mercredi 16 juillet 2025

Liturgie de la Parole 15e mercredi TO-I

Lectures : Exode 3,1-6.9-12 Matthieu 11,25-27

Ouverture

Le fil rouge des lectures de ce jour pourrait être le mot « révélation ». Dieu se révèle à Moïse au buisson ardent. Jésus proclame la louange du Père qui « révèle aux petits » les mystères du Royaume. Mais ce qui est révélé, ce n’est pas seulement quelque chose de Dieu, c’est aussi quelque chose qui concerne l’homme. Comme Moïse, nous sommes invités à faire un détour pour voir cette chose étrange : quel est ce Dieu qui brûle le buisson sans que le buisson ne brûle ? Quel est ce Dieu qui semble avoir tellement besoin de nous pour réussir son projet ?

Résonances

Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jethro. Il mena le troupeau au-delà du désert… Un midrash raconte que Moïse fut mis à l’épreuve par des moutons : alors qu’il paissait le troupeau de son beau-père, un petit agneau s’échappa. Moïse courut après lui et le vit s’arrêter dans un lieu ombragé pour boire. Moïse le prit sur ses épaules pour le ramener. Le Seigneur lui dit alors : « parce que tu as eu pitié d’un agneau en conduisant le troupeau, tu paîtras mon troupeau Israël ».
La révélation se fait progressivement. On dirait que Dieu guette le moment favorable. Il attire l’attention de Moïse par un phénomène étrange, il voit que Moïse fait un détour pour voir, il suscite sa curiosité et l’appelle en disant deux fois son nom : « Moïse, Moïse ». Il le connaît déjà. Il continue à le tester en lui disant : « retire tes sandales, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ». Pourquoi doit-il retirer ses sandales ? Des commentateurs y ont vu une marque de respect. Ou d’ascèse. Une ancienne tradition juive affirme même que l’ordre donné à Moïse de délier ses sandales signifie qu’il doit renoncer à la vie conjugale lorsqu’il est investi de sa mission. 
Pour ma part, je dirais simplement : retirer ses sandales, surtout en plein désert, est une chose dangereuse : on peut se blesser, être mordu par un serpent, que sais-je. C’est donc une posture de vulnérabilité. On marche avec prudence, quand on est déchaussé. On marche lentement, et on est peut-être plus attentif aux embûches du chemin. Et si Dieu dit que le lieu où il se tient est une « terre sainte », retirer ses sandales signifie qu’on entre en contact direct avec la terre sanctifiée, avec la sainteté de la terre, avec Celui qui rend cette terre sainte par sa Présence. Dieu demande à Moïse d’entrer en contact, peau sur peau, peau de ses pieds nus sur la peau de la terre, sacrement de la rencontre. Pour que ce contact puisse se faire, Moïse doit se défaire de ce qui le protège. Il est désarmé. C’est seulement alors que vient la révélation, et elle est surprenante. Moïse découvre que le Dieu de ses pères est un Dieu proche, un Dieu qui a « les deux pieds sur terre », un Dieu qui s’implique dans l’histoire des hommes, qui a un rêve magnifique, un rêve de libération de son peuple, et qu’il a besoin de lui, Moïse, pour réaliser son rêve. Le Dieu du buisson ardent est un Dieu rusé. Il nous attire et puis il nous envoie en mission. Une mission impossible ! Il commence par nous désarmer, et puis il nous donne pour toute arme l’assurance de sa présence : « je serai avec toi ! » Pas facile…
Dans l’évangile, nous assistons à un dialogue intime entre Jésus et son Père. Nous entrons dans l’intimité de sa prière de louange : « je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Cet évangile commence par « en ce temps-là ». Pour une fois, ce n’est pas un ajout du lectionnaire, mais c’est vraiment dans le texte. On peut comprendre : « à ce moment-là », « dans ce contexte-là », ce qui renvoie aux passages précédents. La suite de la phrase se comprend alors aussi dans ce sens : « tu as caché cela (ces choses-là) aux sages et aux savants et tu l’as révélé aux tout-petits ». C’est quoi, ce cela ? Si nous regardons les passages qui précèdent : il y a eu le chapitre 10, l’envoi des disciples en mission, qui se terminait par ces mots : « qui vous accueille m’accueille » … Puis il y a eu un passage concernant l’accueil (ou le non-accueil) réservé aux paroles de Jean-Baptiste, et puis le passage que nous avons entendu hier concernant l’accueil (ou le non-accueil) des paroles de Jésus par les villes de Bethsaïde, Corazine, Capharnaüm. Le contexte de la prière de Jésus est donc celui-là : une question concernant l’accueil de sa parole (ou de celle de ses disciples, ce qui est la même chose).
Sur ce point, nous revenons au buisson ardent. Moïse doit retirer ses sandales et toucher la terre nue pour accueillir la parole que le Seigneur lui adresse. Une parole qui est à la fois révélation et envoi en mission. Si nous voulons entendre la parole de Jésus, pas comme une parole superficielle, mais comme une parole qui nous touche, nous devons nous laisser toucher, retirer nos sandales, nous laisser désarmer. Alors, nous ne serons pas comme Bethsaïde, Corazine ou Capharnaüm, blindées dans leurs certitudes. Alors, nous serons comme les « petits » qui sont appelés à refléter le vrai visage de Dieu.

Sœur Marie-Raphaël 16 juillet 2025


Méditation de Sœur Renée du Carmel saint Joseph

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/matthieu-11-25-27-4/ 

Lecture Matthieu 11,25-27

Ô Toi l’au-delà de tout, Comment t’appeler
d’un autre nom ? Quelle hymne peut te chanter ?
Aucun mot ne t’exprime. Quel esprit peut te saisir ? Nulle intelligence ne te conçoit.
(Grégoire de Nazianze)
Béni sois-tu pour l’autre voix qui sait ton nom, qui vient de toi. (Cf. D. Rimaud)
Jésus, l’autre voix qui sait ton nom, nous partage le plus grand des secrets, nous ouvre le mystère étonnant qu’aucun sage et qu’aucun savant ne pouvaient approcher ni même pressentir. Dieu est Père, éternellement. Et ce n’est pas sa volonté de le cacher, mais bien notre incapacité radicale de le découvrir par nous-mêmes qui ne nous permet pas de prendre part à ce dévoilement. La quête est sans issue pour ceux qui cherchent avec les connaissances et la sagesse humaine. Et ce n’est pas au-delà de toute science, mais en-deçà. Oui, ce qui est révélé est un mystère d’abaissement, un Dieu pauvre et nu. Folie d’amour d’un Dieu que seuls les tout- petits peuvent accueillir et qui se laisse rencontrer. Ce rendez-vous là demande un cœur de pauvre.
Et Jésus prie : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté, tu le veux avec ta force douce qui conduit chacune de tes créatures vers toi. » Il dit encore : « Tout m’a été confié par mon Père. » Le Père lui-même s’en remet totalement à un autre et ouvre en son Fils un tout nouvel univers de relations. En cet Unique, nous voilà amenés à reconnaître que le Père est Seigneur, non parce qu’il s’impose, mais parce qu’il se donne et autorise l’autre à être pleinement, parce qu’il se retire pour que nous vivions et nous épanouissions en liberté.
Père, avec Jésus, nous proclamons ta louange !


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