mercredi 20 juin 2018

Vers Dieu


Ps 76

2 Vers Dieu, je crie mon appel !
Je crie vers Dieu : qu'il m'entende !
3 Au jour de la détresse,
je cherche le Seigneur ;
la nuit, je tends les mains sans relâche,
mon âme refuse le réconfort.
4 Je me souviens de Dieu, je me plains ;
je médite et mon esprit défaille.
5 Tu refuses à mes yeux le sommeil ;
je me trouble, incapable de parler.

Le premier verset de ce Psaume résume toute la démarche des Psaumes :
« Vers Dieu » oui, c'est vers Lui que je me tourne ; et c'est déjà par le fait même une prière quelque soit ce qui va suivre.

« je crie mon appel !» l'homme de la Bible n'a pas peur de crier vers Dieu, de l'interpeller de toute sa vigueur. Moi aussi je peux crier vers Dieu, je peux tout lui crier : du moment que c'est à lui que je le crie, c'est une prière, toute la tradition de l'Église l'affirme. Il est bon de nous l'entendre dire et de nous le rappeler quand nous sommes dans la détresse.

« Je crie vers Dieu : qu'il m'entende ! » la répétition insiste et enrichit ; « qu'il m'entende » c'est à la fois une prière, un appel, un désir, une conviction, une certitude, un acte de confiance.

Et l'homme nous décrit sa manière de prier. Comme il arrive parfois, une épreuve, une détresse, nous incite à chercher le Seigneur, à le questionner, à l'interpeller. Et il ne faut pas avoir peur de ce mouvement. Il est bon. Saint Augustin nous y invite « Au jour de ton malheur, chercher Dieu ! Ne cherche pas autre chose par Dieu, mais cherche Dieu du fond de ton malheur : et à ton  cri, Dieu écartera le malheur, et en sécurité, tu te serreras contre Dieu » (sur le Psaume 76)

C'est une prière de tout son être, les mains tendues, sans relâche ! Une manière de parler, mais qui dit bien l'insistance et la persévérance.
C'est une prière qui ne veut pas de consolation. Et il est vrai que devant la détresse d'une personne il est souvent préférable de rien dire.
Pourquoi ne veut–il pas de réconfort, sous entendu, humain ? Parce qu'il l'attend de Dieu et non des hommes. C'est sa relation à Dieu qui est en jeu à travers cette épreuve !
Il se souvient de Dieu, de son action dans l'histoire de son peuple et dans sa propre histoire. Ce souvenir augmente sa plainte et lui fait perdre le souffle, car si Dieu a agi dans la passé, aujourd'hui, il ne bouge pas, il se tait, il semble absent.
Le priant en perd le sommeil et la possibilité de s'exprimer ; il ne sait ni que penser, ni que dire, il est complètement bloqué. Et il le crie en toute franchise. La nuit peut aussi être l'obscurité dans laquelle mon cœur est plongé devant l'incompréhensible.

Dieu en Jésus dans son agonie a vécu cette détresse extrême dont il a souhaité être délivré...et qu'il a acceptée dans l'abandon filial. (Matthieu 26, 37- 39 et 42 ; Marc 14, 33-36 ; Luc 22,41-44)

Seigneur je te confie tous ceux qui aujourd'hui sont dans cette situation. Ceux qui se tournent vers toi dans leur épreuve, ceux qui se révoltent, ceux qui plongent dans le désespoir, ceux qui perdent le sommeil… Pour eux, avec eux, en leur nom, je te crie mon appel !
À chacun vient manifester ta présence d'une manière ou d'une autre, vient l'aider à ne pas perdre cœur, à ne pas plonger sans retour, à rebondir, à se relever… Petit à petit, jour après jour.

Soeur Marie-Christine

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