lundi 28 novembre 2011

Pas d'enfant

Mais il n’était pas d’enfant à eux, car Elisabeth était stérile et l’un et l’autre étaient avancés dans leurs jours mêmes.
         Luc 1, 7

Viens Esprit habiter nos cœurs, tandis qu’ils scrutent les Ecritures
Viens Esprit nous révéler la vérité de ces paroles en nos vies !

Situation bien étrange pour un homme de la Bible : un couple juste, marchant dans les commandements du Seigneur, est sans enfant. Dans l’Ancien Testament, la stérilité est régulièrement présentée comme une honte, elle est parfois un châtiment. L’histoire d’Abraham est marquée par la stérilité de Sarah son épouse. Rachel l’épouse préférée de Jacob est aussi stérile. Mikal s’est moquée de David qui dansait devant l’arche, il n’ira pas vers elle, la condamnant ainsi à la stérilité.

Pas d’enfant…
Ce verset nous dit le manque de ce couple, leur blessure,…  ils n’ont pas eu d’enfant, et maintenant vient s’ajouter l’âge : tous deux sont avancés en âge… On pourrait traduire, ils n’ont pas eu d’enfant, et ont perdu espoir d’en avoir.

Je regarde ce couple, ce manque et cette blessure ne les ont pas fermés, ne les ont pas détournés du Seigneur. Ils sont justes devant Dieu, nous avait dit le verset précédent. Ils marchaient dans la voie des commandements, ces commandements étant depuis l’origine comme une proposition de bonheur faite à l’homme : fais cela et tu vivras, et tu seras heureux sur la terre que Dieu te donne…

Ils portaient ce manque comme un long désir sans doute.

L’hymne de ce matin aux vigiles, chantait : Voici le temps du long désir, où l’homme apprend son indigence, chemin creusé pour accueillir Celui qui vient combler les pauvres… Pourquoi l’absence dans la nuit, le poids du doute et nos blessures, sinon pour mieux crier vers lui, pour mieux tenir dans l’espérance… Vainqueur du mal tu nous diras : je suis présent dans votre attente.

Avec Zacharie et Elisabeth, aujourd’hui je porte sous le regard de Dieu, les manques et les blessures de ma vie, de mes relations, de notre terre, de notre société, de notre humanité… qu’ils ne soient pas chemins de fermeture ou de désespoir, mais creuset d’espérance. Qu’ils ne nous tiennent pas à l’écart de notre Dieu, mais nous le découvrent désirant avec nous…

Sois présent Seigneur à notre terre de désir !

3 commentaires:

Raymond a dit…

"...le manque comme un long désir sans doute..."
Le manque est une bénédiction! qui se mue en un long désir. C'est pas toujours facile de comprendre le chemin de Celui qui parle au coeur.
Quand il s'agit de Dieu, c'est autrement que l'on voit et que l'on entend les choses. Ce qui est arrivé à Elisabeth, et à beaucoup d'autres femmes est un enchantement qui surprend.
Je ne connais pas la douleur de celui ou celle qui est dans le désir d'avoir un enfant et dont l'attente est douloureuse à cause de la perspective du manque prolongé...
Ce que je connais, le malheur, en particulier la mort d'un enfant -l'absence définitive!- m'a plongé dans une solitude intérieure qui m'a appris que l'être aimé, désiré, pouvait être présent autrement, au sein même du manque.

Se laisser visiter et accueillir, à la fois le manque et la Présence, et voir s'approcher Quelqu'un, à la fois tout autre et semblable. Lytta Basset nous dit
"Dans tes entrailles je suis tout Autre, sans aucune connivence avec la mort" et effectivement, c'est une grande surprise, comme elle dit, de retrouver, sain et sauf au royaume de l'Amour, l'enfant dont on s'est senti abandonné ou auquel on reproche de nous avoir abandonné. "Troublante alchimie entre l'invitation à visiter notre manque dans tous ses recoins et la découverte d'un Visiteur qui en avait fait sa demeure. En d'autres termes, ce qui nous appartient, c'est ce consentement, dans la douleur, à épouser notre vide - à rester ainsi béant, en attente du proche absent... L'absent peu à peu se fond dans l'Absent." (Lytta Basset)
Le "manque" et le "désir" s'unissent comme dans les épousailles au rythme d'un battement de coeur dont je perçois le souffle discret.
Merci à mes anges.

Raymond

Raymond a dit…

Je voudrais compléter le commentaire de ce matin sur l'attente et le désir, sur ce qu'on nomme stérilité et fécondité. Peut-être d'ailleurs ce texte a t'il un sens particulier aujourd'hui à l(heure où beaucoup se complaisent dans une forme de nostalgie destructrice pour ce qui concerne la religion et l'Eglise.

Discours stériles, paroles stériles quand on n'entend plus la Source!
Fécondité, même dans l'absence, même dans le manque... peut-être davantage encore à partir du manque puisque, comme dit St Paul, "Ce qui est folie, faible et méprisable dans le monde, voilà ce que Dieu choisit!
A partir de là, quelle fécondité.

Raymond a dit…

Je reviens sur stérilité et fécondité parce que je n'ai pas eu le temps, -travail oblige!- d'aller un peu plus loin dans l'expression de ce qui résonne encore en moi.

Il n'y a pas que dans les discours et les paroles que se greffe la stérilité mais elle y apparaît quand "l'être" est déssèché et que la "sève" ne nourrit plus.
Il n'est donc pas question ici de nier la douleur et le manque, pas plus qu'il n'est question d'en faire l'apologie, mais d'accueillir, donner son consentement pour entrer dans une dimension de fécondité qui ne nous appartient pas et dont nous ne pouvions soupçonner la puissance de vie.
Cette fécondité je la découvre au coeur de chacune d'entre vous, chacune à sa façon, selon ses charismes, mais pour la plus grande joie de toutes ceux et celles que vous rencontrez.

Raymond