vendredi 15 novembre 2013

Par quel nom ?

Ac 4, 5-12

 Le texte (traduction : Bible de Jérusalem) :

« 5 Le lendemain les chefs des Juifs, les anciens et les scribes se rassemblèrent à Jérusalem.
 6 Il y avait là Anne le grand prêtre, Caïphe, Jonathan, Alexandre et tous les membres des familles pontificales.
 7 Ils firent comparaître les apôtres et se mirent à les questionner : ‘Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres ?’
 8 Alors Pierre, rempli de l'Esprit Saint, leur dit : ‘Chefs du peuple et anciens,
 9 puisqu'aujourd'hui nous avons à répondre en justice du bien fait à un infirme et du moyen par lequel il a été guéri,
 10 sachez-le bien, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël : c'est par le nom de Jésus Christ le Nazôréen, celui que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts, c'est par son nom et par nul autre que cet homme se présente guéri devant vous.
 11 C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle.
 12 Il n’y a aucun salut ailleurs qu’en lui. Car il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés’ »

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
L’extrait qui nous occupe suit la guérison de l’infirme de naissance, racontée au chapitre 3 des Actes des Apôtres (v. 1-10).
Rappelons le verset 6, car il apparaîtra en filigrane dans notre lecture de ce jour : « Pierre dit : ‘De l'argent et de l'or, je n'en ai pas, mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazôréen, marche !’ »
Nous reviendrons à l’importance du nom dans la lecture qui suit.
Le livre des Actes compte de nombreux rassemblements. Suite à la guérison, le peuple s’était rassemblé au Portique de Salomon (3, 11) et Pierre leur a adressé un discours.
Au chapitre 4, un autre rassemblement se forme : non plus le peuple, mais les officiels religieux (« les prêtres, le commandant du Temple et les Sadducéens » : v. 1).
D’un côté, des gens « stupéfaits et désorientés par ce qui lui était arrivé se rassemblent » (3, 10). Témoin de la guérison, cette foule peut s’ouvrir à la foi. Elle s’y ouvre plus tard en effet et confesse : « beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole embrassèrent la foi » (4, 4).
De l’autre, les « excédés » (4, 2) de voir Pierre et Jean instruire le peuple. Ils se ferment à la foi.
Leur décision est d’ailleurs sans ambiguïté : ils font arrêter et mettre en prison les deux hommes qui ont guéri l’infirme…
Ces rassemblements peuvent nous interpeller et éveiller en nous une question : pour quoi ou pour qui nous rassemblons-nous ? Quel élément nous fédère ? Quelle cause nous stimule à agir ou à au contraire à exprimer notre mécontentement ?

Nous arrivons alors au seuil de l’extrait de ce jour.
Un troisième rassemblement se réalise le lendemain : ce sont « les chefs des Juifs, les anciens et les scribes » (4, 5).

v. 6 : « Il y avait là Anne le grand prêtre, Caïphe, Jonathan, Alexandre et tous les membres des familles pontificales »

Les personnages cités sont des chefs du peuple, de tendance sadducéenne pour la plupart. Ce sont ceux qui ont réussi à perdre Jésus en trompant le peuple qui lui était favorable et en forçant la main au procurateur romain Ponce Pilate.

Nous discernons la continuité entre le procès de Jésus qui met le point final à sa vie terrestre et les procès des apôtres, disciples de Jésus…

v. 7 : « Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres ? »

Dans cette question des grands-prêtres, on retrouve d’ailleurs le type de question posée à Jésus lors de ses altercations avec ses détracteurs : « Dis-nous par quelle autorité tu fais cela, ou quel est celui qui t'a donné cette autorité ? » (Lc 20, 2)

v. 8 : « Alors Pierre, rempli de l'Esprit Saint, leur dit… »

Voilà le secret de la force de la parole : grâce à l’Esprit Saint, Pierre, bien que « sans instruction ni culture » (4, 13), est rendu capable de prononcer un discours.

Jésus avait promis ce don pendant son ministère terrestre : « Et quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous préoccupez pas de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné sur le moment : car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit Saint » (Mc 13, 11).

v. 9-12 :

Dans cette réponse de Pierre, deux mots caractérisent l’état de l’ancien infirme : « sauvé » (v. 9) et « guéri » (v. 10). Et, dans le verset 12, il est encore question d’un « salut »…

Quel est le sens de ces deux appellations ?

Cela me rappelle la guérison des dix lépreux, dont un seul vient rendre grâces pour sa guérison. Et Jésus s’étonne : « N’ont-ils pas tous été guéris ? Il ne s'est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger ! ». Puis, une sorte d’étape complémentaire complète la guérison, et Jésus d’ajouter : « Relève-toi, va ; ta foi t'a sauvé » (Lc 17, 12-19).

Si la guérison semble se limiter à l’aspect physique, le salut s’apparente à une rencontre avec celui qui a accompli la guérison, il est consentement à cette rencontre.

La guérison de cet infirme le confirme : l’aspect physique est incontestablement présent (« À l'instant ses pieds et ses chevilles s'affermirent ; d'un bond il fut debout, et le voilà qui marchait. Il entra avec eux dans le Temple, marchant, gambadant et louant Dieu » : 3, 7-8) ; quant à la dimension de rencontre avec Dieu,  à l’origine de la guérison, elle est également attestée (« Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu » : 3, 9).

v. 11 : « C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle »

Ce verset est une citation du Ps 117 (118), v. 22-23 : « La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête de l'angle ; c'est là l'œuvre de YHWH, ce fut merveille à nos yeux ».

La pierre d’angle est la pierre de fondation, nous dit un entrepreneur présent à la rencontre d’Hurtebise. De la pose de cette pierre dépendent les directions de la construction. C’est un angle droit, un appui de solidité.

Ces « bâtisseurs » sont probablement les dirigeants du peuple, ceux qui bâtissent la communauté en discernant pour le peuple le chemin à prendre. S’ils ne reconnaissent pas en Jésus le sauveur et dissuadent de croire en lui, c’est effectivement la pierre angulaire qu’ils rejettent. Mais Dieu, lui, construit à partir de cette pierre-là, même si elle a été rejetée…

Dans ces versets, on trouve une insistance dans le discours de Pierre : « par le nom de Jésus-Christ (v. 10)… par son nom et par nul autre (v. 10)… aucun salut ailleurs qu’en lui (v. 12)… pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes (v. 12) ».

Jésus est bien le personnage central du discours de Pierre. C’est le nom de Jésus qui seul peut nous sauver. Dans la Bible, le nom revêt une grande importance : soit il reflète une qualité de la personne, soit il révèle une mission à accomplir. Dans notre texte, la mission de Jésus est envisagée : son nom signifie « le Seigneur sauve ». Si nous l’accueillons dans nos vies, il peut réaliser toute sa mission de salut…

Ce discours fut prononcé jadis à Jérusalem. Il fut adressé à « vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël » (v. 10)… il est nous est donc aussi adressé.

Que le miracle soit réalisé par Jésus (dans les évangiles) ou par ses apôtres (dans les Actes), il a pour objectif de questionner ma foi.

Vais-je ne considérer que l’acte réalisé, la guérison accomplie, ou vais-je regarder au-delà et discerner derrière ce fait miraculeux Quelqu’un qui appelle ma foi ?

Prière :

Seigneur Jésus, tu envoies ton Esprit Saint pour que nous parlions en ton nom et tu nous rassures dans ce que nous entreprenons. Nous voulons t’accueillir dans nos vies, pour qu’elles parlent de toi et manifestent toute la force de ton salut.

Viens, Seigneur, n’arrête pas l’œuvre de tes mains !

Amen
 
Sr Marie-Jean

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