jeudi 11 août 2022

Liturgie de la Parole, 19e jeudi TO

 (Danièle)

Introduction       

Dans la première lecture, le prophète Ézéchiel est invité à quitter « une engeance de rebelles » et à partir avec son sac d'exilé. Il annonce la fin de ce peuple qui s'accroche à des espoirs vains. Moïse les avait déjà prévenus. C'est au tour d’Ézéchiel. A la question des rebelles « qu'est-ce que tu fais là ? », il répondra « je suis pour vous un signe,  vous partirez en exil, en captivité et le prince qui est au milieu de vous sortira dans l'obscurité... »

Dans l’Évangile de Matthieu, à la question de Pierre « combien de fois faut-il pardonner », Jésus raconte la parabole du maître qui pardonne et du serviteur mauvais qui, une fois son énorme dette remise, ne pardonnera pas  à un compagnon qui lui devait seulement 100 pièces d'argent. 

Dans son infinie miséricorde, Dieu nous pardonne. Rendons-lui grâce en chantant les psaumes.                                                                                                                                    

Après l’Évangile

« Combien de fois dois-je pardonner ? »

La coutume juive voulait que l'on pardonne deux ou trois fois, dès lors, Pierre est généreux puisqu'il propose de pardonner 7 fois. La réponse de Jésus montre qu'il faut toujours pardonner.

Si je suis prête à être pardonnée 70 fois sept fois, je dois aussi être prête à pardonner autant de fois. La démarche n'est pas simple mais elle n'est pas impossible parce que Dieu nous accompagne. J'ai souvent entendu dire « le pardon n'est pas humain, il est divin ». Les chrétiens ont-ils le monopole du pardon ?

J'ai consulté le site de deux psychanalystes : Gabrielle Rubin et Nicole Fabre qui ont publié un ouvrage qui traite du pardon humain. Ce site est laïc et n'a donc rien à voir avec la religion ni avec le pardon de l’Évangile. En voici un tout petit résumé.  Il y a plusieurs sortes de pardon, les ordinaires, faciles, suite à une parole blessante ou un geste de trop, et il y a les pardons extraordinaires, ceux qui nous ont blessé(e)s au plus profond de nous-mêmes... pardon qui nécessite un cheminement intérieur, long et exigeant. Acte de courage, diront certains, aveu de faiblesse diront d'autres qui préfèrent la vengeance. Le pardon sert avant tout à se libérer soi-même, à sortir de cette prison de haine.

Il y a plusieurs étapes, premièrement, « décider de ne plus souffrir ». Face au coupable, - par exemple une amie qui nous a trahi(e)s -, aveuglé(e) par la souffrance, on peut perdre ses moyens. Il faut sortir de la violence subie, quitte à mettre de la distance entre soi et le responsable de la souffrance.

Deuxième étape : reconnaître que la faute existe, reconnaître l’agresseur comme coupable de la faute est une nécessité pour soi, pour vivre. Haine et ressentiment, à long terme peuvent nous détruire. Pardonner, c'est tout sauf passer l'éponge. Il faut redevenir acteur de sa vie... etc.

Je suis aussi allée fureter chez les musulmans pour connaître leur position face au pardon.

« Afin de transmettre la véritable image de l'islam, un savant a appelé à insister sur les principes fondamentaux de l'islam : le pardon et la tolérance. Si certaines trahisons peuvent nous hanter, la meilleure façon de lâcher prise est de laisser notre cœur oublier...  le croyant qui atteint cet objectif pourra bénéficier d'une tendre bénédiction d'Allah... Ainsi, la vengeance ne doit pas être une caractéristique du musulman. Le pardon n'est pas seulement un acte de volonté personnelle, il y a quelque chose qui dépasse notre contrôle conscient... » Le pardon est une valeur morale primordiale souvent relevée dans le coran.

Et chez les chrétiens ? Être chrétien est une raison de plus pour pardonner. Dans l’Évangile, Jésus rappelle à ses disciples que le pardon est essentiel. Il nous fait participer à l'action de Dieu miséricordieux qui pardonne sans compter.

Nous ne pouvons recevoir le pardon que si nous sommes capables de le donner aux autres. Dieu n'a pas de quota à épuiser pour nous pardonner alors, essayons de lui ressembler. Le monde a besoin de nous pour irradier l'amour de Dieu et pour favoriser la réconciliation et la paix. Cette parabole du serviteur illustre bien la difficulté de pardonner. Mathieu parle d'une énorme dette qui serait peut-être la dette infinie de l'homme envers Dieu. La somme minime représenterait  la petite dette entre l'homme et son prochain... Dieu est miséricordieux, il nous remet notre dette toute entière.

Peut-être nous arrive-t-il  aussi de devoir demander pardon à quelqu'un, nous recevons alors de lui ce cadeau inestimable du pardon qui nous permet de recommencer, d'avancer.

« Il faut laisser mon cœur se dilater de reconnaissance... alors mon cœur sera compatissant, alors, je serai proche de celui qui m'a remis la dette, proche de celui à qui je remets sa dette, alors le royaume habitera notre terre »

Invitation au Notre Père

Pardonne-nous comme nous pardonnons, adressons notre prière à notre Père en disant les paroles apprises par Jésus .

Prière finale

Seigneur, donne-moi un cœur qui pardonne, qu'il soit semblable au tien. 

Je te confie les personnes qui restent dans la haine, qui n'arrivent pas à pardonner.

J'accueille ton pardon. Pour être témoin et irradier ton amour, donne-moi la force de pardonner à ceux et celles qui m'ont fait du tort.

Je le demande à Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.


Sources

Blog des Jésuites d'Irlande,

Psychanalystes  et auteures: Gabrielle Rubin et Nicole Fabre

Abbé Léonardo Kamalebo- Église de saint Blaise

Blog musulman « Ajib »

Père Jean-Luc Fabre

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