lundi 14 avril 2025

 Liturgie de la Parole Lundi Saint

Méditation

Évangile Jean 12, 1-11
En méditant sur le récit de Jean qui nous est donné d’entendre aujourd’hui, celui d’un événement rapporté de manière différente par Matthieu (26,6-13) et Marc (14,3-9), je me demandais pourquoi il était si peu commenté.  Je les ai relus avec attention et l’attitude de Marie me touche quelle que soit l’expression puissante de l’amour qu’elle manifeste pour Jésus. Qu’est-ce qui dérange ? C’est pourtant tellement beau cette perception d’un amour vrai, celui de Marie qui hérite de l’âme de Jésus.
Dans le récit de Jean, il vient contrebalancer l’attitude de Judas qui est resté le cœur fermé par rapport à tout ce qu’il a entendu et vu de Jésus quand il le suivait sur le chemin. Le « je t’aime » qui crie au fond du cœur de Marie s’est mué chez Judas en « Je te haime ». C’est l’expression de Lytta Basset que j’avais lue dans son livre « aimer sans dévorer », et elle me paraît très adéquate. Je ressens ce passage de l’amour à la haine comme une sorte de glissement de terrain dévastateur et mortel.
Que se passe-t-il à table, à Béthanie dans cette maison de l’amitié où Jésus et ses amis sont invités ? Sans doute ont-ils été conviés pour fêter l’événement qui vient d’avoir lieu : la résurrection de Lazare, le frère de Marthe et Marie.
Marie prend une livre de parfum, du vrai nard d’un grand prix.  Inutile de préciser.  C’est l’expression d’un amour sans mesure.  Elle oint les pieds de Jésus et les essuie avec ses cheveux.   Remarquez qu’il n’y a pas de larmes. Les larmes c’était pour la mort de Lazare, des larmes qui par ailleurs avaient troublé et fait frémir Jésus aux entrailles.  Marie, elle a bien compris le message de Jésus : « Où l’avez-vous mis ? Déliez-le et laissez-le s’en aller. » Marie elle a déjà compris que le temps de la séparation peut être le temps du développement et du mûrissement en soi d’une présence toute différente.  Elle a vécu cette expérience où ce temps de la séparation peut devenir à la fois une désappropriation et un accueil à la vie.  Offrir à l’autre de se déployer pleinement et cela commence par lui rendre la liberté et la dignité auxquelles il a droit pour vivre et faire vivre. 
« La maison s’emplit de la senteur du parfum » Est-ce que ça sent bon le parfum de Dieu dans nos églises ?  Si ça ne sent rien c’est ennuyeux.  Quand on porte Quelqu’un au-dedans de soi, on est emparfumé, et le parfum, il ne se transmet que si j’en suis imprégné.   De toute évidence, la souffrance n’est pas bonne mais c’est le parfum, le nectar qui en sort qui est magnifique.
C’est toute la différence entre Judas et Marie et elle est terrible.  Judas est scandalisé, il est habité de forces obscures.  Il a oublié les bons moments vécus et ce qu’il a reçu. Il faut bien réaliser le décalage entre le geste d’amour « gratuit » de Marie et le « calcul mental » que fait cet homme.  Il est en train de s’occuper des pauvres alors qu’il ne les aime pas, il s’en fout. Le geste de Marie est inacceptable pour Judas. C’est du gaspillage.
Quand pourrons-nous comprendre que notre bonheur se trouve dans l’acte de se réjouir du bonheur de l’autre !
Que cette chapelle sente bon le parfum de Dieu, le parfum de Celui qui vous habite et vous fait vivre. Il s’agit de rendre Dieu heureux en étant heureux soi-même.
Bonne semaine Sainte.

Raymond


dimanche 13 avril 2025

 Liturgie de la Parole Dimanche des Rameaux année C

Homélie.

Cette dernière semaine de carême nous achemine de façon dramatique et émouvante vers le point culminant de notre foi : la résurrection de Jésus.
     Jésus entre à Jérusalem.  Il n’entre pas à pied comme un simple pèlerin.  Il est Seigneur et il vient vers le peuple comme un roi.  Par contre, il n’enfourche pas un cheval de guerre comme pouvaient le faire les rois de jadis.  Il s’assied sur un âne sur lequel personne ne s’était encore jamais assis.  Cela signifie qu’il est le premier souverain d’Israël à exercer la royauté de manière humble et non violente à la manière dont Dieu règne sur son peuple.  De la même manière après sa crucifixion, il sera mis dans un tombeau où personne n’avait été déposé.
     Nous venons d'écouter le récit de la Passion selon Saint Luc.  Ce texte insiste sur le regard : celui de Jésus sur Pierre après son triple reniement, celui des  amis et des femmes.  Elles regardaient l'endroit où on l'avait déposé.
     Alors, regardons, nous aussi.  Nous voyons des croix en de nombreux endroits le long des routes.  Ces croix, nous les voyons chez les enfants battus, chez les personnes licenciées suite aux faillites de leur entreprises, chez les malades qui dépérissent, chez les peuples exterminés.  Ces croix sont aussi plantées au cœur de nos vies quotidiennes.  Elles nous disent jusqu’à quel point Jésus a aimé les hommes et les femmes.
     Avant de partager la joie de Pâques autrement dit la victoire du Christ sur la mort, , nous sommes appelés aujourd’hui à partager le poids de sa croix toujours aussi lourde actuellement.

     Ab. Fd STREBER



Méditation pour le Dimanche des Rameaux

Le combat de Dieu

Les yeux fixés sur le Seigneur, entrons dans le combat de Dieu.
Ces mots, pour une part inspirés de la lettre aux Hébreux, nous servent de refrain invitatoire tous les matins de ces jours saints, ils ouvrent notre journée.
 
Entrons dans le combat de Dieu...
Ne nous trompons pas d’adversaire ! Contre qui Dieu combat-il ? contre qui devons-nous devenir ses alliés ? contre le mal qui écrase et opprime, contre le mal qui tue l’homme !
Pas contre l’homme !
 
Dieu, en son Fils Jésus, est venu nous le dire avec la force de sa faiblesse, nous le contemplons crucifié-ressuscité : il est venu prendre le parti de l’homme, résolument, définitivement.
 
Jésus en partageant notre condition humaine, nos chemins de joie et de peine, a lutté toute sa vie, pour Dieu et pour l’homme. Jamais il n’a accepté de prendre parti pour l’un contre l’autre. En lui humanité et divinité sont en parfaite alliance. Sans cesse ce fut un seul et même combat ! Celui de la vie.
 
En cette Semaine Sainte, nous pouvons reprendre le signe de la croix, et le méditer... Pourquoi avoir associé à la croix, les paroles « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ?
N’est-ce pas révélation suprême de l’amour des trois ? Du don de chacun en une unique offrande ? Jésus est crucifié ? Le Père l’est tout autant ! Jésus est livré ? L’Esprit l’est avec lui !
Entrons dans cette voie de l’amour jusqu’au bout ! Devenons avec Jésus, enfants du Père, habités par l’Esprit.
 
Jésus a pris notre humanité, devenons participant de sa divinité.

Sr Myrèse écrit le 1er avril 2012


jeudi 10 avril 2025

 Liturgie de la Parole 5e jeudi de carême

Lectures  Genèse 17, 3-9, Jean 8, 51-59

Introduction


Dans la Lecture du livre de la Genèse, Abram devient Abraham et ce récit nous raconte le jour où Dieu a fait alliance avec lui, avec nous. Dieu dit « voici l'alliance que je fais avec toi, tu deviendras le père d'une multitude de nations ».
Et cette alliance est éternelle, de génération en génération, entre Dieu et nous. Dieu est le Dieu sûr. Il ne revient pas sur ses promesses sauf quand il s'agit de punir, comme on l'a vu dans la lecture de jeudi dernier, il peut changer d'avis, preuve de sa grande miséricorde.
Dans l'évangile de Jean, Jésus parle aux Juifs. Il leur dit «si quelqu'un garde ma parole, jamais il ne verra la mort »...  Cela donne une occasion de plus aux Juifs de  dire à Jésus qu'il a un démon en lui, puisque même Abraham et les prophètes sont morts... Jésus leur répond « avant qu'Abraham fût, je suis »
« Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien, c'est mon Père qui me glorifie »...
A notre tour, glorifions Dieu en chantant les psaumes !

Méditation après l'évangile


Abraham a marqué notre histoire. Il a cru à la promesse que Dieu lui a faite, il a entrepris le voyage vers la terre promise... Il y a quatre mille ans ! Aujourd'hui, les promesses de Dieu sont faites pour chacune de nous et Dieu est avec nous à chaque étape de notre vie. Le désert est un lieu de passage et de purification. A l'intérieur de nous-mêmes, c'est notre désert, c'est le lieu de rencontre avec nous-mêmes et avec Dieu, dans le silence.
« Si quelqu'un garde ma parole, dit Jésus, jamais il ne verra la mort ». Les Juifs ne comprennent pas, ils sont scandalisés. Pour eux, Jésus est possédé par un démon.Tous les humains meurent. Même Abraham et les prophètes sont morts. Ils ne comprennent pas que Jésus appartienne à un monde plus haut qu'eux. Sa déclaration « avant qu'Abraham ait été, je suis »,( j'étais déjà), ces mots sont divins, cette déclaration montre la différence. Les Juifs n'acceptent pas les paroles de Jésus, ils  réfléchissent en humains, et comprennent que celui qui garde la Parole, vivra éternellement sur terre, et ils ne lui demandent pas d'explications. Pour eux, Jésus est simplement un homme. Ils s'opposent à lui, ils le trouvent dangereux, ils veulent donc le détruire en le lapidant ; pourtant, Jésus leur propose un chemin, une relation étroite avec lui mais ses paroles bousculent. Les Juifs, au nom de leur science, de leur connaissance de la Bible s'opposent à lui.
Ca arrive que ses paroles nous bousculent aussi, nous dérangent parce que nous les prenons au premier degré.
« Si quelqu'un garde ma parole »... Il ne suffit pas d'écouter. Le but, pour nous, c'est de faire ce qu'il propose, alors, nous recevrons tout en lien avec lui à condition de garder cette Parole, et de la laisser agir dans notre vie, nous interpeller.
« Jamais il ne connaîtra la mort » Cette promesse paraît impossible, lui aussi connaîtra la mort, alors de quelle  mort parle t-il ? N'oublions pas que notre vie éternelle ne commence pas à notre mort, mais qu'elle est déjà commencée, c'est dès maintenant qu'il faut la préparer en intégrant la Parole dans toute notre vie.« Si nous vivons en relation avec lui, si nous lui laissons une place dans notre quotidien,  si nous ramenons à lui ce que nous faisons, ce que nous subissons, ce que nous espérons, alors oui, nous ne voyons pas la mort, une autre vie est en nous, une vie qui donne la force d'aimer, de continuer à espérer, qui offre un nouveau possible »(J.L. Fabre )
En ce temps de carême, essayons d'entendre vraiment ce que Jésus nous dit.
 N'ayons pas peur de nous laisser bousculer par la Parole, il nous faut nous laisser envahir par elle, l'entendre et la garder.. « Amen, amen, je vous le dis » dit Jésus.


Invitation au Notre Père


Dieu nous a choisi(e)s, Il a fait alliance avec nous, prions-le en l'appelant Père.

Danièle


mercredi 9 avril 2025

 Liturgie de la Parole 5e mercredi de carême

Libérés pour aimer

Méditation

L’attachement à Dieu libère.
Libère du péché.
Libère de la peur.
Libère de la mort.
C’est ce que croyaient simplement, profondément,
Sidrac, Misac et Abdénago. [1]
Ils sont jetés dans la fournaise…
Mais ils n'y sont pas seuls :
Un quatrième marche avec eux.
Et le feu qui devait les consumer devient lieu de présence.
Lieu de lumière.
Lieu de salut.
 
Ils y marchent libres.
Libres d’aimer Dieu, quoi qu’il arrive.
Libres de ne pas céder à la peur.
Libres parce qu’ils n’appartiennent pas à Nabuchodonosor,
mais à Celui qui fait vivre.
 
Jésus parle d’une autre fournaise, plus discrète, plus cachée :
celle du péché.
Un feu intérieur qui déchire les liens avec Dieu,
avec les autres, avec soi-même.
Un feu qui isole, qui ronge doucement.
Pécher, c’est vivre coupé,
étranger à la source,
éloigné de la lumière.
 
Et Jésus parle de vérité.
« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
De quelle vérité s’agit-il ?
Pas d’un concept.
Pas d’une idée à débattre.
Mais une vérité intérieure qui se révèle doucement,
à celui qui cherche, qui écoute, qui se laisse regarder.
La vérité d’un Dieu qui aime.
Un Dieu qui m'aime.
La vérité de moi-même, tel que je suis, dans ce regard-là.
 
Le Carême est ce temps.
Ce temps où l’on accepte de s’approcher du feu,
pas pour en être brûlé,
mais pour y découvrir une présence.
Ce temps pour écouter en soi ses tensions, ses combats,
et deviner qu’une main est là, pour les apaiser.
 
Se laisser libérer, ce n’est pas seulement réaliser que Dieu agit.
C’est lâcher prise,
c'est accueillir ce qui se révèle,
c’est s’ouvrir à une vie nouvelle,
où je n’ai plus besoin de contrôler, de mériter, de me protéger.
Une vie où je peux aimer sans être retenu.
Aimer sans avoir peur de perdre.
Aimer sans m’attacher à moi-même.
 
Alors, dans ma propre fournaise,
je peux m’abandonner.
 
Et dans ce dépouillement, chanter.
Oui, chanter :
« Bénis sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères !
À toi, louange et gloire éternellement ! » [2]
 

Isabelle 9 avril 25

 Lectures du jour : (Daniel 3, 14-20, 91-92.95) – (Daniel 3, 52-56) – (Jean 8, 31-42)
--- Notes :
[1] Ce sont les prénoms hébreux des trois jeunes gens. En grec, on les appelle Ananias, Azarias et Misaël.
[2] Les versets de (Dn 3 52-57) (AT40) sont un chant d’action de grâces qui jaillit du cœur des trois jeunes gens, pour remercier le Seigneur de les avoir protégés par un tel miracle. La suite (v. 57 à 88; AT41) est consacrée à la louange de Dieu dans la Création. On les chante chaque dimanche à Laudes.


lundi 7 avril 2025

 Liturgie de la Parole 5e lundi de carême (année C)

Commentaire : Jean 8, 12-20

J’aime beaucoup ces quelques versets de l’Évangile de Jean où Jésus nous éclaire sur un aspect de lui-même, un de ses rayons du soleil pourrait-on dire : « Je suis la lumière du monde ».
Jésus ne se cache pas, il annonce qui il est et c’est sans ambiguïté. Il est l’expression la plus parfaite de Dieu, du Dieu de Moïse à qui il a dévoilé son nom : « Je suis » Partout dans l’Évangile nous découvrons et sommes touchés par l’un ou l’autre des rayons de sa personnalité manifestés sur la terre :
« Moi, je suis celui qui est ».
Je relève quelques rayons ou quelques facettes de sa personnalité.  Il dit :
- Je suis « la Porte » quand il n’est jamais dans l’exclusion de quelqu’un ; Je suis « la Résurrection et la Vie » ; Je suis « le Pain de Vie » ; Je suis « le Chemin, la Vérité et la Vie » ; Je suis « le Cep » ; Je suis « le Bon Berger » ; Je suis « le Fils » bien-aimé du Père ; et aujourd’hui, Jésus se présente en disant je suis « la Lumière du monde » qui remplit de sens la vie de ceux qui veulent le suivre en dépit de leurs imperfections.
Ses enseignements, sa vie sont une lumière qui éclaire toute notre existence, dans les bons moments comme dans les souffrances et les contradictions.
Nous pouvons toujours chercher à savoir comment Jésus traverse ces situations de la vie, que ce soit dans nos relations aux autres, dans notre relation à son Père et notre Père ; nous demander comment vivre au travail ou nos missions propres ; comment appréhender nos joies et nos peines. Chercher à savoir, et plus encore à connaître, c’est très excitant.
On vit dans un monde d’illusions, de promesses illusoires.  Il y a cette invitation à être dans une attitude de recherche, à être branché sur un autre réel, une autre réalité qui met constamment la foi en œuvre. Jésus plonge son cœur, son regard, son intelligence dans celle de son Père.  Sa foi en son Père est un mouvement intérieur très actif.  Là où je suis atteint par un une de des facettes de Jésus, un de ses rayons qui éclaire le monde, je découvre le royaume de Dieu.  Là où la lumière n’arrive pas dans le monde c’est le monde où il y a les ténèbres, la soif, le mercantilisme…un monde plein de compromissions dans lequel je me contente de survivre.
Je suis dans le tunnel, dans la nuit. Jésus me dit : « Je suis la lumière ».  Quand je ne sais plus où je vais, j’entends et je regarde Jésus Lumière.  Il veut que nous trouvions notre identité dans la sienne. Et pour cela, il n’arrête pas de nous parler : « Pour aller où je vais, vous savez le chemin… personne ne va vers le Père sans passer par moi » « Là où je suis, je veux que vous soyez vous aussi ».  « Il y a longtemps que je suis avec vous et vous ne me connaissez pas. Celui qui me voit, voit le Père. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi et moi en vous. Si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres que je fais. Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes enseignements et quand vous demanderez quelque chose en mon nom, moi je le ferai. »
Jésus, lumière du monde a toutes ces paroles lumineuses, bien d’autres encore, pour nous éclairer, éclairer notre chemin de vie. Oui, la lumière de l’Évangile éclaire un chemin qui contraste complètement avec l’obscurité du monde. Ce chemin est celui de la vérité et de l’Amour, il n’est pas une religion et encore moins une morale. Il est une Personne : « Moi, je suis… et celui qui me suit aura la lumière de la vie ». Parfois, souvent, quelquefois, nous sommes des pharisiens qui contestons les paroles de Jésus. Quand ses paroles sont irrecevables cela revient à dire que Jésus lui-même n’est pas reçu.
Or, tous ces « Je suis » de Jésus ont quelque chose à voir avec nous-mêmes et si Jésus les a dits c’est pour que nous les fassions nôtres.
La question que je nous laisse à méditer c’est :
Où j’en suis moi aujourd’hui ? Où est venu se loger le monde en moi ?

Raymond 7 avril 2025


samedi 5 avril 2025

 Liturgie de la Parole 4ème samedi de carême, 5 avril 2025

Méditation

Si quelqu’un vient vous dire quelque chose de sensé qui vous remet en question, la meilleure façon de vous en débarrasser est de le tourner en ridicule. Et si cela se fait en public, c’est encore plus fort. Aujourd’hui, ce genre de scène peut faire le tour du monde en un instant grâce aux réseaux sociaux. Aujourd’hui, la formation de l’opinion du public joue à fond sur ces mécanismes de polarisation (pour ou contre) et de prise de position émotionnelle, ne tenant plus compte de la vérité, du bon sens, de la vérification.
Aujourd’hui, à la fin de l’évangile, nous entendrons quelqu’un de courageux qui essaie de s’opposer à l’opinion imposée par les plus forts. Nicodème…
Le chapitre 7 de Jean : un long chapitre qui se déroule sur une semaine : la fête des Tentes. On peut le lire à partir de plusieurs fils rouges : la question de « l’heure » de Jésus (« son heure n’était pas encore venue »), la prudence de Jésus et sa façon de sortir de l’ombre très progressivement, la façon dont se forme l’opinion à son sujet, le rôle des influenceurs, le rôle de Nicodème qui intervient tout à la fin du chapitre.
Jésus parle de plus en plus ouvertement. Les discussions à son sujet sont, elles aussi, de plus en plus ouvertes, les objections se font dès lors aussi de plus en plus virulentes… et de moins en moins rationnelles.
Je me pose la question : que vient faire Nicodème dans ce récit ? Que se serait-il passé s’il n’avait pas parlé ?
Seul l’évangile de Jean parle de Nicodème : à trois places : au chapitre 3 (long dialogue avec Jésus, de nuit), ici, et au chapitre 19, lors de la mise au tombeau. Nicodème nous est sympathique, parce que nous lui ressemblons. Il se pose des questions, il est dérouté et séduit, mais il n’ose pas sortir de l’ombre tout de suite. L’évangéliste ne nous dit pas pourquoi : nous pouvons donc combler ce vide narratif, en imaginant le débat intérieur qui doit être le sien et qui grandit au fur et à mesure du récit. De Nicodème, nous savons qu’il était un pharisien et un notable parmi les Juifs (Jn 3, 1). Ici, le narrateur prend la peine de préciser encore qu’il était « l’un d’entre eux » (un pharisien).
Je reviens à ma question : que se serait-il passé si Nicodème n’avait pas parlé ?
Parce qu’il est pharisien, il ouvre une brèche dans la conscience du bloc hermétique que forment les grands prêtres et les pharisiens. Il ne s’oppose pas, il ne fait que poser une question, il est prudent, mais parce que sa question est pleine de sens et que les autres s’en trouvent déstabilisés, ils le ridiculisent pour le faire taire. Qu’est-ce que ça change ?
- Ça change pour lui, parce que s’il n’avait rien dit, il n’aurait pas été humilié, mais le fait d’avoir connu cette humiliation va le faire évoluer : ce choc va peu à peu le transformer de l’intérieur et l’aider plus tard à sortir de l’ombre.
- Ça change pour le groupe des Pharisiens, qui est désormais fissuré… et qui va se trouver devant la tentation de se durcir…
- Ça change pour les simples gens qui sont témoins de cela et pour qui c’est important de voir que même un Pharisien est capable de se remettre en question.
- Ça change pour Jésus, c’est peut-être une consolation pour lui, un signe d’espérance. Je pense qu’il aime Nicodème, tout comme il a aimé le jeune homme riche. Mais son heure (celle de Nicodème, la sienne) n’est pas encore venue.
- Qu’est-ce que ça change pour nous, pour moi ? Comment est-ce que je me fais une opinion ? Qu’est-ce qui domine en moi ? La peur de la persécution ? La peur du ridicule ? Ou le courage de la nuance ?
L’évangéliste nous donne la figure de Nicodème pour nous aider à cheminer dans ces questions.

Sr Marie Raphaël


jeudi 3 avril 2025

 Liturgie de la parole 4e Jeudi de carême

Lecture Exode 32, 7-14, Jean 5, 31-47

Introduction

Dans le livre de l'Exode, Dieu veut exterminer son peuple corrompu, mais Moïse prend la défense du peuple qu'il a fait sortir d’Égypte. Il dit à Dieu « Souviens-toi de tes serviteurs Abraham et Isaac. Tu leur as promis une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel... » Alors, le Seigneur renonce au mal qu'il avait voulu faire à son peuple.
L'évangile est de saint Jean. Saint Jean, c'est l’Évangéliste qui nous invite à la foi. Par ce texte, il nous invite nous aussi à nous remettre en question.
Jésus explique aux pharisiens qu'il a un témoignage plus grand que Jean-Baptiste. Ce ne sont pas des témoignages qui viennent des hommes,  parce que ce sont ses œuvres qui témoignent qu'il est envoyé par le Père. Rendons-lui grâce en chantant les psaumes !

méditation après l'évangile

Jean  c’est donc l’évangéliste qui nous invite à la foi « en esprit et en vérité » dit Myriam de Gemma.  Comment réagissons-nous devant les signes donnés par Jésus? Il y a plusieurs possibilités.                      
* Soit, comme les Juifs, nous refusons en bloc, « il a perdu la tête »disent les membres de sa famille.
*  - Soit, on se pose des questions, effectivement, c'est un homme extraordinaire, un exemple à suivre... et ça s'arrête là.
* soit on va plus loin et on se dit « cet homme, ce Jésus a à voir avec ma propre vie.
Les Juifs avaient besoin de témoignages humains pour valider leur foi en ce que disait Jésus mais Jésus leur dit que ses œuvres, ses miracles sont là pour prouver qu'il est vraiment l'envoyé de Dieu... Accueillir le Christ, c'est quand on comprend que tous ces signes sont des façons de frapper à notre cœur mais « le laisserons-nous entrer » ? C'est la foi seule qui ouvre notre porte intérieure. Jésus dit alors clairement aux Juifs qu’ils sont dans l’erreur, car s’ils scrutent effectivement les écritures, ils ne savent pas la recevoir. En fait ils la limitent à leur compréhension, et peut être même que certains s’en servent pour justifier leur propre comportement alors que celui-ci n’est pas réellement à la gloire de Dieu mais à leur propre gloire !   Et Jésus se montre ferme; en leur disant que c’est la parole elle-même, dont ils se servent pour leur gloire , qui sera source de vérité et de jugement lorsqu’ils paraitront devant Dieu. Moise et les prophètes ont annoncé sa venue, pourtant les juifs refusent de le reconnaitre de l’accueillir, ils le refusent tellement qu’ils le condamneront et le crucifieront !
On pourrait regarder ces juifs, du haut de notre foi, de notre jugement, mais et nous ?Nous voyons les œuvres de Jésus dans l’évangile, nous le voyons aussi à l’œuvre dans nos vies, et pourtant, nous restons parfois rivés sur des pratiques rituelles extérieures, sur notre conception personnelle de Dieu, comme si nous le connaissions totalement  alors que nous ne le connaissons qu’en partie.Aujourd’hui le Seigneur nous invite à le contempler plus près, à le laisser irradier notre esprit de sa lumière et à le laisser se saisir de notre cœur, afin que nous puissions le reconnaitre tel qu’il est et non seulement tel que nous le pensons. afin que nous puissions vraiment vivre de sa vie, et de son amour. Mais allons-nous oser ce pas ?
*
Comment pouvez-vous croire en mes paroles ?   Dit Jésus. Cette question nous concerne toutes et tous, Comment croire en ses paroles ? Et bien en suivant le conseil de Jésus, scruter les écritures ! Ce sont elles qui rendent témoignage. Scruter les évangiles à la lumière de l'Ancien testament fortifiera notre foi et donnera une lumière nouvelle à notre vie d'enfant de Dieu 
Invitation au Notre Père
Jésus nous a appris comment prier, enfants de Dieu, nous pouvons l'appeler Père

*Le texte en italique est tiré d'un commentaire de Myriam de Gemma, oblate passioniste d'une fraternité à Tahiti

Danièle