samedi 27 décembre 2025


Jean 20,2-8 Liturgie de la Parole 27 décembre fête de saint Jean


Méditation

La liturgie fait fi du temps et de l’espace. Il y a deux jours nous étions à la grotte de Bethléem et aujourd’hui avec la fête de saint Jean l’évangéliste, nous nous retrouvons devant le tombeau vide. Quel contraste  !
Le message de l’Ange aux bergers  : « aujourd’hui, vous est né un Sauveur…. Il est le Messie, le Sauveur, » nous a laissé pressentir, que nous ne pouvions pas rester dans la quiétude de la crèche.
Qu’est-ce que les bergers ont-t-ils pu voir à travers le signe du nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire  ?
Aujourd’hui nous nous retrouvons devant le tombeau vide.
« C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut.»
Au cœur de l’Absence, du rien , du vide il découvre que rien ne peut arrêter la vie la lumière.
« En Lui, était la Vie et la Vie était la Lumière du monde… les Ténèbres ne l’ont pas arrêtée. »

Sr Elisabeth Delhumeau Carmel saint Joseph 27 décembre 2016

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/jean-202-8/ 

vendredi 26 décembre 2025

Matthieu 10,17-32 Liturgie de la Parole 26 décembre fête de st Étienne

Méditation 

Chers frères et sœurs, bonne fête! Bonne fête à tous.
Aujourd’hui, immédiatement après Noël, la liturgie célèbre saint Étienne, le premier martyr. Le récit de sa lapidation se trouve dans les Actes des Apôtres (cf. 6, 8-1; 7, 54-60) et nous le présente mourant, priant pour ses assassins. Et cela donne à réfléchir: en effet, même si, à première vue, Étienne semble subir la violence de manière impuissante, en réalité, en homme vraiment libre, il continue à aimer même ses assassins et à offrir sa vie pour eux, comme Jésus (cf. Jean 10, 17-18; Luc 23, 34); il offre sa vie afin qu’ils se repentent et que, pardonnés, ils reçoivent en don la vie éternelle.
Le diacre Étienne nous apparaît ainsi comme le témoin de ce Dieu qui a un unique grand désir: «que tous les hommes soient sauvés» (1 Timothée 2, 4) — tel est le désir du cœur de Dieu — qu’aucun ne se perde (cf. Jean 6, 39; 17, 1-26). Étienne est le témoin de ce Père — notre Père — qui veut toujours le bien et uniquement le bien pour chacun de ses enfants; le Père qui n'exclut personne, qui ne se lasse jamais de les chercher (cf. Luc 15, 3-7), de les accueillir quand, après s'être égarés, ils reviennent à lui dans le repentir (cf. Luc 15, 11-32) et le Père qui ne se lasse pas de pardonner. Rappelez-vous cela: Dieu pardonne toujours et Dieu pardonne tout.
Revenons à Étienne. Malheureusement, aujourd’hui aussi, dans diverses parties du monde, il y a beaucoup d’hommes et de femmes persécutés, parfois jusqu’à la mort, à cause de l’Évangile. Ce que nous avons dit d’Étienne s’applique aussi à eux. Ils ne se laissent pas tuer par faiblesse, ni pour défendre une idéologie, mais pour partager avec tous le don du salut. Et ils le font d'abord pour le bien de leurs assassins: pour leurs assassins… et ils prient pour eux.
Le bienheureux Christian de Chergé nous en a laissé un bel exemple: il appelait son futur assassin «ami de la dernière minute».
Demandons-nous alors, chacun de nous: est-ce que je ressens le désir que tous connaissent Dieu et que tous soient sauvés? Est-ce que je veux aussi le bien de ceux qui me font souffrir? Est-ce que je m’intéresse et je prie pour les nombreux frères et sœurs persécutés à cause de la foi?
Marie, Reine des Martyrs, aide-nous à être des témoins courageux de l’Évangile pour le salut du monde. 

PAPE FRANÇOIS
FÊTE DE SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR
ANGÉLUS Place Saint-Pierre Jeudi 26 décembre 2024


L'Osservatore Romano, Édition mensuelle en langue française, année LXXVIe, numéro 1, janvier 2025.
Copyright © Dicastère pour la Communication

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2024/documents/20241226-angelus.html
 


jeudi 25 décembre 2025

Jean 1, 1-18 Liturgie de la Parole 25 décembre jour

Accueil 

Frères et  sœurs, bienvenue à cette célébration de Noël, à cette messe du jour. Hier soir nous avons déjà célébré noël dans ce que l’on appelle la messe de la nuit. Notre démarche était un petit peu semblable à celle des bergers qui s’en sont allés, un peu émerveillés par la révélation des anges, vers cet enfant de Bethléem, et nous avons essayé de participer, de communier à leur joie et à leur état d’esprit du moment. 
Ce matin c’est la messe du jour. Ce sont d’autres lectures que la liturgie nous propose, et elle nous invite à prendre un peu de recul par rapport à cette naissance de Jésus à Bethléem. Bien sûr, nous gardons l’émerveillement des bergers, mais nous sommes invités aussi à essayer d’entrer un peu plus en profondeur dans la compréhension de ce don extraordinaire, inouï, que Dieu nous fait : le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous, il est devenu l’un d’entre nous pour que nous puissions avoir accès à la lumière de Dieu. 
Au début de cette célébration, essayons d’ouvrir nos cœurs et nos esprits à ce don incroyable que Dieu veut nous faire : son amour, sa lumière, son pardon, sa propre vie

Homélie

Frères et sœurs, dans les années 70, un philosophe allemand du nom de Hans Jonas a écrit un gros livre pour essayer de conscientiser un petit peu les gens de la nécessité de respecter un petit peu la nature et de prendre conscience aussi de leurs responsabilités à l’égard des générations futures. Bon, maintenant c’est un petit peu une tarte à la crème, dirai-je, mais à l’époque c’était extrêmement novateur. Et à l’appui de son plaidoyer, en quelque sorte, pour cette attention à l’environnement et aux générations futures il proposait dans le fond à ses lecteurs une expérience de pensée
Comment réagiriez-vous, que ressentiriez-vous, disait-il, si subitement quelqu’un s’approchait de vous et vous déposait, sans autre forme de procès, un nouveau-né dans les bras et puis partait vite sans demander son reste ? Ce serait évidemment extrêmement surprenant pour vous, et puis vous vous demanderiez : mais qu’est-ce qui m’arrive, qu’est-ce que c’est ? etc. Peut-être vous essayeriez de rejoindre cet homme, et ce n’est pas possible, vous restez avec cet enfant, pour ainsi dire, sur les bras. Et alors, il y aurait certainement des tas d’émotions et qui en quelque sorte vous viendraient au cœur et à l’esprit. Peut-être de la gêne, peut-être un vrai désarroi, peut-être aussi de la tendresse pour ce bébé, peut-être aussi de la compassion, peut-être un souci : ô mon Dieu, mais qu’est-ce que je vais faire ?
Et en même temps que vous seriez traversés par toutes sortes d’émotions un peu contradictoires, petit à petit émergerait le sentiment que vous avez une certaine responsabilité à l’égard de cet enfant. Il est complètement vulnérable, complètement dépendant si on ne fait rien , il va mourir. Il est peut-être silencieux en train de dormir, il est peut-être en train de pleurer etc., peu importe, mais par sa mimique, il vous dit de façon très, très éloquente : ne m’abandonne pas, ne me laisse pas, prends soin de moi, je voudrais vivre moi aussi. 
Alors vous allez sans doute essayer de le confier à un service adéquat, peut-être aller à l’hôpital, ou le confier à un service social, que sais-je ? Mais imaginons que ça ne marche pas, et bien, petit à petit vous vous diriez : eh bien, il faut que je me débrouille, il faut que je prenne cet enfant en charge. Toute autre réaction, sauf circonstances toutes à fait exceptionnelles, serait un manque total d’humanité.
Pourquoi est-ce que je narre ce propos de cette expérience ? Et bien, parce qu’il dit dans le fond : les générations futures, elles sont un peu comme ce petit enfant. Elles sont aussi complètement dépendantes de nous finalement. Si nous ne prenons pas la responsabilité de maintenir un monde qui leur permette de mener une vie décente, elles ne viendront peut-être même pas au jour ou elles mourront comme cet enfant s’il est délaissé.
Et la nature, c’est un petit peu la même chose. Dans le premier âge de l’humanité, elle était menaçante et très puissante et on se sentait tout petit devant elle, mais avec le fameux progrès des sciences, des techniques etc. ce rapport s’est complètement inversé. Maintenant c’est la nature qui est vulnérable, dépendante de l’homme et qui nous demande, si  nous savons écouter son message : protège-moi, garde-moi, prends soin de moi.
Cette histoire peut vous paraître un peu farfelue, mais dans le fond, est-ce que ce n’est pas ça qui se joue à Noël ? est-ce que ce n’est pas le tour que nous joue Dieu ? Le tour qu’il joue à l’humanité de lui confier un petit enfant, où Dieu a mis tout son amour, son Fils bien-aimé ? Dieu a vidé, pour ainsi dire, sa puissance, sa force, sa gloire, pour venir parmi nous, pour être présent dans le monde à travers ce petit enfant complètement dépendant et vulnérable. C’est quelque chose de tout à fait inouï.
François d’Assise ne cessait de s’émerveiller devant ce mystère de la naissance de Dieu parmi nous,  de la naissance de jésus. C’est lui qui d’ailleurs, vous le savez, est l’inventeur des crèches. Et François disait : si Dieu se fait homme, je comprends qu’il va prêcher, qu’il va faire des miracles, je comprends même qu’il va passer par la croix etc. Ça je peux le comprendre. Mais qu’il se fasse homme, l’un d’entre nous sous la forme d’un tout petit enfant, ça c’est quelque chose dont je ne ferai jamais le tour et dont je m’émerveillerai toujours. C’est en quelque sorte une folie de Dieu, une folie d’amour.
Mais, tout en étant une folie aux yeux des hommes, est-ce que cette démarche de Dieu n’est pas en même temps, empreinte d’une grande sagesse. Car après tout, il cherche vraiment à nouer une alliance avec toute l’humanité, pas seulement avec le peuple Juif, mais à travers l’humanité tout entière et est-ce qu’un petit enfant n’est pas, en quelque sorte, l’instrument le plus adéquat ? Qui a peur d’un enfant ? Qui craint un enfant ? Personne, à part peut-être les tyrans sanguinaires comme Hérode, qui craignent pour leur pouvoir et qui vont chercher à le faire mourir.
Et puis un enfant, un tout petit, peut aussi obtenir des adultes qui l’entourent des choses étonnantes ! Qui ne se lèverait pas, ne serait-ce que quatre, cinq fois au cours d’une nuit pour aller réconforter un enfant qui pleure, un enfant  malade, un enfant qui a peur du noir, que sais-je ? On est capable de faire pour un tout petit des choses qu’on ne ferait pour personne d’autre.

 Et donc Dieu espère à travers le sourire et cette demande muette d’amour, d’affection, de soins qu’émet l’enfant de Bethléem, il espère forcer, mais très doucement, très tendrement, la porte de notre cœur pour s’y établir et pour y faire vraiment sa demeure.

Alors, frères et sœurs, j’ai envie de dire : et bien, la balle est dans notre camp, qu’est-ce que nous faisons ? Nous sommes venus, nous avons fêté Noël en famille, sans doute hier, ou avec des amis, nous sommes venus à la célébration de Noël aujourd’hui, tout cela est très beau. Mais Dieu, dans le fond, nous pose la question : Est-ce que tu veux bien prendre soin de ma présence fragile et vulnérable dans le monde ? Est-ce que tu veux bien, avec les moyens qui sont les tiens, la prendre en charge pour qu’elle puisse grandir, pour qu’elle puisse s’authentifier, pour qu’elle puisse se répandre à travers le monde entier, pour qu’elle puisse sauver le monde, pour qu’elle puisse te sauver toi
Frères et sœurs nous sommes placés devant un choix, le choix, soit de la lumière, soit des ténèbres. Nous savons bien que la lumière brille dans les ténèbres, mais les ténèbres existent malheureusement. Certains prennent ce chemin-là, ferment les yeux, ferment leur cœur à cette invitation à l’amour et à la communion que Dieu leur lance. Frères et sœurs, ne soyons pas évidemment de ceux-là, soyons de ceux qui acceptent cette responsabilité d’être porteurs de cette présence de Dieu dans le monde. Prenons la responsabilité de la faire grandir, de la servir, d’en être les témoins. Accueillons cette lumière qui se dégage de l’enfant de la crèche, devenons réellement des enfants de lumière. Devenons, un peu comme Jean-Baptiste, des témoins de cette Lumière, avec un grand L, qui veut éclairer tout homme qui vient dans le monde.

Père Jean-Michel Counet, Hurtebise le 25 décembre 25


Noël 2025 Voeux de la Communauté

 

L’étoile, doucement, s’est posée sur le bois.
Nul ne l’a vue venir
quand elle a déchiré le ciel, 
quand elle est descendue.
Sa trace, on peut la suivre
du bois de la crèche
jusqu’au bois de la croix
et sur l’arbre de vie qui se redressera
reliant pour toujours notre terre
au ciel.

Que l’étoile de Noël brille dans vos maisons,
éclaire vos chemins !

La communauté d’Hurtebise.


© Monastère N-D d’Hurtebise
Hurtebise 2
B-6870 Saint-Hubert


mercredi 24 décembre 2025

Luc 2,1-14 et Matthieu 2,1-12 Liturgie de la Parole Noël messe de la nuit

Accueil

Frères et sœurs, d’où que vous veniez, que vous soyez retraitants, religieuses ici ou venant des alentours, soyez les bienvenus pour cette célébration de Noël, pour cette célébration de la naissance du Christ parmi nous. Nous nous sommes préparés à cela durant ce temps de l’Avent, nous avons taché de renforcer notre foi, notre espérance, de créer finalement dans nos cœurs et dans nos esprits, la place nécessaire pour que Dieu puisse y être accueilli. Et voilà que maintenant les promesses aboutissent sous cette forme assez inattendue d’un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche.
Nous allons faire un peu comme les bergers dans la nuit de Noël, nous allons aller voir cet enfant, nous rassembler autour de lui et rendre grâce à Dieu pour ce don qu’il nous fait.
Au début de cette célébration laissons monter de nos cœurs ce sentiment de gratitude, ce sentiment aussi, d’ouverture par rapport à cette lumière de Dieu qui brille dans nos ténèbres, cette lumière de l’amour, cette lumière du pardon, cette lumière de la joie que Dieu veut communiquer.
En cette sainte nuit de Noël, tournons-nous vers le Seigneur avec un cœur de pauvre, avec foi, demandons pardon à Dieu pour nos péchés.

Homélie

Frères et sœurs dans les Évangiles deux groupes d’hommes sont venus à la crèche à la rencontre de Jésus. Il y a tout d’abord les bergers, dont il a été question dans l’Évangile d’aujourd’hui. Les bergers à l’époque étaient des gens qui étaient tout au bas de l’échelle sociale, qui étaient souvent exploités et marginalisé parce que, de part leur travail qui nécessitait une présence constante à côté de leurs bêtes, pour ainsi dire, et bien, ils avaient des difficultés à prendre part à toute la vie sociale de leur temps.
Il y a eu des signes puissants qui ont été donnés aux bergers. Il y a tout d’abord cette lumière du Seigneur qui les enveloppe de sa clarté d’une façon complètement inattendue. Il y a un ange qui leur parle et après cela, excusez du peu, une troupe innombrable venue du ciel qui chante la gloire de Dieu et qui appelle à la paix sur la terre. La paix pour les hommes qu’il aime ou selon d’autres traductions bien traditionnelles, les hommes de bonne volonté.
 Et voilà que ces bergers se sont mis en route et sont allés trouver l’enfant qui leur été annoncé dans le message de l’ange. Et ils ont témoigné de tout ce qu’ils avaient vécu, ils ont rendu grâce à Dieu, finalement, pour cet enfant, ce Sauveur finalement, qui était donné au peuple et dont ils avaient eu, pour ainsi dire, la primeur de l’annonce.
Ces bergers sont le symbole d’un groupe important de l’humanité. C’est le symbole des gens simples, mais des gens qui sont ouverts à la générosité, à la solidarité. C’est dans le fond, ce courant fondamental pour l’humanité, qui est le courant de l’amour. Et aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui leur ressemblent. Des gens qui sont parfois méprisés, parfois ignorés, des gens qui sont parfois rendus invisibles. Des professions qui pourtant sont indispensables à la marche de la société. Je pense aux éboueurs, je pense aux femmes de ménage, je pense aussi aux aides-soignantes, aux livreurs, aux chauffeurs etc. et puis encore bien d’autres professions sans lesquelles finalement notre société ne tournerait pas rond. On l’avait bien vu lors de la crise du Covid, mais qui ne reçoivent finalement que très peu de reconnaissance pour les rôles très importants qu’ils remplissent auprès de toute la population.
Les bergers, en se rendant à la crèche, on ne sait pas très bien de quoi ils se sont rendus compte, mais en réalité ils sont venus adorer celui qui sera le Bon Berger, celui qui conduira ses brebis avec amour, qui les connaîtra par leur nom et qui les mènera dans de verts pâturages. (cf. Jean 10,3 ; Psaume 22,1-2)
Et puis, il y aura semble-t-il après les mages venus d’orient. Les mages, c’est un peu autre chose. Ce sont des savants, des lettrés, des gens aisés. Sans doute des prêtres de la religion de Zoroastre et des gens qui regardaient très fréquemment le ciel. Bref, on dirait aujourd’hui, si vous voulez, des intellectuels. Et qu’est-ce qu’ils ont vu ? Un signe semble-t-il beaucoup plus modeste que les bergers. Ils ont vu une nouvelle étoile scintiller dans le ciel. Et on ne sait pas très bien ni pourquoi ni comment, mais ils ont compris que cela avait un signe, un signe qui, d’ailleurs, leur était adressé. Qu’il y avait quelque part un roi, un petit roi Juif, qui était né et auquel il fallait aller faire allégeance d’une certaine façon. Peut-être avaient-ils dans leur bibliothèque des traces d’une prophétie ou l’autre, datant finalement du temps de la captivité des Juifs à Babylone, nous n’en savons rien, peu importe finalement. Mais ils semblent d’être pratiquement les seuls d’ailleurs à avoir vu cette étoile ou en tous cas, à en avoir compris la véritable signification. Ils se sont mis en route et ils arrivent à Jérusalem, mettant l’élite religieuse et politique en grand émoi, nous dira saint Matthieu. Les grands-prêtres ne se dérangent même pas pour les accompagner à la recherche de l’enfant, mais ils donnent tout de même les bonnes indications et l’autorité politique ne se dérangent pas non plus.
Les mages, en allant à la crèche pour adorer cet enfant, ne le savent sans doute pas très bien, mais cet enfant devant lequel, si vous voulez, ils plient le genou, et auquel ils remettent leurs fameux présents ; et bien, ce petit roi Juif, ce fils de Dieu, ce sera celui qui sera l’Enseignant des nations, celui qui, pour reprendre les termes mêmes des Évangiles, révélera aux hommes des choses cachées depuis la création du monde.
Ces mages sont, eux, le symbole des hommes sages, savants ; c’est le symbole de la science et de la sagesse. Un courant aussi qui est très important pour l’humanité, pour que nos sociétés, nos civilisations, continuent à vivre et à ses développer. Et aujourd’hui nous constatons encore une fois, c’est que la science est méprisée, snobée, on coupe les crédits un petit peu partout, alors que nous en avons tant besoin pour affronter les problèmes de plus en plus urgents qui se posent à nos sociétés. Mais non, on préfère laisser la parole aux populismes, à des influenceurs ou des influenceuses sur les réseaux sociaux, qui racontent n’importe quoi et que pourtant les gens suivent.
Ce sont deux groupes, finalement, extrêmement différents, que jésus, petit enfant, a réussi à unir autour de sa personne. Ces deux groupes ne se sont manifestement pas rencontrés, ni même croisés, si vous voulez, ils appartiennent à des monde un petit peu parallèles qui ne se rencontrent quasiment pas. Et pourtant, est-ce que ce ne serait pas intéressant finalement que ces deux groupes, ce courant de l’amour et que ce courant de sagesse, de science, se rencontrent ? Est-ce que ce ne serait pas intéressant pour toutes ces petites gens, symbolisés par les bergers, pour qu’ils soient en quelque sorte défendus, soutenus, reconnus par les savants de notre temps et les savants eux-mêmes, ne gagneraient-ils pas beaucoup finalement au contact de ces gens tout simples pour apprendre à mieux connaître les véritables problèmes et les véritables défis auxquels font face tous les jours les gens qui ont souvent de sérieuses difficultés à nouer les deux bouts et à tout simplement vivre.
Jésus, plus tard, dans sa vie publique dans sa mort et sa résurrection réussira à unifier des groupes, voire même des peuples, différents. C’est ce que dira saint Paul dans une de ses épîtres : par sa mort, le Christ a abattu le mur de la haine, disait-il (Éphésiens 2,14), le mur de l’ignorance, le mur d’une espèce de séparation radicale qui existait entre les Juifs et les païens. Des Juifs et des païens, le Christ, par sa mort et sa résurrection, en a fait un seul peuple qui ne cesse de grossir sans cesse.
Jésus, toi le petit enfant de la crèche que nous célébrons aujourd’hui, je voudrais, en ce jour où nous célébrons ta naissance, te faire une prière, t’introduire une demande : est-ce que tu ne voudrais pas recommencer un petit peu ce coup, ce coup d’abattre le mur, le mur qui sépare les bergers d’aujourd’hui et les mages de notre temps ? Est-ce que ce ne serait pas là un signe fort, est-ce que ce ne serait pas là un signe d’espérance, une lumière sur la route de ces hommes de bonne volonté auxquels tu promets la paix.

Père Jean-Michel Counet Hurtebise le 24 décembre (nuit) 2025