lundi 29 août 2022

Liturgie de la Parole, 22e lundi TO

(Isabelle Halleux)

Introduction

Jean-Baptiste…  Luc nous le présente comme le « « prophète du Très Haut » (Lc 1, 76), Marc comme un précurseur (Mc 1, 7), Matthieu comme un prédicateur de la proximité du Royaume (Mt 3, 2), et Jean comme « le témoin » du Christ (Jn 1, 7).  « Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés (…) » (Lc 1, 76—79).  Nous le chantons chaque matin[1].

 Jean-Baptiste s’est toujours défendu d’être Elie ressuscité (Jn 1, 21). Il s’est défendu aussi d’être le Messie annoncé (Jn 3, 28). Beaucoup pourtant le croyaient. Aux dires de Flavius Josèphe, Jean-Baptiste fut « un homme de bien exhortant les juifs à cultiver la vertu, à user de justice les uns avec les autres et de piété envers Dieu ». Un homme influent, craint par les autorités. Quelques années avant Jésus, il meurt d’une mort violente ordonnée par un responsable politique qui nous apparaît frileux et influençable. Nous allons réentendre le texte de son martyre (Mc 6, 17-29). Son parcours, du début à la fin, est finalement très semblable à celui de Jésus[2]... Nous savons ce qui arriva après: la passion et la résurrection du Christ !

Les évangélistes, Paul[3] et les premiers chrétiens, avec les Pères de l’Eglise nous ont aidés - et nous aident encore - à entrer dans ce grand Mystère. A leur suite, prions, ouvrons notre cœur en chantant les psaumes à notre Dieu.

 Méditation

J’ai découvert dans une traduction d’homélies coptes de la Vaticane, un panégyrique de Saint Jean-Baptiste – date et auteur inconnus -, écrit pour une fête de la décollation, donc pour un jour comme aujourd’hui. C’est une petite merveille d’une dizaine de pages que j’ai envie de vous partager. J’ai aimé le style, la langue et surtout l’espérance qui s’en dégage. Je vous rassure, je ne vous en lirai qu’un court extrait, mais je vous en recommande la lecture complète[4] !

 [5]« Dirigeons-nous vers le combat saint de ce fort en Dieu, Saint Jean, le précurseur et le baptiste et le prophète et le martyr dont on célèbre la fête aujourd'hui dans les cieux et sur la terre, et montrons son grand combat admirable, pour la gloire de Dieu.

 [Jean, qui avait dit à Hérode « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère », se lève et répond à Hérode qui le menace :] « Ô Hérode, si tu me tues, cette mort ne sera pas une mort pour moi, mais tu me prépareras une vie éternelle. Ô Hérode, si tu m’enlèves la tête, on me tressera une couronne glorieuse à cause du chœur des martyrs qui vient après moi. Ô criminel, si tu me tues, je me réjouirai, à cause des Saints qui viennent après moi, parce que quand j’aurai donné mon sang pour la vérité de mon Seigneur, mon Seigneur Jésus Christ de son côté accordera son corps et son sang au genre d’Adam ».

 […] Le criminel Hérode fit saisir Saint Jean pour le jeter […] dans l’endroit le plus profond de la prison. Et Jean persévérait dans ses prières jour et nuit, suppliant Dieu d'avoir pitié et miséricorde de son peuple.

 Saint Jean vit le chœur des anges qui l’entouraient, se réjouissant avec lui de ce qu’il portait leur pureté ; [il vit] le chœur des prophètes parce que lui aussi était prophète comme eux ; Abel et le chœur des martyrs parce qu’on lui avait enlevé la tête à lui aussi de même qu’à eux ; Moïse et Aaron parce qu'il était de leur famille ; Elie et Elisée parce qu’il avait été dans le désert, lui aussi, comme eux […] Le précurseur vit tous ceux-là, étant venus le prendre, l’entourant et se réjouissant avec lui.

 Il vit Zacharie son père dont le sang fut répandu sur les degrés du saint autel à cause de lui[6], et il le consola disant : « Aie courage, mon fils ; car un seul nom, celui d’Hérode, nous a tués tous deux[7]. Et bien que nous soyons tués pour la parole de vérité de Dieu, voici que le fils de Dieu que tu as annoncé […] sera tué lui aussi pour le salut du monde à cause de son amour pour les hommes. »

 Elisabeth sa mère le réconforta aussi en disant : « Ô bienheureuses mes entrailles qui t’ont porté dans ma vieillesse […] Je t’ai enfanté 6 mois avant que Marie n’enfantât le Seigneur Jésus-Christ. […] Je t’ai pris, je me suis enfuie au désert avec toi qui étais tout petit […] Et je n’ai pas cessé de marcher avec toi au désert, jusqu’à ce que j’eusse déposé mon corps et que tu ne m’eusses ensevelie. Maintenant viens, repose-toi dans le royaume de Celui que tu as baptisé, Jésus-Christ, et rassasie-toi de ses biens qui demeurent éternellement. »

Quand Jean eut entendu tout cela, son cœur se remplit de joie et son esprit se réjouit. Il prit la longue chevelure de sa tête entre ses mains, lui-même la ramena sur sa figure, se jeta à genoux et adora Notre Seigneur Jésus-Christ. Et le bourreau le frappa du glaive et enleva sa tête sainte. Et le chœur des anges et de tous les Martyrs accueillit son âme bienheureuse.

 […] Au jour où [Dieu] jugera le monde […] une grande gloire environnera Jean, et il se trouvera debout auprès de son ami véritable Notre Seigneur Jésus-Christ, […] tandis que sa face brillera bien plus que le soleil dans sa splendeur. »

 Prière finale

Avec l’auteur inconnu du Panégyrique de Jean-Baptiste, nous prions :

Saint Jean, nous demandons que tu sois ambassadeur pour nous et notre peuple tout entier auprès de celui dont tu as été le prophète, le précurseur et le baptiste, afin qu’il nous accorde la rémission de nos péchés, qu’il accorde la paix à sa sainte église, une charité sincère et mutuelle, et une foi ferme (…). Puissions-nous, par la grâce et la miséricorde, et l’amour des hommes,  devenir dignes de notre Seigneur et notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, par qui convient toute gloire et tout honneur et toute adoration, au Père avec Lui et au Saint-Esprit, maintenant et en tout temps et jusqu’au siècle de tous les siècles. Amen !



[1] Cantique de Zacharie, NT2 (Lc 1, 68-79)

[2] On peut lire ces parallèles dans le livre « Jean-Baptiste » de Pierre Haudebert, oct. 2021, p.29-37 et p.83-85

[3] Notamment dans la 1e lecture du jour : 1 Co 2, 1-5

[4] De Vis H., Homélies coptes de la Vaticane, Volume I, 1922. https://www.coptica.ch/Devis-Homelies1.pdf

[5] Entre crochets, des omissions ou des ajouts insérés pour faciliter la compréhension du texte à l’audition.

[6] Dans Protévangile de Jacques, apocryphe du II e siècle, Zacharie est assassiné sur ordre d'Hérode le Grand car il refuse de dire où est caché son fils, Jean.

[7] Hérode le Grand pour Zacharie, Hérode Antipas pour Jean

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