(sœur Myrèse)
Introduction : Aujourd’hui la liturgie fait
mémoire de ste Mechtilde, une mystique allemande, morte en 1298. En fidèle
bénédictine elle a fondé toute sa spiritualité sur la liturgie et la lectio.
Nous pouvons lui demander de veiller sur nous, comme elle a veillé sur Gertrude
d’Helfta qui est entrée à l’école de son monastère à l’âge de 5 ans. Mechtilde
a été longtemps maîtresse des novices et première chantre en sa communauté, on
la surnommait le rossignol de Dieu.
La liturgie de la Parole aujourd’hui nous offre le chant
des larmes. Larmes de Jean car personne ne semble apte à ouvrir le livre aux 7
sceaux. Larmes de Jean qui seront essuyées, consolées, par l’annonce que Jésus,
l’agneau immolé, est digne de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux. Car
oui, Christ est la clé de l’histoire du salut. Dans l’évangile : Larmes de
Jésus sur Jérusalem. Larmes qui ne trouveront consolation que par delà la mort
de Jésus sur la croix, hors de la ville, larmes qui ne trouveront consolation
que dans la résurrection. Larmes qui continuent aujourd’hui, tant que tout
n’aura pas été récapitulé en Christ, tant qu’il y aura un gramme de souffrance
et de mal sur notre terre. Voilà donc une invitation à accompagner Jésus, en
ces larmes… à y remédier autant qu’il nous est possible, à les porter avec lui
pour ce qui ne nous est pas possible de soulager. Entrons en cette liturgie
avec un cœur ouvert, en solidarité avec toutes les blessures du cœur de notre
humanité, avec toutes les blessures du cœur de notre Dieu.
Après l’Evangile : Il faut
bien couper dans l’évangile, pour avoir un passage à manger au quotidien. Il
faut bien commencer le passage à un endroit et l’arrêter un peu plus loin. On
ne peut guère imaginer de recevoir tout un évangile en une célébration. Et cela
demande de notre part une grande vigilance.
Pour recevoir le passage du jour, il faut regarder où il s’insère dans
le parcours de vie de Jésus. Les versets que nous venons d’écouter, font
directement suite à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Oui, Jésus vient
d’être acclamé par la foule, tandis qu’il arrivait à Jérusalem par Béthanie et
Bethphagé, monté sur un ânon. La foule a chanté : Béni soit celui qui
vient, le roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des
cieux. Et puis vient notre épisode du jour. Quel contraste ! Jésus y
est dans une solitude extrême, dans une tristesse incommensurable. Il pleure
sur la ville de Jérusalem. La vue de Jérusalem en arrivant par le mont des
oliviers est superbe. Et voilà que cette vue prend Jésus au cœur. Il
pleure : si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la
paix. Jérusalem, la ville de paix
selon l’étymologie même de ce nom, n’a su reconnaître ce qui donne la paix. Les
petits qui ont acclamé Jésus juste avant, l’ont pourtant proclamé : la
paix vient d’en haut. La paix est don de Dieu ! et en accompagnant Jésus
par la croix jusqu’en la résurrection, nous recevons cette paix. Souvenez-vous,
au soir de Pâques, Jésus dit aux disciples : la paix soit avec vous, et il
souffle sur eux, et leur donne avec son Esprit, la mission de répandre son
pardon. Véritable source de paix.
Jésus aujourd’hui pleure sur Jérusalem, car elle n’a pas
découvert cette source de la paix. Jésus pleure le péché de Jérusalem, son
refus d’accueillir le salut.
Et nous ? où en sommes-nous ? En contemplant la
douleur du cœur de notre Dieu, prenons un temps pour descendre en nos cœurs.
Démasquons nos refus d’accueillir Jésus, d’écouter sa Parole et de la mettre en
pratique. Accueillons en Jésus le pardon, notre salut, notre paix. Et nous
ferons sa joie.
Si nous voulons partager le cœur de notre Dieu, nous ne
pouvons le faire comme si nous étions innocents de tout mal. Alors peut-être
que le roi David peut nous aider à nous situer de manière juste. Vous vous
souvenez, combien David a pleuré le malheur qui s’abattait sur la ville de
Jérusalem, vous vous souvenez ? le fléau de la peste qui s’abat sur la
cité, par la faute de David lui-même, et il pleure, et il prie le Seigneur
d’écarter la main de l’ange exterminateur. (Cf 2 Sam 24 ; 1 Ch 21) Car
oui, nous avons à partager les larmes de Jésus en sachant que nous portons
notre part de péché, de responsabilité dans le désastre qui frappe notre terre…
Musique méditative :
Je vous propose de porter un temps en vos cœurs ces
larmes de Jésus, avec le chant Videns Dominus civitatem desolatam de J
la Fage (un compositeur franco-flamand du début du 16ème siècle) https://www.youtube.com/watch?v=LQJUhOExmg0
Le souverain voit la désolation de la cité, le cœur
trouble, il pleure amèrement disant : ô bon Jésus, je t’en supplie détourne la
colère du peuple, et dit à l’ange qui frappe : arrête maintenant ta main, ne
laisse pas ceux qui espèrent en toi périr à jamais.
Invitation au Notre Père : Jésus,
tu as voulu nous partager la paix qui vient d’en haut. Aujourd’hui, viens
toi-même prier en nous le Père, avec les mots que tu nous as appris
Prière conclusive : Seigneur,
nous voici pécheurs devant toi. Mais nous savons que tu nous rejoins sur nos
chemins. Nous savons que tu nous offres avec ton pardon, la paix qui surpasse
tout ce qu’on peut imaginer. Aussi nous voici devant toi, dans la
reconnaissance, nous nous offrons à ta miséricorde, que tu puisses la faire
ruisseler sur notre terre. Nous te le demandons par Jésus le Christ notre
Seigneur…
Bénédiction : que le Seigneur répande sur nous sa paix et qu’il nous bénisse…
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