(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
Quel est le poids d’une parole ? D’une parole
donnée ? La parole est au cœur de toute alliance. Mais l’expérience montre
que toute alliance est fragile, jamais acquise une fois pour toutes. Et c’est
sans doute ce qui la rend si belle. Les deux lectures de ce jour parlent de
l’alliance. Alliance désirée, brisée, renouvelée, fragile et forte tout à la
fois. Alliance qui s’appuie sur la parole de Dieu : et c’est là sa véritable
force.
Résonances
Le chapitre 24 est le dernier chapitre du livre de
Josué. Josué est devenu vieux et le peuple est bien installé en terre promise.
Mais avant de mourir, Josué sent qu’il est bon de reconfirmer l’alliance, car
il pressent qu’elle sera bien vite menacée par les infidélités d’Israël. Il
convoque toutes les tribus d’Israël à Sichem pour un moment solennel de
renouvellement de l’alliance. Dans le passage que nous venons de lire, il
retrace la mémoire du chemin parcouru, pour montrer à quel point Dieu a
toujours été présent, pour montrer que tout est don de Dieu. Nous
entendrons la suite demain, la réponse du peuple.
C’est beau, mais on lit entre les lignes que Josué n’y
croit pas. Il est sceptique. Il ne croit pas à la solidité de la parole donnée.
Rappelons-nous que ce livre a été écrit bien plus tard, pendant l’exil, dans
une situation où la terre promise et conquise a été de nouveau perdue. L’auteur
du livre de Josué sous-entend : « ce qui nous arrive maintenant
s’explique : voyez, Josué l’avait prédit ! ».
On peut le lire de deux façons : soit comme un
message désespérant (Israël n’est décidément pas à la hauteur de l’alliance et
retombe toujours), soit comme un message d’espérance (il est toujours possible
de revenir et de renouveler l’alliance). Ainsi, toute l’histoire sainte est une
histoire d’alliance faite et défaite, brisée puis renouvelée. La fidélité se
dit à travers ces parcours chaotiques. Ainsi, l’histoire sainte est une
histoire d’espérance, parce qu’elle nous révèle que l’alliance repose avant
tout sur la fidélité de Dieu.
Quand Jésus discute avec les Pharisiens sur
l’indissolubilité du mariage, c’est un peu la même idée. Le mariage est une
expression de l’alliance, posée par Dieu depuis les origines. Les Pharisiens et
Jésus débattent à partir de citations de l’écriture.
C’est typique du débat pharisien. Il y a dans l’écriture des paroles qui semblent se contredire. Laquelle
l’emportera ? On joue au ping-pong avec des citations. L’enjeu est, du
côté des Pharisiens, de parvenir à enfoncer Jésus, à le prendre en défaut. Du
côté de Jésus, l’enjeu est de montrer la profonde cohérence de l’écriture où, quoi qu’il arrive, c’est
la fidélité de Dieu qui l’emporte sur toutes les fragilités. Ces textes
m’invitent à méditer sur les alliances dans lesquelles je me suis engagée.
Suis-je fidèle ? Régulièrement, le Seigneur m’invite à redire oui.
Paradoxalement, la reconnaissance de ma fragilité constitue une base solide
pour reconstruire, car elle s’appuie sur l’inlassable fidélité de Dieu.
Prière
Dieu de nos pères, tu te donnes à connaître comme Dieu
de l’alliance. En faisant mémoire du chemin parcouru, nous reconnaissons ta
présence indéfectible et nous te bénissons. Consolide notre « oui »
et fais de nous les gardiens de la terre promise, les serviteurs du Royaume des
Cieux que tu ne cesses de construire avec nous.
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