samedi 30 novembre 2024

 Liturgie de la Parole fête de saint André 30 novembre 2024

Commentaire

« Comme Jésus marchait au bord de la mer de Galilée»
Il n’est pas dit d’où il vient ni où il va, mais il marche. Dès le début « il n’a pas d’endroit où poser sa tête » alors il marche…au bord de la mer !
C’est curieux que ce soit à cet endroit, vous ne trouvez pas ? Il marche, il descend au bord de la mer et là il va rencontrer des hommes ordinaires, des pêcheurs de poissons qui sont occupés,  soit à lancer leurs filets soit à les réparer. Ces pêcheurs ce sont des gens simples, leur savoir consiste à pêcher et c’est sans prétention.  

Où a lieu la rencontre ?  C’est là, au lieu le plus bas que Jésus descend nous rejoindre, là où on se trouve.  C’est le lieu de prédilection pour une rencontre.  Il faut être attentif et saisir le moment.
« Il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André » : Un seul regard, et ce regard me parle : la vision est au cœur de l’appel.
Puis une seule parole : « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes » Jésus les invite à sortir de leur milieu de vie habituel. Ce qu’il demande c’est de tout laisser derrière soi : que ce soit nos volontés propres, nos biens illusoires, même nos liens affectifs… et de changer de mode de vie. L’appel et le projet sont liés. Il nous faut donc résister aux oppositions du monde et aux modes de vie des gens du monde. Ce n’est pas rien.    
« Il a vu Simon Pierre et André »,  dit la parole : Une puissance de recréation est entrée en eux, don de l’Esprit Saint, manifestation du Règne de Dieu qui s’est approché.  C’est à partir de cette expérience de vie, de cette rencontre qu’ils ont pu se décider de tout quitter aussitôt pour le suivre et devenir pêcheurs d’hommes.
Dans ma vie, dans vos vies, n’est-ce pas ainsi que cela se passe ? Pour certains, sur un lit d’hôpital, pour d’autres au fond d’une cellule de prison, pour d’autres dans la détresse d’une séparation, de la perte d’un être cher, sur la route d’un exil forcé ou errant dans la rue, la honte sous le bras, écrasé par des regards qui jugent et qui tuent. C’est là, au fond du trou, là où nous n’avons d’autre choix que de nous en remettre « à la grâce de Dieu », comme on dit, que Jésus vient nous rejoindre…au bord de la mer, au bord du précipice, au bord de la mort.
« Jésus voit »
C’est lui qui voit et qui appelle.  Parfois nous sommes surpris, étonné de ce qui arrive.  La rencontre elle est pour moi !  C’est Toi ? C’est inattendu, inespéré. Jésus a vu Simon, il a vu André et Jacques et Jean.  Est-ce que je peux dire, un jour, il m’a vu. Et moi, est-ce que je l’ai vu ?  C’est dans sa lumière que nous voyons la lumière. Il faut savoir ce que c’est. Qu’est-ce que Dieu voit quand il regarde ?   Et qu’est-ce qui se passe quand il voit, quand il me voit ?
Ce qui se passe laisse sans voix. La rencontre elle est dans le regard. Un regard qui va droit au cœur.  Les mots sont superflus.  Ah, cette présence et cette vie dans le regard de Jésus ! Un éblouissement, un émerveillement, une bonté…un regard comme une assurance vie.  
Jésus vient, il voit et nous appelle chacun personnellement. Il nous fait sortir de notre milieu habituel pour devenir pleinement qui nous sommes, non pas devenir quelqu’un d’autre ni même quelqu’un de meilleur, mais nouveau. Derrière Jésus, nous apprenons à être disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi je vous ai choisi pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16)
Quand Jésus pêche c’est pour nous sortir du monde, nous sortir de ce milieu où nous croyons avoir la vie. Et il va nous falloir mourir à cette vie. Bien sûr, nous restons dans le monde. La réalité, c’est « Etre dans le monde mais pas du monde »… Et suivre celui qui s’est approché en vue du Royaume de Dieu.
Voilà le mystère de la rencontre.  Et ce mystère n’est pas fait pour être compris mais pour être vécu. Il faut entrer dedans.

Raymond



vendredi 15 novembre 2024

 Liturgie de la Parole 32e vendredi TO-I

Commentaire : Luc 17, 26-37

C’est toujours un peu compliqué d’entendre  des textes qui semblent éloignés d’une réalité qui nous préoccupent aujourd’hui.  Or ce sont bien des paroles apocalyptiques qui viennent nous éclairer, des paroles qui viennent lever le voile sur ce qui se passe autour de nous et pour nous. Ce sont des paroles fortes, qui  percutent et nous réveillent de la torpeur dans laquelle nous sommes plongés quand les peurs et la désespérance prennent le dessus.
Dans le contexte d’aujourd’hui, y-aurait-il quelques hommes, quelques femmes qui soient animés d’un grand désir pour croire à la vie et souhaiter rencontrer celui qui nous invite à cette vie, au vrai bonheur ?  Peut-être y aurait-il un ou l’autre malade en quête de guérison ! A moins que ce ne soit quelqu’un de très inattendu, quelqu’un que l’on dit sans foi ni loi !  Quelqu’un qui ne fréquente plus l’Église, représentatif du monde sécularisé dans lequel nous vivons !                                                                                            Quelqu’un de cette jeune génération, que certains disent dépravée mais consciente et critique,  en recherche de sens. Le monde qui est le nôtre et qui est aussi le monde de nos enfants et des aînés est chahuté dans tous les sens.  Ce monde que Jésus traverse aujourd’hui est malade, un monde dans lequel de nombreux jeunes et moins jeunes, peut-être des amis ou des proches, ne voient pas d’autres issues que le suicide… Dès lors,  à qui se raccrocher ?
Ces paroles nous apprennent que pour changer notre vision des choses il faut accepter d’être dérangé : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours ».  De plus en plus de gens, chez nous en Belgique et plus encore ailleurs,  sont pris dans les difficultés  -  la souffrance, la maladie, la guerre, le racisme, le rejet… -  Toutes formes de fragilités humaines qui nous angoissent.  Et c’est bien normal car ça touche à la précarité de la vie. Nous cherchons à esquiver, à fuir pour nous protéger et échapper à ces réalités humaines  qui nous angoissent. La grande affaire de notre vie, c’est d’accueillir cette relation proposée, relation avec le Christ, et lui offrir l’hospitalité.  Quelques fois j’ai le sentiment d’une présence :Lui vient à ma rencontre et je perçois alors combien il m’aime, qu’il est celui qui donne la vie gratuitement, sans juger ni condamner.  Il entend nos détresses et nos aspirations à vivre. Si je le veux je peux collaborer, je ne suis obligé de rien.  Ce que nous  pouvons expérimenter à travers sa bonté, son amour, c’est une forme de libération : il témoigne d’une manière sûre et il nous délivre de nos angoisses. Sa manière de nous regarder en aimant, en aimant chacun personnellement, elle est comme un appel. D’abord un appel à entendre puis un appel à la réciprocité qui se manifeste dans l’amour de soi, la confiance en soi et l’amour des autres car c’est en aimant nos frères que nous manifestons notre amour pour lui.                                    

Cette manière de s’engager dans l’amour, de s’engager avec amour et reconnaissance pour la vie reçue, de donner et redonner sans compter, cette manière de s’engager permet d’éviter les naufrages, les sidérations, les lamentations sur toutes formes de dégradations inéluctables qui n’ont rien à voir avec la vie promise.  J’ai compris et je vois  que celui qui donne sa vie d’une manière ou d’une autre, sans compter, il sait d’où lui vient la vie. Il ne s’épuise pas, ne se vide pas de sa substance.
Finalement, rien n’est simple. Si ces paroles restent difficiles à entendre avant de prendre du poids dans nos vies c’est que nous ne croyons pas assez par manque d’audace, et de courage.  Il n’y a que les expériences qui renseignent.  Les événements qui arrivent dans nos vies peuvent devenir des oreilles du cœur. Les événements nous donnent d’entendre l’urgence de changer notre cœur.
 A l’instar de tous ces Saints à travers les siècles, il faut en avoir envie, être à l’écoute, accepter l’ouverture à l’imprévisible et se laisser envahir par l’esprit de Jésus pour oser des chemins d’humanisation et de fraternité.
C’est mon désir que je vous partage et que je vous souhaite aussi.



Invitation au Notre Père

Pour nous aider à vivre comme Jésus a vécu ; A vivre comme lui-même nous y invite ;  Avec lui adressons notre prière au Seigneur, son Père et notre Père.

Raymond 15 novembre 24