mercredi 19 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e mercredi TO-I

Christ, Présent à notre présence


Lectures
: 2 Martyrs d’Israël 7,20-31 ; Psaume 16 ; Luc 19,11-28

Méditation

Jésus raconte la « parabole des mines », qui nous est proposée en ce jour, pour au moins deux raisons : la première, dans la suite immédiate de ses paroles à propos de Zachée : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison ». La seconde, à cause de la déduction illusoire portée par ses auditeurs : « Eux se figuraient que le règne de Dieu allait se manifester sur le champ ».
« Un homme de haute naissance se rendit dans un pays lointain pour se faire investir de la royauté ». Qu’apprenons-nous d’entrée de jeu ? Que le futur roi de ce peuple s’en va pour « un pays lointain », comme le fils cadet de cet homme d’une autre parabole : curieuse mise en perspective de Jésus (futur roi) et du prodigue de Luc 15 !
Retenons que cet homme de haute naissance s’en va : il s’absente et cet absent est roi. Et il confie son autorité à des serviteurs à travers le don des « mines » qu’il ne reprendra pas mais dont il attend des fruits. Autrement dit : en l’absence du roi, et jusqu’à son retour, à nous de jouer, selon ce que nous avons reçu et entendu.
Nous le comprenons, il ne s’agit pas de rentabilité : tout se joue sur une affaire de présence au don et à la parole confiés.
Le cas du troisième serviteur est éclairant : « Voici ta mine » ! Je te la rends, je suis quitte et soulagé, je n’ai rien perdu, en fait « j’avais peur de toi… ».
Cet homme n’est pas présent à lui-même, ni au don et aux paroles qui lui conféraient identité et responsabilité. Et le jugement radical qu’il subit ne sort pas de la bouche du roi mais de ses propres paroles inconsistantes de serviteur absent de lui-même.
A ceux qui s’illusionnent sur l’immédiateté de la venue du Règne de Dieu, la parabole révèle que ce n’est pas pour demain, même dans un futur immédiat, mais pour maintenant, dans le courage d’être, dans la responsabilité risquée, dans l’aujourd’hui du salut qui vient nous visiter.
Et il ne s’agit pas de rejoindre le Roi absent au loin et demain mais de nous disposer à sa venue, dans sa Présence à notre présent, toujours inattendue, sans cesse désirée.

Sr Frédérique Carmel saint Joseph 16 novembre 2016 

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/luc-1911-28/ 

mardi 18 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e mardi TO-I

Lectures : Martyrs d’Israël 6,18-31 ; Psaume 3 ; Luc 19,1-10

Méditation 

Zachée désire voir Jésus, mais la foule lui fait obstacle. Y a-t-il autour de nous des personnes qui nous empêchent d’avoir accès au Christ, qui sont pour nous comme un écran à cette rencontre ?
Zachée, malgré sa petite taille, persévère dans sa quête : il cherche par tous les moyens à voir
Jésus et monte sur un sycomore. Y a-t-il des personnes qui m’ont porté pour arriver à Jésus ? Sur les épaules de qui suis-je monté pour connaître et rencontrer Jésus-Christ ?
La rencontre avec Jésus se produit dans un bel échange de regards : Zachée, qui est habitué
à être regardé de haut, découvre un autre regard, celui de Jésus, qui ne l’abaisse pas. Ai-je conscience que le regard de Jésus me rehausse, qu’il ne m’écrase jamais ?
Bien plus, Jésus interpelle Zachée et veut se faire tout proche de lui, en allant dans sa maison.
Ai-je conscience de cette proposition de Jésus pour moi aussi : « Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison » ? Ai-je perçu la nécessité, l’urgence d’accueillir Jésus dans ma vie, de me laisser rencontrer ?
Zachée s’empresse de répondre à la proposition de Jésus et il est rempli de joie, parce qu’il s’est senti « sauvé ». Ai-je déjà goûté cette joie de la proximité de Jésus, de sa présence bienveillante qui ne condamne jamais ? Ai-je compris que le « salut » consistait précisément dans cette relation avec la personne de Jésus ?
La foule continue de faire obstacle à la rencontre de Zachée avec Jésus, en critiquant le choix de Jésus d’aller chez un homme de mauvaise réputation. Mais Jésus n’est-il pas venu précisément pour « chercher et sauver ce qui était perdu » ? A quoi cela peut-il faire référence dans ma propre vie ? Qu’est-ce qui a besoin d’être guéri et sauvé dans mon existence ?
Cette miséricorde de Jésus, que Zachée expérimente, pousse ensuite ce dernier à faire un geste de générosité exceptionnelle. Nous reconnaître pécheurs mais pardonnés par Jésus nous conduit à changer de vie, et à en témoigner par des actes de bonté envers les autres… C’est la logique de la miséricorde, où rien n’est forcé, rien n’est obligatoire, mais tout est fait gratuitement et par amour, en réponse à la miséricorde de Jésus…


Père Édouard GEORGE 

(DIOCÈSE DE PONTOISE Commentaire biblique et spirituel - Luc 19, 1-10 : Zachée Page 3 / 3 

https://www.catholique95.fr/images/jubile/1505docs_jubile/fiches/commentaire_Luc_19_1-10_Zach%C3%A9e.pdf


lundi 17 novembre 2025

Liturgie de la Parole 17 novembre fête de la dédicace de l'Eglise de notre monastère

Lectures : 2 Chroniques 5,6-8.10.13-6,2 ; Psaume 45 ; Éphésiens 2,19-22 ; Matthieu 16, 13-19

Méditation

Dans quelques heures il y a aura exactement 25 ans (texte écrit en 2011: en 2025 cela fait donc 39 ans ) que le bloc de pierre que nous avons coutume de voir en ce lieu, est devenu autel pour le service de la liturgie. Et à cette occasion l’église de ce monastère toute fraîchement repeinte, qui avait déjà été consacrée par les années de prière de nos sœurs, a été elle aussi consacrée par ce rite appelé dédicace !
Belle occasion pour nous aujourd’hui, de rendre grâce, belle occasion de reprendre conscience s’il en était besoin de ce que représente un lieu consacré.
En christianisme, il n’y a aucune magie, aucune mainmise sur Dieu, qui ferait qu’au bout d’une recette connue de quelques druides  ou sorciers, Dieu serait rendu présent.
Notre Dieu est le Dieu des grands espaces, comme le chante Noël Colombier. Notre Dieu est souverainement libre de se manifester comme il l’entend, et de résider où il l’entend ! Et merveille, il choisit de venir à notre rencontre.
Au livre des Chroniques, le récit de la montée de l’arche d’alliance dans le temple édifié par Salomon, est assez cocasse. Des chants, des danses, des sacrifices… on a tout bien organisé, et les prêtres s’apprêtent à une liturgie grandiose… mais voilà que Dieu vient remplir le temple d’une telle nuée que les prêtres sont obligés d’interrompre le culte ! Le culte est un des chemins de l’homme vers Dieu, non un absolu ! Et surtout pas une mainmise sur Dieu. Et quand Dieu se manifeste, le culte qui n’était que sacrement s’interrompt… le sacrement n’est plus nécessaire pour dire la présence puisque Dieu lui-même est là !
Autre révélation de ce texte des Chroniques : le temple va abriter l’arche de l’alliance. Le texte des Chroniques prend soin alors de préciser qu’il n’y avait rien dans l’arche, sinon les tables de la loi. Il n’y avait rien, autrement dit, n’allez surtout pas croire qu’on y a enfermé Dieu, pour vous le rendre accessible… comme prétendaient les auteurs spirituels du XIXème siècle qui nommaient Jésus le divin prisonnier de nos tabernacles ! [1]
Non, les pierres sont là, les autels sont là, les lieux consacrés au Seigneur sont là en simples signes qui nous rappellent, chacun à leur manière : souviens-toi, il y a Dieu et cela suffit ! Souviens-toi il y a Dieu, et en rejoignant le peuple qui se rassemble en ce lieu, tu es appelé à former le corps du Christ. Tu es appelé à lui offrir l’espace de ta vie, comme nouvelle crèche pour une nouvelle incarnation.
St Paul dit aux Éphésiens qu’ils ne sont plus des étrangers, des gens de passage, mais qu’ils sont maison de Dieu. Où est Dieu ? non point tant dans nos temples de pierre, que dans ces temples de chair que nous sommes ; et la marque de la présence de Dieu, est que tous sont accueillis, qu’il n’y a plus d’étranger… nous serons véritables maison de Dieu, lorsque nous ne manierons plus l’exclusion, le rejet, lorsque nous servirons la communion. Célébrer la dédicace de cette église c’est nous rappeler ce projet que Dieu a avec nous, et cette tâche qu’il nous confie : il  souhaite faire de nous son corps ! Il  désire nous tisser en communion, avec lui, avec ceux et celles qui passent en ce lieu, avec ceux et celles qui en d’autres lieux ont eux aussi accueilli ce rêve de notre Dieu.
Ce jour est votre fête, ce jour est fête de la communion qui se tisse toujours plus profondément entre toute l’humanité dans laquelle Jésus un jour s’est incarné et dans laquelle le ressuscité reste sans cesse présent. 

Sr Myrèse écrit le 17 novembre 2011

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[1] par exemple : J.?M. Buathier, dans Le Sacrifice, Paris, 1885 (6° édition) : enseveli comme un mort dans le suaire des espèces (p. 123), le divin, prisonnier du ciboire (p. 147). Ou le Bienheureux J Eymard (La divine Eucharistie. Extrait des écrits et des sermons du T. R. P. Eymard, 1ère série, la présence réelle. Tourcoing, 1871; 10 édition, 1887 : le Prisonnier d’amour : il lui est impossible de briser ses liens, de quitter sa prison eucharistique; il est notre prisonnier pour jusqu'à la fin des temps !... (p. 85).  Voir l’article du Père A.M. Roguet : LES A?PEU?PRÈS DE LA PRÉDICATION EUCHARISTIQUE
(Extrait de « La Maison?Dieu », page 179?190)



dimanche 16 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e dimanche année C

Lectures : Malachie 3,19-20a ; Psaume 97 ; 2Thessaloniciens 3,7-12 ; Luc 21, 5-19

Méditation 

Voici un texte au premier abord plutôt rebutant, il y est question de tremblements de terre, guerre, persécutions… Comment le comprendre pour qu’il ait sens dans notre aujourd’hui ?
Clarifions déjà plusieurs points : - il ne s’agit pas de prendre ce texte au pied de la lettre. Si preuve en faut, nous lisons : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » et pourtant, depuis notre naissance, nous avons quand même perdu beaucoup de cheveux !


Jésus utilise le style des prophètes avant lui : il ne prédit pas l’avenir de façon exacte, ses discours ne sont jamais des prédictions mais des prédications. Ce genre de discours est fait pour nous aider à surmonter les épreuves du présent, à garder confiance.
Il ne s’agit pas non plus de chercher dans le texte des précisions sur les dates ou les modalités du Royaume. Jésus ne répond pas à ces questions. Il invite au contraire à « ne pas se laisser égarer », ne pas se tromper de question.

 
Au départ, les disciples admirent la beauté du temple, « orné de belles pierres et d’ex-voto ». C’est vers ce bâtiment, construction humaine, qu’est tourné leur intérêt. Jésus les ramène à l’essentiel : ce n’est pas cette apparence qui est importante, cela sera détruit.
Toutes nos constructions humaines -même au service de la foi- ne sont pas des fins en soi. Un jour « il n’en restera pierre sur pierre ». Et là, on sent l’affolement des disciples : « Quand donc cela arrivera-t-il ? quel sera le signe ? » Et l’on comprend, car toutes ces réalités humaines nous sont des points d’appui.
Le Temple pour les juifs est lieu central de leur relation à Dieu. Il y a plusieurs synagogues, mais il n’y a qu’un seul Temple, il est le lieu de la présence de Dieu parmi les hommes.


Que reste-t-il quand tous nos repères et sécurités tremblent, à la fois dans le monde, dans notre entourage et peut-être en nous-même ? Quand la guerre est à Gaza, en Ukraine, au Soudan, que l’on voit l’impact du changement climatique, que toutes les crises s’accumulent et que sont peut-être ébranlées aussi nos certitudes ? quand le monde et nous-mêmes pourrions dire : mais où donc est Dieu ? mais où est-il ton Dieu ? Que reste-t-il quand le monde et notre terre intérieure tremblent et s’ouvrent
sous nos pieds ?


« Ne vous affolez pas, dit Jésus. Ne vous laissez pas égarer. N’allez pas suivre n’importe qui. Et ne cherchez pas non plus à trouver par vous-même une défense. »


Acceptons-nous, à ce moment, de ne pas plaquer un savoir, une parole-paravent, mais au contraire d’être confronté au vide, à l’absence. C’est au cœur de ce dénuement que surgit une sagesse, que le souffle fin de Dieu témoigne au cœur de nous. Quelle lumière, peut-être tremblante, se montre, naît au plus noir de nos nuits ? Une Sagesse plus forte qu’adversaires et adversités, à laquelle rien - d’abord en nous-même- « ne pourra résister ni s’opposer ». Une Sagesse qui n’est pas une morale mais Souffle de Dieu. (La Sagesse est figure de l’Esprit Saint dans la Bible).
Et nous trouverons la vie dans ce chemin de persévérance, de patience, gardant au cœur cette lueur qui se sera fait jour au milieu du tourment.

Véronique SOULARD – Laïque - Paroisse St Jacques en Gâtine le 16 novembre 25

https://www.paroissesaintjacques79.fr/wp-content/uploads/2025/11/semaine-202546-commentaire.pdf 

samedi 15 novembre 2025

Liturgie de la Parole 32e samedi TO-I 

Accueil : Sagesse 18, 14-16

Jésus nous invite à prier, à prier sans relâche ; plus encore quand nous sommes dans la lassitude, le doute et le découragement.
La première lecture tirée du Livre de la Sagesse nous y éveille.   Peut-être avons-nous du mal à comprendre ce que la Sagesse nous enseigne !  Et pourtant !
A bien entendre, la Sagesse nous apprend que, de nos nuits sombres « ta Parole toute puissante surgit » de telle sorte que, « contemplant les admirables prodiges de Dieu » « nous soyons gardés indemnes ». 
« Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? »

Méditation : Luc 18, 1-8


Au-delà de ce que nous pouvons vivre personnellement il y a le contexte mondial, qu’il soit économique et politique, écologique ou sociétal, il nous donne mille raisons de se décourager. La parabole de Jésus tombe à pic pour illustrer la nécessité de persévérer dans la prière… surtout quand la tristesse, la souffrance, les difficultés diverses et multiples nous submergent.
Prier, pas seulement pour nous-mêmes mais aussi pour ceux qui nous sont chers ; Pas seulement pour ceux qui nous sont chers mais davantage encore pour ceux que nous voyons subir l’injustice, la maltraitance, l’humiliation.   Nous avons des besoins et des besoins, beaucoup d’attentes qui, souvent, semblent ne trouver aucun écho chez Dieu que nous prions. C’est difficile d’avoir l’impression de ne pas être entendu et vivre le sentiment de se sentir abandonné.
Heureusement, nous croyons - ou pouvons croire - que Dieu n’est pas ce juge partial décrit dans la parabole, un juge inique et injuste. Dieu est la justice même, il a le souci de chacun de nous et du bien commun.  En particulier des plus faibles, des plus vulnérables comme cette veuve qui illustre la fragilité et la dépendance sociale. 
Elle représente ceux et celles qui sont à la merci de ceux qui détiennent le pouvoir, surtout le pouvoir politique et économique.  C’est bon et réconfortant de voir la solidarité exister là où on ne l’attend pas nécessairement – Cap 48, 11.11.11, les îles de paix, le soutien à la recherche contre le cancer, les maladies auto-immunes, le Télévie, ATD quart monde, SOS enfants, les repas du cœur, et tant d’autres qui sont la concrétisation, la réalisation de la prière où le geste est joint à la parole. La Parole de Dieu est sur notre bouche et ses mains dans les nôtres. Prier c’est porter à bout de bras celles et ceux pour qui nous prions.
Si nous voulons ne pas baisser les bras dans nos combats contre les injustices qui défigurent l’humanité, nos combats contre les maladies, nous pouvons dans le silence, faire une place à Dieu dans la prière.  Quand nous le prions avec foi il nous donne sa force, sa vie, son intuition, son audace, sa persévérance pour que nous puissions réaliser ce que nous lui demandons, nous donner d’oser y croire car Dieu croit en nous plus que nous-mêmes.
Même si nous avons du mal à le voir, la parabole nous dit que la logique de la puissance, la logique du pouvoir est anéantie par notre persévérance dans la prière et dans nos actes.  La prière et nos actes opèrent une transformation en nous – et je crois que cette transformation est la réponse de Dieu – et c’est pour cette raison que nous devons persévérer.  La veuve venait « constamment » avec sa demande auprès du juge, nous dit la parabole, quitte à lui casser les oreilles !
Il nous arrive d’avoir le temps long parce qu’on est habitué à vouloir des résultats tout de suite. Les contraintes du temps et de l’espace font parties des contingences humaines ; Pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Pour cette raison Dieu ne tarde pas. Confiance.


Invitation au Notre Père : 

A l’invitation de Jésus et en toute confiance, adressons notre prière à Dieu, Notre Père…

Raymond le 15 novembre 25