vendredi 17 juillet 2015

Dans la compassion



Le texte (traduction : Traduction de la Bible de Jérusalem) :
« Pareillement, vous les femmes, soyez soumises à vos maris, afin que, même si quelques-uns refusent de croire à la Parole, ils soient, sans parole, gagnés par la conduite de leurs femmes,
 2 en considérant votre vie chaste et pleine de respect.
 3 Que votre parure ne soit pas extérieure, faite de cheveux tressés, de cercles d'or et de toilettes bien ajustées,
 4 mais à l'intérieur de votre cœur dans l'incorruptibilité d'une âme douce et calme : voilà ce qui est précieux devant Dieu.
 5 C'est ainsi qu'autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu se paraient, soumises à leurs maris :
 6 telle Sara obéissait à Abraham, en l'appelant son Seigneur. C'est d'elle que vous êtes devenues les enfants, si vous agissez bien, sans terreur et sans aucun trouble.
 7 Vous pareillement, les maris, menez la vie commune avec compréhension, comme auprès d'un être plus fragile, la femme ; accordez-lui sa part d'honneur, comme cohéritière de la grâce de Vie. Ainsi vos prières ne seront pas entravées.
 8 Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la miséricorde, l'esprit d'humilité,
 9 ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction »

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
Avec l’épître de Pierre, nous ne lisons pas un ouvrage doctrinal, comme le fut l’épître de Jean, car les fondements de la foi ont déjà été posés. Ce message s’adresse à des chrétiens jadis païens, qui peuvent se poser une question récurrente dans la vie quotidienne : comment agir en accord avec ma foi ?
Cette question peut être aussi la nôtre…


(v. 1-2) « Pareillement, vous les femmes, soyez soumises à vos maris… »
Ce premier verset n’attire guère la sympathie en notre 21e siècle, mais ne refermons pas trop vite cette épître. Toute page d’Ecriture peut être Bonne Nouvelle pour ma vie, aujourd’hui… Avec un tel verset, il me faut certainement dépasser la compréhension littérale !
L’adverbe « pareillement » invite à lire ce qui précède. L’invitation à la « soumission » est effectivement déjà adressée à plusieurs types d’auditeurs : les chrétiens face à « toute institution humaine » (2, 13) ; les serviteurs face à leurs maîtres (2, 18)… Au verset 7, il sera aussi question des maris.
Quel est l’objectif de l’invitation de Pierre ? Amener les maris à la foi chrétienne. L’attitude de ces femmes conduit à « gagner » les maris, à les influencer… La soumission n’apparaît dès lors pas purement gratuite, à l’image de celle de l’esclave. La femme paraît plutôt occuper ici le rôle d’une auxiliaire de Dieu pour l’évangélisation. En somme, une collaboratrice du Dieu-Verbe…

(v. 3-4) « Que votre parure ne soit pas extérieure, faite de cheveux tressés, de cercles d'or et de toilettes bien ajustées, mais à l'intérieur de votre cœur dans l'incorruptibilité d'une âme douce et calme : voilà ce qui est précieux devant Dieu »
La description est cocasse – et précieuse pour l’étude des cosmétiques antiques –, mais le message est digne d’intérêt. Certes, l’attrait physique est important – se négliger ne contribue certainement pas à la gloire de Dieu – mais un « esprit [pneuma] doux et calme » n’est-il pas une belle qualité dans les relations humaines, quel que soit le choix de vie ? L’avantage incontestable d’une telle beauté intérieure est qu’elle ne s’étiole pas avec la vieillesse…

(v. 5-6) « C'est ainsi qu'autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu se paraient, soumises à leurs maris : telle Sara obéissait à Abraham, en l'appelant son Seigneur. C'est d'elle que vous êtes devenues les enfants, si vous agissez bien, sans terreur et sans aucun trouble »
L’apôtre invite à imiter les saintes femmes qui obéissaient à leurs maris. J’aime me reporter à la racine d’obéir, qui est d’abord une écoute[1]. L’écoute réciproque n’est-elle pas le fondement de toute vie de couple et de communauté ?
Et pour cause, Pierre s’adresse à présent aux maris :

(v. 7) « Vous pareillement, les maris, menez la vie commune avec compréhension, comme auprès d'un être plus fragile, la femme ; accordez-lui sa part d'honneur, comme cohéritière de la grâce de Vie »
A l’invitation à « se mettre sous » lancée à la femme, correspond le « vivre avec » pour l’homme. Nous, lecteurs du 21e siècle, pouvons être un peu freinés par cette perception surannée, mais rappelons-nous le contexte social dans lequel Pierre et les autres épistoliers du Second Testament ont écrit leurs œuvres. Relevons à ce titre l’égalité foncière exprimée par la formule « la femme est cohéritière de la grâce de Vie ». Puisque le don de la Vie est en premier lieu l’œuvre de Dieu, l’homme et la femme sont engagés comme collaborateurs.
Indubitablement le partenariat l’emporte sur l’ascendance…

« … Ainsi vos prières ne seront pas entravées »
Ces quelques mots sont denses. Notre façon de vivre les relations humaines n’est pas indifférente à Dieu. Jésus parlait de la même façon dans le Sermon sur la montagne : « Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, situ te souviens que ton frère a quelque chose contre toi… »[2].

Pour finir, Pierre ne distingue plus hommes et femmes, mais s’adresse à leur commune humanité :
(v. 8-9) « Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la miséricorde, l'esprit d'humilité, ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction »
Pierre invite à l’unité, projet primordial de Dieu, réexprimé par Jésus[3]. La Trinité, communion de trois Personnes, Père, Fils et Esprit-Saint, n’est-elle pas le modèle de l’unité ?
Quant à la compassion, l’amour, la miséricorde et la bénédiction, ce sont des qualités de Dieu, attestées dans les deux Testaments. Jésus nous invite en fait, hommes et femmes, à imiter Dieu. Dès lors, les relations humaines se font chemin vers Lui…



Prière :
Seigneur Jésus, par ton Apôtre, tu nous indiques la voie du bonheur dans les relations humaines. Tu nous invites à l’unité, à l’écoute mutuelle, à la communion.
Accorde-nous la grâce de collaborer à ton projet de vie et de bénédiction, pour que, là où nous sommes, nous reflétions ton Visage, laissions entendre ta Voix…
Pour cette mission toute divine, sois béni !

sr Marie-Jean


[1] « Ecouter » se dit audire. D’où ob-audire, oboedire : « obéir ».
[2] « … laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande » (Mt 5, 23-24).
[3] « C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 1, 24) ; Jésus exprime ce désir d’unité dans la prière qu’il adressa à son Père avant la Passion : « afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 21).

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