(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture.
Il y a le temps de la longue
patience et la soudaineté de la grâce. Anne a connu la longue patience. Elle a
attendu 12 fois 7 ans : une plénitude de plénitude. Elle a tellement
attendu que, peut-être, elle ne savait même plus qu’elle attendait. Elle était
simplement là, présente au présent. À force d’attendre, elle était devenue
poreuse. Poreuse à la grâce (ce n’est pas pour rien qu’elle s’appelait Anne),
poreuse à l’eau de la grâce qui s’infiltrait doucement jusqu’à la nappe
phréatique de son âme. Elle était en contact permanent avec la nappe phréatique
de son âme.
Par le chant des psaumes,
rendons-nous poreux, afin que la prière circule librement de la terre au ciel.
Résonnances.
« Je vous l’écris, enfants,
vous connaissez le Père ». Vous connaissez… Jean insiste sur ce
mot. C’est un verbe au parfait, mais on le traduit au présent. Car les verbes
au parfait désignent non pas un processus, mais un état, quelque chose qui est
acquis. « Vous connaissez, parce que vous avez appris à connaître et que
maintenant vous savez pour de bon ». On pourrait dire : « c’est
inscrit dans votre disque dur ». L’idée, c’est qu’il y a une connaissance
de Dieu qui nous habite depuis toujours, qui est donnée d’office, mais dont
nous devons prendre conscience. D’où l’image de la nappe phréatique : elle
est là, très profond, mais nous ne le savons pas, et nous devons la découvrir,
la faire émerger, aller chercher l’eau au plus bas. Entrer en communication
avec elle, afin de la faire émerger. Cela prend du temps : le temps de la
longue patience.
Anne ne savait plus qu’elle
attendait, mais quand Jésus est entré dans le temple, elle a su,
instantanément. Elle le connaissait depuis toujours, et maintenant, elle
le reconnaissait. L’eau a jailli des profondeurs. L’arrivée du petit
enfant dans le temple a suffi pour que le déclic se réalise en elle : l’eau
profonde a jailli en surface avec une force telle qu’elle n’a pas pu la garder
pour elle.
Ensuite, c’est au tour de Jésus
d’entrer dans le temps de la longue patience. Le temps de la vie cachée à
Nazareth. « L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse et
accompagné par la grâce de Dieu. » Vie cachée comme une nappe phréatique,
que l’eau de la grâce vient élargir.
Merveille de l’Incarnation qui va
jusque-là : Dieu accepte la médiation de la durée. Même le Fils de Dieu
doit grandir dans le temps. Tout est là, mais caché dans les profondeurs.
Viendra le jour où l’eau vive jaillira pour irriguer toute la terre. Le jour où
l’eau coulera, avec le sang, de son côté ouvert. Au bout d’une très longue
patience.
Prière.
Par ton Incarnation, Seigneur Jésus,
tu entres dans le temps de notre humanité, le temps des longues patiences et
des mûrissements, mais aussi le temps de l’urgence, le temps de la croissance
et le temps de la vie. Apprends-nous à accueillir la grâce du temps que nous
avons à vivre. Et viens encore aujourd’hui abreuver le monde assoiffé de ton
amour.
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