mardi 31 janvier 2012

Dans le désert

Lc 3

1L'an quinze du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d'Iturée et de Trachonitide, et Lysanias tétrarque d'Abilène, 2 sous le sacerdoce de Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée à Jean fils de Zacharie dans le désert.

Esprit saint, rend-nous ouverts et accueillants à la Parole comme le fut Jean au désert.


Terminés, les récits d’enfance, celle de Jean comme celle de Jésus. Et le projecteur se tourne à nouveau vers Jean car sa mission commence.

Etrangement, Luc nous inonde d’une série de références historiques. Voilà qui n’est pas habituel dans les évangiles. Nous avons même ici la seule datation, qui a son importance puisque c’est sur cette information que sera situé l’an zéro de notre calendrier. Mais que cette date soit fiable est une autre histoire…

En regardant défiler ces divers personnages, bien connus par ailleurs, nous constatons que nous allons en quelque sorte de Rome – avec César – à Jérusalem et plus précisément au temple – avec les grands prêtres. Exactement le parcours inverse de celui que suit l’œuvre de Luc : celui-ci commence son évangile dans le Temple de Jérusalem et termine les Actes avec l’arrivée de Paul à Rome.

D’autre part, ces personnages représentent tout l’univers politique et religieux du moment : le pouvoir romain avec l’empereur à Rome, et le gouverneur dans la Judée occupée, le pouvoir local avec Hérode Antipas en Galilée, juive, et son frère Hérode Philippe, dans les larges régions païennes au nord du Lac de Tibériade, le peu connu Lysanias dirigeant aussi un territoire païen ; y sont opposés les grands prêtres : Hanne, l’ancien et Caïphe, l’actuel : hommes de pouvoir comme César, mais aussi chefs religieux opposés aux chefs païens.

Au milieu de cet univers, inséré donc dans son époque, paraît Jean, que tout oppose pourtant aux personnages énumérés.

la parole de Dieu fut adressée à Jean : littéralement, « la parole fut sur Jean », belle expression que nous avons déjà rencontrée plusieurs fois pour marquer une mission prophétique.

dans le désert : le désert, loin des cours des grands, qu’ils soient Romains ou Juifs, païens ou religieux… En une phrase, Luc nous fait passer de la magnificence de tous les palais à l’aridité du désert. C’est là, dans le désert, que la parole peut se faire entendre ! Dans la solitude du désert, Jean reçoit, accueille sur lui la parole. C’est tout, pas un détail, pas une formulation, mais c’est l’essentiel : là va commencer la mission de Jean et donc aussi celle de Jésus.


Seigneur, je veux rejoindre Jean au désert pour y entendre ta parole.

1 commentaire:

raymond a dit…

Le contexte politique est important parce qu'il suggère, en quelque sorte, "l'animosité" du peuple.
L'occupation par les romains n'est pas facile à vivre...je suppose.
Il suffit de se reporter à ces expériences vécues chez nous il n'y a pas si longtemps ou à ces tensions entre palestiniens et Israéliens depuis des décennies et aujourd'hui encore! Les conditions de vie et le manque de liberté suscitent la haine.
J'imagine donc bien que l'ambiance, sous la domination romaine puisse être bouillonnante et que les prophètes en tout genre profitent de ce climat pour faire passer leur doctrine.
Pour le peuple élu, c'est le moment où Dieu va intervenir.Avènement d'un monde nouveau !

Pour les pharisiens et les scribes l'observance scrupuleuse de la loi est le moyen d'y parvenir; pour les esséniens et les zélotes ce n'est pas suffisant et ils vont plus loin dans les exigences; pour les baptistes dont Jean est un illustre représentant, c'est la conversion du coeur qui donne accès au monde nouveau.

Jean voit comment vivent les gens et il se sent responsable d'avertir du danger. Il désespère des êtres humains et il fait le constat que le monde va à sa perte.
Il y a bien l'observance de la loi morale, mais ça ne suffit pas.
Les rites, les lois, les moyens au service de la vie, de la relation à Dieu et non pas comme un but en soi.