dimanche 5 février 2012

Un bon fruit

Lc 3

9Déjà même, la hache est mise contre la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. »

Esprit Saint, donne-nous d’accueillir les paroles rudes de Jean à la lumière de la Bonne Nouvelle.


Déjà même, la hache est mise contre la racine des arbres : cette traduction littérale est plus conforme à l’intention de l’auteur : traduire par « la hache est prête à attaquer », c’est déjà présumer du jugement ! La hache déposée contre la racine montre que le jugement est imminent mais ne présuppose pas du verdict. L’arbre symbolisant l’homme, le voilà donc au moment où il doit prouver sa (bonne) conduite.

tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit : pour Jésus aussi le critère est le même : « Supposez qu'un arbre soit bon, son fruit sera bon ; supposez-le malade, son fruit sera malade : c'est au fruit qu'on reconnaît l'arbre. » (Mt 12,33)… et juste après : « Engeance de vipères… » : décidément, Jésus reprit bien des thématiques et expressions chères à Jean.

Les psaumes avaient habitués les Juifs (et nous aussi) à ces belles images de l’arbre qui fructifie s’il trouve où s’enraciner ; rappelons-nous le psaume 1 : « Il est comme l’arbre planté près des ruisseaux : il donne du fruit en sa saison ».

va être coupé et jeté au feu : il ne sert à rien que l’arbre grandisse si c’est pour porter un mauvais fruit. Ces fruits-là portent en eux-mêmes le jugement. « Coupe-le. Pourquoi faut-il encore qu'il épuise la terre ? » raconte Jésus dans une parabole ; mais lui accorde un dernier délai : « Mais l'autre lui répond : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir. » (7-9).
J’aime cette image de Jésus, jardinier, qui prend sa bêche (et non sa hache) pour favoriser notre fructification ! Un jardinier plein de patience et de confiance. C’est toute la différence entre Jean et Jésus ! Mais seul ce dernier a pouvoir de différer le jugement, lui, le miséricordieux.


Seigneur, tu attends de nous de bons fruits ; telle est notre mission. Avec ton aide, nous sommes capables d’en porter. Fais que nous ne gaspillions pas les talents que tu nous donnes mais que nous les mettions au service de ton Royaume.

samedi 4 février 2012

Père Abraham

Lc 3

7Jean disait alors aux foules qui venaient se faire baptiser par lui : Engeance de vipères, qui vous a montré le moyen d'échapper à la colère qui vient ? 8Produisez donc des fruits qui témoignent de votre conversion ; et n'allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons pour père Abraham.” Car je vous le dis, des pierres que voici Dieu peut susciter des enfants à Abraham.

Esprit Saint, toi qui nous tires de nos évidences et de nos certitudes, fais germer en fruits de vie les paroles de ce jour.


Jean disait alors aux foules qui venaient se faire baptiser par lui : les gens se rassemblent autour de Jean « le baptiseur » ; certes les rites de purification dans l’eau étaient fréquents et les « plongeurs » nombreux. Cependant le baptême de Jean se différencie parce qu’il est unique : on ne le reçoit pas à répétition, et surtout, comme nous le voyons ici, parce qu’il exige une profonde conversion du cœur. Nous sommes loin d’une pratique rituelle de purification « automatique »…

Engeance de vipères : sans doute fallait-il frapper les esprits mais on peut dire que cela commence fort. D’autant plus que Jean s’adresse aux foules, à tous donc, honnêtes et moins honnêtes, alors que chez Matthieu la même tirade est réservée aux pharisiens et sadducéens, aux savants et aux prêtres, en quelque sorte, à ceux qui pourraient être tentés de se revendiquer de quelques privilèges… On peut noter que cette expression doit être assez courante pour que nous la retrouvions aussi dans la bouche de Jésus ! "Engeances de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses alors que vous êtes mauvais ?" dira-t-il lui aussi aux pharisiens (Mt 12,34).

qui vous a montré le moyen d'échapper à la colère qui vient ?: la colère ? Voilà qui interpelle… Est-ce ainsi que Jean veut annoncer la venue de Jésus ?? Etonnant pour nous et pourtant logique pour lui qui a Esaïe comme source d’inspiration : « Voici venir de loin le nom du Seigneur, sa colère est ardente, écrasante » (Es 30,27). Jean qui est à la jointure entre l’Ancien et le Nouveau Testament n’est pas encore totalement dans l’esprit de ce dernier ! Pour Paul, Jésus sera au contraire « celui qui nous arrache à la colère » (1 Th 1,10)

Produisez donc des fruits qui témoignent de votre conversion : il faut non seulement vouloir se convertir mais il faut que ce retournement soit visible, prouvé par des actes.

n'allez pas dire en vous-mêmes : Dieu sonde les cœurs, il connaît nos pensées, rien ne sert de se trouver des excuses ou des garanties !

Nous avons pour père Abraham : être fier de son ascendance sans y chercher motif à immobilisme ; on n’est pas non plus chrétien une fois pour toute, même si nous avons pour Père notre Dieu lui-même ! « Si vous êtes enfants d’Abraham, faites donc les œuvres d’Abraham » dira Jésus dans l’évangile de Jn (8,39). Décidément, la foi sans les œuvres…

des pierres que voici Dieu peut susciter des enfants à Abraham : d’un vaste geste, Jean désigne les pierres sous leurs pieds : même de ces cailloux, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham, des égaux à eux, les Juifs… Une autre façon de dire que le salut est offert à tous car la condition est la même pour tous : se convertir, se tourner vers le Messie qui vient et agir en conséquence.


Seigneur, révèle-toi à tous les croyants « qui ont pour père Abraham » ; fais que nous marchions tous ensemble sur le chemin d’une vraie conversion.

vendredi 3 février 2012

Tous verront le salut

Lc 3

5Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ;

les passages tortueux seront redressés, les chemins rocailleux aplanis ;

6et tous verront le salut de Dieu.


Esprit Saint, donne-nous d’entendre la promesse de salut et d’en vivre.


Seul Luc indique cette partie de la prophétie ; nous ne sommes plus ici dans le registre de l’injonction, mais dans l’affirmation, autrement dit, de la promesse.

Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées : ces montagnes si belles, qui sont invitées dans le psaume à louer le Seigneur, ces montagnes où Dieu désire habiter… voilà qu’elles doivent être nivelées… où plutôt abaissées comme dit le texte. Car elles aussi sans doute peuvent faire preuve d’arrogance : « Tout ce qui est hautain et altier sera abaissé » disait aussi Esaïe à propos « des montagnes hautaines et des collines altières » (2,12-14) et Marie chantait « il a jeté les puissants à bas de leur trône ».

les passages tortueux seront redressés, les chemins rocailleux aplanis : « rendez droits ses sentiers » criait Jean, et vient immédiatement la promesse: les chemins seront redressés, car c’est Dieu qui est à l’œuvre.

et tous verront le salut de Dieu : ces quelques mots omis chez Matthieu et Marc sont essentiels : ils nous rappellent que, dès Esaïe, le salut était promis au monde entier. Et Jean se doit de le rappeler aussi à ses auditeurs juifs qui, a priori, attendent le salut pour Israël. Luc abrège la fin du verset 5 d’Esaïe qui dit : « tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du Seigneur a parlé », ce qui nous ramène clairement à « la voix de celui qui crie dans le désert ». Et ce que crie cette voix c’est donc bien le salut de Dieu pour tous, pour tous ceux qui accepteront ce salut qui vient de Dieu, qui l’accueilleront dans une humble acceptation de la grâce de Dieu, du regard bienveillant de Dieu, en apportant leur part pour combler les ravins, aplanir les chemins.


Seigneur, je veux laisser parler ta voix en moi, me laisser imprégner de tes mots qui promettent le salut que tu veux offrir à tous.

jeudi 2 février 2012

Il est écrit

Lc 3

4comme il est écrit au livre des oracles du prophète Esaïe :

Une voix crie dans le désert :

Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.


Esprit Saint, ouvre nos cœurs au mystère de l’Ecriture.


comme il est écrit : voilà une expression qui nous est familière tant nous la retrouvons dans les Ecritures, jusqu’en la bouche même de Jésus. C’est une expression qui nous provoque et nous interroge, mais surtout qui nous invite toujours à repartir nous aussi de l’Ecriture, d’aller puiser à cette mémoire vivante ce qui est trace de la fidélité de notre Dieu.

Jean est devenu prophète, c'est à dire porteur d'une parole, porte-parole de Dieu. Et cette parole, c’est d’abord chez ses prédécesseurs qu’il va la puiser. Jean s’inscrit dans l’histoire de la Promesse.

au livre des oracles du prophète Esaïe : nous retournons à ce fameux chapitre 40 ouvrant la 2e partie du livre d’Esaïe auquel Luc avait déjà implicitement fait allusion à propos de Syméon, un autre prophète.

Une voix crie : une voix, celle de Jean sans doute, mais à travers celle-ci, la voix de Dieu, d’un Dieu qui se donne à entendre, qui se révèle, de façon intelligible. Dieu est et reste celui qui parle aux hommes. Chez l’évangéliste Jean la formulation est très explicite (1,23) : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ». C’est donc bien Dieu lui-même qui appelle, et il le fait à voix forte car il y a urgence : l’arrivée du Messie est imminente.

dans le désert : ce mot, entre les deux textes, celui d'Esaïe et celui de Luc, ce mot a changé de place. Pour Esaïe (40,3), il s'agit de préparer dans le désert le chemin du Seigneur. Chez Luc, c’est la voix qui crie dans le désert, alors qu’il décrit Jean au bord du Jourdain…

Préparez le chemin du Seigneur : « J’envoie mon messager pour préparer ton chemin » dit Jean en Mc (3,1), reprenant là aussi une prophétie, cette fois chez Malachie (3,1). Ainsi Jean est celui à qui incombe en premier lieu de préparer le chemin du Seigneur et en même temps il enjoint ses auditeurs de faire de même.

rendez droits ses sentiers : Jean dénonce toutes ces manières qu'à l'homme de compliquer les choses, de les rendre au sens propre "tordues". L'humanité a toujours été très habile pour imaginer des détours sur le chemin qui relie l’homme et Dieu. En reprenant l'ancienne prophétie d'Ésaïe, en appelant le peuple à la repentance, à revenir de ses sentiers tortueux et compliqués, Jean annonce l’imminence de la venue du Messie.


Seigneur, donne-moi d’entendre ta voix qui crie au travers des Ecritures, d’entendre ton désir de me rejoindre et me demande de préparer ton chemin.

mercredi 1 février 2012

Il vint

Lc 3

3Il vint dans toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés

Esprit Saint, tu étais sur Jean, tu étais sur tous les prophètes, viens sur chacun de nous.


3Il vint dans toute la région du Jourdain : Jean paraît, il sort du désert et va dans une région peuplée, il parcourt même toute cette région : du désert, il va vers les hommes. Cette région du Jourdain est comme le domaine de Jean : Jésus n’y viendra lui-même qu’après la mort de Jean. Par contre, pour Matthieu et Marc, c’est dans le désert que Jean prêche, leur souci étant de souligner la signification biblique du désert. L’Inattendu a surgi pour lui dans le désert : il a été frappé par une surprise aussi forte que celle de tous les prophètes au moment où ils ont compris quelle était la tâche que Dieu leur confiait. L'inattendu de Dieu, c'est cette parole qui est adressée à Jean. Une parole qui ne lui appartient pas, comme à nous, non plus, la parole de Dieu ne n’appartient pas. Ce n'est pas nous, seulement, qui nous engageons lorsque nous parlons au nom de Dieu. Mais c'est Dieu lui même qui inspire nos pensées, nos paroles et nos actes.

proclamant : « proclamer » : ce terme désignait à l’origine une annonce sur la voie publique ; il a été adopté par les premiers chrétiens à propos de l’annonce de la bonne nouvelle ; Luc l’appliquera à la prédication de Jésus, des apôtres, de Paul, etc… Par ce terme, Luc montre que c’est bien d’une mission divine que Jean est chargé.

un baptême de conversion : Jean reprend ici un thème essentiel de l’Ancien Testament où la conversion est le retour inconditionnel au Dieu de l’Alliance. Le baptême de conversion est le propre de Jean.

en vue du pardon des péchés : le pardon est un don lié au « Royaume » annoncé, il en est à la fois la condition et la réalisation ; la conversion n’a donc pas pour but de se rendre « pur » pour être à la hauteur de la venue du Messie annoncé, mais il vise au pardon, qui, s’il est don, est preuve d’amour. Voilà bien qui figure le « Royaume de Dieu ».


Seigneur, tu as guidé Jean qui sort du désert pour venir vers les lieux habités par les hommes. Guide-nous aujourd’hui sur nos chemins au milieu de nos frères.