vendredi 15 février 2013

Le jour


Lc 17, 22-37


Le texte (traduction : Bible de Jérusalem) :
« Il dit encore aux disciples : " Viendront des jours où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas.
 23 On vous dira : "Le voilà ! " "Le voici ! " N'y allez pas, n'y courez pas.
 24 Comme l'éclair en effet, jaillissant d'un point du ciel, resplendit jusqu'à l'autre, ainsi en sera-t-il du Fils de l'homme lors de son Jour.
 25 Mais il faut d'abord qu'il souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette génération.
 26 " Et comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il encore aux jours du Fils de l'homme.
 27 On mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ; et vint le déluge, qui les fit tous périr.
 28 De même, comme il advint aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ;
 29 mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit pleuvoir du ciel du feu et du soufre, et il les fit tous périr.
 30 De même en sera-t-il, le Jour où le Fils de l'homme doit se révéler.
 31 " En ce Jour-là, que celui qui sera sur la terrasse et aura ses affaires dans la maison, ne descende pas les prendre et, pareillement, que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière.
 32 Rappelez-vous la femme de Lot.
 33 Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera.
 34 Je vous le dis : en cette nuit-là, deux seront sur un même lit : l'un sera pris et l'autre laissé ;
 35 deux femmes seront à moudre ensemble : l'une sera prise et l'autre laissée.
 37 Prenant alors la parole, ils lui disent : " Où, Seigneur ? " Il leur dit : " Où sera le corps, là aussi les vautours se rassembleront. " ».

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
« Quand donc vient le Règne de Dieu ? » demandaient les Pharisiens à Jésus (v. 20)
Jésus leur avait répondu : « Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable ».

v. 22 :
A présent, c’est aux disciples que Jésus s’adresse et il se fonde sur leur désir :
« vous désirerez voir ne fût-ce qu’un seul des jours du Fils de l’homme »…
Ce jour du Fils de l’Homme, c’est celui de son Avènement.
Si Jésus s’appuie sur le désir des disciples, il questionne également le désir des lecteurs que nous sommes.
En ce temps de Carême, où nous sommes appelés à nous tourner, à nous retourner vers notre Dieu, il est bon de nous poser cette question : sommes-nous désireux de le voir, de recevoir sa visite ?

v. 23 :
« le voilà… le voici… Ne partez pas, ne vous précipitez pas »
Ce sont nos lieux d’errance, les faux dieux qui nous égarent, les soucis, les préoccupations, ce qui nous détourne de notre Dieu.
Ce n’est pas là que Dieu se révélera…

v. 24-25 :
Jésus nous dévoile alors son vrai visage.
« Comme l’éclair en jaillissant brille d’un bout à l’autre de l’horizon ».
Sa venue est cosmique, glorieuse, au-delà d’un lieu précis.

« Mais auparavant il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté… »
Révélation d’une gloire, certes, mais précédée de la Passion et du rejet.
Tel est le visage de notre Dieu : à la fois glorieux, grandiose, en majesté et, à la fois, souffrant et rejeté.
Au désert, c’est le Jésus tenté qui a faim, après 40 jours de jeûne, et celui qui vainc la tentation, fort de sa relation au Père.
On y devine le mystère pascal : le Christ du Vendredi Saint, bafoué et défiguré, et le Christ du matin de Pâques, tout nimbé de Lumière.

v. 26-27 :
Jésus propose deux comparaisons.
D’un côté, il compare la venue du Fils de l’Homme au temps de Noé (Gn 6) : « on mangeait, on buvait, on se mariait… » et « le déluge vint et les fit tous périr »

v. 28 :
De l’autre, Jésus fait allusion au temps de Lot (Gn 19) : « on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait… » et « Dieu… les fit tous périr »

De part et d’autre, l’événement était imprévisible.
Les activités des contemporains de Noé et de Lot sont aussi les nôtres : des activités tout humaines et dont nous ne pourrions nous abstenir car elles sont inhérentes à notre condition humaine, terrestre et contingente. Elles en font son poids et sa valeur.

v. 30-31 : « De même en sera-t-il, le Jour où le Fils de l’homme doit se révéler. En ce Jour-là, qu’il… ne descende pas prendre (ses affaires)… et qu’il… ne retourne pas en arrière »
Ce Jour-là, il sera trop tard… comme pour la femme de Lot (v. 32 : cfr Gn 19, 26)

Jésus nous dévoile alors une attitude spirituelle qui ne nous dispensera pas de vivre pleinement notre condition d’hommes et de femmes humains, mais qui pourra déployer notre vie :
« Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera »
Face à ces occupations, aussi légitimes soient-elles, quelle disposition intérieure adoptons-nous ? Ces activités sont-elles le centre et la fin de notre projet de vie ? Constituent-elles l’unique perspective de notre vie terrestre ?
Ou désirons-nous rencontrer Celui qui vient ?

Jésus s’appuyait au verset 22 sur notre désir de le rencontrer, préalable indispensable pour commencer ce Carême.
Ici, il nous livre la clé pour ne pas manquer cette rencontre : la vigilance.

v. 34-35 : « … l’un sera pris et l’autre laissé…  l’une sera prise et l’autre laissée »
Mystère de la venue du Fils de l’Homme, mystère de sa manifestation dans nos vies.
Mais, malgré des manifestations variées, en des temps variés, nul n’est dispensé de cette rencontre. Chacun est renvoyé à lui-même.
Chacun(e) de nous peut se poser cette question : suis-je assez vigilant(e) pour Le reconnaître dans les évènements  les rencontres, dans le cœur à cœur avec Lui ?
Telle est la grandeur de notre liberté et le poids de notre responsabilité.
Vais-je me tourner résolument vers Lui ?

v. 37 : après une question sur le temps (« quand donc… ? » : v. 20), les disciples posent la question du lieu (« où donc… ? »)
Jésus ne le précise pas, mais il en assure la réalité : « Aussi sûrement que la mort fait son œuvre, le jugement s’opère ».
Effectivement, nous ne pouvons pas spéculer sur la venue du Fils de l’Homme (cfr Lc 19, 11 ; 21, 7). La fin du monde, annoncée pour le 21 décembre, nous a laissés perplexes…
Alors, si nous ne pouvons pas nous prononcer sur l’avenir, nous ne pouvons qu’entretenir la vigilance en cet aujourd’hui, car les regrets du passé et les inquiétudes pour l’avenir sont vains.
Seule compte la présence au présent…

Prière :
Tandis que nous entrons dans ce temps de grâce qu’est le Carême, accorde-nous, Seigneur, de garder, au sein de nos activités humaines, un cœur tout attentif à la venue du Fils de l’Homme qui, jour après jour, nous visite… pour nous combler de ses bienfaits. Amen.

                                   Sr Marie-Jean

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