dimanche 20 août 2023

Liturgie de la Parole, 19e jeudi TO

Sœur Marie-Raphaël

 Ouverture

Nous avons lu hier le récit de la mort de Moïse. Aujourd’hui, avec Josué, son successeur, nous franchissons le Jourdain, nous entrons dans cette terre promise, tant de fois décrite par Dieu à Abraham et les siens… Ce ne sera peut-être pas si simple que cela ! Jésus aussi nous parle d’une terre promise…

Résonances

Du livre de Josué, la liturgie ne propose que trois extraits : le passage du Jourdain, qui marque l’entrée en terre promise (chapitre 3), puis l’assemblée de Sichem avec le renouvellement de l’alliance, à la fin du livre, juste avant la mort de Josué (chapitre 24, fin du livre).

Entre les deux : le récit d’une conquête : beaucoup d’invraisemblances historiques, beaucoup de violences qui, prises à la lettre, justifient les pires attitudes nationalistes, jusqu’à des génocides. Livre insupportable. Rejet de ce Dieu-là.

Il ne s’agit pas d’un récit historique ! Ce qui est en jeu, c’est l’avenir de l’Alliance. Aujourd’hui, nous voyons l’importance de l’arche d’alliance dans le passage du Jourdain.

Beaucoup de choses s’éclairent quand on part de l’hypothèse que ce livre est une relecture de l’histoire faite par un groupe de scribes exilés (2ème moitié 6ème siècle), à un moment où la terre a de nouveau été perdue ! On cherche à expliquer, a posteriori, pourquoi après l’avoir gagnée, on l’a de nouveau perdue ! Théologie deutéronomiste.

Le livre de Josué insiste sur quelque chose de paradoxal : la terre promise est donnée, et en même temps il faut la conquérir. Cf Titre d’un livre : « le don d’une conquête ». Et la conquête – présentée comme un combat – consiste à laisser toute la place à Dieu, à se laisser guider par Dieu, à demeurer fidèle à sa Loi. Josué, au début du livre, est présenté comme celui qui médite jour et nuit la Loi du Seigneur.

Jésus ne parle pas de la terre promise, mais du Royaume des Cieux. Il y a ce même paradoxe : le Royaume des Cieux est à la fois donné et à recevoir. Chez Matthieu, Jésus fait cinq discours et chacun de ces discours parle, à sa manière, du Royaume des Cieux. Nous sommes dans le 4ème discours : discours sur l’église, sur les relations communautaires dans le Royaume. Deux grands thèmes : l’attention aux plus petits et le pardon. Le pardon donné et le pardon reçu : c’est une des clés du Royaume. La parabole étrange qui nous est racontée aujourd’hui nous donne matière à méditer. Il semble que, dans la complexité des relations humaines, le pardon soit la chose la plus compliquée, tant à donner qu’à recevoir. Parce que la fameuse dette est parfois bien plus qu’une dette, une blessure profonde et définitive. Je pense que cette parabole est inachevée. Jésus nous invite, chacun pour notre part, à en écrire la suite.

Prière

Seigneur Jésus, tu nous invites à franchir le Jourdain pour entrer résolument dans la logique du Royaume des Cieux. L’arche de l’alliance qui ouvre les eaux du fleuve, c’est ta présence au milieu de nous. Conduis-nous sur le chemin de la vérité et du pardon. Apprends-nous à reconnaître que la vie que Dieu nous donne n’est pas une dette, mais une mission.

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