jeudi 11 mars 2021

Liturgie de la Parole, 3e jeudi de Carême

 (soeur Marie-Raphaël)

Ouverture

Aujourd’hui, le prophète Jérémie nous met en garde contre une grave maladie : le syndrome de la sclérocardie  (en français : dessèchement du cœur). C’est une maladie qui se présente sous beaucoup de formes. La forme la plus répandue est sans doute le stress, qui peut s’exprimer comme angoisse, peur, refus de confiance. Il existe des formes plus aiguës : autosuffisance, dont l’expression la plus grave est l’orgueil. Un effet secondaire est la nuque raide. Quand on est atteint par cette maladie, généralement, on tente de se protéger des assauts extérieurs en s’enfermant dans un palais bien blindé, en se cuirassant d’une armure de combat qui donne l’illusion d’être fort. On peut devenir sourd et muet !

Il n’existe pas de vaccin contre cette maladie : on dirait plutôt qu’elle contient en elle-même le principe de son amplification, car plus on est endurci, plus on devient dur. Il n’y a qu’une seule solution : une bonne hygiène de vie, avec un médicament à prendre sans modération, tous les jours et même plusieurs fois par jour : la Parole de Dieu ! Cette Parole de Dieu se présente parfois en nourriture solide, parfois en boisson (eau fraîche, de préférence), parfois comme du miel, du sel, des épices, parfois en dose homéopathique, comme une pastille à faire fondre lentement sur la langue … Pour qu’elle soit vraiment efficace, il faut toujours la mélanger à une bonne dose d’écoute.

Le psaume graduel nous dira : « aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ». Commençons !

Résonnances

« Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi, disperse ».

La parole de l’évangile d’aujourd’hui nous met devant une énigme. Satan, le diable, nous le savons, c’est le diviseur. Mais si Satan (autrement dit Béelzeboul), est divisé contre lui-même, son action ne peut tenir. S’il veut être efficace, il doit être unifié, mais alors, il n’est plus le diviseur. Jésus suggère-t-il que Satan, tôt ou tard, s’effondrera, parce qu’il est en contradiction avec lui-même ? Je ne suis pas spécialiste en démonologie. Je préfère me tourner du côté de la lumière, du côté du Christ, et constater à quel point son action à lui est d’unifier, de rassembler. Là se trouve sa force. Quand il expulse un démon, il expulse ce qui divise pour permettre à l’homme de retrouver son unité intérieure, son intégrité.

Or, ce que je lis entre les lignes, c’est qu’il y a là un combat terrible. Car il est beaucoup plus difficile de faire la paix que de faire la guerre, comme le pape François l’a récemment rappelé durant son voyage en Irak. Faire la paix, cela demande une force qui surpasse la force de la guerre. Dans l’évangile, Jésus nous parle d’un homme fort et bien armé qui garde son palais. Un homme blindé dans sa cuirasse… Pour l’en déloger, il faudra un homme « plus fort » que lui. Nous sommes bien dans un contexte de combat, de rapport de forces. Quelle est cette force plus forte que la force de l’égoïsme ?

Martin Luther King disait : « La ténèbre ne peut chasser la ténèbre, seule la lumière le peut. La haine ne peut chasser la haine, seul l’amour le peut ». Non, Béelzeboul ne peut chasser Béelzéboul ! Et si c’est le doigt de Dieu qui le fait, alors c’est que le Royaume de Dieu est déjà là, au milieu de nous. Nous verrons, à Pâques, jusqu’où peut mener cette logique. Les exorcismes dont nous parlent les évangiles sont comme des préfigurations de cet immense combat où Jésus va vaincre le prince de la mort par sa propre mort. Aujourd’hui, il nous a donné une clé pour le comprendre. Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, car il veut nous sauver.

Prière

Seigneur Jésus, tu veux nous guérir, tu veux nous sauver. Par la force de ta douceur, ouvre la porte de nos cœurs cuirassés, invite-nous à la confiance, et nous découvrirons le secret du Royaume déjà présent dans l’aujourd’hui, travaillant avec la puissance de la sève qui fait éclater les bourgeons !

 


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