(SMJn Noville)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
« C’est
par la vigueur de ma main que j’ai agi, et par ma sagesse, car j’ai
l’intelligence.
J’ai
déplacé les frontières des peuples, j’ai pillé leurs réserves ; fort entre les
forts, j’ai détrôné des puissants… »
Tel
est le discours du roi d’Assour, au chapitre 10 du prophète Isaïe.
Parlant
au nom de Dieu, le prophète clarifie le sentiment de ce roi :
« …
le ciseau se glorifie-t-il aux dépens de celui qui s’en sert pour tailler ? La
scie va-t-elle s’enfler d’orgueil aux dépens de celui qui la tient ? »
Manifestation
d’un orgueil suprême qui se retournera contre lui.
Telle
est la première lecture que nous offre la liturgie en ce 15e mercredi
du TO.
Tout en contraste, l’évangile de Matthieu, qui rapporte la perception joyeuse
de Jésus :
« Ce
que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits »
Ces
tout-petits, ce sont les anawim du Premier Testament, ceux qui attendent
tout du Seigneur et qui se tournent vers Lui…
Et,
avant de chanter les psaumes pour rejoindre les intentions des hommes et femmes
de notre temps, souvent tentés ou victimes de l’orgueil, rappelons l’importance
de l’humilité dans notre vie chrétienne.
Abba
Antoine a dit :
« J’ai
vu tous les filets de l’Ennemi étendus sur la terre et je me disais en
gémissant : ‘Qui pourrait passer au travers ?’ J’entendis une voix
qui me disait : ‘L’humilité’ »
Il
n’est certes pas facile de parler de l’humilité…
Comme
l’écrit André Louf : « De quel droit pouvais-je, moi, parler
d’humilité ? Allais-je laisser entendre que j’étais moi-même expert en la
matière ? Peut-être même un exemple ? Mais comment oser prétendre une
telle chose sans par là même faire la preuve éclatante qu’on en est totalement
privé ? ‘Croire que l’on n’est pas orgueilleux, dit saint Jean Climaque,
est une des plus claires manifestations qu’on l’est’. Et croire qu’on est
humble est sans doute illusion pire encore… »[1].
Et
dans l’Evangile de ce jour, ils sont bénéficiaires des mystères : « Ce
que tu as caché aux sages et aux savants, dit Jésus, tu l’as révélé aux
tout-petits ».
Et
Lui, Jésus, connaît ce chemin d’humilité, lui qui se dira « doux et humble
de cœur » (Mt 11).
Pour
conduire notre méditation sur ce sujet, je vous propose un extrait de la
tradition monastique.
Un
temps de silence nous donnera ensuite l’occasion de le laisser résonner en nos
cœurs… Et l’Esprit-Saint pourra faire son œuvre.
« On
racontait qu’un ancien avait jeûné durant 70 semaines, ne mangeant qu’une seule
fois par semaine.
Il
faisait cela afin d’être éclairé sur le sens d’un texte de l’Ecriture, mais
Dieu ne l’éclaira pas.
Il
se dit alors en lui-même : ‘Voilà que j’ai fait de tels efforts et je n’ai
rien obtenu, je vais aller vers mes frères et leur demander la solution’.
À
peine avait-il fermé la porte pour partir, qu’un ange lui fut envoyé de la part
du Seigneur et qui lui dit : ‘Les 70 semaines de jeûne ne t’ont pas
rapproché de Dieu ; mais lorsque tu t’es humilié pour aller vers tes
frères, je t’ai été envoyé pour te révéler le sens de cette parole’.
Et
après lui en avoir clairement donné la signification, il le quitta »[2].
Animés
par la joie filiale de Jésus, redisons la prière des enfants de Dieu…
Oraison
Seigneur,
face à l’orgueil qui menace notre monde, qui menace nos cœurs, nous nous
tournons vers Toi : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu
l’as révélé aux tout-petits ». Cette capacité de s’ouvrir à ton action,
d’accueillir ta Parole, de te faire confiance, ce chemin d’humilité, Jésus l’a
parcouru et nous en montre la direction.
Comme
tu le fis pour ton Fils, accorde-nous ton Esprit, afin que nous ne cessions de
recevoir de Toi l’inspiration, le secours et la révélation de tes mystères. Nous
te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le
Saint-Esprit, maintenant pour les siècles des siècles.
Que
le Seigneur qui nous entraîne sur son chemin de la véritable grandeur nous
bénisse et nous garde…
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