Matthieu 11,2-11, Liturgie de la Parole 3e dimanche Avent année A
EN QUEL MESSIE CROYONS-NOUS ?
Lectures : Isaïe 35, 1-6a,10 ; Jacques 5,7-10 ; Matthieu 11,2-11
HOMÉLIE
Un détenu me confiait un jour: « Tout m'a déçu: ma femme, mes enfants, mes amis et même Jésus.» Dans l’Évangile de ce jour, Jean-Baptiste est aussi déçu. Du fond de sa prison, il entend parler de Jésus qui ne correspond pas au Messie qu'il s'attendait à rencontrer.
Jésus semble très “cool”. Ses paroles semblent si laxistes pour les pécheresses telle Marie-Madeleine. Il se fait offrir des repas par des publicains tel Matthieu l’auteur de ce texte, pire encore par des percepteurs d’impôts véreux comme Zachée. Et, à son menu, il y a autre chose que des sauterelles ou du miel sauvage ce qui était le menu de Jean-Baptiste avant d’entrer en prison.
Jésus est très cool alors que Jean-Baptiste était un prédicateur cognant fort sur les consciences pour les réveiller. Il annonçait un Messie qui allait exterminer immédiatement par le feu celui qui ne faisait pas la volonté de Dieu. Et voilà que Jésus s’entoure d’apôtres pour poursuivre son œuvre après lui. Alors Jean ne comprend plus. Scandalisé par l’attitude de Jésus, il doute radicalement. Il envoie donc quelques disciples pour interroger Jésus : « Oui ou non, es-tu bien le Messie annoncé ?»
Dans ce cri de désespoir poussé par le Précurseur, j’entends aussi celui de ces chrétiens qui ont constaté à travers le monde l’occultation de la pédophilie par des dignitaires de l’Eglise. Ces chrétiens ont été profondément déçus et le doute s'est installé dans leur cœur.
Habilement, Jésus répond aux messagers de Jean-Baptiste en les invitant à lui rapporter ce qu’ils observent autour d’eux: “Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les sourds entendent, les morts ressuscitent.” Et Jésus ajoute un argument décisif: “Les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.” ! Autrement dit : le plus important, ce ne sont pas les miracles, mais bien la concrétisation de ce Royaume réservé prioritairement aux sans-grade.
"Venez et voyez", semble dire Jésus aux messagers de Jean, c'est-à-dire, "venez voir et constatez vous-mêmes" et c'est vous qui déciderez s'il faut attendre un autre Messie. Le signe que Jésus est le Messie, "celui qui vient" ne se trouve pas dans des signes terrifiants, puissants, qui nous cloueraient tous au sol, obligés à croire.
Non, le signe c'est que des gens simples, des "laissés pour compte" ouvrent leurs yeux d'aveugles, débouchent leurs oreilles de sourds, soulèvent les couvercles de leur tombeaux où ils étaient emmurés. Ils entendent résonner dans leur vie "une Bonne Nouvelle." Ils se sentent respectés, reconnus, aimés.
Tout cela n'est pas seulement de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, je pense à ces 76 associations de chez nous pour lesquelles l’ASBL « Action Vivre Ensemble » souhaite notre solidarité.
Si l’Évangile nous demande d’opter pour elles c’est tout simplement parce que Dieu nous conduit dans cette direction.
Jésus termine son message au Baptiste par une béatitude : “Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute.” Jésus pense à tous ceux qui assisteront à sa passion et qui devront bien se faire à l'idée d'un Messie qui ne passera pas sous des arcs de triomphe mais sur les chemins humiliants qui le cloueront sur une croix au Golgotha. Cette image de Messie n'était pas dans la tête de Jean-Baptiste.
Force est de constater que, comme Jean le Baptiste, nous nous forgeons parfois un Messie à notre mesure. Par exemple, ne devrait-il pas éradiquer la guerre en Ukraine et les violences de toutes sortes au N-E du Congo etc….?
A peine les messagers de Jean-Baptiste sont-ils repartis que Jésus va lui rendre un vibrant hommage en le désignant comme l'exemple à suivre et même à dépasser. Non, Jean-Baptiste n'est pas un personnage grotesque. C’est un grand prophète. Donc, Jésus ne lui reproche pas d'avoir douté.
À nous non plus, Jésus ne reproche pas de douter. Alors, nourrissons et affermissons notre foi en restant attentifs aux événements, aux rencontres humaines, aux paroles bibliques susceptibles de nous faire connaître le Messie.
Et si ceux qui cherchent un sens à leur vie, nous envoient, comme Jean-Baptiste, des messagers pour nous demander : "Êtes-vous les témoins de l'Évangile de Jésus ou devons-nous en attendre d'autres ?" pourrons-nous répondre : "Venez et voyez".
Abbé Stréber Fernand Hurtebise le 14 décembre 25
P’TIT RAWETT’ N°1 Pour choisir le Messie
Voici 4 semaines au Vatican, à l’insu de la Curie Romaine, le pape Léon 14 a constitué un jury populaire pour élire le Messie. Voici le résultat de la consultation : Le Messie retenu est un nouveau-né appelé Emmanuel. Il semble très fragile. Ses parents sont des illustres inconnus des autorités civiles, politiques et religieuses du pays. On sait juste que sa maman est très jeune. Elle s’appelle Marie. L’homme avec lequel elle vit est menuisier dans un petit village de Palestine. Ses parents fréquentent des petits bergers des collines environnantes. Ils n’ont aucune référence religieuse connue.
Les hauts dignitaires du Vatican sont embarrassés. De toute manière ils ne sont pas d’accord avec le choix du jury populaire. Le Messie retenu par le jury populaire et entériné par le pape n’a aucune chance de réussite. Réunis en urgence ils ont repris les affaires en main. Ils viennent d’établir un CV modèle, manière de présélectionner les candidats pour enfin désigner le Messie digne de ce nom qui répondra aux critères de la longue tradition séculaire.
Les candidats messie devront être adultes majeurs. Les jurés ne seront plus autorisés à choisir un enfant nouveau-né couché dans une mangeoire.
Les candidats messie devront avoir un domicile fixe et durable. Pas question de choisir un SDF qui loge sur la paille ou quelqu’un qui a dû émigrer en catastrophe suite à la décision d’un dictateur.
Les candidats messie devront parvenir d’une famille qui a des relations avec la noblesse ou la bourgeoisie.
Les candidats messie devront avoir au minimum un diplôme théologique universitaire de niveau master. Pas question de choisir quelqu’un qui a un métier manuel ou qui a reçu un diplôme via la filière de l’enseignement professionnel.
Les candidats messie devront avoir une attestation écrite de moralité de la nonciature apostolique.
Ils devront avoir une recommandation écrite des autorités politiques fédérales.
Les candidats devront pouvoir justifier de relations avec le monde financier.
Les candidats ne seront pas issus de parents non mariés.
Les candidats ayant fréquenté des détenus, des migrants, des SDF, des handicapés, des malades chroniques ou des filles de joie seront exclus.
Les candidats messie devront élire domicile à la capitale du pays.
Quel est notre choix ?
Fd Streber
P’TIT RAWETT’ N° 2 A L'OMBRE D'UNE FEMME.
Un été, je passais mes vacances dans une vieille bergerie, au Mont Ventoux. Il y avait là un champ très ancien, au milieu de la garrigue, qu'un vieux paysan cultivait
Un matin, il était venu pour le faucher, mais il faisait très chaud et le vieux paysan souffrait beaucoup de la chaleur. Or, il y avait un mûrier au milieu du champ.
A un moment, le vieux paysan s'arrête et vient s'asseoir à l'ombre du mûrier. Je m'approche.
« C'est une bonne ombre, dit-il, l'ombre du mûrier. Et il ajoute: chaque arbre a son ombre, selon sa forme, son branchage, son feuillage, son bruissement, son odeur. .. »
Quittant l'ami, je me prends à rêver: chaque arbre a son ombre... Chaque espérance aussi, et chaque naissance, selon son odeur, son bruissement, son feuillage, son branchage...
Pourquoi les Occidentaux, ceux du Nord surtout, jettent-ils sur l'ombre un regard aussi réducteur?
En Afrique, on ne fait rien sans emporter « des morceaux d'ombre ». Un proverbe ne dit-il pas: « l'argile, c'est de l'ombre? ». Une sculpture ne vit que par rapport à l'ombre, m'explique un directeur de musée. L'ombre peut la faire ou la défaire.
On comprend alors qu'un Japonais ait écrit «L'éloge de l'ombre ». Parce que l'ombre est partenaire de la lumière. L'ombre est un lieu, un temps de passage. Est-ce pour cela qu'au Japon, plus qu'en Europe, on respecte le gris, comme échange de tension entre le noir et le blanc?
Jésus est né dans l'ombre d'une crèche. Il a vécu trente ans à l'ombre d'un village perdu. Il se tenait quelquefois à l'ombre du figuier ou, avec ses disciples, à l'ombre des oliviers. On l'a même vu se reposer à l'ombre de Marie-Madeleine et s'asseoir, en plein midi, dans l'ombre de la Samaritaine. N'était-il pas aussi, un jour, dans l'ombre de la femme adultère quand il écrivait sur le sable?
Chaque femme a son ombre...
Peut-on d'ailleurs écrire et croire sans l'ombre d'une femme?
Et croire et espérer sans l'ombre d'un Dieu?
Il y a de l'ombre en Dieu.
Il y a de l'ombre en l'homme.
Le poète se tient dans l'ombre, souvent.
Et le Dieu-poète vient nous visiter à travers cette ombre.
Marie le sait bien puisque la puissance du Très-Haut l'a couverte de son ombre. Et la lumière fut.
Gabriel RlNGLET (Repris dans « Il était une foi » tome. 2 Ed. CRJC Liège, p. 15 )
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