Liturgie de la Parole 28e jeudi TO-I
Lectures : Romains 3,21-30 ; Psaume 129 ; Luc 11,47-54
Ouverture
Une drôle d’ambiance : Jésus est invité à prendre un repas chez un pharisien, mais il ne se comporte pas selon les convenances avec son hôte… Il se montre critique. Tout part du constat que lui et ses disciples ne se sont pas lavé les mains (n’ont pas fait les ablutions d’usage) en entrant. Voyant l’étonnement du pharisien, il enfonce le clou : il les plaint (« quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous vous attachez aux tout petits détails de la Loi, et même vous en faites plus, mais vous oubliez l’essentiel, qui est l’amour et la miséricorde… »). À table, il y aussi des docteurs de la Loi qui ont été invités. Ceux-ci sont offusqués par les paroles de Jésus et disent qu’ils se sentent également visés. Et Jésus d’en rajouter encore : « vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous n’y touchez pas… ». Vient alors le passage de l’évangile que nous allons entendre aujourd’hui.
Le passage de la lettre aux Romains ne sera pas non plus très facile à comprendre, mais ces deux lectures auront quelque chose en commun et s’éclaireront l’une par l’autre.
Résonances
Si nous partions de la lettre aux Romains pour tenter de comprendre ce que Jésus dit aux docteurs de la Loi ? Cette longue lettre de Paul commence par une réflexion théologique assez touffue, où Paul s’engage dans la thématique du salut par la foi. Paul s’adresse aux Romains, c’est-à-dire à des chrétiens d’origine païenne. Il réfléchit à la différence entre les païens et les Juifs et se demande si les Juifs ont un avantage. Comment cela résonne-t-il pour nous aujourd’hui ? Et d’abord, c’est quoi, le salut ? C’est quoi la foi ? C’est quoi pour vous ?
Nous observons, dans notre monde, beaucoup de situations difficiles, qui semblent désespérées. Nous nous demandons ce que nous pouvons faire pour que cela change. Nous nous sentons impuissants. Et nous nous demandons pourquoi Dieu (s’il est tout-puissant) n’intervient pas davantage.
Paul nous propose un autre mot : « justice ». Dans les 9 versets du passage que nous venons de lire, ce mot apparaît 9 fois ! Qu’est-ce que ce mot signifie pour nous ? Au sens biblique, la « justice » suggère qu’on est « ajusté » à la volonté de Dieu, au désir de Dieu. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’on est sans péché, sans erreur. On n’est pas « parfaits », mais « ajustés », on est autant que possible dans la vérité.
Souvent, on pense que le salut tient à nous, à notre façon de nous impliquer dans le monde pour que les choses aillent mieux. On se fabrique des règles, des lois, un code de conduite et on se dit qu’en y obéissant, on fera en sorte que tout aille mieux. Et surtout, on sera bien vu de Dieu, on sera « juste » à ses yeux. Mais la tentation est de faire de la Loi une idole. La tentation est de ne s’appuyer que sur soi. C’est une tentation, et aussi une cause de désespoir, car tôt ou tard on se rend compte qu’on n’y arrive pas ! On se met la barre trop haut !
Jésus reproche aux docteurs de la Loi de mettre la barre très très haut, croyant que c’est cela qu’il faut faire, mais du coup, d’enfermer tout le monde dans le désespoir… Ce que Jésus leur reproche est très grave : « vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés ». Redoutable responsabilité de ceux qui sont chargés d’enseigner !
Jésus (et Paul aussi) nous suggère que c’est tellement plus simple… Mais aussi tellement plus exigeant : le salut ne dépend pas de nous, et pourtant, nous avons quelque chose à faire : nous avons à nous y ouvrir, à l’accueillir. Et c’est cela, la foi. C’est accueillir la grâce que Dieu nous donne, le cadeau qu’il nous donne, ce qu’on appelle le « salut ».
Paul écrit aux Romains pour leur dire : ce n’est pas parce que vous n’êtes pas Juifs que vous ne pouvez pas être sauvés. Le salut, c’est d’être libéré de l’orgueil de croire que tout dépend de moi. C’est aussi ce que Jésus tente d’expliquer aux Pharisiens et docteurs de la Loi qui l’ont invité à sa table. Mais il faut être assez humble pour le comprendre.
Invitons le Seigneur à notre table et écoutons-le : il nous enseigne le chemin de la joie !
Sœur Marie-Raphaël le16 octobre 2025
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