lundi 14 avril 2025

 Liturgie de la Parole Lundi Saint

Méditation

Évangile Jean 12, 1-11
En méditant sur le récit de Jean qui nous est donné d’entendre aujourd’hui, celui d’un événement rapporté de manière différente par les quatre évangélistes, je me demandais pourquoi il était si peu commenté.  Je les ai relus avec attention et l’attitude de Marie me touche quelle que soit l’expression puissante de l’amour qu’elle manifeste pour Jésus. Qu’est-ce qui dérange ? C’est pourtant tellement beau cette perception d’un amour vrai, celui de Marie qui hérite de l’âme de Jésus.
Dans le récit de Jean, il vient contrebalancer l’attitude de Judas qui est resté le cœur fermé par rapport à tout ce qu’il a entendu et vu de Jésus quand il le suivait sur le chemin. Le « je t’aime » qui crie au fond du cœur de Marie s’est mué chez Judas en « Je te haime ». C’est l’expression de Lytta Basset que j’avais lue dans son livre « aimer sans dévorer », et elle me paraît très adéquate. Je ressens ce passage de l’amour à la haine comme une sorte de glissement de terrain dévastateur et mortel.
Que se passe-t-il à table, à Béthanie dans cette maison de l’amitié où Jésus et ses amis sont invités ? Sans doute ont-ils été conviés pour fêter l’événement qui vient d’avoir lieu : la résurrection de Lazare, le frère de Marthe et Marie.
Marie prend une livre de parfum, du vrai nard d’un grand prix.  Inutile de préciser.  C’est l’expression d’un amour sans mesure.  Elle oint les pieds de Jésus et les essuie avec ses cheveux.   Remarquez qu’il n’y a pas de larmes. Les larmes c’était pour la mort de Lazare, des larmes qui par ailleurs avaient troublé et fait frémir Jésus aux entrailles.  Marie, elle a bien compris le message de Jésus : « Où l’avez-vous mis ? Déliez-le et laissez-le s’en aller. » Marie elle a déjà compris que le temps de la séparation peut être le temps du développement et du mûrissement en soi d’une présence toute différente.  Elle a vécu cette expérience où ce temps de la séparation peut devenir à la fois une désappropriation et un accueil à la vie.  Offrir à l’autre de se déployer pleinement et cela commence par lui rendre la liberté et la dignité auxquelles il a droit pour vivre et faire vivre. 
« La maison s’emplit de la senteur du parfum » Est-ce que ça sent bon le parfum de Dieu dans nos églises ?  Si ça ne sent rien c’est ennuyeux.  Quand on porte Quelqu’un au-dedans de soi, on est emparfumé, et le parfum, il ne se transmet que si j’en suis imprégné.   De toute évidence, la souffrance n’est pas bonne mais c’est le parfum, le nectar qui en sort qui est magnifique.
C’est toute la différence entre Judas et Marie et elle est terrible.  Judas est scandalisé, il est habité de forces obscures.  Il a oublié les bons moments vécus et ce qu’il a reçu. Il faut bien réaliser le décalage entre le geste d’amour « gratuit » de Marie et le « calcul mental » que fait cet homme.  Il est en train de s’occuper des pauvres alors qu’il ne les aime pas, il s’en fout. Le geste de Marie est inacceptable pour Judas. C’est du gaspillage.
Quand pourrons-nous comprendre que notre bonheur se trouve dans l’acte de se réjouir du bonheur de l’autre !
Que cette chapelle sente bon le parfum de Dieu, le parfum de Celui qui vous habite et vous fait vivre. Il s’agit de rendre Dieu heureux en étant heureux soi-même.
Bonne semaine Sainte.

Raymond


dimanche 13 avril 2025

 Liturgie de la Parole Dimanche des Rameaux année C

Homélie.

Cette dernière semaine de carême nous achemine de façon dramatique et émouvante vers le point culminant de notre foi : la résurrection de Jésus.
     Jésus entre à Jérusalem.  Il n’entre pas à pied comme un simple pèlerin.  Il est Seigneur et il vient vers le peuple comme un roi.  Par contre, il n’enfourche pas un cheval de guerre comme pouvaient le faire les rois de jadis.  Il s’assied sur un âne sur lequel personne ne s’était encore jamais assis.  Cela signifie qu’il est le premier souverain d’Israël à exercer la royauté de manière humble et non violente à la manière dont Dieu règne sur son peuple.  De la même manière après sa crucifixion, il sera mis dans un tombeau où personne n’avait été déposé.
     Nous venons d'écouter le récit de la Passion selon Saint Luc.  Ce texte insiste sur le regard : celui de Jésus sur Pierre après son triple reniement, celui des  amis et des femmes.  Elles regardaient l'endroit où on l'avait déposé.
     Alors, regardons, nous aussi.  Nous voyons des croix en de nombreux endroits le long des routes.  Ces croix, nous les voyons chez les enfants battus, chez les personnes licenciées suite aux faillites de leur entreprises, chez les malades qui dépérissent, chez les peuples exterminés.  Ces croix sont aussi plantées au cœur de nos vies quotidiennes.  Elles nous disent jusqu’à quel point Jésus a aimé les hommes et les femmes.
     Avant de partager la joie de Pâques autrement dit la victoire du Christ sur la mort, , nous sommes appelés aujourd’hui à partager le poids de sa croix toujours aussi lourde actuellement.

     Ab. Fd STREBER



Méditation pour le Dimanche des Rameaux

Le combat de Dieu

Les yeux fixés sur le Seigneur, entrons dans le combat de Dieu.
Ces mots, pour une part inspirés de la lettre aux Hébreux, nous servent de refrain invitatoire tous les matins de ces jours saints, ils ouvrent notre journée.
 
Entrons dans le combat de Dieu...
Ne nous trompons pas d’adversaire ! Contre qui Dieu combat-il ? contre qui devons-nous devenir ses alliés ? contre le mal qui écrase et opprime, contre le mal qui tue l’homme !
Pas contre l’homme !
 
Dieu, en son Fils Jésus, est venu nous le dire avec la force de sa faiblesse, nous le contemplons crucifié-ressuscité : il est venu prendre le parti de l’homme, résolument, définitivement.
 
Jésus en partageant notre condition humaine, nos chemins de joie et de peine, a lutté toute sa vie, pour Dieu et pour l’homme. Jamais il n’a accepté de prendre parti pour l’un contre l’autre. En lui humanité et divinité sont en parfaite alliance. Sans cesse ce fut un seul et même combat ! Celui de la vie.
 
En cette Semaine Sainte, nous pouvons reprendre le signe de la croix, et le méditer... Pourquoi avoir associé à la croix, les paroles « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ?
N’est-ce pas révélation suprême de l’amour des trois ? Du don de chacun en une unique offrande ? Jésus est crucifié ? Le Père l’est tout autant ! Jésus est livré ? L’Esprit l’est avec lui !
Entrons dans cette voie de l’amour jusqu’au bout ! Devenons avec Jésus, enfants du Père, habités par l’Esprit.
 
Jésus a pris notre humanité, devenons participant de sa divinité.

Sr Myrèse écrit le 1er avril 2012


jeudi 10 avril 2025

 Liturgie de la Parole 5e jeudi de carême

Lectures  Genèse 17, 3-9, Jean 8, 51-59

Introduction


Dans la Lecture du livre de la Genèse, Abram devient Abraham et ce récit nous raconte le jour où Dieu a fait alliance avec lui, avec nous. Dieu dit « voici l'alliance que je fais avec toi, tu deviendras le père d'une multitude de nations ».
Et cette alliance est éternelle, de génération en génération, entre Dieu et nous. Dieu est le Dieu sûr. Il ne revient pas sur ses promesses sauf quand il s'agit de punir, comme on l'a vu dans la lecture de jeudi dernier, il peut changer d'avis, preuve de sa grande miséricorde.
Dans l'évangile de Jean, Jésus parle aux Juifs. Il leur dit «si quelqu'un garde ma parole, jamais il ne verra la mort »...  Cela donne une occasion de plus aux Juifs de  dire à Jésus qu'il a un démon en lui, puisque même Abraham et les prophètes sont morts... Jésus leur répond « avant qu'Abraham fût, je suis »
« Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien, c'est mon Père qui me glorifie »...
A notre tour, glorifions Dieu en chantant les psaumes !

Méditation après l'évangile


Abraham a marqué notre histoire. Il a cru à la promesse que Dieu lui a faite, il a entrepris le voyage vers la terre promise... Il y a quatre mille ans ! Aujourd'hui, les promesses de Dieu sont faites pour chacune de nous et Dieu est avec nous à chaque étape de notre vie. Le désert est un lieu de passage et de purification. A l'intérieur de nous-mêmes, c'est notre désert, c'est le lieu de rencontre avec nous-mêmes et avec Dieu, dans le silence.
« Si quelqu'un garde ma parole, dit Jésus, jamais il ne verra la mort ». Les Juifs ne comprennent pas, ils sont scandalisés. Pour eux, Jésus est possédé par un démon.Tous les humains meurent. Même Abraham et les prophètes sont morts. Ils ne comprennent pas que Jésus appartienne à un monde plus haut qu'eux. Sa déclaration « avant qu'Abraham ait été, je suis »,( j'étais déjà), ces mots sont divins, cette déclaration montre la différence. Les Juifs n'acceptent pas les paroles de Jésus, ils  réfléchissent en humains, et comprennent que celui qui garde la Parole, vivra éternellement sur terre, et ils ne lui demandent pas d'explications. Pour eux, Jésus est simplement un homme. Ils s'opposent à lui, ils le trouvent dangereux, ils veulent donc le détruire en le lapidant ; pourtant, Jésus leur propose un chemin, une relation étroite avec lui mais ses paroles bousculent. Les Juifs, au nom de leur science, de leur connaissance de la Bible s'opposent à lui.
Ca arrive que ses paroles nous bousculent aussi, nous dérangent parce que nous les prenons au premier degré.
« Si quelqu'un garde ma parole »... Il ne suffit pas d'écouter. Le but, pour nous, c'est de faire ce qu'il propose, alors, nous recevrons tout en lien avec lui à condition de garder cette Parole, et de la laisser agir dans notre vie, nous interpeller.
« Jamais il ne connaîtra la mort » Cette promesse paraît impossible, lui aussi connaîtra la mort, alors de quelle  mort parle t-il ? N'oublions pas que notre vie éternelle ne commence pas à notre mort, mais qu'elle est déjà commencée, c'est dès maintenant qu'il faut la préparer en intégrant la Parole dans toute notre vie.« Si nous vivons en relation avec lui, si nous lui laissons une place dans notre quotidien,  si nous ramenons à lui ce que nous faisons, ce que nous subissons, ce que nous espérons, alors oui, nous ne voyons pas la mort, une autre vie est en nous, une vie qui donne la force d'aimer, de continuer à espérer, qui offre un nouveau possible »(J.L. Fabre )
En ce temps de carême, essayons d'entendre vraiment ce que Jésus nous dit.
 N'ayons pas peur de nous laisser bousculer par la Parole, il nous faut nous laisser envahir par elle, l'entendre et la garder.. « Amen, amen, je vous le dis » dit Jésus.


Invitation au Notre Père


Dieu nous a choisi(e)s, Il a fait alliance avec nous, prions-le en l'appelant Père.

Danièle


mercredi 9 avril 2025

 Liturgie de la Parole 5e mercredi de carême

Libérés pour aimer

Méditation

L’attachement à Dieu libère.
Libère du péché.
Libère de la peur.
Libère de la mort.
C’est ce que croyaient simplement, profondément,
Sidrac, Misac et Abdénago. [1]
Ils sont jetés dans la fournaise…
Mais ils n'y sont pas seuls :
Un quatrième marche avec eux.
Et le feu qui devait les consumer devient lieu de présence.
Lieu de lumière.
Lieu de salut.
 
Ils y marchent libres.
Libres d’aimer Dieu, quoi qu’il arrive.
Libres de ne pas céder à la peur.
Libres parce qu’ils n’appartiennent pas à Nabuchodonosor,
mais à Celui qui fait vivre.
 
Jésus parle d’une autre fournaise, plus discrète, plus cachée :
celle du péché.
Un feu intérieur qui déchire les liens avec Dieu,
avec les autres, avec soi-même.
Un feu qui isole, qui ronge doucement.
Pécher, c’est vivre coupé,
étranger à la source,
éloigné de la lumière.
 
Et Jésus parle de vérité.
« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
De quelle vérité s’agit-il ?
Pas d’un concept.
Pas d’une idée à débattre.
Mais une vérité intérieure qui se révèle doucement,
à celui qui cherche, qui écoute, qui se laisse regarder.
La vérité d’un Dieu qui aime.
Un Dieu qui m'aime.
La vérité de moi-même, tel que je suis, dans ce regard-là.
 
Le Carême est ce temps.
Ce temps où l’on accepte de s’approcher du feu,
pas pour en être brûlé,
mais pour y découvrir une présence.
Ce temps pour écouter en soi ses tensions, ses combats,
et deviner qu’une main est là, pour les apaiser.
 
Se laisser libérer, ce n’est pas seulement réaliser que Dieu agit.
C’est lâcher prise,
c'est accueillir ce qui se révèle,
c’est s’ouvrir à une vie nouvelle,
où je n’ai plus besoin de contrôler, de mériter, de me protéger.
Une vie où je peux aimer sans être retenu.
Aimer sans avoir peur de perdre.
Aimer sans m’attacher à moi-même.
 
Alors, dans ma propre fournaise,
je peux m’abandonner.
 
Et dans ce dépouillement, chanter.
Oui, chanter :
« Bénis sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères !
À toi, louange et gloire éternellement ! » [2]
 

Isabelle 9 avril 25

 Lectures du jour : (Daniel 3, 14-20, 91-92.95) – (Daniel 3, 52-56) – (Jean 8, 31-42)
--- Notes :
[1] Ce sont les prénoms hébreux des trois jeunes gens. En grec, on les appelle Ananias, Azarias et Misaël.
[2] Les versets de (Dn 3 52-57) (AT40) sont un chant d’action de grâces qui jaillit du cœur des trois jeunes gens, pour remercier le Seigneur de les avoir protégés par un tel miracle. La suite (v. 57 à 88; AT41) est consacrée à la louange de Dieu dans la Création. On les chante chaque dimanche à Laudes.


lundi 7 avril 2025

 Liturgie de la Parole 5e lundi de carême (année C)

Commentaire : Jean 8, 12-20

J’aime beaucoup ces quelques versets de l’Évangile de Jean où Jésus nous éclaire sur un aspect de lui-même, un de ses rayons du soleil pourrait-on dire : « Je suis la lumière du monde ».
Jésus ne se cache pas, il annonce qui il est et c’est sans ambiguïté. Il est l’expression la plus parfaite de Dieu, du Dieu de Moïse à qui il a dévoilé son nom : « Je suis » Partout dans l’Évangile nous découvrons et sommes touchés par l’un ou l’autre des rayons de sa personnalité manifestés sur la terre :
« Moi, je suis celui qui est ».
Je relève quelques rayons ou quelques facettes de sa personnalité.  Il dit :
- Je suis « la Porte » quand il n’est jamais dans l’exclusion de quelqu’un ; Je suis « la Résurrection et la Vie » ; Je suis « le Pain de Vie » ; Je suis « le Chemin, la Vérité et la Vie » ; Je suis « le Cep » ; Je suis « le Bon Berger » ; Je suis « le Fils » bien-aimé du Père ; et aujourd’hui, Jésus se présente en disant je suis « la Lumière du monde » qui remplit de sens la vie de ceux qui veulent le suivre en dépit de leurs imperfections.
Ses enseignements, sa vie sont une lumière qui éclaire toute notre existence, dans les bons moments comme dans les souffrances et les contradictions.
Nous pouvons toujours chercher à savoir comment Jésus traverse ces situations de la vie, que ce soit dans nos relations aux autres, dans notre relation à son Père et notre Père ; nous demander comment vivre au travail ou nos missions propres ; comment appréhender nos joies et nos peines. Chercher à savoir, et plus encore à connaître, c’est très excitant.
On vit dans un monde d’illusions, de promesses illusoires.  Il y a cette invitation à être dans une attitude de recherche, à être branché sur un autre réel, une autre réalité qui met constamment la foi en œuvre. Jésus plonge son cœur, son regard, son intelligence dans celle de son Père.  Sa foi en son Père est un mouvement intérieur très actif.  Là où je suis atteint par un une de des facettes de Jésus, un de ses rayons qui éclaire le monde, je découvre le royaume de Dieu.  Là où la lumière n’arrive pas dans le monde c’est le monde où il y a les ténèbres, la soif, le mercantilisme…un monde plein de compromissions dans lequel je me contente de survivre.
Je suis dans le tunnel, dans la nuit. Jésus me dit : « Je suis la lumière ».  Quand je ne sais plus où je vais, j’entends et je regarde Jésus Lumière.  Il veut que nous trouvions notre identité dans la sienne. Et pour cela, il n’arrête pas de nous parler : « Pour aller où je vais, vous savez le chemin… personne ne va vers le Père sans passer par moi » « Là où je suis, je veux que vous soyez vous aussi ».  « Il y a longtemps que je suis avec vous et vous ne me connaissez pas. Celui qui me voit, voit le Père. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi et moi en vous. Si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres que je fais. Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes enseignements et quand vous demanderez quelque chose en mon nom, moi je le ferai. »
Jésus, lumière du monde a toutes ces paroles lumineuses, bien d’autres encore, pour nous éclairer, éclairer notre chemin de vie. Oui, la lumière de l’Évangile éclaire un chemin qui contraste complètement avec l’obscurité du monde. Ce chemin est celui de la vérité et de l’Amour, il n’est pas une religion et encore moins une morale. Il est une Personne : « Moi, je suis… et celui qui me suit aura la lumière de la vie ». Parfois, souvent, quelquefois, nous sommes des pharisiens qui contestons les paroles de Jésus. Quand ses paroles sont irrecevables cela revient à dire que Jésus lui-même n’est pas reçu.
Or, tous ces « Je suis » de Jésus ont quelque chose à voir avec nous-mêmes et si Jésus les a dits c’est pour que nous les fassions nôtres.
La question que je nous laisse à méditer c’est :
Où j’en suis moi aujourd’hui ? Où est venu se loger le monde en moi ?

Raymond 7 avril 2025


samedi 5 avril 2025

 Liturgie de la Parole 4ème samedi de carême, 5 avril 2025

Méditation

Si quelqu’un vient vous dire quelque chose de sensé qui vous remet en question, la meilleure façon de vous en débarrasser est de le tourner en ridicule. Et si cela se fait en public, c’est encore plus fort. Aujourd’hui, ce genre de scène peut faire le tour du monde en un instant grâce aux réseaux sociaux. Aujourd’hui, la formation de l’opinion du public joue à fond sur ces mécanismes de polarisation (pour ou contre) et de prise de position émotionnelle, ne tenant plus compte de la vérité, du bon sens, de la vérification.
Aujourd’hui, à la fin de l’évangile, nous entendrons quelqu’un de courageux qui essaie de s’opposer à l’opinion imposée par les plus forts. Nicodème…
Le chapitre 7 de Jean : un long chapitre qui se déroule sur une semaine : la fête des Tentes. On peut le lire à partir de plusieurs fils rouges : la question de « l’heure » de Jésus (« son heure n’était pas encore venue »), la prudence de Jésus et sa façon de sortir de l’ombre très progressivement, la façon dont se forme l’opinion à son sujet, le rôle des influenceurs, le rôle de Nicodème qui intervient tout à la fin du chapitre.
Jésus parle de plus en plus ouvertement. Les discussions à son sujet sont, elles aussi, de plus en plus ouvertes, les objections se font dès lors aussi de plus en plus virulentes… et de moins en moins rationnelles.
Je me pose la question : que vient faire Nicodème dans ce récit ? Que se serait-il passé s’il n’avait pas parlé ?
Seul l’évangile de Jean parle de Nicodème : à trois places : au chapitre 3 (long dialogue avec Jésus, de nuit), ici, et au chapitre 19, lors de la mise au tombeau. Nicodème nous est sympathique, parce que nous lui ressemblons. Il se pose des questions, il est dérouté et séduit, mais il n’ose pas sortir de l’ombre tout de suite. L’évangéliste ne nous dit pas pourquoi : nous pouvons donc combler ce vide narratif, en imaginant le débat intérieur qui doit être le sien et qui grandit au fur et à mesure du récit. De Nicodème, nous savons qu’il était un pharisien et un notable parmi les Juifs (Jn 3, 1). Ici, le narrateur prend la peine de préciser encore qu’il était « l’un d’entre eux » (un pharisien).
Je reviens à ma question : que se serait-il passé si Nicodème n’avait pas parlé ?
Parce qu’il est pharisien, il ouvre une brèche dans la conscience du bloc hermétique que forment les grands prêtres et les pharisiens. Il ne s’oppose pas, il ne fait que poser une question, il est prudent, mais parce que sa question est pleine de sens et que les autres s’en trouvent déstabilisés, ils le ridiculisent pour le faire taire. Qu’est-ce que ça change ?
- Ça change pour lui, parce que s’il n’avait rien dit, il n’aurait pas été humilié, mais le fait d’avoir connu cette humiliation va le faire évoluer : ce choc va peu à peu le transformer de l’intérieur et l’aider plus tard à sortir de l’ombre.
- Ça change pour le groupe des Pharisiens, qui est désormais fissuré… et qui va se trouver devant la tentation de se durcir…
- Ça change pour les simples gens qui sont témoins de cela et pour qui c’est important de voir que même un Pharisien est capable de se remettre en question.
- Ça change pour Jésus, c’est peut-être une consolation pour lui, un signe d’espérance. Je pense qu’il aime Nicodème, tout comme il a aimé le jeune homme riche. Mais son heure (celle de Nicodème, la sienne) n’est pas encore venue.
- Qu’est-ce que ça change pour nous, pour moi ? Comment est-ce que je me fais une opinion ? Qu’est-ce qui domine en moi ? La peur de la persécution ? La peur du ridicule ? Ou le courage de la nuance ?
L’évangéliste nous donne la figure de Nicodème pour nous aider à cheminer dans ces questions.

Sr Marie Raphaël


jeudi 3 avril 2025

 Liturgie de la parole 4e Jeudi de carême

Lecture Exode 32, 7-14, Jean 5, 31-47

Introduction

Dans le livre de l'Exode, Dieu veut exterminer son peuple corrompu, mais Moïse prend la défense du peuple qu'il a fait sortir d’Égypte. Il dit à Dieu « Souviens-toi de tes serviteurs Abraham et Isaac. Tu leur as promis une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel... » Alors, le Seigneur renonce au mal qu'il avait voulu faire à son peuple.
L'évangile est de saint Jean. Saint Jean, c'est l’Évangéliste qui nous invite à la foi. Par ce texte, il nous invite nous aussi à nous remettre en question.
Jésus explique aux pharisiens qu'il a un témoignage plus grand que Jean-Baptiste. Ce ne sont pas des témoignages qui viennent des hommes,  parce que ce sont ses œuvres qui témoignent qu'il est envoyé par le Père. Rendons-lui grâce en chantant les psaumes !

méditation après l'évangile

Jean  c’est donc l’évangéliste qui nous invite à la foi « en esprit et en vérité » dit Myriam de Gemma.  Comment réagissons-nous devant les signes donnés par Jésus? Il y a plusieurs possibilités.                      
* Soit, comme les Juifs, nous refusons en bloc, « il a perdu la tête »disent les membres de sa famille.
*  - Soit, on se pose des questions, effectivement, c'est un homme extraordinaire, un exemple à suivre... et ça s'arrête là.
* soit on va plus loin et on se dit « cet homme, ce Jésus a à voir avec ma propre vie.
Les Juifs avaient besoin de témoignages humains pour valider leur foi en ce que disait Jésus mais Jésus leur dit que ses œuvres, ses miracles sont là pour prouver qu'il est vraiment l'envoyé de Dieu... Accueillir le Christ, c'est quand on comprend que tous ces signes sont des façons de frapper à notre cœur mais « le laisserons-nous entrer » ? C'est la foi seule qui ouvre notre porte intérieure. Jésus dit alors clairement aux Juifs qu’ils sont dans l’erreur, car s’ils scrutent effectivement les écritures, ils ne savent pas la recevoir. En fait ils la limitent à leur compréhension, et peut être même que certains s’en servent pour justifier leur propre comportement alors que celui-ci n’est pas réellement à la gloire de Dieu mais à leur propre gloire !   Et Jésus se montre ferme; en leur disant que c’est la parole elle-même, dont ils se servent pour leur gloire , qui sera source de vérité et de jugement lorsqu’ils paraitront devant Dieu. Moise et les prophètes ont annoncé sa venue, pourtant les juifs refusent de le reconnaitre de l’accueillir, ils le refusent tellement qu’ils le condamneront et le crucifieront !
On pourrait regarder ces juifs, du haut de notre foi, de notre jugement, mais et nous ?Nous voyons les œuvres de Jésus dans l’évangile, nous le voyons aussi à l’œuvre dans nos vies, et pourtant, nous restons parfois rivés sur des pratiques rituelles extérieures, sur notre conception personnelle de Dieu, comme si nous le connaissions totalement  alors que nous ne le connaissons qu’en partie.Aujourd’hui le Seigneur nous invite à le contempler plus près, à le laisser irradier notre esprit de sa lumière et à le laisser se saisir de notre cœur, afin que nous puissions le reconnaitre tel qu’il est et non seulement tel que nous le pensons. afin que nous puissions vraiment vivre de sa vie, et de son amour. Mais allons-nous oser ce pas ?
*
Comment pouvez-vous croire en mes paroles ?   Dit Jésus. Cette question nous concerne toutes et tous, Comment croire en ses paroles ? Et bien en suivant le conseil de Jésus, scruter les écritures ! Ce sont elles qui rendent témoignage. Scruter les évangiles à la lumière de l'Ancien testament fortifiera notre foi et donnera une lumière nouvelle à notre vie d'enfant de Dieu 
Invitation au Notre Père
Jésus nous a appris comment prier, enfants de Dieu, nous pouvons l'appeler Père

*Le texte en italique est tiré d'un commentaire de Myriam de Gemma, oblate passioniste d'une fraternité à Tahiti

Danièle


lundi 17 mars 2025

 Liturgie de la Parole 2e lundi de Carême

Accueil : Daniel 9, 4-10

C’est déjà la deuxième semaine de carême, ce temps de remise en question qui nous est proposé pour un changement important dans nos manières de penser, de vivre et agir. C’est-à-dire, adopter des comportements en adéquation avec ce que les prophètes et Jésus nous révèlent dans les Écritures.                                                                                  

Je ne considère pas qu’il s’agisse de leçons de morale mais bien d’un éveil et une attention bienveillante de quelqu’un qui tient à nous, qui a le souci de notre bonheur parce qu’il nous aime.
Ceci dit, que ce soient les prophètes ou Jésus, ils ont besoin de notre collaboration.
Dans la première lecture, le prophète Daniel propose un chemin de conversion qui honore l’homme en le rendant libre et responsable : Il s’adresse au Seigneur par une prière et une confession :  
- Il reconnaît que Dieu est fidèle et garde l’alliance avec ceux qui l’aiment et observent ses paroles de vie.
- Notre part consiste à reconnaître nos fautes mais aussi la justice de Dieu quand nous éprouvons de la honte à cause de nos fautes, à cause du péché des hommes.
- Daniel reconnaît en Dieu la miséricorde et le pardon. Nous avons cette chance de pouvoir implorer la miséricorde et le pardon du Seigneur.
Nous verrons que Jésus, dans l’Évangile de Luc, nous éclaire par rapport à une perception de Dieu plus ajustée et nous précise les comportements à adopter.


Commentaire : Luc 6, 36-38

Après avoir entendu le prophète Daniel, je vous invite à écouter le neuf apporté par Jésus dans l’Evangile.
Pour Jésus, le Seigneur n’est pas le Dieu grand et redoutable envers qui nous implorons la miséricorde. Pour Jésus, Dieu est un Père qui est miséricordieux. C’est un état : Il est. Et sur ce plan, nous pouvons être rassurés.
Ce que Jésus nous demande, ce à quoi il nous invite, c’est d’adopter le comportement miséricordieux de son Père : « Soyez miséricordieux » c’est-à-dire, ayez un cœur disponible, ouvert, qui s’incline avec bienveillance et compassion sur notre misère et sur celle des autres. Sur la misère humaine plus globalement.                                                                        

 Cette miséricorde de Dieu est sans mesure puisqu’elle va jusqu’au pardon, autrement dit un don de vie au-delà de nos fautes, de nos iniquités, de nos péchés multiples et divers.
Comment cela nous est-il possible ?
Jésus nous donne des clés d’accès à la miséricorde.  C’est une règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on fasse pour toi (juger, condamner) et réciproquement, faire à autrui ce que tu voudrais que l’on fasse pour toi (pardonner)
Je vois deux attitudes fondamentales nécessaires : Le goût de la vérité sur soi et l’humilité face à soi-même et face aux autres.
Il y a quelques jours, j’écoutais une maman dévastée par l’annonce d’une condamnation à 30 ans de prison pour son fils.  La miséricorde et le pardon ne consiste pas à balayer d’un revers de la main une faute commise, à ignorer l’iniquité mais il s’agit :
- d’écouter la blessure et la douleur vécues par cette maman.
- Reconnaître aussi la blessure et la douleur de l’entourage des victimes.  
- Finalement, pour celui dont c’est la mission, écouter et accompagner ce fils reconnu coupable en accueillant qu’il reconnaisse, pas après pas, ses parts d’ombre, ses parts sombres pour l’aider à éveiller et découvrir en lui cette autre part indestructible d’un amour auquel il ne croyait pas.
Miséricorde et pardon nous dépassent.  Ce sont les doigts d’une main tournée vers Dieu comme une offrande. Ce qui apparaît alors, c’est la miséricorde et le pardon d’un Père dont l’alliance avec nous est indéfectible. La miséricorde et le pardon sont des grâces versées dans le pan de notre vêtement.  C’est sans mesure puisque Dieu ne sait pas compter paraît-il. Mais versées de manière bien pleine, tassée, débordante. Cela se manifeste, j’en suis sûr,  par la paix et la joie qu’elles suscitent.

Invitation au Notre Père :

A l’invitation de Jésus, en toute confiance, adressons notre prière à Dieu, notre Père plein de miséricorde et de tendresse pour nous.  Notre Père…

Raymond 17 mars 2025


samedi 1 mars 2025

Liturgie de la Parole, 1er samedi de carême - 1er mars 2025

 Méditation

 La dernière phrase de l’Evangile d’aujourd’hui me pose toujours question. Comment mieux saisir la portée de cette perfection demandée par Jésus ? Je me suis appuyée sur le commentaire du Père Jean Radermakers1et sur le Vocabulaire de Théologie Biblique2 (VTB)
Dans l’Ancien Testament « on ne qualifie pas Dieu de « parfait » : en hébreu, le mot ne s’applique bien qu’à des êtres limités. » (VTB).
« Outre le sens d’intégrité physique (cf. les règles sur le pur et l’impur) et morale requise de ce qui est consacré à Dieu, la perfection prend aussi celui de la fidélité à l’observance de la Loi (cf. la « béatitude » du Ps 119,1). » (J. Radermakers)
« Mais si la pratique de la Loi prétend se refermer sur elle-même, elle n’est plus qu’une fausse perfection et suscite l’opposition irréductible de Jésus.
… En révélant pleinement que le Dieu très saint est un Dieu d’amour, Jésus donne à l’exigence de perfection que suscite le rapport avec Dieu une nouvelle orientation. » (VTB) « La conjonction « comme », en effet, n’évoque pas ici seulement la ressemblance ; le sens de la phrase est à peu près « Vous donc, soyez parfaits de la perfection même de votre Père céleste ». (J. Radermakers) « Il ne s’agit plus d’intégrité à préserver, il s’agit des dons de Dieu, il s’agit de l’amour de Dieu, à recevoir et à répandre.
Jésus ne s’aligne pas sur les « justes » qui fuient le contact des pécheurs : c’est pour les pécheurs qu’il est venu… Qui veut profiter du salut qu’apporte Jésus doit donc se reconnaître pécheur et renoncer à se prévaloir d’aucun avantage personnel, pour ne se confier qu’en sa grâce. Sans l’humilité et le détachement, on ne peut suivre Jésus. » (VTB)
Alors cette invitation à être parfaits comme notre Père céleste est parfait est pour des pécheurs ! Ce n’est pas une perfection de perfectionniste, à la force du poignet. La perfection à laquelle sont appelés les enfants de Dieu est celle de l’amour. « Le contexte de Matthieu parle de charité universelle, d’amour étendu même à l’ennemi et au persécuteur. » (VTB) Cet amour interpelle : « Lorsqu’on voit apparaître un amour universel, on est curieux d’en découvrir la source ». (J. Radermakers)
« Le chrétien doit, certes se garder du mal, mais pour ressembler à son Père, il doit en même temps se soucier du méchant, l’aimer et, quoiqu’il lui en coûte, « vaincre le mal à force de bien » (Rom 12,21 ; 1 P 3,9). …les disciples de Jésus ont toujours à progresser, à croître dans la connaissance et dans l’amour (Ph 1, 9) » (VTB)

Devant cette perfection à laquelle Jésus appelle ses disciples, je me sens pauvre et incapable. Mais la perfection n’est pas notre œuvre, c’est celle de Dieu en nous et par nous. En ce temps de carême, ouvrons-lui d’avantage notre cœur et demandons-lui de nous transformer selon son amour.

 Introduction au Notre Père

 Jésus nous a aimés jusqu’au bout et nous offre de vivre en nous et avec nous cet amour pour tous, même quand cela nous semble impossible. Par lui, avec lui et en lui, prions le Père.

 Sr M Christine

Notes:
1 Jean RADERMAKERS Au fil de l’évangile selon saint Matthieu. Edition Institut d’Etudes Théologiques. Bruxelles 1972 tome 2 lecture continue p 94-96
2 Vocabulaire de Théologie Biblique. Editions du Cerf. Paris, 1977 (VTB article « perfection »)

samedi 22 février 2025

 Liturgie de la Parole 22 février 2025 fête de la chaire de Saint Pierre

Commentaire : Matthieu 16, 13-19

C’est à Césarée de Philippe que cet événement a eu lieu : 40km au Nord du Lac de Galilée, au Source du Jourdain.  Une superbe cascade d’où jaillit une eau vive !  J’ai pu la voir en 1998. Cela m’interpelle que ce soit là qu’a lieu la révélation de qui est Jésus pour Pierre, là où coule la Source. C’est un moment important.  Marc et Matthieu nous le rapporte.
La question peut paraître surprenante : « Que dit-on de moi, qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? »
Jésus se dit lui-même Fils de l’homme. Mais pour vous qui suis-je ? Jésus est certainement conscient de cette réalité humaine mais il est aussi conscient d’une réalité qu’il fait apparaître et qu’il nous donne à voir.  De la bouche de ses disciples, Il entend d’ailleurs ce que les gens disent de lui et ce n’est pas peu de chose : Jean-Baptiste, Élie, l’un des prophètes…. Mais ce qui intéresse Jésus, ce n’est pas ce qu’on dit, ce que disent les gens, mais vous, toi personnellement, qu’est-ce que tu dis de moi ?
La réponse de Pierre est totalement inattendue : « Tu es le Christ (le Messie attendu) le Fils du Dieu vivant » Clairement impossible de dire cela par soi-même, même aujourd’hui.  Il faut que cette identité nous soit révélée. C’est ce que dit Jésus à Pierre.
Comment pourrions-nous affirmer cette réalité pour nous aujourd’hui ?
Nous sommes faits d’une argile fragile et largement fissurée. Ce sont des portes d’entrées béantes par lesquelles s’insinue l’Esprit.  Mais attention, il y a l’Esprit du mal qui cherche à nous pénétrer et qui trouve facilement sa place, il ne faut pas le nier,  et il y a l’Esprit de Dieu, l’Esprit de discernement, de Sagesse qui nous est donné à entendre à travers la Parole et la vie de Jésus.   Soit nous l’accueillons, soit nous nous laissons aller à la tentation offerte par le malin. Quand nous prions, quand nous invoquons le nom de Jésus, nous faisons barrage aux puissances du mal.  Je dis puissances car nous savons combien le mal est puissant chez nous et dans le monde. Cette réalité existe depuis que le monde existe.
Il ne faut pas spéculer. Notre temps sur la terre c’est le temps où je prends des décisions responsables.  Il y a un vivre avec Dieu.  Ce qui importe, c’est la proximité qui fait voir la vie autrement, qui fait qu’une bonté arrive.  Qu’est-ce qui brille dans les yeux de nos enfants, de ceux que j’aime et même dans les yeux de ceux que je rencontre et que je ne suis pas porté à aimer naturellement ?  C’est la transmission d’une bonté, un regard de bonté.  S’il n’y a pas la rencontre !  
Pierre est la pierre de fondation posée sur le roc qu’est le Christ, sur laquelle va être bâtie l’Église.  C’est quoi l’Église ?  Il y a ceux qui croient qui sont dedans mais qui sont dehors et il y a ceux qui se disent dehors et qui sont dedans. Il s’agit d’être une lampe allumée, de vivre de l’Esprit de Jésus et d’être en relation. Jésus nous révèle que Dieu est notre papa.  S’il n’y avait pas eu les paroles humaines de Jésus, je ne connaîtrais pas l’expression divine de Dieu.  Je n’ai donc que la médiation de la vie de Jésus pour connaître Dieu : Qui me voit, vois mon Père.  Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera.  Je ne dis rien qu’il ne m’ait dit.  Je fais exactement ce que dit mon Père, vous aussi faites de même.
Si nous accueillons Jésus dans ce qu’il dit et ce qu’il fait, il y a quelque chose qui apparaît au fond de notre cœur. A Noël, Vivre est apparu, et cette vie se déploie en nous quand nous l’accueillons.       Nous lisons les événements de notre vie et du monde avec un autre regard, un regard neuf, celui que Jésus pose sur nous.  De manière inattendue, ce qui apparaît c’est la joie, un bonheur surprenant surtout quand les événements ne portent pas vraiment à se réjouir. C’est à mon avis ce bonheur et cette joie perçues et vécues qui nous permettent de croire à cette affirmation de Pierre.
En ces jours où l’inquiétude est grande sur la santé du pape, portons-le dans notre prière et rendons grâce pour le service qu’il vit dans la lumière et la force de l’Esprit-Saint.  Laissons-nous toucher et convertir pour prendre notre part de la mission de l’Église au service de toute l’humanité.

Raymond 22 février 25


samedi 25 janvier 2025

 Liturgie de la Parole fête de la conversion de saint Paul 25 janvier 2025

Accueil 

Nous clôturons aujourd’hui la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens.  Le moment est bien choisi pour évoquer  la conversion de Paul, récit  qui nous est proposée à entendre et méditer.
L’unité passe par une forme de tolérance, d’acceptation et d’accueil de la différence. Et cette différence se marque notamment au niveau des croyances.
En prison je côtoie des chrétiens catholiques, protestants, orthodoxes et aussi des musulmans, des juifs et des laïcs. La plupart se disent non-pratiquants mais se revendiquent d’une religion.
Avec bonheur, je découvre tous ces hommes et ces femmes avec leurs différences de culture.  
Pour vivre l’unité, un chemin de conversion s’impose à chacun, à moi en premier.  J’apprends à travers les visages et les regards, les partages aussi, à découvrir les chemins vers l’unité, les chemins du possible.  Cette forme d’humanité est une expérience de fraternité.
Nous écouterons le récit de la conversion de Paul et nous comprendrons de quoi il s’agit. Lui qui a entendu la parole d’Étienne et vu sur son visage la lumière du Christ, il a été complètement retourné.
Prions les psaumes et que Dieu nous dévoile sa face sur les visages de nos frères et sœurs.

Commentaire :  Actes des Apôtres 9, 1-22

 « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
« Qui es-tu Seigneur ? »
« Moi, je suis Jésus que tu persécutes ».
Saul a été bouleversé par le spectacle de la mort d’Etienne.  Quand il fait route pour Damas, nul doute que la vision de la mort d’Etienne travaille, fait son œuvre dans le cœur de Saul.
La mort d’Etienne comme celle de tous les martyrs ne sont pas des échecs. Les martyres sont la victoire de Dieu.
Saul est devenu Paul, c’est-à-dire « celui qui a été obtenu par la grâce ».
Impressionnant tout ce travail de la grâce au-dedans de nous ! Tous nous pouvons voir ces moments de grâce dans nos vies, ces éclats de lumière qui bouleversent nos vies d’hommes et de femmes.
Pour Ananie aussi, Dieu fait grâce.  Cet homme est envoyé vers son bourreau, vers Paul le persécuteur.  Ses peurs bien légitimes il les adresse à Dieu puis il obéit. Il fait confiance à la parole de Dieu qui lui est adressée et il part à la rencontre de Saul.
A Abraham Dieu avait dit : « Va vers le pays que je te montrerai », il lui fait une promesse et Abraham obéit dans la foi.
A Ananie Dieu dit : « Lève-toi et va à la rencontre d’un homme nommé Saul de Tarse » et il lui fait cette promesse : « Va car cet homme est un instrument que je me suis choisi pour porter mon nom devant les nations et les rois et les fils d’Israël ».
A chacun de nous Dieu dit « Va »,  Va vers ta vie, l’inconnu, l’imprévisible de ta vie et il nous fait la promesse d’une bonne nouvelle que nous sommes conviés à entendre et à vivre.
Ce qui me touche et que je vous partageais pour introduire sur le chemin de l’unité, c’est le chemin d’Ananie.  Ananie va déployer la plus grande grâce qui soit.  C’est la grâce de la fraternité qui fait de nous des frères.  Il entre dans la maison où est Saul, il lui impose les mains et lui dit : « Mon frère ».
Cette manière de nommer, c’est consentir à ce que l’autre ait la même origine que moi.
« Je suis celui que tu persécutes » disait Jésus qui s’identifiait à Etienne et tous les autres.  Le visage de l’homme est le visage du Christ.
Celui qui est apparu à Saul sur le chemin de Damas est celui qui marche sur tous nos chemins.  Qu’ils soient faits de violence ou de n’importe quoi, c’est toujours le chemin sur lequel marche Jésus.
Quelque soit la situation dans laquelle on se trouve, il n’y a rien qui ne soit « Pro-vie-d’en-ciel »


Invitation au Notre Père

Adressons notre prière à Dieu.  Qu’Il envoie dans nos cœurs son Souffle Saint, l’Esprit d’amour et de vérité, l’Esprit de cohérence dans nos paroles et nos actes.

Raymond 25 janvier 2025


samedi 4 janvier 2025

 Liturgie de la Parole Épiphanie

Avec les mages, porte à Dieu tes présents
 

Méditation: La fête de l’Épiphanie

Quand on dit « Épiphanie », on pense aux Rois Mages qui ont suivi une étoile mystérieuse et ont adoré Jésus, l’Enfant-Dieu couché dans la crèche ; on pense aussi à la galette des Rois, voire à la fève qui se cache au cœur du gâteau…
Mais qu’est-ce que cette visite des Mages change à notre foi ? Car une fête chrétienne qui ne rejoindrait pas les croyants du 21e siècle serait sans intérêt…
Le mot « Épiphanie » est un mot grec qui signifie « manifestation » : c’est la manifestation de Dieu aux étrangers, c’est-à-dire aux non-Juifs… Pour l’exprimer, des Mages, selon la tradition biblique (Mt 2), ont apporté trois présents à l’Enfant Jésus : l’or, l’encens et la myrrhe. Ces cadeaux sont des symboles : l’or était destiné au roi ; l’encens, hier comme aujourd’hui, rend honneur à Dieu ; la myrrhe servait à ensevelir (Jn 19, 39).
Ainsi, par cette offrande, les Mages attestaient que Jésus était à la fois roi, Dieu et vrai homme, puisqu’il devra mourir. Ils annonçaient en quelque sorte son destin…
Et pour nous qui sommes en chemin, que veut dire ce récit ? En quoi est-il Bonne Nouvelle (Évangile) ? Qu’est-ce que ce voyage parcouru par quelques Mages de Perse il y a deux millénaires peut nous apprendre ?
Il est en fait possible de retrouver ces trois cadeaux en notre vie, que l’on soit consacré ou non, marié, célibataire, prêtre, religieux ou religieuse, âgé ou jeune…
Ces trois cadeaux, nous pouvons, nous aussi, les offrir à Jésus !
L’or n’est pas seulement un métal de valeur, mais il représente aussi notre œuvre : le bien réalisé, nos projets, notre travail, nos réussites. L’encens symbolise ce que nous adressons à Dieu : notre prière, qu’elle soit prononcée tout haut ou tout bas, dans une église ou dans le métro, ce sont aussi nos chants, notre méditation des Écritures. En somme, tout ce que nous faisons pour Dieu. Quant à la myrrhe, elle est le symbole de nos épreuves, de nos souffrances, de tout ce qui est lourd dans nos vies… Cela aussi, nous pouvons le lui confier.
Ainsi, dans le sillage des Mages, chacun(e) de nous peut déposer devant l’Enfant tout ce qu’il est, là où il est !
Et Jésus, de la mangeoire où il repose, l’accueillera avec ses présents et lui offrira, qui sait, de reposer avec Lui… Il doit faire bien bon, tout près du Fils de Dieu !
Belle fête de l’Épiphanie à chacun(e)…

Sr Marie-Jean écrit le 3 janvier 2015