Introduction : Bonjour à tous et à toutes, bonjour à vous qui nous rejoignez par zoom, pour célébrer le Seigneur et nous nourrir de sa Parole.
Nous
sommes citoyens de la terre, unis à nos frères et sœurs du monde entier, qui
comme nous sont affrontés à la pandémie et à ses conséquences, surtout pour les
plus pauvres et les plus fragiles. Mais aussi « nous avons notre citoyenneté dans les cieux ; d’où nous attendons
comme sauveur le Seigneur Jésus Christ » comme le dira saint Paul dans
la 1ère lecture.
Forts
de cette foi et de cette espérance chantons le Christ, notre vie par les
Psaumes, prières qu’il a lui-même faites siennes.
Mais
justement c’est une parabole et elle s’adresse aux disciples, à ceux qui sont
gérants des dons reçus du Seigneur.
C’est
dit Jésus, l’histoire d’un homme riche ; c’est dire qu’il a plus que ce
qu’il faut pour vivre. ...il a des réserves. Même si l'année
prochaine est maigre, il ne craint rien.
Cet
homme riche a un gérant pour veiller au grain. Il a aussi des voisins, moins
fortunés que lui dont les terres produisent trop peu et qui ont de la peine à
vivre jusqu‘à la prochaine moisson. Ils sont obligés d’emprunter pour faire la
soudure, pour nouer les deux bouts.
En
voici un qui vient trouver le gérant, « s’il te plaît, demande-t-il,
prête-moi 80 sacs de blé, ma dernière récolte a été mauvaise, mais celle de
cette année s’annonce bien, dès que j’aurai pu moissonner je te rendrai 100
sacs ». Le régisseur lui donne de quoi écrire et lui dit « tiens,
fais-moi un reçu ». L’emprunteur certifie qu’il a reçu 100 sacs et en
charge seulement 80 sur ses mules.
De
même un petit commerçant des environs tombe à court d’huile et vient
demander au gérant de lui prêter 50 barils afin de pouvoir servir sa clientèle
jusqu’au jour où l’huile fraîche coulera de son pressoir. Si tu prends 50
barils, tu m’en rapportes 100 et je les repartagerai honnêtement avec mon
patron, 50 pour lui, 50 pour moi». C’est dur, mais le commerçant finit par
accepter.
Nous
en sommes là quand commence la parabole. Un délateur, il y en a toujours, vient
trouver l’homme riche et lui dit « ton gérant gaspille tes biens, il
va te ruiner. Pour avoir tout ce qui lui faut, il consent sur tes biens des
quantités excessives, il vide tes caves et de tes greniers. Qui peut garantir
que les champs et les oliveraies de ses débiteurs produiront assez pour qu’ils
soient en mesure de payer leurs dettes. Et si tes propres récoltes étaient
jamais insuffisantes, de quoi vivrais-tu ? »
L’homme
riche se laisse convaincre et limoge le régisseur.
Que fait alors le gérant ? Il convoque ceux qui ont des dettes envers son
maître et il leur fait corriger les reçus.
Le
gérant ne fait donc rien de malhonnête, il renonce seulement à sa marge
bénéficiaire ; il sacrifie ses intérêts immédiats, pour pouvoir compter
sur l’accueil de ceux qu’il a ainsi soulagés.
Alors,
pourquoi l’évangile dit-il que ce gérant est trompeur ?
En
réalité, l’évangile ne dit pas cela, c’est la traduction qui le dit. L’évangile
dit « ce gérant de l’injustice, le maître fit son éloge ». Il a été
un bon gérant de l’injustice.
De
quelle injustice ? De celle que son maître aurait commise en toute bonne
foi, en se basant sur les reçus, s’il avait pu réclamer 100 sacs de blé à celui
qui n’en avait reçu que 80 ; et 100 barils d’huile à celui qui n’en avait emporté
que 50.
Tant
que la différence entre les reçus et les quantités réellement prêtées, 20 sacs
et 50 barils, étaient destinés au gérant, c’était tolérable puisque c’était son
seul revenu. Mais que le propriétaire qui a déjà trop d’huile et trop de grain,
s’enrichisse sur le dos de ses pauvres voisins, ce serait injuste. En faisant
corriger les reçus signés à son avantage, le gérant veut s’attirer la sympathie
des débiteurs, mais en même temps, il empêche son maître de s’enrichir
honteusement après son départ. Il écarte l’injustice. Il est un bon gérant de
l’injustice, parce qu’il empêche l’injustice, ou du moins parce qu’il en limite
les effets.
Si l’évangile nous dit que nous ne pouvons pas servir à la fois Dieu et
l’argent (ce que nous entendrons demain), il nous
enseigne aussi en filigrane, qu’il est possible de faire un bon usage de
l’argent : le bon usage de l’argent, c’est de l’employer au service de la
justice.
Vous
me direz que dans la parabole, le souci du gérant n’est pas d’éviter une
injustice. Son intention est de se faire des amis. Ses préoccupations ne sont
pas très nobles…
Par
bonheur, l’évangile ne met pas sous nos yeux des héros, mais des gens très
ordinaires, mis en branle par des mobiles intéressés.
La Bonne Nouvelle de Jésus s’accommode de nos petits calculs. Dieu fait avec ce
qu’il a. Il nous achemine vers la sainteté à travers nos recherches de
nous-mêmes ; n’est-ce pas rassurant ?
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