dimanche 17 février 2013

une veuve venait à lui disant..

Il disait : « Il y avait un juge dans une ville, qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Il y avait dans cette ville, une veuve et elle venait à lui en disant : Venge moi de mon adversaire. Et pendant du temps, il ne voulut pas. Mais après ceci, il se dit en lui-même : Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte pas les hommes, parce qu’elle me cause du tracas, cette veuve-là, je la vengerai, de peur que venant à la fin elle ne me moleste.

Luc 18,2-5

Viens Esprit de Jésus,
Sois lampe sur mes pas, sois lumière pour mes yeux, que j’accueille cette parole.

Il disait : « Il y avait un juge dans une ville, qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.
Jésus a donc annoncé une parabole pour illustrer qu’il faut prier sans se lasser. On s’attend éventuellement à ce qu’il mette en scène un fidèle, qui vient prier avec confiance jusqu’à exaucement par Dieu. Mais voilà que le premier personnage campé est un juge, dont on peut dire qu’il n’a de juge que le titre. Il ne craint pas Dieu, il ne respecte pas les hommes, sur quoi donc va se fonder son jugement ? A l’époque de Jésus, deux droits sont en cours dans la société : la Torah qui régit la manière de vivre du peuple juif, le droit romain, qui est le droit de l’occupant. Or ce juge semble se détacher totalement et de la Torah et de la loi civile romaine…

 Il y avait dans cette ville, une veuve et elle venait à lui en disant : Venge moi [ ou rends moi justice] de mon adversaire.
Une veuve… à l’époque de Jésus, une veuve représente une personne fragile, elle a perdu la protection de son mari, elle est vulnérable, et doit compter sur la famille proche pour une prise en charge, pour ne pas périr de misère. Dans la Torah, la veuve, l’orphelin et l’étranger sont les trois catégories de personnes vulnérables, sur lesquelles le peuple est invité à veiller particulièrement.  La veuve doit espérer un goël (quelqu’un qui la rachète, qui la sauve, qui se porte garant pour elle). Et voici qu’elle ne semble pas en avoir, puisqu’elle doit veiller elle-même à ses intérêts, puisqu’elle doit elle-même faire les démarches en justice pour se faire respecter, faire respecter ses droits. Comble pour elle, elle tombe sur un homme « sans foi ni loi ». Elle vient réclamer que justice lui soit rendue, face à un adversaire.

 Et pendant du temps, il ne voulut pas.
La veuve est pour le moins tenace, elle n’a pas demandé une fois, mais elle demande et demande encore. Mais toujours elle s’affronte au refus du juge.

Mais après ceci, il se dit en lui-même : Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte pas les hommes, parce qu’elle me cause du tracas, cette veuve-là, je la vengerai [- je lui rendrai justice], de peur que venant à la fin elle ne me moleste.
Voici que l’évangile nous donne alors part au dialogue intérieur de ce juge. Il se connait, la présentation initiale n’inventait rien. Il dit de lui-même, ce que nous savions déjà, il est sans foi ni loi ! Il reconnait que cette veuve l’importune, le soucie, le tracasse… lui casse les pieds, dirions-nous ! Et lui qui ne respecte pas les hommes, finit par prendre peur, il voit la ténacité de la femme, et fini par redouter qu’elle n’en vienne aux mains ! la scène est assez surprenante… on imaginait une espèce de pharaon, enfoncé dans le fauteuil de son pouvoir, et voici qu’il se met à trembler devant une veuve, que l’on aurait imaginé faible, fluette… quasi transparente. Le verbe traduit ici par « molester » a  pour premier sens : « pocher les yeux ». Le juge redoute-t-il qu’elle en vienne aux mains ? ou qu’elle ternisse sa réputation, porte atteinte à son honneur ? le texte ne précise pas, toujours est-il qu’il craint pour lui-même, et que là se trouve le mobile de sa décision d’enfin agir !

Voilà la parabole que Jésus nous confie pour nous inviter à une prière persévérante… Audacieux ! Qui de nous aurait osé prendre un tel exemple ! Nous percevons là, le principe de la parabole : non point tout dire sur  une situation, mais présenter un aspect. Jésus ne présente pas le Père comme un juge inique, mais il nous invite à avoir l’audace de la veuve, sa persévérance, son insistance, son assurance dans la prière.

Seigneur, apprends-moi à prier, à tout ce confier avec foi.

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