Liturgie de la Parole 30e jeudi TO-I
Lectures : Romains 8,31b-39 ; Psaume108 ; Luc 13,31-35
Homélie
Saint Paul vient de nous demander qui nous séparera de l'amour du Christ. Puis, dans un de ces catalogues dont il a le secret, il a proposé, pour les réfuter toutes, dix-sept réponses. Pourquoi dix-sept ? Par hasard, me direz-vous, et vous aurez sans doute raison. Mais si ce n'était pas un hasard ? Si l'Esprit Saint, inspirateur de l'Écriture, y avait mis son grain de sel ?
Dans la symbolique juive, 17 est le nombre du bien, du beau, du bon, parce que la somme des valeurs numériques des trois lettres du mot tov (9 + 6 + 2) est égale à 17. Mais il me semble que dans la Bible, dix-sept est surtout le nombre de l'unité menacée ou, dans les meilleurs cas, de la séparation surmontée.
Ainsi, par exemple, Joseph fut vendu par ses frères quand il avait dix-sept ans (Genèse 37,2). Jacob, son père, crut longtemps qu'il était mort. Mais au bout du compte, Joseph retrouva son père et ses frères, après quoi Jacob vécut dix-sept ans au pays d'Égypte (Genèse 47,28). La longue et douloureuse séparation est ainsi encadrée par deux périodes de bonheur commun, de dix-sept ans chacune.
Après la mort de Salomon, son fils Roboam régna dix-sept ans à Jérusalem (1 Rois 14,21 ; 2 Chroniques 12,13), mais il ne réussit pas à empêcher le grand schisme de son royaume, la sécession des dix tribus du nord.
Un cousin du prophète Jérémie lui demande de lui acheter un champ. On peut supposer qu'il est obligé de le vendre pour payer une dette, mais il ne faut pas que la terre d'Israël passe en d'autres mains et soit divisée. Acheter le terrain pour qu'il reste dans le patrimoine familial est un devoir sacré. Jérémie accepte la transaction et donne à son cousin dix-sept pièces d'argent (Jérémie 32,9). S'il prend la peine de nous indiquer le prix, c'est que ce nombre doit avoir une valeur symbolique.
Lors de la pêche miraculeuse, l'évangile de Jean précise que le filet contenait cent cinquante-trois poissons. Si les apôtres, pour compter les poissons, se sont amusés à les aligner sur le rivage, ils ont pu dessiner un triangle en mettant un poisson sur la première ligne, deux sur la deuxième, trois sur la troisième, quatre sur la quatrième, et ainsi de suite. Le dernier poisson, le cent cinquante-troisième, aura été le dix-septième poisson de la dix-septième ligne. Les mathématiciens disent que 153 est le nombre triangulaire de 17. Or, précise l'évangile, malgré cette quantité, le filet ne s'était pas déchiré (Jean 21,11), il n'y a pas eu de schisme, alors que dans le récit de Luc, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer (Luc 5,6). Ici encore, l'unité est menacée, mais sauvegardée.
En se plaçant dans cette longue lignée de coïncidences mathématiques, Paul nous dit que rien ne pourra nous séparer de l'amour du Christ. Si même les dix-sept ennemis diviseurs se liguaient contre nous, rien ne pourrait briser l'unité. L'unité de l'Église a été mise à mal tout au long de son histoire, les chrétiens sont divisés entre eux, mais rien ne peut les séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus. Ce qui les unit au Christ reste plus fort que ce qui les sépare, comme l'avait demandé Jésus : "Que tous soient un !" C'est dans l'évangile de Jean, au chapitre 17. Mais ça, je vous accorde que c'est par hasard.
Fr François de Wavreumont le 30 octobre 25
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