(Sœur Myrèse)
Introduction : Bonjour, aujourd’hui nous faisons mémoire de st Léon le Grand, un enfant de Dieu, qui un jour fut choisi par le peuple romain pour être évêque de Rome, et est devenu ainsi, pape. Il exerça ce service de 440 à 461. De quoi user un homme.
Pour vous le faire découvrir un brin, rien de tel que de le lire un peu. Voici un court extrait d’un de ses sermons : « Bien-aimés, si nous comprenons à la lumière de la foi et de la sagesse les débuts de notre création, nous découvrions que l'homme a été fait à l'image de Dieu (cf. Gn 1, 27) pour imiter son auteur et que notre dignité naturelle consiste en ce que la ressemblance de la bonté divine brille en nous comme un miroir. Cette ressemblance, la grâce du Sauveur la restaure tous les jours en nous, car ce qui est tombé dans le premier Adam est relevé dans le second. … en nous aimant, Dieu nous restaure à son image et, afin de trouver en nous la ressemblance de sa bonté, il nous donne le moyen de faire nous-mêmes ce qu'il fait ; il allume, en effet, le flambeau de nos intelligences et nous enflamme du feu de son amour, pour que nous l'aimions, et non seulement lui, mais aussi tout ce qu'il aime.»1
Alors voilà entrons dans cette liturgie, dans cet état
d’esprit : en reconnaissance pour cette créature que nous sommes, nous
recevant de la main de Dieu, comme image et ressemblance. En lui demandant de
restaurer en nous la dignité de notre création, en restaurant en nous la
ressemblance de la bonté divine. Laissons-nous aimer par notre Dieu, et nous
pourrons aimer à notre tour.
Après l’évangile : alors vous
l’aimez cet évangile ? vous appréciez d’être reconnus, nommés simples
serviteurs ? Ah oui, la nouvelle traduction a tenté d’adoucir le
texte. En fait mot à mot la traduction dirait : Nous sommes des serviteurs
non indispensables (ou serviteurs inutiles ou non nécessaires), nous avons fait
ce que nous devions faire.
Alors évidemment, on peut se trouver quelque peu vexés,
humiliés par un tel Dieu, qui ne reconnaîtrait pas notre valeur, la générosité
de notre service. Mais si nous prenions comme clé de lecture, que l’Evangile
nous dit qui est Dieu, avant de chercher à prendre l’Evangile comme un cours de
morale qui me dit comment je dois agir ? et si nous prenions la clé de
lecture que nous propose st Léon dans l’extrait qui a ouvert notre
célébration : en nous aimant, Dieu nous restaure à son image et, afin
de trouver en nous la ressemblance de sa bonté, il nous donne le moyen de faire
nous-mêmes ce qu'il fait. Ainsi nous
sommes invités à être comme Dieu, à agir comme Dieu ! pourquoi ? pour
connaître la joie de Dieu ! pour partager sa joie.
Alors qui est le serviteur ? d’abord Dieu. C’est le
beau nom que Jésus a porté avec justesse : je suis au milieu de
vous comme un serviteur…. Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ! Oui,
me direz-vous, mais Jésus n’est quand même pas le serviteur non
indispensable ! Voyons ! Dieu aurait-il pu nous sauver
autrement ? oui, je ne peux pas croire que Dieu n’ait eu qu’une
possibilité. Mais voilà, en « délibération » trinitaire, ils ont
choisi la voie du don de soi de Jésus. Et Jésus a dit oui, librement ! Et
si vous voulez bien relire de nombreux passages de l’évangile, Jésus a vraiment
tenté de s’effacer dans le mystère du salut : ta foi t’a sauvé,
dit-il à plusieurs reprises. Non point : je t’ai sauvé. Mais :
ta foi t’a sauvé. Ainsi Jésus semble avoir voulu passer au milieu de
nous, librement, sans laisser de traces. Et il y a trouvé sa joie, sa
nourriture.
Alors faut-il se révolter d’être appelé à servir comme
lui a servi ? Faut-il se révolter si le serviteur est invité à d’abord
servir avant de pouvoir manger à son tour ? Jésus nous répond : ma
nourriture c’est de faire la volonté de mon Père. C’est de réaliser
l’espérance du Père. Ainsi dans le service même qu’il accomplit, Jésus est
rassasié ! Si nous voulons goûter à ce rassasiement, nous connaissons
désormais le chemin. Ainsi, comme Jésus fait toujours ce qu’il voit faire par
le Père, ainsi, nous sommes invités, à ce même service. Là est la joie, et la
récompense sera la communion, la circulation de l’amour de Dieu, bien plus que
l’orgueil du petit service accompli !
Le service accompli est réponse d’amour, à un amour qui nous a
devancé ! Heureux serons-nous, si avec Jésus, nous pouvons passer en ce monde,
en faisant le bien, sans laisser de traces !
Invitation au notre Père : Comme Jésus, serviteur de Dieu, avec Jésus,
heureux d’accomplir sa mission, nous nous tournons vers le Père, pour lui
redire la prière des enfants de Dieu :
Prière conclusive : Seigneur Dieu,
tu nous as créés à ton image et à ta ressemblance, restaure en nous cette
création. Pour que nous fassions ce que tu fais, aimions ce que tu aimes, fais
de nous des serviteurs de ton Evangile, de ta grâce, de ton salut.
Bénédiction : Dieu nous
partage sa vie, qu’il nous bénisse…
[1]
Léon le Grand. 1er Sermon sur le jeûne du 10e mois, 1, trad. R. Dolle, Paris,
Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 200, 1973, p. 151-153.
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