Liturgie de la Parole 26e mardi TO-I
Lectures: Zacharie 8,20-23; Psaume 86; Luc 9,51-56
Méditation
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Découvre le coeur de Dieu dans la Parole de Dieu ! (St Grégoire)
Lectures: Zacharie 8,20-23; Psaume 86; Luc 9,51-56
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Lectures: Apocalypse 12,7-12a; Psaume 137; Jean 1,47-51
Nous voici avec une fête quelque peu étrange... vous avez déjà croisé un archange vous ? Mais non, je ne parle pas de sr Marie-Raphaël, qui ne porte que le nom d'un des trois "super-vivants"... mais d'un vrai archange, en plume et en os ? Non ? Alors laissons ces représentations pour les amateurs de fantastique, et demandons-nous plutôt ce que signifient ces textes que nous venons de recevoir...  et tirons-en seulement un seul et unique fil pour aujourd’hui... il faut laisser de la matière aux méditations des années prochaines !
 
Il y eut un combat dans le ciel... ah ! Pour qui pensait que les anges avaient un comportement angélique, c’est bien parti ! Ou alors, changeons le contenu de l’angélisme !!! Un combat, la Bonne Nouvelle n’est pas de tout repos aujourd’hui. Un combat, entre deux factions, Michel et ses anges, le Dragon, avec, lui aussi, ses anges. Comme quoi vouloir faire l’ange, ne garantit pas encore qu’on soit du bon côté !
La scène est campée. Mais tant pis pour les assoiffés de spectacle : 3 petits versets suffisent à l’auteur de l’Apocalypse, pour nous dire qu’il y a eu un combat, pour nous poser les adversaires, le lieu et donner le résultat. Ce n’est donc pas à un spectacle qu’il nous invite. Que veut-il nous dire ?
Voyons les deux partis : Michel (dont le nom énigmatique est une question « qui est comme Dieu ?») et le Dragon. Pour lui l’auteur ne manque pas d’appellations variées : Serpent (bonjour le rampant de la Genèse), Démon (mais le terme grec est plus clair : Diable ; autrement dit, le diviseur), Satan (l’adversaire, le séducteur), l’accusateur. Bref, l’ennemi dans toute sa splendeur.
Le combat a lieu dans le ciel. C'est-à-dire ? dans les nuages, et on va voir voler les plumes ? pas vraiment ! Le ciel représente, il me semble, l’aspect invisible et transcendant de l’histoire. Il dit la vérité profonde, le lieu de Dieu, le lieu des esprits, donc un lieu qui n’est pas un lieu, mais une réalité profonde. On aurait pu dire la profondeur... Mais notre imaginaire en a décidé autrement, plaçant ce qui relève de l’esprit en haut. La terre figure l’aspect visible et humain. Au ciel se déroule le combat le plus important, le combat spirituel.
Et le texte de l’Apocalypse, qui est un livre d’espérance pour chrétiens vivant la persécution, nous dit : c’est vrai il y a un combat, mais Dieu en est victorieux, il a donné mission à ses anges de veiller sur chacun de vos pas. Et celui qui se prenait la tête à accuser constamment ses frères, le Satan, est réduit à rien, il est anéanti. Cette victoire est celle du Christ, elle est aussi nôtre tandis que nous tentons de dépasser l’amour de nous-même pour nous donner jusqu’au bout. Tandis que nous choisissons d’aimer nos frères et sœurs plutôt que de les accuser sans cesse.
Cette victoire annonce aussi une réconciliation entre ces deux lieux : la terre et le ciel.
L’homme a toujours rêvé de trouver l’échelle qui le mènerait dans les hauteurs, le songe de Jacob en témoigne. Une échelle plantée en terre qui monte aux cieux, une échelle que parcourent les anges.
L’Évangile y fait allusion. Jésus annonce : Amen, amen, je vous le dis : vous verrez les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l'homme.  Et vous voyez l’échelle ? Écoutez ce que cela donne littéralement : vous verrez les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent sur le Fils de l'homme.  Elle n’est autre que le Fils de l’homme, c’est lui l’échelle qui unit terre et ciel. C’est par lui que les anges vont et viennent.
Célébrer cette victoire du monde céleste, c’est aussi célébrer cette communion à laquelle nous sommes conviés. Il n’y a pas deux mondes : celui du ciel et celui de la terre. Il y a un seul univers, celui de Dieu : déjà nous y sommes de plain-pied et pourtant nous y sommes encore invités…
Alors chantons le Seigneur… en présence des anges !
Sr Myrèse le 29 septembre 2011
Évangile : Luc 16,19-31
Lecture : Luc 9, 43b-45  
Intranquillité, c’est le titre que je donnerais à ce passage. Jésus annonce à ses disciples ce que sera leur vie : une irréductible intranquillité. Il ne leur promet pas une vie paisible, une vie sans risque. Avec l’Évangile, comme avec toute naissance, commence l’irréductible intranquillité. Le Fils de l’Homme va être livré aux mains des hommes (Luc 9,44).
N’oublions pas l’environnement où vécu Jésus. L’intranquillité fait partie de sa vie. Jésus vivait en territoire occupé par un puissant adversaire. Il n’était pas un sujet romain. Son ne craignez pas décrit ce qu’il vivait, lui juif palestinien, un sans papier, affrontant un extrémisme religieux et violent. Il appelait sa terre natale à devenir un lieu de fraternité, de paix.
En écoutant Jésus prévenir ses disciples que son itinéraire se terminera dans un échec total, j’entends la demande de Jésus à Pierre avance au large, ne crains pas une vie d’intranquillitée, va affronter la tempête. Jésus invite Pierre, pêcheur expérimenté qui a passé la nuit sans rien prendre (Luc 5, 1-11), de ne pas craindre. Je suis avec toi. Ce sont des mots inconnus (Psaume 80). Des mots qui ôte le poids qui chargeait ses épaules (v.7).
Ce chemin que Jésus annonce à ses disciples, personne ne peut le prendre s’il expérimente une distance entre Jésus et lui. Nous ne pouvons pas annoncer Jésus, prendre son chemin si nous nous tenons à distance de lui. Ce ne crains pas, Jésus le répète sans cesse. Marie, l’humble servante, l’a entendu avant d’ajouter que le Seigneur ait fait en moi de grandes choses. Ce chemin est si disproportionné pour nos seules forces humaines que personne ne peut le prendre en se tenant à distance de Jésus.
Lorsque Jésus annonce sa mort prochaine à ses disciples éplorés, il ajoute : il vous est bon que je m’en aille. Si je ne m’en vais pas, l’Esprit ne viendra pas à vous (Jean 16,7). Il comblera toute distance.
Après l’émerveillement de voir l’effet Jésus vient la désolation d’apprendre que tout finira par la déchéance. Après l’engouement de nos premiers pas à suivre Jésus, vient le questionnement de Marie du comment est-ce possible ? C’est la distance entre Jésus et nous qui détruit notre enthousiasme à le suivre. C’est notre proximité avec lui qui rend possible ce chemin. Il y a un temps où l'amour prévaut, puis vient un temps où la haine prévaut. Il y a un temps pour aimer et un temps pour ne pas aimer (Qohélet 3,8). 
Mais la seule chose qui ne passera jamais, c’est l’assurance de Jésus qui nous dit comme à Pierre au retour sur le rivage ne crains pas. L’amour ne passera jamais.  Mais les disciples ne comprirent pas parce qu’ils voulaient le succès et non l’intranquillité ; le confort et non le don de soi. La lecture disait tantôt souviens-toi de ton Créateur (Qohélet 12, 1).
Cette intranquillité nous maintient en vie. En marche. (…) Une vie tranquille n’existe pas. On a beau être croyant, être moniale, mais c’est l’intranquillité qui nous maintient debout sur nos barques fragilisées. AMEN.
Ajout de Sœur Marie-Christine: Jésus ne nous a pas promis une vie tranquille! Mais il nous a promis : "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde." Matthieu 28,20
Lectures: Aggée 1, 15b-2,9; Psaume 42; Luc 9,18-22
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Lecture : Luc 9,7-9
Pour connaître vraiment Jésus, il faut parler avec lui, dialoguer avec lui tandis que nous le suivons sur sa route. Le Pape François a centré l’homélie de la Messe du 26 septembre sur la connaissance de Jésus. Le Pape est parti d’un passage de l’Évangile de Luc (9, 7-9) dans lequel Hérode se demande qui est ce Jésus dont il entend tant parler. La personne de Jésus, a rappelé le Pape, a suscité souvent des questions du type : « Qui est celui-ci ? D’où vient-il ? Pensons à Nazareth, par exemple, dans la synagogue de Nazareth, quand il est parti pour la première fois : mais où a-t-il appris ces choses ? Nous le connaissons bien : c’est le fils du charpentier. Pensons à Pierre et aux apôtres après cette tempête, ce vent que Jésus a fait taire. Mais qui est celui-ci auquel obéissent le ciel et la terre, le vent, la pluie, la tempête ? Mais qui est-il ? ». Des questions, a expliqué le Pape, que l’on peut se poser par curiosité ou pour avoir des certitudes sur la façon de se comporter devant lui. Reste toutefois le fait que quiconque connaît Jésus se pose ces questions. D’ailleurs, « certains, a poursuivi le Pape en revenant à l’épisode évangélique, commencent à avoir peur de cet homme, parce qu’il peut les conduire à un conflit politique avec les Romains » ; et donc, ils pensent ne pas davantage tenir en considération « cet homme qui crée tant de problèmes ». Et pourquoi, s’est demandé le Pape, Jésus crée-t-il des problèmes ? « On ne peut pas connaître Jésus sans avoir de problèmes ». Paradoxalement, a-t-il ajouté, « si tu veux avoir un problème, va sur la route qui te conduit à connaître Jésus » et alors beaucoup de problèmes apparaîtront. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas connaître Jésus « en première classe » ou « dans la tranquillité », encore moins « en bibliothèque ». Jésus on ne le connaît que sur le chemin quotidien de la vie. Et on peut le connaître, a affirmé le Saint-Père, « également dans le catéchisme. C’est vrai! Le catéchisme nous enseigne tant de choses sur Jésus et nous devons l’étudier, nous devons l’apprendre. C’est ainsi que nous apprenons que le Fils de Dieu est venu pour nous sauver et nous comprenons l’amour du Père à travers la beauté de l’histoire du salut ». Reste toutefois le fait que la connaissance de Jésus à travers le catéchisme « n’est pas suffisante » ; le connaître avec l’esprit est déjà un pas en avant, mais « il faut connaître Jésus dans le dialogue avec lui. En parlant avec lui, dans la prière, à genoux. Si tu ne pries pas, si tu ne parles pas avec Jésus tu ne le connais pas ». Il y a enfin une troisième voie pour connaître Jésus : « C’est la sequela, aller avec lui, marcher avec lui, parcourir ses routes ». Et tandis que l’on marche avec lui, on connaît « Jésus avec le langage de l’action. Si tu connais Jésus avec ces trois langages : de l’esprit, du cœur, de l’action, alors tu peux dire que tu connais Jésus ». Donc, pour le connaître vraiment, il est nécessaire de lire « ce que l’Eglise te dit de lui, de parler avec lui dans la prière et de marcher sur sa route avec lui ». Cela est la route et « chacun — a-t-il conclu — doit faire son choix ».
Lecture : Luc 8,19-21
https://www.rcf.fr/articles/vie-spirituelle/ma-mere-et-mes-freres-sont-ceux-qui-ecoutent-lc-8-1921 
Dans notre vie quotidienne, dans notre vie sociale, nous comparons souvent et nous sommes souvent aussi dans une logique de doute, de soupçon, et même parfois dans une logique malveillante. Dans cette logique, nous pouvons être tentés d’interpréter cet évangile en considérant cette phrase de Jésus : ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique, comme une phrase critique à l’égard de Marie, ou comme un manque de respect à son égard, comme s’il prenait de la distance avec elle. Mais on ne peut pas prêter, en l’occurrence, à Jésus nos propres sentiments, nos propres réactions. Jésus n’est jamais dans la comparaison. Tout ce qu’il dit doit être interprété à la lumière de son exceptionnelle charité. Ici, il dit combien il est important d’écouter la parole de Dieu et de la mettre en pratique, ce que fait Marie de façon admirable. Il dit aussi que tout le monde peut se dire frère ou sœur de Jésus, ce qui fait la joie de Marie, et comme le dit sainte Claire à la bienheureuse Agnès de Prague dans une lettre, tout le monde peut vivre une certaine maternité symbolique sur Jésus. A chaque fois que nous faisons naitre Jésus. Notre mission c’est aussi de faire naitre Jésus dans notre propre cœur, de le faire naitre dans le cœur de ceux qui nous entourent, en leur révélant que Dieu lui-même est présent en nous, qu’il établit dans notre cœur sa demeure. La vierge marie, est le modèle de tout chrétien pas parce qu’elle a été choisie par Dieu pour être la mère de son Fils, mais parce qu’elle a été une disciple admirable, parce qu’elle a accueilli la parole de Dieu, qu’elle l’a mise en pratique, parce qu’elle a fait de chaque instant de sa vie, l’occasion d’aimer, d’aimer Dieu et les autres. Et en plus la Vierge Marie, souhaite nous faire participer à sa maternité, nous y associer. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus met en valeur sa mère, évidemment. Comment pourrait-il en être autrement, lui qui l’aime infiniment et qui veut que nous aussi nous l’aimions, que nous l’imitions.
Lecture: Luc 8,16-18
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2012/05/faites-attention.html
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Évangile : Luc 16,1-13
http://bibleetviemonastique.free.fr/lu160108.htm 
Voilà bien une parabole qui nous laisse mal à l'aise : on n'aime pas voir un homme retors recevoir des compliments. Remarquons toutefois, en commençant, que ce n'est pas Jésus qui le félicite, mais le patron mis en scène dans la parabole. Jésus, lui, ne mâche pas ses mots : c'est un gérant malhonnête ; manifestement Jésus n'entend pas encourager les escrocs.
Ceci dit, essayons de rejoindre le moins mal possible ce que Jésus veut nous dire, et de lire sa parabole à la lumière de notre vie concrète.
Un premier point semble très clair : le gérant dilapide les biens de son maître.
Il y a plusieurs manières, pour un gérant, de tromper la confiance de son employeur :
- ou bien il se désintéresse des affaires, néglige les intérêts de l'entreprise, ne tient pas les comptes à jour et laisse tout partir à vau-l'eau ;
- ou bien au contraire il s'occupe de très près des ventes de son maître, mais détourne à son profit une partie des bénéfices.
Et nous, qui sommes les intendants de Dieu, nous pouvons pour notre part être doublement infidèles :
- soit en négligeant les biens que le Seigneur nous a confiés ou les charismes dont nous sommes porteurs, par exemple notre appel au désert, l'intimité avec la parole de Dieu, le rayonnement de la communauté ou les richesses de la vie fraternelle ;
- soit en utilisant pour notre avantage personnel ce qui devrait servir l'unique gloire de Dieu.
Ainsi, tantôt nous déprécions les dons de Dieu en refusant, à nos moments de paresse ou de lassitude, de les mettre en œuvre et de porter du fruit ; tantôt nous profitons des largesses du Seigneur pour nous faire valoir ou nous établir à notre compte. C'est alors que nous devenons avares du temps que Dieu nous donne au monastère, et que nous n'aurions pas si vous vivions et travaillions dans le monde ; ou bien encore nous calculons nos efforts et mesurons notre réponse à Dieu en fonction d'un programme personnel que nous avons à cœur de réaliser. Dès lors, peu à peu nous remplaçons par "notre justice" la justice du Royaume, qui consiste à s'a-juster à Dieu, à ce Dieu qui nous appelle, nous dérange, nous désinstalle et parfois nous désécurise, pour que nous reprenions le cheminement de l'Exode et qu'il puisse, dans le désert, nous parler au cœur.
Un deuxième point ressort assez nettement, et c'est d'ailleurs la leçon que Jésus tire lui-même de la parabole : il faut savoir reconnaître les urgences et y faire face avec détermination.
L'habileté du gérant a été de mettre à profit le temps très court qui le séparait de la catastrophe: à peine quelques jours entre l'avertissement de son patron et le jour de la reddition des comptes. Il a pu se ménager une position de repli, en rendant service à des amis sans les compromettre, puisque les quittances sont en règle. Il s'est servi de son pouvoir provisoire pour se créer une sécurité durable.
Ainsi, explique Jésus, les fils des ténèbres, lorsqu'ils sentent venir le jugement et la réprobation, sont capables de se concerter pour trouver rapidement des solutions astucieuses ; tandis que les fils de la lumière ne comprennent pas l'imminence du Royaume : ils ne voient pas que le temps presse et que la rédemption du monde n'attend pas. Ils passent à côté de l'essentiel ; ils s'endorment dans la facilité et l'illusion, et ils sont incapables de s'unir, de travailler ensemble dans la hâte et l'enthousiasme pour l'avènement du règne de leur Père.
Pourquoi faudrait-il que la foi soit moins efficace que la haine ou la jouissance ?
Pourquoi faudrait-il que nous dormions ou que nous agissions en ordre dispersé, alors que tant d'hommes, tout près ou loin de nous, attendent l'Évangile et le salut ?
Pourquoi faudrait-il que notre amour chrétien soit moins réaliste que les forces du refus qui traversent le monde ? 
Notre habileté à nous, notre astuce au service du Maître, c'est de lui emprunter son regard et de nous faire des amis par une bonté qui vient de son cœur.
« Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur... »
En cette fête de la Dédicace de la Cathédrale de notre diocèse, le psalmiste évoque les pèlerinages vers Jérusalem, qui jalonnaient les fêtes juives.
Jérusalem, ville choisie par le Seigneur, « Cité Sainte », « la Fiancée », « épouse de l’Agneau ».
L’extrait de l’Apocalypse nous en révèle le fondement : descendant « du ciel d’auprès de Dieu », elle est fondée sur « les noms des douze Apôtres de l’Agneau ».
Et Jean nous en vante la beauté : resplendissante de la gloire de Dieu, elle a « l’éclat d’une pierre très précieuse ».
 
C’est précisément dans un contexte de fête, celle de la Pâque juive, tandis que les pèlerins s’y rendent en grand nombre, que Jésus « monte à Jérusalem ».
Certes, Jérusalem était lieu de prière et de dévotion, de louange et de supplication…
Mais un tel lieu de pèlerinage postulait aussi une dimension commerciale : les animaux et les monnayeurs étaient indispensables au rite des sacrifices.
 
Jésus, tout imprégné du verset du psaume « L’amour de ta maison fera mon tourment », ne peut souffrir un tel commerce et vide le Temple de ses oripeaux.
Face à cette réaction de Jésus, les Juifs s’interrogent :
« Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
En guise de réponse, Jésus évoque le signe éminent de sa future mort et Résurrection : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai ».
Dans l’évangile de Jean, l’appellation de « signe » est récurrente.
Ce terme offre un espace de liberté.
En effet, devant ce geste de Jésus, subversif à plus d’un titre, les Juifs et les disciples présents sont placés devant une alternative : croire ou ne pas croire.
Croire signifierait de dépasser la matérialité du geste, pour s’intéresser à celui qui l’accomplit.
Mais non, ces Juifs s’arrêtent au geste lui-même et relèvent l’impossibilité de rebâtir en trois jours ce qui a nécessité quarante-six ans…
Par leur réplique, ils témoignent de leur refus de s’engager dans une relation avec Jésus.
Par contre, les disciples balisent une autre voie, celle d’après Pâques, où le signe n’est plus obstacle, mais tremplin pour mettre sa foi en Jésus et en ses paroles :
« Ses disciples crurent aux prophéties de l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite ».
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la même alternative.
Devant le signe qu’est une cathédrale, n’y verrons-nous qu’une construction humaine ou y découvrirons-nous la présence de Celui qui la fonde ?
Et devant le signe par excellence qu’est celui de la Croix, pourrons-nous y découvrir la Bonne Nouvelle de la vie plus forte que toute mort ?
 
En ce jour de la Dédicace de la Cathédrale Saint Aubain, la célébration d’une construction de pierres nous invite à la célébration des « pierres vivantes » et de Celui qui, Vivant pour toujours, les tient ensemble, fondés en Lui.
« Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore ! ... » 
Amen
Sr Marie-Jean le 20 sept 2011
Luc 8,1-2
https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/luc-8-1-3-4/ 
Comme le semeur sorti semer sa semence, Jésus Verbe de Dieu est en route proclamant son évangile, un cortège le suit et lui fait écho : les Douze mais aussi des femmes. Ce n’est pas rien que de mentionner cette présence féminine dans le contexte contemporain de Palestine, où le féminin reste relégué à la maison. Mais avec Jésus, les femmes avancent à pied d’égalité avec les hommes. Trois d’entre elles sont nommées, parce qu’elles ont en commun d’avoir été guéries spirituellement et/ou physiquement par Jésus : Marie, Jeanne et Suzanne. Reconnaissance et attachement sont les marques de leur suite. Et il y en a aussi beaucoup d’autres. La première communauté autour de Jésus est paritaire.
Que font-elles sur les routes à suivre leur maître ?
Elles servent la communauté naissante en aidant de leurs ressources.
Elles sont déjà dans la mise en commun et le partage, fondement des communautés primitives des Actes des Apôtres.
Les ressources peuvent être extérieures mais aussi intérieures, ou de l’ordre de leur subsistance vitale. La pauvre veuve à la piécette qui donne tout au Temple est aussi une illustration de ce don total, donner quelque chose ou donner ce qu’on est, jusqu’à donner toute sa vie.
Elles se donnent aussi, comme figures d’offrande, là est leur enseignement, elles ne suivent pas seulement les pas du Christ, mais plus encore elles se configurent à sa vie de serviteur, donnée et livrée,
Ces vies de femmes ne font pas de bruit, elles sont présentes mais discrètes, dans l’humble labeur quotidien.
C’est ce que nous dit par sa consécration de jeune enfant et de moniale, ainsi que par son enseignement, sainte Hildegarde de Bingen que nous fêtons aujourd’hui.
Lectures : 1 Corinthiens 2, 10b-16; Psaume 144, 8-11, 12-13ab, 13cd-14 ; Matthieu 13, 10-17
Nous voici rassemblés en communauté, en Église.
« Personne ne connaît ce qu’il y a en Dieu, sinon l’Esprit de Dieu », nous dit Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (1 Corinthiens 2, 10b-16)
Et plus loin, il affirme : « Nous, ce n’est pas l’esprit du monde que nous avons reçu, mais l’Esprit qui vient de Dieu, et ainsi nous avons conscience des dons que Dieu nous a accordés »
Dans l’évangile, Jésus répond aux disciples : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux… Heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! » (Matthieu 13, 10-17)
Dans les deux textes de la liturgie de ce jour, il est question d’Esprit de Dieu, mais aussi de perspicacité, de discernement, de perception…
Et cela convient tout à fait à celle que nous fêtons aujourd’hui, Sainte Hildegarde von Bingen, bénédictine allemande du 12e siècle et Docteur de l’Église.
Quelques mots sur sa vie :
Ses parents la confient, dès l’âge de 8 ans, à Jutta von Spannheim, une recluse qui habitait un ermitage rattaché au monastère de Disibodenberg.
Elle y reçoit une éducation fondée sur la Règle de Benoît, s’initie à l’Ecriture et à la liturgie.
À 5 ans, elle décrit avec exactitude les détails du pelage d’un veau qui n’est pas encore né et dont elle ne voit que la mère…
Hildegarde est en effet gratifiée de visions, dès son plus jeune âge, et le sera toute sa vie. Pas des songes, ni des défaillances extatiques. 
Hildegarde est une visionnaire dans la foi.
Une vie en accord avec l’Église : elle cacha longtemps ses visions, jusqu’à ce qu’elle reçoive les encouragements de Bernard de Clairvaux et du pape Eugène III.
Une vie monastique : elle succédera à Jutta comme abbesse et le restera jusqu’à sa mort.
Une vie apostolique : une large correspondance, des voyages au service de l’Église, des prédications, des fondations.
Une vie de maladie chronique et de souffrance : elle se heurte à l’incompréhension de son entourage.
Une œuvre colossale : de la description des plantes et des minéraux à la poésie et à la plus haute contemplation mystique, en passant par l’exégèse et l’hagiographie.
Et, derrière cette multiplicité, une réelle et profonde unité : à tous les niveaux, retrouver, essayer de comprendre, contempler Dieu et son œuvre, puis les proclamer et les chanter…
À l’unisson du chant éternel de Ste Hildegarde, rejoignons les hommes et femmes de notre temps par la prière des psaumes. 
Pour honorer celle que nous fêtons aujourd’hui, il me semble opportun de citer un extrait de ses « Visions », dans l’ouvrage Scivias, qu’on traduit par « Sache les voies ».
Hildegarde a reçu un trésor à faire fructifier. Elle nous stimule à faire fructifier le nôtre :
« (Ton Créateur) t’a donné le meilleur des trésors, une intelligence vivante, parce qu’il t’aime beaucoup, puisque tu es sa créature ; et il t’a ordonné, par les termes de la Loi qu’il a mise en place, de faire fructifier cette intelligence par de bonnes œuvres, d’être riche en vertus, afin que l’on reconnaisse ainsi très nettement qu’il est un généreux donateur. C’est pourquoi, à cette heure, il te faut te demander comment, grâce à toi, il va, de ce grand don que tu as reçu, faire quelque chose d’utile aussi bien aux autres qu’à toi, grâce aux œuvres de justice, pour que les hommes, entraînés par ton bon exemple, offrent à Dieu l’honneur de leur louange.
Lorsque tu l’auras multiplié de façon utile, en toute justice, la louange et l’action de grâces te toucheront, pour cette connaissance de Dieu qui, par l’Esprit-Saint, t’a inspiré ces vertus ; et alors, tournant vers toi la miséricorde de sa grâce dans la douceur de son amour, il te fera généreusement brûler de son amour, si bien que, rempli par la consolation de l’Esprit-Saint, tu discerneras avec sagesse ce qui est bien et accompliras encore davantage d’œuvres bonnes, glorifiant dans un très ardent amour ton Père qui t’a très généreusement donné cela. 
Que mes brebis entendent ces paroles et que tous ceux qui ont les oreilles de l’esprit intérieur comprennent : il me plaît que les hommes qui me connaissent et m’aiment agissent ainsi, afin qu’ils comprennent par eux-mêmes ce que doivent faire en eux les dons de l’Esprit-Saint » (1)
Offrons-nous un temps de silence pour goûter l’Amour de Dieu, approfondir l’invitation de Ste Hildegarde et disposer notre cœur à l’action de l’Esprit-Saint… 
Seigneur, tu nous as donné en Sainte Hildegarde von Bingen un guide sur le chemin de la vie monastique. Tu lui confias le secret de tes mystères et la mission de les révéler à tous ceux et celles qui te suivent.
Accorde-nous de nous laisser interpeller par son message et de découvrir la Parole que tu nous adresses aujourd’hui.
Nous te le demandons, par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.
Sr Myrèse le 18 septembre 2020
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(1) 10e vision de la 3e partie, p. 638-639.
https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/luc-731-35/ 
« A qui donc vais-je comparer les hommes de cette génération ? A qui sont-ils comparables ?»
Jamais le Seigneur ne cessera de se poser cette question, espérant que nous nous la posions à notre tour :
« Gamins assis au marché » ou « Enfants de la Sagesse » ?
https://dioceseparis.fr/homelie-du-cardinal-andre-vingt-39909.html 
Frères et Sœurs,
En ressuscitant le fils de la veuve de Naïm, Jésus adresse un triple message. 
Le premier message est évidemment destiné à cette pauvre femme, veuve qui n’a qu’un fils. Celui-ci peut lui permettre de subsister et d’avoir sa place dans la société. Elle se voit brusquement dépouillée de tout ce qui pourrait l’aider à vivre. Jésus est saisi de compassion pour cette femme, et, à comme à plusieurs reprises dans l’évangile de saint Luc, en différentes circonstances, nous voyons comment se développe la miséricorde du Seigneur à travers l’action du Christ. Il voit la misère de cette femme, il voit sa peine, il s’approche et il sauve.
Le deuxième message s’adresse à la foule qui l’entoure. Beaucoup sont certainement des Juifs qui connaissent bien l’Écriture et l’histoire de leur peuple. En ressuscitant ce jeune homme, Jésus réactualise le geste qu’avait accompli le prophète Elie lorsqu’il avait ressuscité le fils de la veuve chez qui il était réfugié. Jésus pose ici un acte qui assoit son autorité comme homme de Dieu. Devant la résurrection du fils de la veuve de Naïm, ceux qui connaissent l’histoire d’Elie font un rapprochement entre cette résurrection et celle opérée par le prophète. Alors ils rendent gloire à Dieu et disent : « un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple » (Lc 7,16). Nouvel Elie, Jésus devient aux yeux de ses auditeurs un authentique porte-parole de Dieu : ce qu’il dit est vraiment ce que Dieu veut dire.
Mais il y a un troisième message que Jésus délivre à travers cette résurrection. C’est une prophétie qui annonce ce que lui-même va vivre. Lui aussi sera couché parmi les morts. Lui aussi, par la puissance de Dieu va se relever vivant. Aussi, ce jeune homme à qui il rend la vie est comme une annonce qui préfigure ce que les événements vont dévoiler à Jérusalem et que les témoins attentifs reconnaîtront à travers la résurrection de Jésus. Jésus est non seulement un porte-parole authentique de ce que Dieu veut dire, mais il est un opérateur efficace pour surmonter la mort et parvenir à la vie.
Ce triple message de Jésus nous est adressé à nous. Aujourd’hui, nous sommes bénéficiaires de la compassion de Jésus. Nous, aujourd’hui, comme peuple de Dieu, comme Église du Christ, comme la foule qui entourait Jésus au moment de la résurrection du fils de la veuve de Naïm, mais aussi chacun et chacune d’entre nous, avec les blessures qu’il supporte, les cicatrices qu’il peut garder de blessures anciennes, les souffrances, les inquiétudes, bref tout ce qui fait de notre existence un tissu de points d’interrogation exploités par les amateurs de frayeurs qui s’emploient à nourrir notre anxiété. Nous avons besoin de la compassion de Jésus. Nous avons besoin qu’il nous regarde de son regard d’amour. Nous avons besoin qu’il vienne vers nous et qu’il accomplisse pour nous un geste de salut. Par notre incorporation au Christ dans le baptême et la confirmation, nous sommes devenus des acteurs de la compassion de Jésus à l’égard des hommes. Le Pape François, à plusieurs reprises, nous a invités à mettre en œuvre cette attitude de bienveillance et à nous engager pour soulager la misère de nos frères. Nous sommes touchés par la compassion que Jésus nous porte. Nous sommes appelés par cette compassion à devenir nous-mêmes compatissants à nos frères et sortir de l’indifférence ou de l’ignorance devant les souffrances des autres.
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Le Christ, grand prophète qui parle vraiment de Dieu, est celui qui nous atteint par sa parole. Ce grand prophète n’a pas seulement parlé aux Juifs du temps de Jésus de Nazareth, il continue de nous parler à nous par la proclamation de l’Écriture dans la liturgie, par le message qui nous touche au cœur de sorte que chacune et chacun d’entre nous, en entendant ces paroles du Christ, en les méditant, perçoit que ce mot, cette phrase ou ce message, lui est destiné personnellement, comme une parole de Dieu qui s’adresse à son cœur. Cette parole qui nous vient du Christ nous invite à accueillir les messages que Dieu nous adresse, par l’Écriture que nous méditons, par les sacrements que nous célébrons, par la charité que nous essayons de vivre.
Enfin, le message du Christ vainqueur de la mort, s’adresse évidemment à chacun et chacune d’entre nous pour nous poser cette question : en qui mettons-nous notre espérance ? Qui est capable de sauver la vie des hommes ? Qui est capable de sauver ma propre vie ? Ni la puissance que la technologie peut développer, ni l’illusion que beaucoup se donnent de pouvoir surmonter les difficultés de la vie par la puissance de l’argent, ni l’illusion de l’orgueil qui nous fait croire que nous n’avons besoin de personne.
Croire au Christ ressuscité, c’est reconnaître que pour chacun et chacune d’entre nous, il n’y a pas d’autre nom sous le ciel par lequel nous puissions être sauvés. C’est remettre dans notre vie Jésus-Christ au centre, comme la lumière qui aide à discerner ce qui est bien ou mal, à mettre en nous le désir de faire ce qui bien et de rejeter ce qui est mal, à découvrir de plus en plus profondément la joie de suivre son chemin et à rendre gloire à Dieu comme les foules qui l’ont vu ressusciter le fils de la veuve de Naïm : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple » (Luc 7,16).
Amen.
+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.
Dimanche 5 juin 2016 - Notre-Dame de la Nativité de Bercy 
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2012/05/un-centurion.html
lien pour l'image: https://opusdei.org/fr/article/exemple-de-foi-7-la-foi-du-centurion/
Lectures : Nombres 21, 4b-9 Psaume 77 ; Philippiens 2,6-11 ; Jean 3,13-18
http://bibleetviemonastique.free.fr/jean/nehoset.htm 
La mort faisait son œuvre, en plein désert, dans le camp d'Israël, par des serpents "à la morsure brûlante". Non pas n'importe quelle mort, mais une mort vécue comme châtiment des récriminations du peuple. Les fils d'Israël viennent alors à Moïse, pour l'aveu et pour la conversion : "Nous avons péché ... intercède pour nous !". Et Dieu indique à son peuple le moyen qu'il lui donne pour triompher de la mort, un moyen étrange, aussi paradoxal que le pardon de Dieu : puisque ce sont les serpents qui font mourir, c'est un serpent qui fera vivre, et, qui plus est, un serpent mort, coulé dans le bronze, figé à tout jamais, symbole de la victoire définitive de Dieu.
Ironie paternelle de Dieu qui apporte la vie là même où agissait la mort, qui invite son peuple à regarder intensément en direction d'un signe, d'un serpent dérisoire fondu dans le métal des anciennes idoles, afin qu'il soit bien clair désormais que le salut vient de lui seul. C'est déjà en ce sens que le livre de la Sagesse, quelques dizaines d'années avant notre ère, interprétait l'épisode du serpent d'airain : "Celui qui se tournait vers le serpent n'était pas sauvé par l'objet qu'il regardait, mais par Toi, l'universel sauveur. Tu prouvas ainsi que c'est Toi qui délivres de tout mal" (Sagesse 16,7-8).
Aujourd'hui encore le signe du serpent s'accomplit pour l'Église qui, chaque jour, fête le triomphe de Jésus sur la croix et par la croix.
Car la communauté de Jésus n'en finit pas de traverser le désert et ne parvient pas toujours à valoriser son exode et son exil. Voyant son chemin jalonné de tant de défections, de tant de chutes, l'Église, affaiblie par toutes les morsures de l'incrédulité, de la raillerie ou de la désunion, en vient à perdre confiance, et elle se met à regarder avec nostalgie vers "l'Égypte" de la facilité et des compromissions.
Dieu a répondu à Moïse dans le désert : "Façonne-toi un Brûlant, que tu placeras sur un étendard. Quiconque le regardera restera en vie" (Nb 21,8). Il répond aujourd'hui à l'Église : "J'ai dressé pour vous un signe de salut ; c'est mon Fils, sur l'étendard de la croix, regardez-le !".
Le salut commence donc par un regard, un regard vers Celui que les hommes ont transpercé (Jean 19,37), le regard de la foi vers le moyen paradoxal choisi par Dieu, le regard de l'espérance tourné et maintenu vers la croix du Seigneur. Car sur la croix la souffrance et la mort changent de signe. Dieu l'a voulu ainsi : par la croix de Jésus, la vie déferle sur le monde. Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu'il a livré son Fils unique. Dieu a élevé, puis exalté le Fils de l'Homme, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Et désormais, l'Église nargue, comme saint Paul, les forces de la mort spirituelle : " Thanatos, où est ta victoire ? Mort, où est-il, ton aiguillon ? Tu as voulu piquer l'humanité, et c'est toi qui vas disparaître !" (cf. 1 Corinthiens 15,55).
Ces grandes perspectives, qui sont celles du mystère pascal de Jésus et de l'Église, peuvent nous aider à mieux situer, dans notre vie personnelle, la souffrance, la maladie, l'échec, le vieillissement ou le service qui crucifie la jeunesse, les morsures de la vie fraternelle et les déserts de l'affectivité.
Tout cela, dans le creuset de la résurrection, c'est notre mystère de la croix. C'est un "mystère", donc, au sens paulinien, un plan de Dieu, un dessein de salut longtemps caché et qui peu à peu se dévoile. Tout cela, c'est notre croix, la croix concrète, personnelle, toujours inattendue et toujours étrange, qu'il faut saisir pour suivre Jésus. Et ce mystère de la croix ne se vit pas avant tout au plan émotionnel, mais au niveau du réalisme chrétien. 
On pleurait beaucoup, autrefois, devant la croix de Jésus, et l'on identifiait parfois trop vite l'entrée dans la Passion avec des moments de vulnérabilité affective. Mais la croix pour nous, celle qui ressemble le plus à celle de Jésus, c'est celle que Dieu nous aide à reconnaître, plantée là dans notre vie à un endroit que lui seul connaît. La vraie croix pour nous, c'est celle où les morsures du monde deviennent une "brûlure" secrète du cœur, la brûlure d'Emmaüs à l'écoute du Ressuscité. La vraie croix, c'est le réel de notre existence, assumé courageusement et comme un appel à la victoire de Jésus. 
La sainte croix, c'est le lieu du service d'où nous regardons vers le Christ Serviteur, et vers Dieu notre Père, qui seul peut faire de la vie avec toutes nos morts.
Deux images : l’arbre qui porte du fruit et creuser sa maison sur le roc.
Commençons par la 2ème : Qu’est-ce que le roc ? On peut dire, c’est le Christ, la pierre angulaire sur laquelle repose tout le bâtiment. IL faut creuser profond pour y arriver, c’est-à-dire persévérer dans la foi, ne jamais se décourager de chercher, de creuser comme on creuse pour trouver un trésor.
Mais le texte de l’évangile invite plutôt à comprendre que le roc c’est la mise en pratique de la parole de Jésus. Il ne suffit pas de lui dire « Seigneur, Seigneur… il faut faire ».
Cf. Dans Règle de saint Benoit : l’obéissance, ce n’est pas seulement « écoute », mais aussi « accomplis efficacement »…
La tempête : peut-être l’épreuve extérieure, ou l’épreuve intérieure (le doute, la fatigue, le découragement). S’appuyer alors sur le roc, c’est se tenir dans le réel plutôt que dans le rêve, s’enraciner dans l’action faite avec amour, en toute simplicité.
Chaque arbre se reconnaît aux fruits qu’il porte. Cette parole ne doit pas nous décourager, nous culpabiliser, mais plutôt nous encourager. Car si nous sommes l’arbre, nous savons que la sève qui nous anime vient de Dieu et que le fruit est le résultat de l’alliance entre l’arbre et la sève. Le fruit n’est pas notre œuvre, mais le résultat d’une alliance entre la grâce de Dieu et notre obéissance. Dire encore avec Saint Benoît : que la grâce de Dieu parachève tout ce que nous entreprenons… et que cela ne nous empêche pas d’entreprendre !
« L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ». Béni sois-tu, Seigneur, source de toute bonté, pour le trésor que tu confies à chacun de nous et que tu désires voir fructifier. Béni sois-tu pour ton appel qui nous encourage à fonder notre maison sur le roc. Béni sois-tu pour ta présence stable quand déferlent le torrent et la tempête, pour ton Esprit qui nous guide vers la réalisation de ta volonté.
Seigneur, éternel est ton amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains !
Béni sois-tu pour le rocher solide sur lequel nous pouvons édifier la maison de ton Église : le Christ, pierre angulaire, sur qui repose notre foi. Béni sois-tu de nous appeler à le suivre avec confiance, jusqu’au don de notre vie, pour devenir tes fils, à son image.
Seigneur, éternel est ton amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains !
Béni sois-tu pour le pain de la route et le vin de la fête, pour l’amitié humaine qui est reflet de ton amour, pour le témoignage des artisans de paix et de charité qui se laissent habiter par ton Esprit, pour tous les liens de communion qui nous établissent au cœur de ton Royaume et font de nous des veilleurs d’espérance.
Seigneur, éternel est ton amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains !
Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que tu penses à lui. Tu l’as voulu artisan de ton Royaume, comme un arbre qui porte du bon fruit. Tu nous as donné, en ton Fils Jésus Christ, le roc solide où fonder notre foi. Avec lui, tu veux nous voir marcher dans l’espérance. Donne-nous de mettre nos pas dans ses pas et nous pourrons te rendre gloire, à toi, Roi des siècles, Dieu unique, invisible et immortel, pour les siècles des siècles. Amen.
Sr Marie-Raphaël le 16 septembre 2017
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