dimanche 20 août 2023

Liturgie de la Parole, 19e vendredi TO

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Quel est le poids d’une parole ? D’une parole donnée ? La parole est au cœur de toute alliance. Mais l’expérience montre que toute alliance est fragile, jamais acquise une fois pour toutes. Et c’est sans doute ce qui la rend si belle. Les deux lectures de ce jour parlent de l’alliance. Alliance désirée, brisée, renouvelée, fragile et forte tout à la fois. Alliance qui s’appuie sur la parole de Dieu : et c’est là sa véritable force.

Résonances

Le chapitre 24 est le dernier chapitre du livre de Josué. Josué est devenu vieux et le peuple est bien installé en terre promise. Mais avant de mourir, Josué sent qu’il est bon de reconfirmer l’alliance, car il pressent qu’elle sera bien vite menacée par les infidélités d’Israël. Il convoque toutes les tribus d’Israël à Sichem pour un moment solennel de renouvellement de l’alliance. Dans le passage que nous venons de lire, il retrace la mémoire du chemin parcouru, pour montrer à quel point Dieu a toujours été présent, pour montrer que tout est don de Dieu. Nous entendrons la suite demain, la réponse du peuple.

C’est beau, mais on lit entre les lignes que Josué n’y croit pas. Il est sceptique. Il ne croit pas à la solidité de la parole donnée. Rappelons-nous que ce livre a été écrit bien plus tard, pendant l’exil, dans une situation où la terre promise et conquise a été de nouveau perdue. L’auteur du livre de Josué sous-entend : « ce qui nous arrive maintenant s’explique : voyez, Josué l’avait prédit ! ».

On peut le lire de deux façons : soit comme un message désespérant (Israël n’est décidément pas à la hauteur de l’alliance et retombe toujours), soit comme un message d’espérance (il est toujours possible de revenir et de renouveler l’alliance). Ainsi, toute l’histoire sainte est une histoire d’alliance faite et défaite, brisée puis renouvelée. La fidélité se dit à travers ces parcours chaotiques. Ainsi, l’histoire sainte est une histoire d’espérance, parce qu’elle nous révèle que l’alliance repose avant tout sur la fidélité de Dieu.

Quand Jésus discute avec les Pharisiens sur l’indissolubilité du mariage, c’est un peu la même idée. Le mariage est une expression de l’alliance, posée par Dieu depuis les origines. Les Pharisiens et Jésus débattent à partir de citations de l’écriture. C’est typique du débat pharisien. Il y a dans l’écriture des paroles qui semblent se contredire. Laquelle l’emportera ? On joue au ping-pong avec des citations. L’enjeu est, du côté des Pharisiens, de parvenir à enfoncer Jésus, à le prendre en défaut. Du côté de Jésus, l’enjeu est de montrer la profonde cohérence de l’écriture où, quoi qu’il arrive, c’est la fidélité de Dieu qui l’emporte sur toutes les fragilités. Ces textes m’invitent à méditer sur les alliances dans lesquelles je me suis engagée. Suis-je fidèle ? Régulièrement, le Seigneur m’invite à redire oui. Paradoxalement, la reconnaissance de ma fragilité constitue une base solide pour reconstruire, car elle s’appuie sur l’inlassable fidélité de Dieu.

Prière

Dieu de nos pères, tu te donnes à connaître comme Dieu de l’alliance. En faisant mémoire du chemin parcouru, nous reconnaissons ta présence indéfectible et nous te bénissons. Consolide notre « oui » et fais de nous les gardiens de la terre promise, les serviteurs du Royaume des Cieux que tu ne cesses de construire avec nous.

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