jeudi 12 décembre 2024

 Liturgie de la Parole 2e jeudi de l’Avent

Quand Dieu fait toutes choses nouvelles
Méditation

(Isaïe 41,13-20; Matthieu 11,11-15)
Des classements entre petits et grands, de la violence… Bref sur 4 malheureux versets d’Évangile, nous trébuchons déjà deux fois. Encore heureux que la péricope ne soit pas plus longue ! Voilà bien l’évangile qui dérange. Sans doute fallait-il qu'on manque d’évangile sur le Baptiste pour vouloir absolument nous servir celui-ci aujourd’hui.
Dites-moi vous croyez vraiment que Dieu s’amuse là-haut à aligner les hommes et les femmes en petits et grands, plus petits et plus grands… et nous qui espérions qu’enfin serait abolie cette manière plus que déplaisante de classer les personnes. Nous avions déjà une belle espérance d’une nouvelle manière de faire avec la règle de Benoît qui refuse de classer les moines selon leurs mérites, et les classe selon leur entrée. Point. On n’évalue pas, on ne pèse pas. Tu es entré avant donc tu es plus ancien dans la voie monastique, tu as telle place dans le rang des moines…ou des moniales. C’est tout, on ne te dit pas que tu es meilleur ou moins bon pour autant.
Alors cet évangile… avec des plus grands et des plus petits que Jean… Et bien, oui, st Benoît l’a bien lu. Si Jésus parle de plus grand ou de plus petit ici, ce n’est pas pour évaluer un poids de mérites.. mais simplement noter un événement, un avènement qui marque une totale nouveauté. Jean se situe à la charnière d’un monde, il est le dernier de la génération des précurseurs, celui qui a pointé du doigt le Messie. Et ses disciples qui le quitteront pour suivre Jésus vivent l’avènement d’une ère nouvelle. Les grands et petits ici marquent simplement l’échelle du temps. Avec Jésus, une nouveauté inouïe est entrée en notre monde, quelque chose a définitivement basculé. Rien ne sera plus comme avant… Comment allons-nous inscrire cette nouveauté en notre vie ? comment l’Évangile lorsqu’il entre dans nos vies les bouscule-t-il ? Sommes-nous prêts encore et toujours à quitter le légalisme du monde ancien, pour accueillir l’humain Jésus, dont la vie nous dit Dieu ?
Voyons l’autre grincement : Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent, le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer… Allez si on prenait plutôt deux fois l’évangile d’hier, avec Jésus doux et humble de cœur qui nous invite… cela n’irait-il pas mieux ? Bon que veut dire ce verset, comment le comprendre ? Tout d’abord je note qu’il vaut mieux ne pas faire ce que spontanément on a tendance à faire : mélanger tous les évangiles… alors avec Luc on pense de suite que c’est une invitation à la lutte spirituelle nécessaire pour se convertir, et passer par la porte étroite… oui, il faut des efforts pour entrer dans le Royaume. Avec ce passage de Matthieu il me semble qu’on est dans une autre réalité : notons que la violence dont il est question date non point des origines mais depuis les jours de Jean le Baptiste. Alors qu’est-ce que cette violence ? les jours de Jean, ce sont ceux depuis lesquels Jésus a été pointé du doigt comme le Messie. Depuis que Jésus a commencé à annoncer le Royaume, il s’est trouvé au cœur de contradictions, on a cherché à le faire taire, et on finira par le supprimer, ni plus ni moins.
Dans la douceur des chants de Noël, des bougies et de l’ambiance du coin du feu… on court le risque d’oublier que la nouveauté radicale apportée par Jésus, dérange, et que dès le début certains ont voulu l’anéantir pour cette raison. C’est ce que Matthieu tentera de dire d’une autre façon lorsqu’il racontera le massacre de tous les innocents pour être bien certain de ne pas louper Jésus. Alors oui, préparons-nous à célébrer la venue du Seigneur en nos cœurs, en acceptant ce que cela peut coûter comme dérangement. Car il nous faudra avec lui, mettre le pauvre, le petit sur le devant de la scène, et en prendre soin, comme l’annonçait déjà Isaïe : Le pauvre et le petit cherchent de l’eau et il n’y en a pas : moi le Seigneur, je les exaucerai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas.
S'il y a bel et bien une place à choisir sur la ligne du temps, il y a une option pour les pauvres qui lui est intimement liée, qui lui est radicalement indissociable. Il s’agit de la vivre à la suite de Jésus, doux et humble de cœur, dans la violence des pacifiques.

Sr Myrèse écrit le 11 décembre 2014


samedi 30 novembre 2024

 Liturgie de la Parole fête de saint André 30 novembre 2024

Commentaire

« Comme Jésus marchait au bord de la mer de Galilée»
Il n’est pas dit d’où il vient ni où il va, mais il marche. Dès le début « il n’a pas d’endroit où poser sa tête » alors il marche…au bord de la mer !
C’est curieux que ce soit à cet endroit, vous ne trouvez pas ? Il marche, il descend au bord de la mer et là il va rencontrer des hommes ordinaires, des pêcheurs de poissons qui sont occupés,  soit à lancer leurs filets soit à les réparer. Ces pêcheurs ce sont des gens simples, leur savoir consiste à pêcher et c’est sans prétention.  

Où a lieu la rencontre ?  C’est là, au lieu le plus bas que Jésus descend nous rejoindre, là où on se trouve.  C’est le lieu de prédilection pour une rencontre.  Il faut être attentif et saisir le moment.
« Il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André » : Un seul regard, et ce regard me parle : la vision est au cœur de l’appel.
Puis une seule parole : « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes » Jésus les invite à sortir de leur milieu de vie habituel. Ce qu’il demande c’est de tout laisser derrière soi : que ce soit nos volontés propres, nos biens illusoires, même nos liens affectifs… et de changer de mode de vie. L’appel et le projet sont liés. Il nous faut donc résister aux oppositions du monde et aux modes de vie des gens du monde. Ce n’est pas rien.    
« Il a vu Simon Pierre et André »,  dit la parole : Une puissance de recréation est entrée en eux, don de l’Esprit Saint, manifestation du Règne de Dieu qui s’est approché.  C’est à partir de cette expérience de vie, de cette rencontre qu’ils ont pu se décider de tout quitter aussitôt pour le suivre et devenir pêcheurs d’hommes.
Dans ma vie, dans vos vies, n’est-ce pas ainsi que cela se passe ? Pour certains, sur un lit d’hôpital, pour d’autres au fond d’une cellule de prison, pour d’autres dans la détresse d’une séparation, de la perte d’un être cher, sur la route d’un exil forcé ou errant dans la rue, la honte sous le bras, écrasé par des regards qui jugent et qui tuent. C’est là, au fond du trou, là où nous n’avons d’autre choix que de nous en remettre « à la grâce de Dieu », comme on dit, que Jésus vient nous rejoindre…au bord de la mer, au bord du précipice, au bord de la mort.
« Jésus voit »
C’est lui qui voit et qui appelle.  Parfois nous sommes surpris, étonné de ce qui arrive.  La rencontre elle est pour moi !  C’est Toi ? C’est inattendu, inespéré. Jésus a vu Simon, il a vu André et Jacques et Jean.  Est-ce que je peux dire, un jour, il m’a vu. Et moi, est-ce que je l’ai vu ?  C’est dans sa lumière que nous voyons la lumière. Il faut savoir ce que c’est. Qu’est-ce que Dieu voit quand il regarde ?   Et qu’est-ce qui se passe quand il voit, quand il me voit ?
Ce qui se passe laisse sans voix. La rencontre elle est dans le regard. Un regard qui va droit au cœur.  Les mots sont superflus.  Ah, cette présence et cette vie dans le regard de Jésus ! Un éblouissement, un émerveillement, une bonté…un regard comme une assurance vie.  
Jésus vient, il voit et nous appelle chacun personnellement. Il nous fait sortir de notre milieu habituel pour devenir pleinement qui nous sommes, non pas devenir quelqu’un d’autre ni même quelqu’un de meilleur, mais nouveau. Derrière Jésus, nous apprenons à être disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi je vous ai choisi pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16)
Quand Jésus pêche c’est pour nous sortir du monde, nous sortir de ce milieu où nous croyons avoir la vie. Et il va nous falloir mourir à cette vie. Bien sûr, nous restons dans le monde. La réalité, c’est « Etre dans le monde mais pas du monde »… Et suivre celui qui s’est approché en vue du Royaume de Dieu.
Voilà le mystère de la rencontre.  Et ce mystère n’est pas fait pour être compris mais pour être vécu. Il faut entrer dedans.

Raymond



vendredi 15 novembre 2024

 Liturgie de la Parole 32e vendredi TO-I

Commentaire : Luc 17, 26-37

C’est toujours un peu compliqué d’entendre  des textes qui semblent éloignés d’une réalité qui nous préoccupent aujourd’hui.  Or ce sont bien des paroles apocalyptiques qui viennent nous éclairer, des paroles qui viennent lever le voile sur ce qui se passe autour de nous et pour nous. Ce sont des paroles fortes, qui  percutent et nous réveillent de la torpeur dans laquelle nous sommes plongés quand les peurs et la désespérance prennent le dessus.
Dans le contexte d’aujourd’hui, y-aurait-il quelques hommes, quelques femmes qui soient animés d’un grand désir pour croire à la vie et souhaiter rencontrer celui qui nous invite à cette vie, au vrai bonheur ?  Peut-être y aurait-il un ou l’autre malade en quête de guérison ! A moins que ce ne soit quelqu’un de très inattendu, quelqu’un que l’on dit sans foi ni loi !  Quelqu’un qui ne fréquente plus l’Église, représentatif du monde sécularisé dans lequel nous vivons !                                                                                            Quelqu’un de cette jeune génération, que certains disent dépravée mais consciente et critique,  en recherche de sens. Le monde qui est le nôtre et qui est aussi le monde de nos enfants et des aînés est chahuté dans tous les sens.  Ce monde que Jésus traverse aujourd’hui est malade, un monde dans lequel de nombreux jeunes et moins jeunes, peut-être des amis ou des proches, ne voient pas d’autres issues que le suicide… Dès lors,  à qui se raccrocher ?
Ces paroles nous apprennent que pour changer notre vision des choses il faut accepter d’être dérangé : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours ».  De plus en plus de gens, chez nous en Belgique et plus encore ailleurs,  sont pris dans les difficultés  -  la souffrance, la maladie, la guerre, le racisme, le rejet… -  Toutes formes de fragilités humaines qui nous angoissent.  Et c’est bien normal car ça touche à la précarité de la vie. Nous cherchons à esquiver, à fuir pour nous protéger et échapper à ces réalités humaines  qui nous angoissent. La grande affaire de notre vie, c’est d’accueillir cette relation proposée, relation avec le Christ, et lui offrir l’hospitalité.  Quelques fois j’ai le sentiment d’une présence :Lui vient à ma rencontre et je perçois alors combien il m’aime, qu’il est celui qui donne la vie gratuitement, sans juger ni condamner.  Il entend nos détresses et nos aspirations à vivre. Si je le veux je peux collaborer, je ne suis obligé de rien.  Ce que nous  pouvons expérimenter à travers sa bonté, son amour, c’est une forme de libération : il témoigne d’une manière sûre et il nous délivre de nos angoisses. Sa manière de nous regarder en aimant, en aimant chacun personnellement, elle est comme un appel. D’abord un appel à entendre puis un appel à la réciprocité qui se manifeste dans l’amour de soi, la confiance en soi et l’amour des autres car c’est en aimant nos frères que nous manifestons notre amour pour lui.                                    

Cette manière de s’engager dans l’amour, de s’engager avec amour et reconnaissance pour la vie reçue, de donner et redonner sans compter, cette manière de s’engager permet d’éviter les naufrages, les sidérations, les lamentations sur toutes formes de dégradations inéluctables qui n’ont rien à voir avec la vie promise.  J’ai compris et je vois  que celui qui donne sa vie d’une manière ou d’une autre, sans compter, il sait d’où lui vient la vie. Il ne s’épuise pas, ne se vide pas de sa substance.
Finalement, rien n’est simple. Si ces paroles restent difficiles à entendre avant de prendre du poids dans nos vies c’est que nous ne croyons pas assez par manque d’audace, et de courage.  Il n’y a que les expériences qui renseignent.  Les événements qui arrivent dans nos vies peuvent devenir des oreilles du cœur. Les événements nous donnent d’entendre l’urgence de changer notre cœur.
 A l’instar de tous ces Saints à travers les siècles, il faut en avoir envie, être à l’écoute, accepter l’ouverture à l’imprévisible et se laisser envahir par l’esprit de Jésus pour oser des chemins d’humanisation et de fraternité.
C’est mon désir que je vous partage et que je vous souhaite aussi.



Invitation au Notre Père

Pour nous aider à vivre comme Jésus a vécu ; A vivre comme lui-même nous y invite ;  Avec lui adressons notre prière au Seigneur, son Père et notre Père.

Raymond 15 novembre 24


jeudi 17 octobre 2024

 Liturgie de la Parole 28e lundi TO-I

Conversion

Méditation 

L’évangile de ce jour est un appel qui nous est adressé.
Certes, il est toujours éclairant de situer un peu le contexte de l’Évangile reçu.
A une génération sans cesse en attente de signes pour croire, Jésus exprime un net refus.
Il fait alors allusion à deux personnages connus du Premier Testament :
La reine de Saba, d’abord, doutait de ce qu’elle avait entendu dire du roi Salomon, puis elle a consenti à changer d’avis, s’est convertie, pour déclarer que Salomon surpasse en sagesse ce qu’elle avait entendu dire de lui.
Le prophète Jonas, ensuite, prêcha seulement une journée dans la grande ville de Ninive (alors qu’il fallait trois jours pour la traverser) et en obtint la conversion de tous les habitants et même des animaux !
La reine de Saba a douté puis s’est convertie.
Les habitants de Ninive vivaient en païens, ils se sont pareillement convertis.

Et nous, croyons-nous vraiment en la présence de Jésus, dans nos quotidiens parfois si malmenés ?
Croyons-nous que Dieu nous accompagne, c’est-à-dire marche à nos côtés, nous devance parfois, nous épaule, même si c’est dans le silence ?
Croyons-nous que Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes ?
Croyons-nous qu’Il veut nous alléger de tous nos soucis et souffrances, qu’Il nous invite à les lui remettre sans les reprendre ensuite ?

Le signe de Jonas, c’est celui d’un chemin de vie, d’un chemin de bonheur, que Dieu ouvre devant nous.
Alors, même si le brouillard ou les intempéries l’obscurcissent encore, balayons nos doutes, un chemin d’Espérance s’ouvre devant nos pas…

Sr Marie-Jean écrit le 14 octobre 2013



vendredi 4 octobre 2024

 Liturgie de la Parole 26e vendredi TO-II 3 octobre Bienheureux Columba Marmion

Silence, écoute, humilité, le programme du jour
Méditation

Les lectures de ce jour peuvent sembler un peu hard ! Ce n’est pas vraiment une spiritualité à l’eau de rose qui nous est proposée. Mais il me semble que nous pouvons y trouver quelques piliers de notre vie chrétienne, et en cette mémoire de dom Columba quelques piliers de notre vie monastique.
Tout d’abord le livre de Job : le Seigneur s’adresse à Job depuis la tempête. Quelle tempête ? n’est-ce pas la tempête du cœur de Job, celle qui tourmente son cœur devant la souffrance qui s’est abattue sur lui, de manière injustifiée. La tempête du cœur de Job protestant de son innocence, face à ses amis qui lui assènent que s’il souffre c’est qu’il a péché… Lorsque le Seigneur répond à Job, il commence par le rejoindre en son tourment. Et une fois avec Job dans la tempête, il ne lui dit pas : tu es nul, tu as tout faux… il l’appelle simplement à se situer : souviens-toi Job, qui es-tu ? quel est ton point de vue ? peux-tu depuis cette place qui est tienne juger de tout ? Appel à l’humilité… et peut-être plus particulièrement au quatrième degré d’humilité… où le moine embrasse avec patience contradiction, injustice…
La réponse de Job nous pose une deuxième base de vie monastique : il choisit le silence. Un silence qui n’est pas repli, mais effacement devant un mystère qui le dépasse. Un silence qui est accueil de la révélation de Dieu, un silence qui est communion.
Vient alors un extrait de ce magnifique psaume 138. Voyons le chanté par Job aussi bien que par le psalmiste. Il chante sa joie d’être conduit par Dieu, de vivre en sa présence. C’est bien le premier degré d’humilité que nous propose Benoît, vivre sous le regard de Dieu. Et ce regard n’est pas un regard qui juge et condamne ; c’est un regard qui donne vie, qui nous suscite… au point que dans une humilité vraie, le psalmiste peut reconnaître la merveille qu’il est, lui que Dieu a créé, façonné.
On aurait pu arrêter la liturgie de la Parole à cela… et puis voilà que l’évangile arrive avec une espèce de massue, et casse la douceur à laquelle nous arrivions avec le psalmiste. Ouai pour toi Chorazin, Ouai pour toi Bethsaïde… et pas mieux pour Capharnaüm… ces villes de Galilée que Jésus a fréquentées… Jésus pleure sur elles comme il pleurera plus tard sur Jérusalem. Si elles avaient reconnu celui qui les visite… D’où vient qu’elles ne l’ont pas reconnu ? le dernier verset de cette péricope pointe du doigt l’écoute, l’accueil. Un moine du mont Athos disait qu’un moine est sauvé lorsqu’il commence à écouter. Benoît a inauguré sa règle par cette invitation : écoute, incline l’oreille de ton cœur…
Et cette écoute, c’est à la parole qu’il nous faut la prêter, mais aussi aux envoyés de Dieu, à ses disciples, aux frères et sœurs que le Seigneur met sur nos chemins…
Prenons le temps de faire silence, d’écouter au plus profond les paroles que le Seigneur dépose en nous, en notre humanité… laissons les résonner, qu’elles forment en nous un cœur de disciple. Qu’elles nous entraînent à la conversion.
Prière de conclusion
Seigneur, tu nous as façonné des oreilles et tu nous attires à toi. Donne-nous un cœur qui écoute, qui discerne au creux du quotidien tes appels. Ouvre nous à ta venue en nos vies.

Sr Myrèse écrit le 3 octobre 2014


samedi 10 août 2024

 Liturgie de la Parole 10 août fête de saint Laurent

Méditation

Au beau milieu du Temps Ordinaire, en cette fête du martyr Laurent, nous voici projetés en plein mystère pascal.
D’aucuns pourraient poser cette question : comment apprivoiser au quotidien un tel mystère ?
Comment le comprendre en notre aujourd’hui ?
 
Relisons les paroles de Jésus :
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit… »
Rappelons que Jésus a prononcé ces mots au seuil de la Passion.
Ces propos le concernent donc en premier lieu, comme le laisse entendre le verset précédent, où il déclare :
« L’Heure est venue où est glorifié le Fils de l’homme »
Cette heure de la glorification, c’est l’occasion offerte à Jésus de montrer le poids de son Amour, d’en donner preuve… y compris par une éventuelle mort.
Par l’image du grain de blé tombé en terre, Jésus invite ses disciples à ne pas voir dans cette mort qu’un point final, un départ, un anéantissement, une absence,…
En se comparant au grain, Jésus annonce certes qu’il sera pareillement jeté en terre, mais aussi qu’il donnera beaucoup de fruit.
Une fécondité pourra surgir de cette mort…
 
Si cet horizon de la glorification concerne surtout Jésus, la suite peut nous rejoindre davantage :
« Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache la garde pour la vie éternelle »
Nous pouvons être interpellés par les oppositions de ces deux versets :
« s’il ne meurt pas / s’il meurt ; il demeure seul / il porte beaucoup de fruits ; aimer sa vie / la haïr (c’est la traduction littérale) ; la perdre / la garder pour la vie éternelle »
 
« aimer sa vie / la haïr » : l’alternative doit être bien comprise.
Ce n’est pas à un désir suicidaire ou masochiste que Jésus fait allusion, mais il se prononce sur la façon dont on mène sa vie : la vit-on pour soi ou pour les autres ?
En somme, est-ce que je considère ma vie comme mienne, une vie que je dois défendre à tout prix et conserver comme si elle se suffisait à elle-même ?
Ou bien est-ce que je veille à ne pas m’y agripper, est-ce que je cherche à m’ouvrir à l’autre, en mourant à ce qui me replie sur moi-même ?
Pour retenir du sable, il faut ouvrir la main ; sinon, le sable s’échappe…
Il en va de même pour notre vie humaine.
Cette vie ouverte, non repliée sur elle-même, Jésus nous annonce qu’elle ne mène pas non plus à une fin ou au néant, mais qu’elle « se maintient pour de bon », « en vie éternelle ».
 
Telle est la question qui peut nous tarauder, nous et tant de nos contemporains : comment réussir sa vie ?
Jésus veut nous offrir une clé…
Et il poursuit :
« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera »
Pour accéder à une telle vie, Jésus invite à le suivre, c’est-à-dire à l’accompagner, à lui emboîter le pas, lui qui a dépensé sa vie pour ceux et celles qu’il a croisés.
 
Être là où Jésus est, c’est-à-dire être enraciné dans l’Amour du Père, puisant en cet Amour la force de rejoindre tous ceux et celles qui sont sur le chemin.
Jésus n’a pas gardé sa vie pour lui-même… et cette vie ne s’est pas perdue.
Au contraire, elle a porté du fruit et a créé du neuf…
 
Alors, en cette fête du martyr Laurent, Jésus nous questionne :
Que voulons-nous ?
Une vie pour nous-mêmes, bien au chaud, dans le cocooning de nos habitudes… ou bien une vie au grand large, avec un cœur universel, attentif aux autres et à l’Autre, recevant une fécondité que seul notre Dieu peut nous donner ?
Saint Laurent a répondu…
Et nous, chacune et chacun, que répondrons-nous à Celui qui nous invite ?

Sr Marie-Jean  écrit le 10 août 2013



vendredi 19 juillet 2024

 Liturgie de la parole 15e vendredi TO-II

Un don de Dieu pour la vie

Méditation

Lectures : Isaïe 38, 1.... 8 ; Matthieu 12, 1-8
Quel visage de Dieu, les lectures de ce jour nous invitent-elles à découvrir et à contempler ?
La première lecture nous relate l’intervention de Dieu dans l’histoire d’un homme, Ézéchias, en proie à la détresse devant la mort qui lui apparaît certaine et très proche.
Détresse qui pousse Ézéchias à crier vers Dieu : « Souviens-toi de moi, souviens-toi de tout ce que j’ai fait ». Et Dieu se laisse toucher par la prière...
La prière fait-elle changer Dieu d’avis ? Pousse-t-elle Dieu à modifier le cours de l’histoire ? Cette manière de voir ne nous met-elle pas à l’aise ? Tant de détresses dans notre monde aujourd’hui, tant de morts prématurées... malgré tant de cris et de prières...
En lisant le texte, je constate que lorsqu’il s’agit de l’annonce de la mort, il est dit : « le prophète Isaïe vint dire à Ézéchias : Ainsi parle le Seigneur, tu vas mourir.... ». Mais un peu plus loin il est dit : « La Parole du Seigneur fut adressée à Isaïe : Va dire à Ézéchias : ainsi parle le Seigneur, j’ai entendu.... »
Certes Ézéchias est atteint d’une maladie mortelle. Isaïe le met devant la réalité : tu vas mourir. C’est la suite logique, c’est la loi de la nature. Ézéchias, se révolte devant ce caractère inéluctable, il crie vers le Seigneur, comme l’ont fait tant de psalmistes, et comme le font depuis des siècles, tant d’hommes et de femmes dans leur aspiration à la vie et au bonheur.
Dieu change-t-il d’avis ou vient-il mettre un bémol à l’affirmation peut-être trop hâtive d’Isaïe ? « Mes pensées ne sont pas vos pensées » dira Isaïe en faisant parler Dieu.
Cette maladie d’Ézéchias, ne serait-elle pas comme celle de Lazare, relatée dans l’Évangile de Jean, une maladie qui ne conduit pas à la mort mais qui est pour la gloire de Dieu ?
Toujours est-il que comme Lazare, Ézéchias verra sa vie prolongée de quelques années, et que si nous regardons le texte parallèle dans le livre des Rois, il est question pour Ézéchias, comme pour Lazare d’un délai de trois jours... Pour nos oreilles chrétiennes, même si Ézéchias comme Lazare connaîtront un jour la mort, ces « 3 jours » ne peuvent manquer d’évoquer pour nous la mort-résurrection du Christ.
Cet épisode de l’histoire d’Ézéchias nous révèle un Dieu pour la vie, un Dieu de Vie.
Dans cette perspective, l’attitude des Pharisiens de l’Évangile nous fait un peu sourire. Elle nous ramène au ras des pâquerettes.
Il s’agit du Sabbat que les disciples sont accusés de violer parce qu’ils arrachent quelques épis de blé pour assouvir leur faim. Pour autant qu’on n’utilise pas la faucille, la loi permet en effet de prendre quelques épis dans le champ du voisin et de les froisser pour les manger. Mais voilà les commentateurs de la loi ont établi une liste de travaux interdits pendant le Sabbat et cueillir des épis en est un.
Que répond Jésus ? Il se place à 2 niveaux.
Tout d’abord, au niveau de la loi elle-même qui fait passer l’assouvissement de la faim avant le respect du sacré.
Mais Jésus va plus loin et sa place au niveau de la conscience qu’il a de sa mission. « Il y a ici plus grand que le Temple ». Sa qualité d’envoyé de Dieu, de Fils de Dieu autorise Jésus à remettre en question les institutions telles que le Sabbat ou le Temple lorsqu’elles ne sont plus conformes à la Volonté de Dieu qui a donné la Loi.
Le Dieu pour la vie, le Dieu de Vie qui nous a été révélé dans la première lecture nous appelle à la Vie et sa loi est une Loi de Vie. Les arrêtés d’exécution qui précisent cette loi et se veulent un guide pratique pour la mettre en application, ne sont que des préceptes humains. Et à ce titre, ils sont toujours à confronter avec le dynamisme originel de la Loi.
Il me semble que ce texte est plus interpelant qu’il n’y paraît à première vue car il met en évidence une grave tentation, qui n’est autre que la tentation d’Adam et Eve : faire son salut par soi-même. La créature s’empare de l’œuvre de Dieu, ici en l’occurrence la loi, et la manipule. Lorsque l’être humain absolutise et sacralise les moyens qu’il juge efficaces pour le salut, il en arrive à craindre tout ce qui peut mettre en péril la sécurité qui lui vient des observances. Il en vient à supprimer sa liberté et celle des autres au profit d’une assurance qui cache mal sa précarité. Il en vient à vendre son droit d’aînesse pour un plat de lentilles...
Jésus nous rend à notre liberté première en nous invitant à faire du sabbat non pas une observance qui nous garantit une justice aussi raide que morte, mais ce qu’il est vraiment, un temps pour Dieu, un temps avec Dieu, un temps où l’être humain libéré des astreintes du quotidien, s’avance librement à la rencontre du Dieu source de vie, source de fécondité. Ce Dieu qui donne sens à notre labeur en en faisant un chemin de vie.
Le Sabbat est un don de Dieu pour la Vie.

Sr Élisabeth écrit le 18 juillet 2014


jeudi 11 juillet 2024

 Liturgie de la Parole solennité de saint Benoît 11 juillet


Écoute

Méditation

Écoute,
mon fils,
incline l’oreille de ton cœur,…

Prologue de la Règle de Benoît
Aujourd'hui, fête de saint Benoît, patron de l'Europe


Souvent dans les monastères on voit des affiches : « silence » !
En fait ce n’est pas très bénédictin, il faudrait mettre : « écoute » !
Et effectivement si on veut écouter, il faut bien faire silence,
mais pas un silence contraint, fermé, pas un silence bunker !
Pour écouter, il faut s’ouvrir doucement, se faire accueil…

Est-ce là un bon message pour l’Europe d’aujourd’hui ???
Écoute…
Écoute… oui, mais quoi Seigneur ?
Dans le bruit de notre monde, comment veux-tu que j’écoute ???
C’est bon pour les moines et les moniales
qui vivent cachés derrière leurs murs, cela !
Mais pour un citoyen d’Europe ?
Que veux-tu que j’écoute ???

Écoute en descendant au creux de ton cœur,
ma Parole, pain sur la table de chaque jour.

Mais écoute aussi ma voix, au cœur du bruit de ce monde,
ma voix aujourd’hui au cœur de l’actualité…
au cœur de ta vie, au cœur des événements,…
N’écoute pas l’actualité rien que pour trouver quelques intentions de prière,
écoute l’actualité pour y entendre ma voix,
mes cris de bonheur, et mes pleurs,
mon merci et mes appels !

Vite dit…
Généralement on est plus enclin à reprocher à Dieu son silence…
On voit l’innocence massacrée,
on voit les guerres,
on voit les sans-papiers jetés en centres fermés sans ménagements,
on voit la drogue, la violence…
On voit… on voit… à n’en plus vouloir, à ne plus oser ouvrir les yeux…
Écouter Dieu dans tout cela ?
On dit plutôt : mais pourquoi Dieu se tait-il ?
Quand on ne pousse pas le bouchon jusqu’à dire :
« Pourquoi Dieu permet-il une telle horreur !!! »

Benoît doucement nous lit l’Écriture et nous dit :
Écoute, mon fils,
Écoute mon fils, si tu veux bâtir l’Europe,
et en bâtissant l’Europe, bâtir le monde,
car l’Europe est pour le monde,
commence par écouter… en fils !
Tu n’es pas dieu, tu n’es pas le chef, le petit empereur,
tu n’es pas non plus l’esclave,
tu es fils, fille, dans le Fils !
Et si tu écoutes battre mon cœur de Père,
tu y trouveras une multitude de frères et sœurs,
si tu es fils, fille, tu entres dans une grande famille,
et avec le Père, dans le Fils,
tu deviens responsable…
C’est-à-dire celui qui répond !!!
Qui répond à ce qu’il a entendu…

Oui, et si je n’entends pas ???
Écoute, mon fils, incline l’oreille de ton cœur,
dit Benoît à la suite de la Bible.
Tiens, j’aurais cru que pour écouter Dieu,
il fallait plutôt dresser l’oreille…
la tendre très fort vers le haut,
vous savez comme les oreilles longues et bien droites des ânes !
Et bien non, il faut l’incliner, vers le bas, très bas…
vers Celui qui est là tout en bas,
Celui dont l’Écriture nous dit qu’il s’est abaissé,
Celui qui attend notre oui pour laver nos pieds,
Celui qui est descendu au plus bas possible…
à coté du pauvre et de l’humilié,...
Incline l’oreille de ton coeur
vers Celui qui est là partageant le cri du pauvre
pleurant les larmes de silence de l’humilié…
Non, Dieu ne se tait pas !
Non, Dieu ne permet pas la souffrance, il l’endure plus que nous,
et il attend de nous que nous partagions son cœur
il attend présence, consolation, et espérance !

Benoît nous invite à chercher Dieu dans toute notre vie,
non dans les hauteurs, dans les nuages,
mais au plus profond,
en nos cœurs, tels qu’ils sont, là où il demeure,
en ceux et celles que nous côtoyons,
tels qu’ils sont,
dans leur épreuve, comme dans leur bonheur,
dans leur face nord, comme dans leur face sud.

Benoît nous invite à chercher la paix,
non en l’appelant à cœurs perdus,
mais en la bâtissant jour après jour
tout petitement, tout simplement
en recommençant chaque matin, …
sans jamais désespérer…
en nous émerveillant chaque matin du jour nouveau qui se lève
et s’offre à nous
en nous ouvrant aux frères et sœurs qu’il place sur nos routes,
pour bâtir ensemble le Royaume…

Pour que l’Europe soit belle, qu’il fasse bon y vivre,
il nous faut entendre ce cri d’appel de notre Dieu,
en inclinant l’oreille de nos cœurs d’enfants,
en lui chantant l’alléluia de l’espérance
même au profond de la nuit
comme nous le recommande Benoît.
Il nous faut trouvant le Père, devenir frères et sœurs,
dans la prière et l’humble labeur quotidien…

Au nom de toute la communauté, bonne fête à tous !

sr Myrèse écrit le 11 juillet 2014



samedi 15 juin 2024

 Liturgie de la Parole 10e samedi TO-II

Un oui sans réserve
Méditation

Vous avez appris qu’il a été dit (entendons : que Dieu a dit) ... Et bien moi je vous dis...
St Augustin commente ainsi : « Dieu a écrit sur les tables de la Loi, ce que les hommes ne lisaient pas dans leur cœur ».
Jésus ne supprime pas la Loi écrite sur la pierre, il la pousse même plus loin : on t’a dit de ne pas tuer, je te dis de ne pas te mettre en colère ; on t’a dit de ne pas commettre l’adultère, je te dis de ne pas regarder avec convoitise ; on t’a dit de ne pas faire de faux serments, je te dis de ne pas jurer du tout....
Jésus s’inscrit dans la pédagogie de Dieu, une pédagogie du chemin. Et depuis Moïse, un énorme chemin a été parcouru, un chemin de conversion où l’on passe du minimum vital pour vivre en société, à un idéal de justice, de liberté, de fraternité.
La Loi donnée par Dieu à Moïse a permis un lent travail de conversion. Au fil des temps, avec l’évolution des exigences morales, la loi s’est affinée, précisée. Jésus s’inscrit dans cette maturation. Il vient accomplir pleinement la Loi, la mener à sa perfection, non pas en ajoutant des prescriptions supplémentaires mais en allant comme rechercher la Loi dans le cœur même de Dieu pour lui rendre son sens et sa dynamique originelles.
Le discours de Jésus sur la montagne est une œuvre de création. L’accomplissement de la Loi, c’est la vie reçue et donnée en plénitude. St Paul le disait aux Corinthiens : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. »
Un être rappelé à sa beauté originelle.
St Jean nous le dit clairement en mettant ces paroles dans la bouche de Jésus : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. » Et le commandement par excellence, sr Scholastique nous le rappelait ce matin : « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Aller toujours plus loin dans l’amour, voilà l’invitation que Jésus nous fait sur la montagne. Aller toujours plus loin dans l’amour pour que vienne le règne de Dieu sur notre terre, pour que le Royaume se construise.
Remarquons que toutes les prescriptions de la Loi, relevées et renouvelées par Jésus concernent toutes nos relations avec les autres. Et ce matin, c’est une relation de confiance qui nous est proposée. Confiance, transparence, authenticité, sincérité... autant de disposition qui rendent inutile et caduque tout serment, tout appel à une autorité fut-elle divine pour accréditer nos engagements.
Marie n’a rien juré, n’a rien promis : elle a offert son cœur et son corps à l’action de l’Esprit dans la confiance. Elle a dit OUI sans plus.
 
Prière de louange
 
Pour le OUI de Moïse qui nous vaut le don de la Loi et l’ouverture d’un chemin de conversion, Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI des prophètes qui nous vaut le don de ta présence aimante sur nos chemins et l’invitation à revenir sans cesse à toi dans l’accueil de ton pardon, Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI de Marie qui nous vaut le don de ton Fils lui-même et la naissance d’un monde nouveau, Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI de Jésus qui nous vaut le don de la VIE en plénitude  Seigneur nous voulons te bénir.
 
Pour le don de l’Esprit qui inscrit en nos cœurs le OUI que tu prononces sur chacun de nous
Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI de tant d’hommes et de femmes hier et aujourd’hui, qui nous vaut la joie de construire ensemble ton Royaume, Seigneur, nous voulons te bénir

Sr Élisabeth  écrit le 14 juin 2014


jeudi 9 mai 2024

 Liturgie de la Parole Ascension Année B



Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel?


Dans notre découverte des fêtes liturgiques, nous faisons des bonds de 40 jours… 40 jours séparaient le Mercredi des Cendres (premier jour du Carême) de la fête de Pâques ; 40 autres jours séparent Pâques de la fête de l’Ascension… Le chiffre 40 est donc un chiffre symbolique, nous l’avons vu. Un tel nombre de jours garantit un temps suffisant pour vivre l’événement, pour le comprendre un peu mieux, pour l’intégrer en nos vies. Il y a 40 jours, nous fêtions le Christ ressuscité, victorieux de toute mort. Ce Ressuscité du matin de Pâques se montre aux témoins à la fois semblable et différent. Ils ne reconnaissent pas Jésus de suite, car son apparence et le mode de relations ont changé, mais un nom ou une parole font franchir le saut de la foi : oui, c’est bien Lui !
Pendant ce Temps pascal, nous avons pu goûter la joie de cette vie plus forte que toute mort, que toute épreuve, que toute souffrance. Pâques nous rappelle et nous convainc que la mort de Jésus, que la mort de ceux que nous aimons, que notre mort n’est pas la fin de tout, mais n’est qu’un passage… Par ses apparitions, Jésus a voulu se faire proche des siens et ne les a pas laissés seuls. Il ne veut pas non plus nous laisser seuls, comme il l’avait laissé entendre peu avant sa Passion : « je ne vous laisserai pas orphelins. Je viendrai vers vous » (Jn 14, 18) ; « le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26) ; « maintenant vous voilà tristes ; mais je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22).
40 jours après Pâques, nous célébrons l’Ascension de Jésus, sa « montée » auprès du Père… La mission terrestre de Jésus est achevée, mais le bien qu’il a accompli, l’amour qu’il a voulu y répandre, le service qu’il y a exercé… ne peuvent pas disparaître. Ainsi, en retournant auprès du Père, Jésus fait de ses disciples – et de nous – ses témoins : « vous recevrez la force de l’Esprit Saint : il descendra sur vous et vous serez mes témoins, à Jérusalem d’abord, puis en Judée, en Samarie, et jusqu’au bout du monde » (Ac 1, 8). Tous et toutes, quels que soient notre choix de vie et nos engagements, nous sommes envoyés ! Forts du compagnonnage de Jésus, nous pouvons le suivre et continuer son œuvre, avec le secours du Saint-Esprit, pourvu que nous l’appelions à l’aide… Et si l’épreuve se profile, Jésus se fait rassurant : « Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).
Belle route aux témoins que nous sommes…



Ecrit le 14 mai 2015

jeudi 2 mai 2024

 Liturgie de la Parole 5e jeudi de Pâques

Concile
Méditation

Le passage des Actes des Apôtres que nous venons de recevoir n’est autre qu’un extrait du récit du tout premier concile ! un important concile, que celui-ci ! Rassemblés à Jérusalem, les apôtres, les anciens échangent autour de Pierre, concernant l’accueil dans l’Église de chrétiens venus du paganisme. Pierre prend la parole, il relit son expérience passée notamment sa rencontre avec Corneille : il y reconnait que le don de l’Esprit, le pardon des péchés, et le salut sont œuvres de Dieu, et non œuvre humaine. Et donc liberté divine. Paul et Barnabé témoignent de cette action de l’Esprit dans les églises d’où ils viennent, églises lointaines pour les chrétiens de Jérusalem. Et Jacques, relit les Écritures pour découvrir une parole de Dieu sur les événements actuels. De là il conclut. Collégialité, échange, témoignage, relecture de l’expérience vécue, à la lumière des Écritures… la première Église nous montre une prise audacieuse de décision, dans l’accueil de l’action de Dieu. Elle reconnait que l’Esprit souffle où il veut, sur qui il veut. Il n’appartient pas à l’Église de le museler, mais seulement de reconnaître, discerner sa présence à l’œuvre bien au-delà de ses murs ! Ainsi doit-il encore en aller aujourd’hui !
L’Évangile nous rappelle la seule voie de Jésus : la voie de l’amour. Dieu est Amour. Et nous sommes invités à vivre de ce même amour. A y demeurer, comme sarments sur la vigne. Si nous vivons dans l’amour, alors Dieu est présent. Et nous connaîtrons cette joie que nul ne pourra nous ravir ! Prenons un temps de prière silencieuse, pour accueillir, pour nous laisser convertir par cet amour du Père, du Fils et de l’Esprit.

Sr Marie Jean écrit le 2 mai 2013


mercredi 27 mars 2024

 Liturgie de la Parole Mercredi Saint

Va d'abord te réconcilier avec ton frère
Méditation

Nous voici au seuil du triduum pascal, le sommet de l’année liturgique. Nous sommes invités à y entrer par le porche de la réconciliation. Partout s'organise des célébrations du sacrement de réconciliation. Dans les communautés de vie, c'est aussi le moment d'une réconciliation communautaire, d'un pardon, d'un merci entre frères et sœurs.
On peut s’étonner de cela, en se disant, mais l’heure est à la contemplation de l’œuvre de Dieu, de la Passion de Jésus. Alors pourquoi maintenant se tourner les uns vers les autres ?
Je crois qu’il n’y a qu’une réponse à cela, enfin, disons, il y en a une essentielle à mes yeux. La voici : si nous contemplons Dieu, si nous nous tournons vers lui, tel qu’il se révèle en Jésus, tel que Jésus nous le révèle : Trinité d’amour, nous sommes immanquablement ramenées à la contemplation de l’humanité au cœur de notre Dieu. La réconciliation fraternelle clarifie le regard.
Dieu est Trinité et au milieu de la Trinité il n’y a pas Dieu. Au cœur de notre Dieu, au centre de son attention, il n’y a pas Dieu, mais sa création, l’humanité. Au cœur du mystère de la Passion de Jésus, visage de la Passion de la Trinité, il n’y a pas Dieu, mais l’humanité.
Si nous contemplons Dieu, par le biais des évangiles tout spécialement, nous sommes invités, pressés, d’entrer dans son regard, dans son amour. Et son souci, son amour, sa gloire, c’est l’homme vivant.
Jésus se donne par amour : amour du Père et amour de ses frères et sœurs, c’est tout un.
Aussi tandis que nous voulons nous laisser renouveler par son amour, en ces célébrations du mystère pascal, tandis que nous voulons renaître à sa vie, nous découvrons, que nous ne le pouvons sans renaître en même temps à notre humanité, à notre fraternité.  
Nos relations humaines deviennent comme les lunettes qui nous permettent de découvrir le visage de Dieu.
Entrer dans le triduum par une telle réconciliation reçoit ainsi tout son sens.
Nous partageons la passion de Jésus, en cherchant à bâtir toujours davantage la fraternité, en nous épaulant les uns les autres, sur le chemin de la vie, sur le chemin de la Pâque.

Sr Myrèse écrit le 16 avril 2014


lundi 25 mars 2024

 Liturgie de la Parole Solennité de l’Annonciation

Méditation

« L’ange du Seigneur fut envoyé par Dieu auprès d’une vierge appelée Marie… » Il l’a trouvée disponible, accueillante. Il est venu lui demander de collaborer à l’œuvre du Père. On comprend qu’elle en a été bouleversée. Beauté de son humilité, qui ose s’étonner, discuter avec le Seigneur : « comment cela va-t-il se faire ? »
« L’Esprit viendra sur toi », lui répond l’ange. Marie se fait tout accueil à l’Esprit.
« Je suis la servante du Seigneur ». Voilà ses titres de noblesse ! Servante ! par avance elle choisit le service tel que le vivra son Fils, Jésus, serviteur de Dieu et des hommes. Par avance elle nous dévoile quel sera son Fils.
Toi, aussi, tu es invité à collaborer à l’œuvre du Père. Accueilleras-tu sa demande ? Ne crains pas, l’Esprit viendra sur toi.

Belle fête à vous

Sr Myrèse écrit le 25 mars 2014


dimanche 24 mars 2024

 Liturgie de la Parole Dimanche des Rameaux

Sauve-nous
Méditation

Avec la foule accourue pour acclamer Jésus nous allons chanter: Hosanna. Autrement dit: Sauve-nous!
Il est bon de s'arrêter, de réaliser quel salut nous appelons ainsi.
Nous entrons avec tous les chrétiens en cette semaine sainte, la grande semaine de l'année. Ensemble appelons ce salut, et accueillons-le.
Cette semaine n'est pas le temps pour faire pénitence, pour se tourner vers soi, c'est le temps pour s'ouvrir à l'amour de Dieu qui se donne. Contempler dans le récit de la Passion combien Jésus se donne, totalement, à tous, pour tous.
Accueillir cette révélation en toute notre vie.
Découvrir le visage de Dieu que Jésus nous révèle.
Un Dieu qui se laisse livrer en nos mains, un Dieu qui s'agenouille aux pieds des siens pour leur laver les pieds, pour préparer ainsi leur route d'errance devant le scandale de la croix, leur route de résurrection devant la vie jaillie du tombeau, leur route de disciple porteur de la Bonne Nouvelle.
Découvrir le visage de Dieu qui est pardon pour ses bourreaux, qui est soucieux de l'unité de notre humanité.
Se laisser habiter par ce visage, par cet amour.
Tu es chrétien, tu portes son nom, tu portes sa vie.
Belle semaine sainte à toi

Sr Myrèse écrit le 13 avril 2014



mercredi 28 février 2024

 Liturgie de la Parole 2e mercredi de Carême

Méditation: Jérémie 18, 18-20

Dieu a besoin d’une langue et d’une bouche pour parler. Il a des paroles à dire,  des annonces à faire.          Des choses qui sont difficiles à entendre pour le peuple et qui ne sont pas simples à dire pour Jérémie non plus. Or, il faut une bonne dose de courage pour transmettre ce que Dieu dit en période de crise et de conflit.
C’est toujours difficile et délicat de vouloir comparer, des situations vécues dans des périodes historiques aussi différentes que celle que nous traversons. Pourtant il y a pas mal de similitudes entre ce qui se passait au temps de Jérémie et ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, plus particulièrement en Israël et au proche orient. Jérémie va servir de haut-parleur, de diffuseur de Dieu.  L’initiative vient donc de Dieu : « Voici que j’ai placé mes paroles en ta bouche ».
La volonté de Dieu et les difficultés de Jérémie sont difficiles à combiner : « Tout ce que j’ai fait, c’est ce que tu m’avais dit de faire et je n’en suis pas récompensé » dit Jérémie.  Tout ce qu’il voit c’est qu’il prend des coups. Il se plaint de l’inefficacité de la parole de Dieu et il supplie Dieu de l’aider : « fais attention à moi… Souviens-toi que je me suis tenu en ta présence… »  Jérémie est et reste prophète, même quand ça va mal.
Ce qui est remarquable, c’est que les malheurs de Jérémie ne sont pas le fait de Dieu.  Les malheurs de l’existence sont le fait de l’existence.  La mort de ceux qu’on aime n’est pas la cause d’un mauvais comportement de notre part, elle n’est pas non plus une volonté de Dieu, elle est le simple fait de l’existence. L’accumulation des drames vécus à Gaza n’est pas la volonté de Dieu, elle est la conséquence de tensions politiques, d’une situation de crise qui persiste et d’un manque d’humanité.
Une chose est sûre, il faut bien du courage pour être prophète, pour être un résistant en période de dictature et affirmer sa foi, dénoncer les injustices, faire passer la vie d’un peuple avant sa propre vie.


Invitation au Notre Père

Adressons notre prière à Dieu.  Qu’Il envoie dans nos cœurs son Souffle Saint, l’Esprit d’amour et de vérité, l’Esprit de cohérence dans nos paroles et nos actes.

Oraison finale :

Tu es le Dieu de Vie. Apprends-nous à entendre ta voix, rends-nous dociles à ton enseignement et donnes-nous le bonheur de te servir là où tu nous y appelles.
Que ta parole nous guérisse et nous garde dans ta Paix.  Nous te le demandons par JC ton Fils, notre Seigneur.

Raymond 28 février 2024


samedi 24 février 2024

 Liturgie de la Parole 1er samedi de carême

Aimer... encore et toujours
Méditation

Quand arrive le carême et que l’on fait le tour de ses dispositions, si on dit parfois : moi ce n’est pas possible je ne peux pas jeûner, on se voit difficilement dire : moi ce n’est pas possible je ne peux pas aimer… alors que le Seigneur ne cesse de nous y exhorter. Car ce qu’il demande, il nous le donne. Aussi il faut peut-être veiller à revenir encore et toujours au cœur. Comme le dit st Césaire d’Arles dans un de ses sermons, On ne nous dit pas : Allez vers l’orient et cherchez la charité ; naviguez vers l’occident et vous trouverez l’amour. C’est à l’intérieur de notre cœur, d’où la colère a coutume de nous chasser, qu’on nous ordonne de revenir... Ce n’est pas dans les pays lointains que se trouve ce que réclame de nous le Seigneur : c’est à l’intérieur de notre cœur qu’il nous envoie. Il a placé en nous ce qu’il demande[1]. En ce temps de carême, le Seigneur nous demande de revenir au cœur, c’est là qu’il nous donne rendez-vous. C’est là qu’il a déposé en nous son Esprit d’amour.
Oui, en revenant au cœur, nous vivrons de l’Esprit de Dieu, et la patience l’emportera sur la colère, la bienveillance sur l’envie, l’humilité sur l’orgueil. Si nous respirons du souffle que Dieu a mis en nous, nous aimerons de son amour même.
Que le Seigneur établisse nos cœurs dans le silence pour prier dans le souffle de l’Esprit, en toute vérité : pour nos ennemis, pour les ennemis de l’Église, pour les ennemis de l’humanité, les ennemis de Dieu. Que le Seigneur nous donne d'aimer de son amour même.

Sr Myrèse écrit le 15 mars 2014

Note ---
[1] Césaire d’Arles, Sermons au peuple, n°39 SC 243, p 229

mardi 13 février 2024

 Liturgie de la Parole 6e mardi TO-II

Un seul pain
Méditation

Il y a des pages d’Évangile que nous voudrions bien pouvoir arracher… telle celle d’aujourd’hui.
Un sommet dans la littérature d’incrédulité.
 
Nous sommes dans la section de l’Évangile de Marc, dite section des pains. Elle s’achève avec le passage que nous venons de recevoir. On y trouve les récits suivants : le premier partage des pains, la marche sur les eaux, des guérisons à Génésareth, une discussion sur les traditions des pharisiens, la foi d’une païenne, la guérison d’un sourd muet, le deuxième partage des pains, le refus d’accorder un nouveau signe à ceux qui le réclament, et puis le passage d’aujourd’hui qui nous rapporte l’incompréhension totale des disciples.
Les disciples ont eu la chance de côtoyer Jésus, on peut croire que la foi leur être facile. Et bien non : ce passage est un profond et cinglant démenti. Alors que Jésus vient de mettre un terme à la discussion avec les pharisiens devant leur in-intelligence, leur endurcissement [1],… qu’il est monté dans la barque (comprenons l’église) avec les disciples, voilà que l’in-intelligence et l’aveuglement sont à bord aussi ! Et Jésus semble atteint d’une fameuse lassitude :
Pourquoi discutez-vous? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?
Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ?
 « Vous ne comprenez pas encore ? »

On a envie de dire : arrête !!! arrête Seigneur !!!
Heureusement le passage suivant sera le récit de guérison de l’aveugle de Bethsaïde.
 
Les disciples d’hier, comme nous aujourd’hui, ont eu besoin de guérir de la cécité de leur cœur, ils ont eu besoin du don de la foi. La foi est parmi les dons merveilleux que le Seigneur nous fait, et ce don demande notre accueil. La foi, il nous faut la demander tout simplement, tous les jours. Et puis la cultiver, comme une bonne semence en la terre de nos cœurs…
Et par définition la foi, ce n’est pas l’évidence. La foi, c’est une confiance sans cesse renouvelée en Celui qui est là, présent à nos vies, même si nous ne le voyons pas, ne le ressentons pas. Aussi prenons un temps de prière silencieuse, pour demander pour nous-mêmes et les uns pour les autres, ce don de la foi. Et pour l’accueillir.
 
Et nous entrerons en confiance, nous ne craindrons plus si nous sommes dans la barque avec un seul pain… pourvu que ce soit le pain essentiel : Jésus, notre Sauveur.

Sr Myrèse écrit le 18 février 2014

Note---

[1] Voir à ce sujet le petit commentaire suggestif de Noël Quesson.