtres sans doute) racontent… Et ils disent l’homme « sauvé ». Quelle merveille ! Ce mot est très fréquent chez Luc, soit dans le sens d’une guérison physique (comme en 6,9) ou spirituelle (8,12). Et ici, il s’agit des deux aspects conjugués : l’homme est guéri et écoute la parole de Jésus.

Alors, toute la population de la région des Gergéséniens demanda à Jésus de s'éloigner d'eux, car ils étaient en proie à une grande crainte : alors… comme les Samaritains, vont-ils inviter Jésus à demeurer chez eux, dans l’espoir au moins qu’il guérisse tous leurs malades ? Non, la merveille inspire seulement la peur, à moins qu’ils ne se braquent sur la perte matérielle du troupeau…
Alors… à l’unanimité ils demandent poliment à Jésus de tourner les talons… de s’éloigner, de remettre une distance, la frontière du lac entre lui et eux… L’art de passer à côté de la plus belle des rencontres…

et lui monta en barque et s'en retourna : Jésus ne dit plus rien. Il n’insiste pas, ne cherche pas à convaincre. Il n’a ainsi adressé la parole qu’à un seul homme, le seul qui aura bénéficié de sa venue. A peine débarqué, il remonte dans la barque et retourne vers la terre d’Israël. Premier tentative vers la Décapole, premier échec ! Et pour Jésus lui-même. S’en souviendront-ils, les apôtres, quand ce sera leur tour ? Nous en souvenons-nous aujourd’hui ?
 

Seigneur Jésus, tu as traversé le lac, affronté la tempête, tu es passé sur une autre rive… pour sauver un seul homme. Chaque être est précieux pour toi. Tu ne mesures pas à l’aune du grand nombre ! Libère-nous du souci d’évaluer nos résultats, apprends-nous plutôt à nous laisser sauver par toi !

lundi 4 juin 2012

Assis à ses pieds

Lc 8
34 A la vue de ce qui était arrivé, les gardiens prirent la fuite et rapportèrent la chose dans la ville et dans les hameaux. 35 Les gens s'en vinrent pour voir ce qui s'était passé. Ils arrivèrent auprès de Jésus et trouvèrent, assis à ses pieds, l'homme dont les démons étaient sortis, qui était vêtu et dans son bon sens, et ils furent saisis de crainte.  

Esprit de liberté, dénoue tous les liens qui nous empêchent d’entendre et d’accueillir la parole.

 A la vue de ce qui était arrivé, les gardiens prirent la fuite et rapportèrent la chose dans la ville et dans les hameaux : les gardiens de porcs s’enfuient… ils vont chercher du secours, n’osant même pas s’approcher de Jésus. Sans doute savent-ils ce que les Juifs pensent d’eux, les porchers !

Les gens s'en vinrent pour voir ce qui s'était passé : on court beaucoup dans cette scène ! Les gardiens dans un sens, les villageois dans l’autre. Comme à Sichem, avec la Samaritaine. Mais ici, c’est surtout la curiosité qui l’emporte.

Ils arrivèrent auprès de Jésus et trouvèrent, assis à ses pieds, l'homme dont les démons étaient sortis, qui était vêtu et dans son bon sens : l’homme a totalement changé d’apparence, il a retrouvé son comportement marqué d’humanité : il a retrouvé son bon sens… et même des vêtements ! Mais le plus étonnant, c’est l’expression employée par Luc : « assis à ses pieds ». Cela, c’est l’attitude du disciple auprès de son maître, comme Marie de Béthanie assise aux pieds de Jésus (10,39). Notre homme passe ainsi de l’état de possédé à celui de disciple : comme quoi, rien n’est impossible pour Jésus. Libéré, il est capable de recevoir la Parole.

et ils furent saisis de crainte : cette transformation les effraye ; ils ne savent pas encore comment cela est arrivé (voir v.36), mais ils se rendent compte qu’ils sont en face d’un pouvoir grandement supérieur, qui a réussi, non pas à maîtriser l’homme comme ils l’ont eux-mêmes si souvent tentés, mais à le délivrer. Parce que cela ne rentre pas dans l’ordre des choses, la vue de l’homme redevenu lui-même leur inspire plus d’effroi que celle du possédé. Combien il est difficile d’accepter l’inexplicable !
 

Seigneur Jésus, l’homme a pris la place privilégiée du disciple, assis à tes pieds. A cette place, je veux écouter ta parole, l’accueillir au plus profond de moi, la laisser porter ses fruits tout au long de ce jour.

dimanche 3 juin 2012

Ton nom ?

Lc 8
30 Jésus l'interrogea : « Quel est ton nom ? » — « Légion », répondit-il, car de nombreux démons étaient entrés en lui. 31 Et ils le suppliaient de ne pas leur ordonner de s'en aller dans l'abîme.
32 Or il y avait là un troupeau considérable de porcs en train de paître dans la montagne. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces porcs. Il le leur permit. 33Les démons sortirent de l'homme, ils entrèrent dans les porcs, et le troupeau se précipita du haut de l'escarpement dans le lac et s'y noya.  

Esprit Saint, que la parole lue aujourd’hui devienne en nous source de vie.

Jésus l'interrogea : « Quel est ton nom ? » : seule question posée par Jésus. Formule habituelle des exorcistes pour prendre pouvoir sur le démon ? Question posée à l’adversaire, comme à Jacob au gué du Yabboq ? Même avec le démon, Jésus veut une confrontation personnelle !

« Légion », répondit-il, car de nombreux démons étaient entrés en lui : il s’agit d’un homme possédé mais plus l’évangéliste force la gravité de la possession, plus il pourra faire ressortir la puissance de Jésus.

Et ils le suppliaient de ne pas leur ordonner de s'en aller dans l'abîme : voilà qui correspond à la croyance populaire : un démon chassé devait retrouver au autre lieu sous peine d’errer… Une parabole de Matthieu (12,43) évoque d’ailleurs cette situation. Et voilà de nouveau les démons demandeurs, suppliant Jésus.

Or il y avait là un troupeau considérable de porcs en train de paître dans la montagne. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces porcs. Il le leur permit. 33Les démons sortirent de l'homme, ils entrèrent dans les porcs, et le troupeau se précipita du haut de l'escarpement dans le lac et s'y noya. Les démons lui font même une proposition, ils ont une solution !! Et Jésus acquiesce… Etrange compromis… Bien sûr nous sommes dans le territoire des païens éleveurs de porcs, cet animal impur interdit en Israël… En quelques sortes, la présence du troupeau illustre l’impureté de la contrée et leur noyade la fin du pouvoir démoniaque et la disparition de l’impureté.

Il ne s’agit sans doute pas ici de se préoccuper du sort de ces malheureux cochons ou de leurs porchers, mais de lire la symbolique du récit : Jésus veut et peut libérer l’homme pris par une multitude de démons, il peut aussi rendre purs les païens, libérer toutes les régions païennes. Autrement dit, Jésus est venu sauver tous les hommes de toutes les nations : il n’y aura plus ni juifs ni païens dira plus tard St Paul aux Galates.
 

Seigneur Jésus, je te contemple face au « démon », j’admire ton attitude d’autorité, ce récit me dit que tu te confrontes au mal pour en sortir vainqueur parce que tu veux que tout soit sauvé.

samedi 2 juin 2012

Jésus ordonnait

Lc 8
28 A la vue de Jésus, il se jeta à ses pieds en poussant des cris et dit d'une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t'en prie, ne me tourmente pas. » 29 Jésus ordonnait en effet à l'esprit impur de sortir de cet homme. Car bien des fois il s'était emparé de lui ; on le liait, pour le garder, avec des chaînes et des entraves ; mais il brisait ses liens et il était poussé par le démon vers les lieux déserts.
 
Esprit Saint, au travers de cette parole, fais croître en moi la connaissance de Jésus, Fils du Dieu Très-Haut.

A la vue de Jésus, il se jeta à ses pieds en poussant des cris et dit d'une voix forte : violence de la scène : cris, vociférations, apparence de l’homme… Pourtant il ne menace pas mais supplie, par terre, aux pieds de Jésus. Il reconnaît ainsi immédiatement qui est le maître. La scène est pratiquement la même que celle décrite dans la synagogue de Capharnaüm (4,33) où les apparences sont sans doute plus dignes, mais les cris identiques.

Que me veux-tu ? « Qu’y a-t-il entre toi et moi », expression biblique pour repousser une intervention inopportune. Elle marque une distance, un refus.

Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Tellement étranges ces sortes de professions de foi dans la bouche des démons… D’habitude Jésus leur impose silence, comme dans la synagogue (4,35)  (voir aussi Mc 3,12), préservant le secret sur sa personne. Ici, ce n’est pas le cas, peut-être parce que la déclaration n’est pas aussi publique, les seuls témoins semblant être les apôtres.

Je t'en prie, ne me tourmente pas : impressionnant, cette prière du démon à Jésus…

Jésus ordonnait en effet à l'esprit impur de sortir de cet homme : Jésus, lui, voit devant lui un homme prisonnier, complètement sous l’emprise du démon, et son seul souci est de le libérer.
 
Car bien des fois il s'était emparé de lui ; on le liait, pour le garder, avec des chaînes et des entraves : car la vie même de l’homme est en danger, et il menace aussi son entourage qui tente de le maîtriser, de le protéger, et de s’en protéger, en usant d’autres liens. L’homme est autant enchaîné par les démons que par les hommes.

mais il brisait ses liens et il était poussé par le démon vers les lieux déserts : le désert, dans la Bible,  est souvent le refuge des démons : Jésus lui-même en a fait l’expérience lorsqu’il y fut tenté. La force de celui-ci est grande, veut souligner Luc en montrant que les liens des hommes ne lui résistent pas.

  
Seigneur Jésus, toi qui es venu libérer tous les hommes, ton seul souci est de rendre sa dignité au malheureux. Tu te confrontes au mal, tu es vainqueur du mal, tu es notre Sauveur. Libère-nous de toutes nos entraves !

vendredi 1 juin 2012

A sa rencontre

Lc 8
26 Ils abordèrent au pays des Gergéséniens qui est en face de la Galilée. 27 Comme il descendait à terre, vint à sa rencontre un homme de la ville qui avait des démons. Depuis longtemps il ne portait plus de vêtement et ne demeurait pas dans une maison, mais dans les tombeaux.

Esprit Saint, fais que la parole de ce jour nous porte à la rencontre de Jésus.
 
Ils abordèrent au pays des Gergéséniens qui est en face de la Galilée : les gens d’en face, ceux de là-bas, de l’autre côté, au-delà dont ne sait quelle limite, quelle frontière… D’un côté la Galilée, terre des Nations, mais terre juive ; « en face », les Gergéséniens, les païens, les différents.
 
Comme il descendait à terre, vint à sa rencontre un homme de la ville qui avait des démons : Jésus a à peine posé le pied sur cette terre que quelqu’un vient vers lui, « à sa rencontre ». C’est « un homme de la ville ». Voilà qui nous rappelle « une femme de la ville » récemment évoquée (7,37) et qui, elle aussi, avait été habitée par de nombreux démons ! On ne peut donc s’empêcher d’y lire une connotation péjorative, d’autant plus qu’il n’y a pas vraiment de ville dans cette région…. Et Luc nous dit que cet homme a des démons, comme on a la grippe ou de l’eczéma…

Depuis longtemps : la durée de l’épreuve semble souvent émouvoir Jésus, rappelons-nous par exemple le paralytique de Jérusalem (Jn 5,5) immobilisé depuis 38 ans, ou la femme courbée depuis 18 ans (13,16).

il ne portait plus de vêtement : ainsi avait-il en quelque sorte perdu sa dignité d’homme…

et ne demeurait pas dans une maison, mais dans les tombeaux : la maison, c’est le foyer, le lieu de la vie ; les tombeaux, c’est le lieu de la mort, celui de l’impureté : les Juifs se purifiaient après tout contact avec la mort (cfr par exemple Tobit : 2, 5 et 9). Et c’est un tel être qui s’approche de Jésus, qui vient à sa rencontre. On imagine assez bien les témoins s’écartant précipitamment…!

Je regarde cette scène : une rencontre marquée par le plus grand des contrastes : entre l’Homme-Dieu et l’homme à l’aspect le plus dégradant. L’un a traversé le lac pour venir en cette terre, et l’autre se précipite à sa rencontre, comme aimanté par son contraire. Ainsi Jésus rencontre tout homme, quel qu’il soit : nul n’est indigne de se trouver face au Sauveur !


Seigneur Jésus, au travers de ce récit, je comprends que tu ne repousses personne, quel que soit le passé, quelles que soient les apparences, il n’y a aucune exception ! Apprends-moi à regarder chacun et chacune autour de moi avec ce regard, ton regard.