mardi 9 février 2021

Liturgie de la Parole 5e mardi TO

 (sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce 5e mardi de l’année impaire, la liturgie nous offre des lectures en contraste…

Le livre de la Genèse poursuit le récit de la création, à savoir du 5e au 7e jour : « Et Dieu vit que cela était bon », voire « très bon ».

L’extrait de l’évangile de Marc nous propose des questions de ritualité, typiques de la casuistique juive.

Des scribes et des pharisiens demandent à Jésus :

« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ?
Ils prennent leurs repas avec des mains impures »

Quant au psalmiste, il nous entraîne en sa louange :

« Ô Seigneur notre Dieu, qu’il est grand, ton nom par toute la terre ! »

Son chant nous invite à recueillir les intentions de notre monde, des hommes et femmes de notre temps pour les présenter au Seigneur et découvrir la Bonne Nouvelle qu’Il nous destine.

Nous pouvons faire nôtre sa question :

« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? »

Ecoutons la réponse de notre Dieu…

 

Méditation

Le livre de la Genèse poursuit le récit de l’œuvre créatrice.

Il y est fondamentalement question d’un don de Dieu.

Don des « grands monstres marins… des êtres vivants dans les eaux… des oiseaux »

Ensuite, don des « bêtes sauvages… des bestiaux… et des bestioles de la terre »

Enfin, l’adam, l’humain, que Dieu créa : « homme et femme »

Où Dieu fait don du « vis-à-vis », pour reprendre l’expression de Sr Véronique Margron.

Ce don de Dieu apparaît aussi dans la nourriture de tous ces êtres vivants :

« Je vous donne toute plante… et tout arbre »

Alors, Dieu révèle son projet, son rêve :

« Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ».

Dieu partage ce qui le caractérise, son être propre : Dieu est un dispensateur de dons.

Comme l’écrit André Wénin :

« Si Dieu est celui qui donne la terre à l’homme, c’est en donnant la terre à l’autre qu’on réalisera l’image de Dieu tout en rejoignant son désir »

Et, dans la liberté qui lui est acquise, l’homme « peut aussi reconnaître librement en Dieu la source de ce don ».

Et Wénin de conclure : « Mais une telle attitude n’est pas requise… Elle est de liberté et jaillit du cœur de l’alliance. Et c’est un surcroît de bonheur pour Dieu, je crois »[1].

 Dans l’évangile, la controverse que Marc raconte, sur le pur et l’impur, doit être replacée dans son contexte.

Elle se situe entre les deux épisodes où Jésus partage le pain, d’abord aux Juifs, ensuite aux païens.

Ces deux récits sont centrés sur le registre du don.

Et tout don interpelle.

Les Pharisiens et scribes, qui entrent en scène en ce chapitre 7, interrogent Jésus sur « la tradition des anciens », en s’attardant non à l’aspect « repas », mais à celui des « mains impures » des disciples de Jésus.

Jésus, lui, oppose « commandement de Dieu » et « tradition des hommes ».

Selon Camille Focant, « ces pratiques (de purification) ne s’appliquaient effectivement, selon la loi écrite, qu’aux prêtres pour leur office dans le temple. Mais, à l’époque de Jésus, les pharisiens avaient le souhait d’en étendre l’usage à la vie de tous pour sanctifier toute la vie du peuple tout entier »[2].

Dès lors, ce qui compte pour eux n’est pas tant le signe que constitue l’activité de Jésus, singulièrement le don du pain, mais l’observance des préceptes et des lois.

La réponse de Jésus quitte le registre de la ritualité pour les orienter vers un autre registre, celui du don, manifeste dans « le commandement de Dieu ».

Ce commandement de Dieu, c’est de rendre grâces pour les dons reçus, ce partage du pain qui préfigure le partage de la vie de Jésus.

C’est accueillir Dieu et ses créatures.

Le commandement de Dieu est du côté du « cœur ».

Invitation à une unité entre le cœur et les actes.

Mise à distance de la duplicité.

Authenticité de l’acte de foi.

Ce chemin, auquel Jésus invite les scribes et Pharisiens de son temps, Jésus nous y invite pareillement.

Et Il nous questionne :

Oserons-nous percevoir le don de Dieu dans nos vies, là où nous sommes ?

Temps de silence

Notre Père

Oraison

Seigneur, Ta Parole nous révèle que Tu n’es que don. Ton être se révèle dans le don de la création et de ses bienfaits, don de la Vie, hier comme aujourd’hui. Envoie ton Esprit afin que nous apprenions à Te discerner derrière les dons reçus, à les partager et à t’en rendre grâces. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles


[1] A. Wénin, L’homme biblique. Anthropologie et éthique dans le Premier Testament, Paris, Cerf, 1995, p. 35.

[2] C. Focant, L’évangile selon Marc, Paris, Cerf, 2004, p. 268.

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