dimanche 6 juillet 2025

Liturgie de la Parole 14e dimanche C

Homélie 

  L’été, les vacances, tant d’occasions de rencontres. Et le Seigneur nous indique un chemin très simple pour vivre la rencontre : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : Paix à cette maison. S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui; sinon, elle reviendra sur vous ». Dans tout lieu où vous irez, à toute personne que vous rencontrerez, portez la paix. Ne soyez pas colporteurs de rumeurs, transmetteurs d’angoisses et de mauvaises nouvelles. Soyez témoins et porteurs de la paix qui vient de Dieu !
  
  Cette paix est un don de Dieu, mais elle est aussi un choix, une culture. Et elle a un prix. C’est ce dont Paul nous parle : la croix. Cela signifie être capable de prendre sur soi. Car il y a des simili-paix comme on faisait à une époque du simili-cuir. Une paix qui résulte de l’équilibre de la terreur comme les nations semblent vouloir la rebâtir aujourd’hui, une paix qui naît d’une profonde ignorance mutuelle, une paix qui résulte d’un grand centrement sur soi au mépris des autres… tout cela n’est pas la paix de Dieu. Sa paix surgit du fond du cœur, et c’est là qu’il nous faut descendre pour la trouver. Cette descente nous impose de prendre notre croix, de prendre sur nous-mêmes une part de l’injustice de la vie. Sinon, notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens. « Les premiers franciscains s'opposèrent à l'injustice de leur temps en renonçant à tout pouvoir social, se dépouillant de leur statut social et prenant place, pauvres et sans pouvoir, aux côtés des vrais pauvres. La réponse minorite à l’oppression n’était pas de reprendre le pouvoir pour redresser les torts, mais d’avoir le courage d’ « absorber » en soi-même les coups d’un monde égoïste et violent, sans y répliquer par un geste réciproque ».[1] C’est la paix du combat gagné contre soi-même. Comme le disait le patriarche Athénagoras : « Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais maintenant, je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur. Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage ».
  
  Nous sommes également appelés à nous réjouir, à porter la joie ! « Réjouissez-vous car vos noms sont inscrits dans les cieux ». Nous vivons dans un monde chargé d’anxiété, de tristesse. Nos contemporains ont besoin que nous leur disions, que nous leur montrions que leur nom est inscrit dans les cieux, dans les profondeurs de Dieu. Leur faire « découvrir que sous le regard de Dieu, chacun trouve une raison de croire en lui-même, de s’aimer sans culpabilité et d’espérer une vie pleine et entière sous le signe du bonheur ».[2]
  
          Et pouvoir dire un jour, comme le fr Christophe :
  
                  Mon Christ,
                  Il n’y a rien de plus beau, je suis ton ami ;
                  il n’y a rien de plus vrai, je suis ton frère ;
                  Tu es mon Christ, il n’y a rien d’autre.
  

  Frère Benoît de Tibériade 6 juillet 2025-monastère d’Hurtebise

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[1] G. Lobrichon, recension de M. Cusato, La renonciation au pouvoir chez les Frères Mineurs au XIII e siècle, Thèse pour le doctorat soutenue le 9 janvier 1991 à l’Université de Paris-IV, dans Revue d’Histoire de l'Église de France, 1991, p. 319.
[2] J.-Fr. Gosselin, Sur la voie du désir… Dieu. La pensée d’Adolphe Gesché, Mediaspaul, 2025, p.18

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