Ouverture.
Neuf mois de silence : la
charnière entre le l’ancien et le nouveau testament. Neuf mois durant lesquels
Zacharie a eu le temps de méditer le prophète Malachie, sur la suggestion de
l’ange Gabriel. Malachie, le dernier prophète de l’ancien testament, dont les
dernières paroles annoncent la venue du prophète Elie. Par la prière des
Psaumes, entrons dans cette charnière entre ancienne et nouvelle alliance, et
déposons-y tous les appels, tous les désirs du monde d’aujourd’hui.
Résonnances.
Eh bien, mon vieux Zacharie, qui
aurait cru que cela nous arriverait encore ? Quand tu es revenu du temple
de Jérusalem où tu avais accompli ton service dans le sanctuaire, tu ne parlais
plus, tu n’entendais plus, tu étais muré dans ta bulle de silence. Mais dans
tes yeux je lisais une immense question qui se transformait peu à peu en joie.
Tu m’as demandé le livre des écritures,
tu as lu et relu le prophète Malachie… Tu m’as regardée, tu t’es rapproché de
moi, ta vieille épouse stérile, et tu t’es fait tendre, espiègle même. Ah,
gamin !
Et puis, c’est arrivé ! La
merveille, la grâce de Dieu qui vivifiait mes vieux os, une joie déferlante, si
incroyable que j’ai préféré ne rien en dire pendant cinq mois. Mais ma petite
cousine Marie, par je ne sais quelle intuition de femme comblée de grâce, l’a
deviné, est accourue, m’a visitée. Alors, le bébé m’a transmis sa grâce de
prophète : oui, je le sais, il sera prophète. Pas prêtre, comme toi, mais
prophète. Et il s’appellera, il s’appelle déjà « grâce de Dieu ».
Malachie disait : « Le
messager du Seigneur s’installera pour fondre et purifier. Il purifiera les
fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils
aux yeux du Seigneur présenter l’offrande en toute justice ». Tu es descendant de Lévi, mon cher Zacharie,
et ce qui t’arrivait était une purification. En toi s’accomplissait cette
prophétie : après neuf mois de silence, tu pouvais formuler une parole
nouvelle, une offrande juste ! Je l’attendais, cette parole, qui mûrissait
en toi !
Malachie disait : « Il
ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs
pères ». Comme si a priori les pères et les fils étaient des rivaux à
réconcilier. Et ce sont les pères qui doivent faire le premier pas. Toi, mon
vieux Zacharie, la première parole que tu as eue pour ton fils fut de lui
donner son nom. Un nom qui n’était pas celui que tous attendaient : un nom
nouveau par lequel tu accordais à ton fils la liberté d’être différent. Quelle
plus belle affirmation de ta confiance en lui et de ton obéissance à
Dieu ?
Zacharie, c’est un beau nom, pourtant ! Il
signifie : « le Seigneur se souvient ». Oui, la mémoire de Dieu
est notre assurance pour l’avenir. Tu chanteras : « il se souvient de
son Alliance sainte », et dans le même souffle, tu affirmeras :
« il fait grâce à nos pères » (Lc 1, 72). Grâce et mémoire, en Dieu,
ne s’opposent pas. Quand il fait grâce, Dieu se souvient. La mémoire plonge
dans les racines. La grâce est ouverture sur l’avenir.
C’est beau, mon vieux Zacharie, ce
que tu as fait là, en présence du voisinage qui venait circoncire l’enfant et
le faire entrer ainsi dans l’Alliance. Au nom de ta fidélité à la mémoire du
Seigneur, tu offrais à ton fils cette ouverture, tu reconnaissais, à travers son
nom, la visite de Dieu qui change tout. Comme Abraham, autrefois, avec Isaac,
tu n’as pas voulu t’attacher à cet enfant, mais tu lui as permis de te quitter,
pour franchir en ton nom et au nom de tout le peuple d’Israël le Jourdain qui
sépare et relie l’ancienne et la nouvelle Alliance.
Prière
Dieu de nos pères, tu te souviens
de ton Alliance et tu fais grâce, chaque jour. Accorde-nous d’harmoniser la
mémoire et la grâce dans une louange confiante. Nous pourrons alors accueillir
ton Fils, le Messie de Noël, et devenir prophètes de la joie qu’il répand sur
le monde !
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