vendredi 19 octobre 2012

Un feu

Un feu, je suis venu jeter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! D’un baptême, j’ai à être baptisé et combien je suis pressé qu’il soit accompli. Pensez-vous que je suis venu donner la paix sur la terre ? Pas du tout ! Je vous le dis, au contraire, la division ! Ils seront en effet dès maintenant cinq dans une maison, divisés : trois contre deux et deux contre trois. Ils seront divisés père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle fille contre belle-mère.

Luc 12, 49-53

Viens Esprit de Jésus, viens ouvrir en nous un accueil inconditionnel à sa venue
Viens Esprit de Jésus, viens nous baptiser de ce même feu, que nous brûlions d’amour.

Un feu, je suis venu jeter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Quel est ce feu ? le feu peut être un danger, un châtiment, il peut réchauffer, éclairer. Si  je regarde l’utilisation du mot feu dans l’évangile de Luc, il paraît avec ces divers sens. Mais il est difficile de voir Jésus se réjouir, désirer qu’un feu de châtiment fonde sur la terre. Le feu est aussi associé chez Luc à l’Esprit (dans l’annonce du baptême dans l’esprit et le feu ; à la Pentecôte). Alors je vois le grand désir de Jésus de nous donner son Esprit, de voir nos cœurs embrasés de cet Esprit, qui serait le signe de l’accomplissement de sa mission ! Si tous nous brûlons du feu de l’Esprit, n’est-ce pas que le Royaume est là !

Jésus dit : « je suis venu »… dans les paraboles précédentes, il paraît de celui qui vient ! C’est bien une manière de nommer le Messie sauveur ! Le don de l’Esprit, est un geste sauveur !

D’un baptême, j’ai à être baptisé et combien je suis pressé qu’il soit accompli.
Après le feu, l’eau ! Le terme traduit ici par « pressé » peut aussi être traduit par « angoissé ». Le baptême c’est l’engloutissement par les eaux. Le baptême chrétien, est passage par l’eau comme symbole de la participation à la mort du Christ, pour avoir part à sa vie. Jésus annonce comme un passage obligé la mort qui le guette, qui va l’engloutir… il est pressé, angoissé que cette heure vienne. Ce cri est comme un prélude de l’angoisse de Gethsémani ! Face à l’inéluctable, Jésus a hâte qu’il s’accomplisse, que le salut soit réalisé.

 Pensez-vous que je suis venu donner la paix sur la terre ?
Le Messie attendu était nommé par Isaïe, prince de la paix ! On attend de lui qu’il instaure un royaume de paix.

Pas du tout ! Je vous le dis, au contraire, la division !
Mais la paix du Royaume ne s’installera pas sans l’épreuve préalable… Si le Royaume est offert, si le salut est offert, encore faut-il qu’il soit accueilli ! Les réactions diverses et variées au message de Jésus peuvent causer des divisions. Certains accueillent, d’autres refusent. Certains croient, d’autres non. Nous sommes invités à choisir librement d’adhérer ou non au message de Jésus, à le vivre au quotidien. Refuser le mal, choisir le bien en toute circonstance. La division n’est pas voulue pour elle-même, elle paraît comme une conséquence. Elle est parfois nécessaire pour que chacun se mette debout, devienne lui-même !

 Ils seront en effet dès maintenant cinq dans une maison, divisés : trois contre deux et deux contre trois. Ils seront divisés père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle fille contre belle-mère.
Voilà les liens les plus proches, qui sont mis à mal. Jésus n’annonce pas les querelles familiales comme nécessaires, indispensables. Il constate que l’annonce de l’Evangile peut aller jusqu’à provoquer des dissensions dans les familles, selon l’accueil que lui font les uns et les autres.
La paix chrétienne est une paix pascale, une paix passée au creuset de la mort, pour connaître la vie ! Le premier mot du Ressuscité aux siens est « la paix soit avec vous » ! La paix est un don pascal !

Seigneur, embrase-nous du feu de ton amour. Que ton Esprit habite nos cœurs. Seigneur partage-nous ton baptême, qu’il nous soit donné de vivre avec toi chaque instant de notre quotidien.

Seigneur, que ton Esprit nous fasse discerner à chaque instant ton appel, et que nous y soyons fidèles, aussi rude soit le chemin.

Seigneur, toi seul tu es notre paix. Sois en nos cœurs celui qui apaise et rassure tandis que sévit la tempête ! Tu es la vie, par-delà toute mort, conduis-nous à toi !

1 commentaire:

raymond a dit…

"Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je le déclarerai pour moi devant mon Père qui est dans les cieux; mais celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux."
Dans Mathieu 10,32-33, ces versets précèdent les mêmes paroles de Jésus.
Cependant, il ne dit pas "mettre la division" mais "apporter le glaive", ce qui parait plus effrayant encore !
J'entendais dans le partage de ce vendredi combien nous sommes sensibles à la violence des mots employés. Des mots qui font peurs et qui incitent au refus de les entendre.
Je ne peux m'empêcher de relever le Psaume 55,13sq et 22 :
"Ce n'est pas un ennemi qui m'insulte car je le supporterais. Ce n'est pas un adversaire qui triomphe de moi, je me déroberais à lui. Mais c'est toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime... Les compliments glissent de sa bouche mais son coeur fait la guerre. Ses paroles sont plus douces que l'huile mais ce sont des poignards".

J'entends tous ces versets comme un encouragement à supporter le processus déséquilibrant de la séparation...qui serait bénéfique !
Il n'est pas venu apporter une paix facile, doucereuse mais une paix conquise au prix de nombreuses chutes.
"JE SUIS VENU mettre la division (apporter le glaive selon Mathieu)"
A travers cette parole difficile à entendre je suis arrêté sur le "Je suis venu" et il y a pour moi une invitation à lui faire confiance.
Pourrait-il me vouloir du mal?
Si souvent je suis confronté à des remarques, des oppositions, des comportements qui n'ont pas une juste résonance en moi. "Je suis venu" est donc le bien-venu pour, intuitivement, me pousser à me séparer, me différencier. Et c'est souvent douloureux, difficile de ne pas se conformer au regard des autres, d'être soi, différent des autres.
Je m'interroge sur le "je suis venu" et je l'interroge au fond de moi: Qu'as-tu à me dire au travers de mes relations?
Je découvre aide et assistance, secours bienveillant. Il vient me secourir au coeur de mes difficultés, de ces séparations si douloureuses.
Je pense aux séparations si difficiles d'un père ou d'une mère par rapport à son fils, sa fille, à tous ces liens tissés parfois si maladroitement, pervertis par des comportements inadéquats qui entraînent une forme de refus de la séparation du lien affectif.
Chacun a à vivre SA PROPRE VIE sans asservissement affectif, sans dépendance.
J'irai même, suite à mon expérience personnelle, jusqu'à la séparation définitive au moment du décès de mes enfants.
Toi qui es venu, toi qui viens, qu'as-tu à me dire ?
Je t'écoute au-delà de ma colère et j'accueille ce "Va vers ta Vie Corentin, Va vers ta Vie Gaëtan, sans moi" que tu m'inspires d'adresser à mes fils pour mon profit et le profit de tous.
"Tu es venu" me secourir, m'assister dans l'épreuve de la séparation. Assumer l'effroyable solitude, couper le lien de mort.
M'apprendre que j'ai moi-même une vie à vivre et souhaiter que mes fils trouvent la leur.
Je suis capable d'envisager la perte définitive parce que je suis décidé à vivre quand même, malgré la douleur.

Raymond
Je t'écoute