Liturgie de la Parole 7e mercredi du Temps Pascal
Ouverture
[Nous entendrons aujourd’hui le même évangile que dimanche dernier (année B), mais] il entrera en résonance avec la lecture des Actes où Paul fait ses adieux aux anciens d’Éphèse. Il y a des points communs entre ces lectures, qui résonneront aussi avec notre aujourd’hui. [Il y a aussi des points de résonance avec le message de Saint Pacôme, dont nous faisons mémoire aujourd’hui.] En cette neuvaine d’appel à l’Esprit, laissons-nous instruire intérieurement par celui que nous invoquons.
Résonances
Points communs entre ces deux lectures.
Quand il s’adresse aux anciens d’Éphèse, lors de son escale à Milet, alors qu’il est en route vers Jérusalem, Paul sait que c’est la dernière fois. Il sait que l’épreuve l’attend, une épreuve qui risque fort de se terminer en martyre. Comme Jésus, il sait que son heure est venue. Ses paroles ont donc quelque chose de solennel. Il veut à la fois les encourager à tenir bon et les avertir que ce ne sera pas facile. Et surtout, il les confie à Dieu : v.32 : « Et maintenant, je vous confie à Dieu et à son message de grâce, lui qui a le pouvoir de construire l’édifice et de donner à chacun l’héritage en compagnie de tous ceux qui ont été sanctifiés. »
Les « discours d’adieux » de Jésus se terminent, au chapitre 17 de Jean, par une prière au Père. Ce n’est plus à nous, mais au Père que Jésus fait ses recommandations. Il demande au Père de veiller sur ses disciples : « Père saint, garde-les unis dans ton nom… ».
Dans les deux textes, il est question de la relation au monde des disciples de Jésus, une relation qui est annoncée comme difficile, mais qui ne peut être évitée.
« Le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde… » « je sais qu’après mon départ, des loups redoutables s’introduiront chez vous et n’épargneront pas le troupeau… ». Pourtant : « « je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais ». « Soyez donc vigilants », dit Paul…
Dans les deux textes, il est aussi question de sanctification. Dans le discours de Paul, les disciples du Christ sont désignés comme « ceux qui ont été sanctifiés ». Dans la prière de Jésus, celui-ci demande au père de les « sanctifier dans la vérité ». La sainteté n’est pas un état statique, mais une vie, dynamique, un mouvement, comme le mouvement de la sève dans le sarment, branché sur le cep. La notion de sainteté, dans la Bible, évoque une séparation. Pourtant, ici, Jésus dit clairement que les chrétiens ne sont pas « séparés » du monde, mais que la sanctification est leur chemin au cœur du monde. On pourrait dire qu’elle est comme un « bouclier » qui ne leur évite pas les épreuves, mais qui les protège…
La lettre à Diognète évoque ce rapport particulier des chrétiens avec le monde. Nous en avons lu un extrait dimanche dernier à Vigiles. « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par la façon de parler, ni par la façon de s’habiller… Ils n’habitent pas de cités qui leur soient propres… Et cependant, ils témoignent clairement d’une manière de vivre qui sort de l’ordinaire… »
Que dirait l’auteur de la lettre à Diognète s’il revenait aujourd’hui ? Le monde d’aujourd’hui est tellement différent ! Globalisation, intelligence artificielle, progrès immenses de la science, de la technique, questions éthiques graves, guerres, catastrophes, dérèglement du climat, et dans l’Église, crise de crédibilité … Et pourtant, les chrétiens sont toujours bien là, au cœur du monde, avec le bouclier de la foi et les flèches de la Parole… « Pour tout dire, ce que l’âme est dans le corps, voilà ce que les chrétiens sont dans le monde. Comme l’âme est diffuse dans tous les membres du corps sans pour autant être du corps, ainsi les chrétiens habitent le monde mais sans être du monde. Tel est le poste que Dieu leur a assigné et qu’il ne leur est point permis de déserter ».
Un peu comme le groupe d’italiens que mère Myrèse a rencontré dans le train. Leur comportement plein de douceur déteignait sur les autres…
On dit de saint Pacôme que c’est en voyant vivre les chrétiens qu’il s’est lui-même tourné vers la foi. Et après avoir vécu pendant un temps la vie d’ermite, il a voulu mettre les bases de la vie monastique communautaire, cénobitique. Le martyrologe nous précise qu’il était en cela « toujours soucieux de donner de la Règle son interprétation la plus humaine ». La vie monastique comme laboratoire de la vie chrétienne au cœur du monde ?
Prière
Père saint, entends la prière de ton Fils : garde-nous unis dans ton nom, garde-nous éloignés du Mauvais, sanctifie-nous dans la vérité. Puisque tu nous envoies vers le monde, donne-nous l’Esprit Saint : qu’il nous inspire le juste rapport au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, afin que nous puissions rendre témoignage à la vérité par la sainteté de notre vie.
Sr Marie Raphaël écrit le 15 mai 2024
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