dimanche 22 juin 2025

Liturgie de la Parole Saint Sacrement Année C

Évangile Luc 9, 11b à 17 

Cet évangile a été commenté sur notre blog dans la   partie sur Luc

voici les différents liens, suivis des commentaires de Sr Myrèse écrit en juin 2012

verset 11:http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/il-les-accueillit.html 

Il les accueillit

Les foules l’ayant su, le [= Jésus] suivirent. Les ayant accueillies il leur parlait du Règne de Dieu et il guérissait ceux qui avaient besoin de soin.
Luc 9, 11

Viens Esprit de Jésus, viens ouvrir nos cœurs à sa Parole
Viens Esprit de Jésus, viens nous ouvrir à son action

Les foules l’ayant su, le suivirent.
Les disciples sont rentrés de leur envoi en mission, ils ont retrouvé Jésus, ils lui partagent ce qu’ils ont vécu. Et Jésus les entraîne à l’écart. Jésus invite à un retrait, un ressourcement, ceux qu’il envoie. Il  y a une juste alternance entre action et retrait. Mais les foules ont vu le mouvement. Elles ont déjà vu les signes qu’accomplissait Jésus, les soins qu’il donnait aux malades, elles ont déjà écouté sa parole. Elles veulent s’attacher à ses pas ! Il n’est pas facile pour Jésus et pour les siens de faire halte, de se retirer !

Les ayant accueillies, il leur parlait du Règne de Dieu et il guérissait ceux qui avaient besoin de soin.
Jésus est à l’égard de cette foule dans une disposition d’accueil. Il ne les renvoie pas disant « ce n’est pas le moment ». Il accueille. Il est attentif, et guérit ceux qui en ont besoin. A tous il parle de ce qu’il a de plus cher : le Règne de Dieu.
Jésus avait envoyé ses disciples à la rencontre des gens, les invitant à se laisser accueillir par qui voudrait bien les recevoir. Maintenant c’est lui Jésus, et ses disciples, qui accueillent ceux qui viennent à eux ! Ce sont les foules qui ont entrepris un chemin à la rencontre.

Seigneur, fais-moi marcher vers toi. Parle-moi du Règne de Dieu, guéris moi de toute maladie, qu’elle soit physique, mentale, spirituelle.
Seigneur, fais-moi marcher vers toi, en communion avec tous ceux et celles qui sont en quête de sens, en quête de vie ! 
sr Myrèse  écrit le 19juin 212  

verset 12: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/le-jour-baisse.html

 

Le jour baisse

Le jour commença à baisser. Les douze s’étant approchés, lui dirent : « Renvoie la foule, pour que étant allés dans les villages et hameaux d’alentour, ils logent et trouvent des provisions, car ici nous sommes dans un lieu désert.
Luc 9, 12

Viens Esprit de Jésus, rassemble-nous en communion, soucieux les uns des autres
Viens Esprit de Jésus, rassemble-nous auprès de Jésus

Le jour commença à baisser.
Le jour baisse, il faut achever la journée, achever la prédication, achever les guérisons… il faut s’arrêter, consentir à la nuit qui vient. Comme achever lorsqu’une telle foule entoure ?

Les douze s’étant approchés, lui dirent :
Les douze sont là, avec cette question. Ils ne voient en Jésus aucun mouvement vers une fin de journée… ils avisent de la situation, et cherchent une solution…

 « Renvoie la foule,
Il faut renvoyer la foule. Il faut arrêter là la mission de ce jour.

pour que étant allés dans les villages et hameaux d’alentour, ils logent et trouvent des provisions,
il faut renvoyer la foule, pour permettre à chacun de s’enquérir d’un logement, de nourriture. Derrière ces propos, je lis la sollicitude des disciples, leur attention à cette foule qui a suivi Jésus, et se trouve là, sans abri pour la nuit, sans ressource.

 car ici nous sommes dans un lieu désert.
Les disciples essayent de résoudre la situation, en la rappelant à Jésus : si tu n’as pas vu, on est dans un lieu désert, l’heure avance.
En même temps, une foule dans un désert, autour de Jésus… cela n’évoque-t-il pas la lente constitution du peuple de Dieu autour de Moïse, dans le désert après la sortie d’Egypte.

Je regarde la scène, simplement.
Seigneur, donne-moi aujourd’hui, l’attention du cœur, qui voit autrui, découvre son besoin et te le porte, te le confie. 
sr Myrèse écrit le 21 juin 2012 

verset 13:  http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/donnez-leur-vous-memes-manger.html 

 

Donnez-leur vous-mêmes à manger

Il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ceux-ci dirent : Nous n’avons pas plus que 5 pains et 2 poissons, à moins que nous n’allions acheter de la nourriture pour  tout ce peuple.
      Luc 9,13

Viens Esprit de Jésus, viens me donner d’entendre la parole
Viens Esprit de Jésus, viens déposer en moi ta sollicitude pour ton peuple

Il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger.
Nous avons l’habitude de demander à Dieu de solutionner nos problèmes. Voici qu’il nous invite à les résoudre par nous-mêmes. C’est donc que c’est en nos possibilités !

Ceux-ci dirent : Nous n’avons pas plus que 5 pains et 2 poissons, à moins que nous n’allions acheter de la nourriture pour  tout ce peuple.
Mais un premier regard, un simple regard sur le quotidien nous paralyse souvent, nous fait penser que nous n’avons pas les moyens de résoudre la situation.
A quel regard de foi et d’intelligence nous convies-tu Seigneur, que nous devenions avec toi artisans du bien-être de tous ! Comment à partir de nos faibles possibilités, de ce que nous sommes pouvons-nous changer les situations qui nous paraissent si impossibles ?

Seigneur, il y faut un regard de confiance en toi, un dépouillement de soi, qui ne s’attache pas à ce qu’il a pour pouvoir initier le partage…
Seigneur, apprends-nous cet attitude que tu avais pour vivre le quotidien, au rythme de l’amour, de la disponibilité,…
Seigneur, viens en nous, sois l’artisan de nos conversions, que nous devenions à ton image pain rompu pour un monde nouveau. 
sr Myrèse écrit le 22 juin 2012 

versets 14-15: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/installez-les.html 

Installez-les

Ils étaient en effet, environ 5000 hommes. Il dit alors : Faites-les s’installer en tablée d’environ 50. Et ils agirent ainsi, et les firent s’installer, tous.
        Luc 9, 14-15

Viens Esprit de Jésus, viens nous apprendre la communion et le partage.
Viens Esprit de Jésus, inspire les gestes qui accueilleront chacun à ta table.

Ils étaient en effet, environ 5000 hommes.
5000 hommes. C’est habitude de l’époque on ne compte pas les femmes et les enfants… ce qui augmente encore le chiffre de personnes présentes !

Il dit alors : Faites-les s’installer en tablées d’environ 50.
Jésus demande la participation des siens. Il faut organiser la foule présente en tablées. On pense immanquablement à l’organisation du peuple de Dieu au désert, réparti en groupe de mille, cent, cinquante et dix. (voir par exemple Exode 18, 21.25). Il ne s’agit pas seulement de donner à manger, mais de vivre un moment convivial, à la table du Seigneur, de bâtir une communauté autour du pain partagé.

Et ils agirent ainsi, et les firent s’installer, tous.
Et dans ce mouvement, Jésus s’appuie sur les siens, il leur donne de participer ainsi à la vie et à la constitution de la foule en un peuple.
Je note le « tous ». Nul n’est exclu de cette assemblée. Chacun y trouve sa place, chacun est convive.

Seigneur, quand tu viens nous parler du Royaume, tu cherches à nous tisser en communion avec toi et les uns avec les autres. Tu nous veux rassembleur avec toi, et tu nous invites à n’exclure personne. Apprends-nous l’accueil mutuel, la reconnaissance.
Au long de ce jour, fais-moi la grâce de reconnaître en chacun un invité de ton Royaume.

 sr Myrèse écrit le 23 juin 2012

verset 16: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/il-les-rompit.html 

 

Il les rompit

Ayant alors pris les cinq pains et les deux poissons, ayant levé les yeux vers le ciel, il les bénit et les rompit, et il les donnait aux disciples pour qu’ils les remettent à la foule.
     Luc 9, 16

Viens Esprit de Jésus, viens nous rassembler en toi
Viens Esprit de Jésus, viens nous ouvrir au pain de vie
Viens Esprit de Jésus, viens nous unir en la communion à son corps

Ayant alors pris les cinq pains et les deux poissons,
Le peuple est installé dans le désert. Jésus reçoit les cinq pains et deux poissons apportés. Il considère ce don, l’agrée, l’offre à son tour.

 ayant levé les yeux vers le ciel,
Jésus vit cet instant en communion profonde avec le Père, il est en prière. Du Père il reçoit son agir. En lui converge don des hommes et don de Dieu ! En lui ils sont unis pour la vie du monde !

 il les bénit
La parole de bénédiction fait partie de beaucoup de rituels juifs de l’époque de Jésus. La bénédiction traverse toute la Bible. Elle est parole qui transmet la vie, qui se met au service de la vie.

et les rompit,
geste de partage.

 et il les donnait aux disciples pour qu’ils les remettent à la foule.
Jésus inclut les disciples dans le partage. Il ne veut pas œuvrer seul. Il les a fait organiser la foule en groupe de cinquante installés en ce lieu désert. Maintenant ils ont mission de poursuivre le partage initié par la fraction du pain opérée par Jésus.

Il y a beaucoup de solennité en ce verset, Luc prend le temps de décrire les gestes, de s’arrêter sur chaque action. Elles dessinent la liturgie chrétienne qui va peu à peu se mettre en place, dans la fraction du pain.
Il tourne nos regards, vers ce sens du partage, qui tisse une foule en communion autour de Jésus, avec les disciples.
On parle souvent à propos de ces épisodes de « multiplication des pains », mais nulle part le texte n’utilise une telle expression. Il est plus question de partage, dans le pain rompu et distribué. Le miracle n’est-il pas dans le fait qu’une foule est entrée dans la dynamique du partage ?

Seigneur ouvre mon cœur au partage qui donne vie, qui tisse en communion. Qu’au long du jour je sois avec toi dans la prière qui tout reçoit du Père et des frères et sœurs, que je sois avec tes disciples attentives à partager le pain par toi rompu, qu’avec la foule je vive le partage, et la communion. 
sr Myrèse écrit le 24 juin 2012 

verset 17: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/tous-furent-rassasies.html 

 

Tous furent rassasiés

Et ils mangèrent et ils furent tous rassasiés, et le restant des morceaux fut rassemblé : douze paniers.
     Luc 9, 17

Viens Esprit de Jésus, ouvre mon cœur à cette parole  de vie
Viens Esprit de Jésus, dispose-moi à t’accueillir

Et ils mangèrent et ils furent tous rassasiés,
Non seulement ils mangèrent, mais ils mangèrent à leur faim, ils furent rassasiés, nous dit Luc. Non seulement quelques-uns mangèrent, non seulement quelques-uns furent rassasiés, mais tous le furent ! Quand s’organise le partage, tous ont accès, tous reçoivent, nul ne manque !  

et le restant des morceaux fut rassemblé : douze paniers.
Non seulement tous reçoivent, mais il en reste. Dans le chiffre 12, je lis une allusion aux douze tribus d’Israël, comme pour dire, il y en a pour tout le peuple.

Seigneur, inscris en nous ce goût du partage, cette ouverture du cœur et des mains, qui tout te confie, pour ensemble repartager, afin que tous aient le nécessaire.

Seigneur, inscris en nous ce goût de la table partagée, table eucharistique où tu nous rassembles en un seul corps. 
sr Myrèse écrit le 25 juin 2012 

 

 

samedi 21 juin 2025

Liturgie de la Parole 21 juin Saint Aubin, patron du diocèse de Namur

Commentaire :  Mt 10, 17-22 (3e partie du 2e discours de Matthieu).

C’est un avertissement sur les difficultés de la mission des disciples : « Méfiez-vous des hommes » dit Jésus à ses disciples.  
En ce qui concerne la compréhension des Ecritures et la manière de se comporter, Jésus instaure quelque chose de totalement nouveau. 
Il sort du cadre. C’est un révolutionnaire dans l’âme et peut être perçu par certains comme un manipulateur de la Loi avec cet « enseignement nouveau » ; un enseignement inaudible et inacceptable pour ceux qui se prétendent détenteurs de la connaissance de la vérité.   C’est un renégat, un blasphémateur.  Ce qu’il enseigne et propose fait peur.  Il scandalise non seulement les autorités religieuses mais aussi le peuple juif fidèle à la Torah 
Ce que Jésus enseignait et signifiait en son temps est toujours valable pour nous aujourd’hui. Il annonce que la religion ne consiste plus à faire des choses prescrites, imposées et même dites sacrées par une loi externe, mais à le rencontrer avec Foi et Amour, lui, ce Fils en personne, Lui Jésus le Christ que le Père veut donner à tous les hommes.
Aujourd’hui encore, on voit comme c’est difficile de bousculer les normes établies, les convenances, les lois, en prenant le risque d’un changement audacieux.  Alors, pour prévenir et éviter d’être perturbé par des changements novateurs, on sacralise, on met le pied sur le frein et on fait marche arrière. Derrière ce « on », il y a l’Église mais plus encore nous-mêmes. 
Il y aura procès, persécutions et dissensions à l’intérieur même des familles, dit Jésus.   St-Marc fait part de cette réalité au ch. 6 de son Évangile : « Jésus était pour eux une occasion de « chute ».  Constat tragique évoqué par Jésus lui-même : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison » 
On pourra donc choisir d’être disciple de Jésus, on pourra choisir d’être chrétien mais c’est une exigence, un risque.  Il pourra y avoir dans certaines familles des gens qui veulent demeurer juifs, chrétiens conformistes, et qui comprendront mal qu’un des leurs, un des membres de la famille devienne chrétien, disciple du Christ.    Il y aura donc des délations, des divisions au sein de la famille parce qu’on se désolidarisera complètement de certains membres qui auront choisi la voie de Jésus. 
Chez nous, dans nos familles ou autour de nous, le risque n’est pas de subir des sévices mais de subir des railleries.  Finalement ce n’est pas bien grave. Dans de nombreuses contrées du monde le risque est grand d’être persécuté, emprisonné, exécuté et pour ces gens la parole de Jésus prend beaucoup de poids.
Il y a cependant quelque chose de fondamental dans ce que Jésus vient nous dire : 
« Ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz, ni comment vous le direz… Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous »
Paul pétrit de son expérience dit cela de manière forte : « Laissez-vous mener par l’Esprit. L’Alliance nouvelle n’est pas celle de la pratique de la Loi mais celle des inspirations de l’Esprit. En effet, la lettre tue, l’Esprit fait vivre » 2Co 3, 6
Une seule chose est nécessaire, la meilleure part qui ne sera jamais ôtée. C’est cette part qui est pour nous de l’écouter, d’entrer en relation, de vivre avec lui dans l’élan de l’Esprit. St Paul insiste encore dans sa lettre aux Galates : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit »                Tout homme qui s’attache à Jésus par un cri de foi authentique se voit rempli de son Esprit. Cela se manifeste dans un accord permanent entre notre façon de vivre et ce que nous disons, le vécu précédant toujours la parole et l’écrit.  Le Royaume de Dieu ne s’apprend pas, il se vit ! D’où la transformation de nous-mêmes pour devenir plus humain. Notre attachement, notre amitié et notre fidélité à Jésus donnent de la joie et enlève nos peurs. Cela ne s’impose pas, ça se vit. Quand je suis dans la difficulté ou la détresse, il y a Quelqu’un qui prend soin de moi. 
Ce que Paul a entendu pour lui, nous pouvons l’entendre pour nous-mêmes.  Nourris par la Parole de Dieu, Paix et douceur à vous en ce jour le plus long de l’année.

Raymond

 

jeudi 19 juin 2025

 Liturgie de la Parole 11e jeudi TO-I

Méditation 

Le « Notre Père ». Aujourd’hui, l’Église nous invite à reprendre conscience de la beauté de cette prière que Jésus nous a donnée, comme un héritage. Un jour, quelque part, ses disciples lui ont demandé une prière. Matthieu situe ce moment au cœur du sermon sur la montagne. C’est le cœur du cœur, le noyau dur, l’axe central de cet enseignement : Dieu est Père. Tout au long du sermon, il l’a répété sur tous les tons. Maintenant, il nous invite à le dire à notre tour. Le dire, le prier, pour intégrer au fond de notre être ce socle de notre foi.
Car notre façon de prier dit quelque chose de notre foi. « Dis-moi comment tu pries et je te dirai en quel dieu tu crois ». C’est vrai aussi dans l’autre sens : la façon dont tu pries va façonner en toi le regard que tu portes sur Dieu : ta prière façonne ta foi autant que ta foi façonne ta prière.
Si cela est vrai, c’est très fort de penser que la prière du Notre Père remonte à Jésus lui-même. En nous disant de prier avec ces mots-là, Jésus veut façonner en nous la foi en ce Dieu qu’il appelle « Père ».
Dans ce sens, on peut dire que le Notre Père est un symbole, tout comme le Credo est un symbole. C’est-à-dire un « objet » (ici un objet de paroles) extérieur, que nous partageons et dans lequel nous nous reconnaissons comme croyant en un même Dieu. Un signe d’appartenance, un signe de reconnaissance, qui nous fait dire : « ah oui, nous sommes du même corps ! »
Et ce qui est remarquable, c’est que ce symbole, nous pouvons le partager aussi avec nos frères juifs. Car c’est une prière typiquement juive. Et c’est aussi une prière très simple. Jésus l’introduit par ces mots : « quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés ». Et avant cela, il a dit aussi : « quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites. Ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient … » (évangile d’hier). De préférence, il faudrait se retirer dans une chambre solitaire et prier le Père qui est présent dans le secret. Mais quand on prie ensemble, il est bon d’avoir des mots communs, des mots qui font la communion autour d’une même foi.
Le Notre Père, c’est tout simple : un regard vers Dieu pour prendre acte de sa présence, le remercier, lui rendre grâce et souhaiter pour lui ce qu’il souhaite : que son Règne vienne. Puis trois demandes : le pain, le pardon et le soutien dans les épreuves inévitables de la vie. Tout est là.
Et de génération en génération, pour initier les enfants (ou les adultes) à la foi, on leur a transmis ces paroles. On les a déposées sur leurs lèvres pour qu’elles descendent dans leur cœur, pour mieux en remonter. C’est Jésus, c’est Dieu lui-même à travers Jésus, qui nous a donné ces mots pour le prier. Ainsi, cette prière a une dimension « sacramentelle ». Elle opère en nous ce qu’elle dit : elle nous transforme peu à peu en fils et filles de Dieu, elle nous conforme au Fils. Puissions-nous le vivre ainsi !

Sœur Marie-Raphaël


mercredi 18 juin 2025

Liturgie de la Parole 11e mercredi TO-I

Accueil 

Une remise en question nous est proposée pour un changement important dans nos manières de penser, de vivre et agir. C’est-à-dire adopter des comportements en adéquation avec ce que les prophètes et Jésus nous révèlent dans les Ecritures. 
Je ne considère pas que Jésus enseigne de telle façon que nous entendions ses paroles comme une leçon de morale mais je comprends cette nécessité de nous éveiller. C’est une attention bienveillante de quelqu’un qui tient à nous, de quelqu‘un qui nous veut du bien et qui a le souci de notre bonheur parce qu’il nous aime. 
Ce que Paul écrit aux Corinthiens est le témoignage d’une réalité perçue par lui, pour lui et autour de lui. « Dieu peut vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre. »

Commentaire   Matthieu 6, 1-6.16-18

Ce dont il est question dans l’Évangile est une prolongation des béatitudes qui sont une invitation à aimer comme Dieu aime.
Jésus enseigne avec autorité : « On vous a dit, et moi je vous dis ».  Autrement dit, il part de ce qui constitue la Loi pour l’élargir à « ce qu’il faut faire et comment agir pour devenir des justes » Respecter la Loi ne suffit pas.
Quand Jésus dit : « Heureux êtes-vous d’obtenir le Royaume des Cieux, vous qui avez une âme de pauvre, vous qui avez un cœur de pauvre » cela signifie que ce qui rend heureux ce n’est pas d’être pauvre mais d’obtenir le Royaume des Cieux et ceux qui l’obtiennent c’est justement parce qu’ils ont une âme de pauvre. L’autorité de Jésus vient de cette cohérence manifestée dans ses actes par rapport à ce qu’il enseigne.  Il est le pauvre par excellence : il n’a pas de lieu où poser sa tête et il meurt nu sur une croix.
Jésus nous invite à aller plus loin, à aimer comme il nous a aimés : il explicite une manière de vivre la pauvreté et les autres béatitudes, une manière de vivre les béatitudes qui seule donne accès au Royaume de Dieu.
« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer »
 Avoir une âme de pauvre, un cœur de pauvre nous oblige à un retournement car devenir des justes est un chemin de conversion.  C’est ce chemin qu’il nous est proposé de vivre en période de Carême. Il consiste à faire l’aumône, à partager mais aussi à prier et jeûner. Il est important de préciser en quoi cela consiste et surtout comment agir, comment être et pourquoi ?
On a vraiment besoin de comprendre et Jésus vient nous expliquer et nous éduquer, c’est-à-dire nous conduire hors de nos chemins habituels pervertis par nos envies de reconnaissance, nos besoins d’être apprécié et aimé même si nos actes généreux sont animés des plus belles intentions. 
C’est un chemin de conversion exigeant qui fait appel à cette pauvreté nécessaire qu’est l’humilité.  Nous sommes tellement enclins à nous positionner par rapport aux autres, à rechercher reconnaissance et gratitude par nos mérites que nous en venons à oublier la gratuité de l’amour qui nous met en mouvement, à oublier Dieu lui-même.
Nous avons déjà notre récompense dit Jésus. Alors, même si elle nous fait du bien nous voyons vite les limites qu’elle procure.  Il y a une forme de satisfaction, de gloriole qui fond comme neige au soleil. Quand cette neige, cette crème chantilly a disparu, ce qui reste souvent est une forme d’aigreur. Une aigreur qui s’installe, conduit à la fatigue et la désillusion ; une aigreur qui parfois va jusqu’à nourrir les reproches.
Alors Jésus dit :
Tout se passe dans le secret et ce que je vois dans le secret je le rends dans la clarté.  Il n’y a rien à prouver ni à montrer. Ce qui se vit dans le secret a valeur d’éternité.  La vie, cette récompense qu’est la vie dans le Royaume de l’amour, elle est suscitée par le dedans et se déploie à notre profit et au profit de tous. C’est ce que Paul, avec son expérience et ses mots, vient dire aux gens de Corinthe : « Vous serez de la sorte enrichis à tous égards… Dieu augmentera les fruits de votre justice… car Dieu, de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » 
« Heureux êtes-vous de voir Dieu vous qui avez le cœur pur »

Jésus est un bon pédagogue. Il est aussi très clair : « Ecoutez-moi bien, dit-il, les prostituées et les corrompus entreront avant vous dans le Royaume car ce qu’ils écoutent avec humilité est un chemin de conversion qui passe par une intériorité et ce qui se dit dans le secret est amour et vérité. » 

Raymond