Entre-temps, les disciples l’interrogeaient en disant :
« Rabbi, mange ! »
Celui-ci leur dit : « Moi, j’ai à manger
une nourriture que vous, vous ne connaissez pas. »
Alors les disciples se disaient entre eux :
« Quelqu’un lui aurait-il porté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture,
c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé
et d’achever son œuvre. »
Jean 4, 31-34
Tu es béni, Seigneur, apprends-moi tes volontés,
Tu es béni, toi qui nous appelles à ton œuvre
Donne-nous de l’accomplir
Entre-temps…
La femme a laissé sa jarre, elle a couru vers la ville… Jésus a dû la suivre du regard, jusqu’à ce qu’elle disparaisse à sa vue. Il doit laisser en son cœur chanter cette rencontre, peut-être en parle-t-il au Père dans une silencieuse prière. Emerveillé ? rêveur ?
Les disciples l’interrogeaient disant : rabbi, mange !
Drôle de manière d’interroger… Ils bousculent un brin leur rabbi, le houspillent… On les devine impatients, et à la fois un peu curieux, voire inquiets… Qu’est-ce qu’il lui prend ? Il n’est pas comme d’ordinaire ! On n’aurait pas dû le laisser seul ! Qu’a-t-il échangé avec cette femme ? Et puis, ils voient la jarre qui git là auprès du puits… Elle va revenir, cette femme ? Qu’est-elle allée chercher ? Son père ? Pour une demande en mariage ? Il ne va quand même pas l’emmener avec nous ? Après tout, si les disciples ont une mémoire biblique, ils doivent penser à toutes ces rencontres au bord d’un puits qui ont fini par un mariage… Et cette jarre vide… comme les jarres de la purification, vides, dans la salle des noces de Cana… il va refaire le coup du vin ? Cela doit s’entrechoquer un peu dans leurs têtes.
Celui-ci leur dit : « Moi j’ai à manger, une nourriture que vous, vous ne connaissez pas ! »
Il prend son temps, répond doucement, le cœur empli encore de la rencontre… Et si les disciples houspillent de manière quelque peu importune leur maître, lui remet la distance… « moi, je… vous, vous… » Et puis il a peut-être un léger sourire en coin en faisant cette déclaration pour le moins énigmatique !
Alors les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il porté à manger ? »
La femme était plus directe, elle. Elle ne s’est pas gênée pour répondre à Jésus qui prétendait pouvoir offrir une eau vive, qu’il n’avait rien pour puiser. Les disciples sont là, plus penauds, s’interpellant les uns les autres : qu’est-ce qu’il veut dire, tu comprends toi ? J’imagine : un qui hausse les épaules, l’autre qui cherche du regard des restes de repas autour du puits, le troisième qui scrute à l’horizon si la femme ne revient pas avec un menu spécial, et puis l’autre qui constate qu’il n’y a pas d’ombre et que le soleil a dû taper ferme sur un certain crâne… Et Jésus de les laisser gentiment à leur désarroi… mais pas trop longtemps quand même, il est bon !!! Il les laisse le temps pour lui de mettre des mots sur ce qu’il vient de vivre, et qui l’a comme nourri.
Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’achever son œuvre.
La rencontre de la femme samaritaine, était comme annonce d’une nouvelle alliance, et n’est-ce pas là profondément sa mission ? Celle que lui a confiée celui qui l’a envoyé ?
Alors il est comblé… au point que les nourritures matérielles passent en arrière-plan.
Seigneur, si ta volonté m’était telle nourriture !!!
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