dimanche 21 décembre 2025

Matthieu 1,18-24 Liturgie de la Parole 4e dimanche de l’Avent année A

Lectures : Isaïe 7,10-16 ; Romains 1,1-7 ; Matthieu 1,18-24

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Je ne sais pas si cela a été dit dans les semaines précédentes, mais j’ai été étonné par l’ordre. Je me serais attendu spontanément à dire : on commence par le bas et puis on monte vers Noël. Et bien non, on descend vers Noël. Et je pense que symboliquement c’est très fort, de dire : c’est une Incarnation, donc c’est une descente dans notre humanité. Et nous sommes invités, avec le Fils de Dieu, à descendre là où nous vivons, là où nous demeurons, là où il y a des ténèbres, là où il y a de la joie, mais descendre vraiment au cœur de notre humanité. 
Alors au cœur de notre humanité c’est aussi un peu de ténèbres et en commençant notre Eucharistie nous ouvrons nos ténèbres à la lumière du Seigneur, nous nous ouvrons à son pardon.

Homélie

À la fin de la deuxième lecture de la lettre de Paul aux Romains, nous avons entendu : À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. À vous. Et les autres personnages que l’on a vu dans les lectures, c’était Achaz, à toi Achaz, à toi Joseph, à chacune et à chacun d’entre nous, un appel et puis grâce et paix.
Alors la première lecture est peut-être un petit peu plus difficile à comprendre si on n’a pas le contexte. Ou bien on peut même mal la comprendre. On peut se poser la question simplement avec le récite de dire : mais pourquoi la réponse d’Achaz a été mal reçue ? Ben il dit  je ne demanderai pas de signe et je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. Qu’est-ce qu’on peut lui reprocher là-dedans ?. Et donc si on ne connaît pas l’histoire avec le contexte, c’est un peu compliqué de comprendre ici. C’est important de comprendre que Achaz est un tout jeune roi, le roi de Jérusalem, et puis il a vécu de la peur et des angoisses énormes d’être dépossédé de son royaume par les deux rois dont il est fait allusion à la fin de la lecture, et la promesse est dite ‘ne te tracasse pas avec eux, de toute façon ce sera bientôt fini cette histoire. Et donc Achaz est dans l’angoisse, il est dans la peur, il est tracassé, et il cherche, il cherche comment, comment avancer, lui qui est héritier de la promesse de Dieu. Il est dans la lignée de David, donc il est héritier de cette promesse. Et voilà que, pris de panique, il va chercher un soutien, mais il ne va pas le chercher près du Seigneur, il ne va pas le chercher près du Dieu de ses pères, le Dieu qui a libéré Moïse et le peuple, le Dieu de David. Il va le chercher en offrant des sacrifices aux idoles de la région. Non seulement il offre des sacrifices, mais il va même offrir son propre fils en sacrifice. Son propre fils c’est l’héritier de la promesse. Donc il rompt , d’une certaine manière avec la promesse. Et puis en appelant aussi une force militaire pour le soutenir. Il cherche du secours, mais il ne le cherche pas du côté de la promesse et de la fidélité de Dieu. Et donc son refus de demander un signe, c’est une confirmation qu’il n’a pas confiance, il ne veut pas mettre sa confiance en Dieu. Il cherche ailleurs.
Mais alors le récit nous montre que Dieu reste fidèle : toi tu as rompu la lignée, moi je la restaure. Ta jeune épouse aura un fils. Parce que nous on voit directement Marie, mais à ce moment-là il n’y a pas de Marie, c’est la jeune épouse d’Achaz qui va avoir un fils et donc la promesse va continuer son chemin, malgré ta trahison, malgré, oui, ton refus, ta recherche ailleurs, la promesse va continuer son chemin. Et dans ce sens là on peut dire « à toi Achaz, grâce et bonheur, à toi, pécheur, à toi qui as failli grâce et bonheur ».
Et voilà que l’Évangile d’aujourd’hui, dans l’annonce à Joseph, nous ramène à cette promesse de Dieu fidèle et reprend les paroles qu’on a eues dans la première lecture. Pourquoi est-ce qu’on les reprend ? Est-ce que ce serait que nous sommes un peu comme Achaz ? Et notre monde d’aujourd’hui est en train de chercher son salut ailleurs, dans les sacrifices d’enfants, bien sûr pas les sacrifices directs, mais pas si indirects que ça quand même. On le voit autour de nous avec le non-respect des enfants, le travail des enfants, l’élimination des enfants, la recherche de la force des puissants, bah, on y est aussi. Et donc ça peut  nous toucher aujourd’hui et entendre aujourd’hui : Dieu tient sa promesse ; la situation elle est ce qu’elle est mais, mais il traverse nos peurs et nos infidélités. Et donc à nous, à vous grâce et paix de la part de Dieu en Jésus Christ.
Appelés à être saints. Donc j’en viens à Joseph. Joseph appelé à être saint, appelé à être le canal pour cette promesse de Dieu. Qu’est-ce que cela va signifier pour Joseph ? Joseph est celui qui n’engendre rien, qui n’enfante pas. Mais il est celui qi met au monde. Alors pas mettre au monde physiquement, mais il va mettre au monde Jésus en lui donnant le nom et le récit nous dit : « Tu, tu donneras le nom de Jésus. Tu. C’est ta responsabilité ». Et donner le nom c’est inscrire dans l’histoire, c’est inscrire dans ce chemin du salut. Et tu le feras en prenant chez toi Marie et de cette manière tu permettras au Fils de Dieu d’être l’Emmanuel, d’être Dieu-avec-nous. Donc Marie et Joseph, les deux, permettent à Dieu d’être l’Emmanuel, d’être Dieu-avec-nous.
Et bien nous sommes, d’une certaine manière, dans la position de Joseph. C’est pas nous qui avons mis Jésus au monde, mais nous avons notre responsabilité pour lui donner sa place dans le monde, pour lui permettre d’être Dieu-avec-nous. Et donc à la fidélité de Dieu répond notre engagement. Et la fidélité de Dieu et la parole de Dieu, elle se dit de manière différente. Et ici, chez Joseph, c’est toujours pendant qu’il dort. Et donc ne nous tracassons pas quand dans notre prière nous commençons à dormir, ça n’empêche pas Dieu de venir. Mais ce qui est important, c’est que quand Joseph se réveille, il se met en route. Et pour nous aussi, d’entendre la Parole et de nous mettre en route.
Alors, oui, accueillons aujourd’hui, pleinement, cette parole et cette bénédiction, à vous, à nous, qui sommes appelés à être saints la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.

Père Bernard Peeters s.j. Hurtebise le 21 décembre 25


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