jeudi 19 juin 2025

 Liturgie de la Parole 11e jeudi TO-I

Méditation 

Le « Notre Père ». Aujourd’hui, l’Église nous invite à reprendre conscience de la beauté de cette prière que Jésus nous a donnée, comme un héritage. Un jour, quelque part, ses disciples lui ont demandé une prière. Matthieu situe ce moment au cœur du sermon sur la montagne. C’est le cœur du cœur, le noyau dur, l’axe central de cet enseignement : Dieu est Père. Tout au long du sermon, il l’a répété sur tous les tons. Maintenant, il nous invite à le dire à notre tour. Le dire, le prier, pour intégrer au fond de notre être ce socle de notre foi.
Car notre façon de prier dit quelque chose de notre foi. « Dis-moi comment tu pries et je te dirai en quel dieu tu crois ». C’est vrai aussi dans l’autre sens : la façon dont tu pries va façonner en toi le regard que tu portes sur Dieu : ta prière façonne ta foi autant que ta foi façonne ta prière.
Si cela est vrai, c’est très fort de penser que la prière du Notre Père remonte à Jésus lui-même. En nous disant de prier avec ces mots-là, Jésus veut façonner en nous la foi en ce Dieu qu’il appelle « Père ».
Dans ce sens, on peut dire que le Notre Père est un symbole, tout comme le Credo est un symbole. C’est-à-dire un « objet » (ici un objet de paroles) extérieur, que nous partageons et dans lequel nous nous reconnaissons comme croyant en un même Dieu. Un signe d’appartenance, un signe de reconnaissance, qui nous fait dire : « ah oui, nous sommes du même corps ! »
Et ce qui est remarquable, c’est que ce symbole, nous pouvons le partager aussi avec nos frères juifs. Car c’est une prière typiquement juive. Et c’est aussi une prière très simple. Jésus l’introduit par ces mots : « quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés ». Et avant cela, il a dit aussi : « quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites. Ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient … » (évangile d’hier). De préférence, il faudrait se retirer dans une chambre solitaire et prier le Père qui est présent dans le secret. Mais quand on prie ensemble, il est bon d’avoir des mots communs, des mots qui font la communion autour d’une même foi.
Le Notre Père, c’est tout simple : un regard vers Dieu pour prendre acte de sa présence, le remercier, lui rendre grâce et souhaiter pour lui ce qu’il souhaite : que son Règne vienne. Puis trois demandes : le pain, le pardon et le soutien dans les épreuves inévitables de la vie. Tout est là.
Et de génération en génération, pour initier les enfants (ou les adultes) à la foi, on leur a transmis ces paroles. On les a déposées sur leurs lèvres pour qu’elles descendent dans leur cœur, pour mieux en remonter. C’est Jésus, c’est Dieu lui-même à travers Jésus, qui nous a donné ces mots pour le prier. Ainsi, cette prière a une dimension « sacramentelle ». Elle opère en nous ce qu’elle dit : elle nous transforme peu à peu en fils et filles de Dieu, elle nous conforme au Fils. Puissions-nous le vivre ainsi !

Sœur Marie-Raphaël


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