Liturgie de la Parole 3° dimanche de carême C:
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Homélie
Évangile Luc 13, 1-9
Lorsque le Titanic, vaisseau insubmersible, symbole de la puissance et de la richesse, a sombré au début du siècle dernier, beaucoup y ont vu et y voient encore, la punition de Dieu à l’orgueil de l’homme.
Plus près de nous certains n’ont pas hésité, lorsque le sida est apparu, à y reconnaître la punition de Dieu face à la débauche sexuelle.
Les juifs contemporains de Jésus voyaient dans le malheur une malédiction. Ils expliquaient la malchance par le péché. Si vous êtes malade, infirme, affamé, accidenté, c'est donc que vous devez payer à Dieu le prix de vos fautes. Rappelez-vous la question des pharisiens dans l'histoire de l'aveugle-né racontée par Saint Jean: «Qui a péché, lui ou ses parents ?» (Jn, ch. 9)
Regardons les deux faits divers introduisant l’Evangile d’aujourd’hui : Jésus éclate. Il s'insurge contre cette mentalité fataliste en disant: «Eh bien non, je vous le dis, même si ces Galiléens ont été massacrés par Pilate, même si ces personnes ont été tuées par la chute de la tour de Siloé, ils n'étaient pas plus coupables ou pécheurs que chacun d'entre vous. Mais attention : vous qui avez été épargnés, vous qui avez échappé à ce que vous appelez «châtiment», convertissezvous, sinon vous périrez, vous aussi, de la même manière!»
"Heureusement, les choses ont bien changé", dirons-nous !
Vraiment ?
Lorsque surgissent au cœur de l'actualité ces faits divers dramatiques qui ressemblent comme frères jumeaux à ceux d'il y a deux mille ans; la litanie des explications est souvent la même:
«Ils n'avaient qu'à prévoir» ;
«On leur avait bien dit»;
« Et puis, avec un passé pareil …..»
«D'ailleurs, y a qu'à voir sa tête...»
Ne suffitil pas parfois d'être africain, jeune, ou chômeur pour être coupable ?
Dur, dur tout ça, si l'histoire du figuier stérile ne venait faire surgir au cœur même de ces faits divers une note d’espérance, une musique d'une toute autre tonalité.
Le propriétaire de la vigne voulait donc couper ce figuier qui, depuis trois ans, ne lui rapportait plus aucun fruit : « A quoi bon le laisser épuiser le sol ?» dit-il. Son improductivité est avérée. C’est une décision raisonnable.
Dans le même ordre d'idée certains pourraient dire aujourd’hui:
"A quoi bon maintenir la sécurité sociale ?"
"A quoi bon garder au pays des étrangers qui nous volent notre emploi? "
"A quoi bon coopérer avec le TiersMonde alors qu’il y a déjà tant à faire ici? "
"A quoi bon distribuer encore une allocation de chômage à des gens qui, de toute façon, ne seront jamais capables de rien?"
Mais surprise, le vigneron implore le maître d’accorder un petit rabiot d’une année. Le vigneron ne manque pas de rigueur mais il sait aussi faire preuve de patience. Et il s’engage à tout faire pour que le figuier produise enfin du fruit à l’avenir. Il propose de remuer la terre autour de ses racines et d’y mettre du fumier.
« Merveilleuse parabole de la patience de Dieu, de son espérance, du délai de sa grâce. Il est capable de regarder chaque matin ses enfants les plus démunis, avec cette conclusion superbe résumée en quelques mots : «Peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir donnez-lui encore une chance. Ne le coupez pas !» Cette parabole montre l’attitude de Jésus : « Il n’est pas venu appeler les justes mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent (5,32) » et est venu « chercher et sauver ce qui était perdu. » (19,10).
Belle parabole pour soutenir notamment la mission des aumôniers de prisons qui accompagnent tant d’écorchés de la vie auxquels est proposée une seconde chance.
Toutefois, la patience de l’espérance n’est pas sans fin. Au bout d’un an si le figuier reste improductif il sera coupé (Lc 13,9). La miséricorde est bien réelle mais elle s’exprime toutefois sur un fond de risque. Au pécheur de ne pas décevoir à terme.
Face au massacre des Galiléens par Pilate, devant l'écroulement de la tour de Siloé, ... Jésus ne sait pas. Il ne s'explique pas. Comme nous, il est désarmé, lui qui se retrouvera dans quelques mois sur une croix autrement dit du côté de l'absurdité, de la souffrance injuste, du malheur innocent.
Jésus nous invite à être patients, à donner une seconde chance, à chercher un peu plus loin.
N’est-ce pas à des attitudes semblables que Jésus nous appelle quand il nous demande de nous convertir.
Ab. Fernand S
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