lundi 3 novembre 2025

Liturgie de la Parole 3 novembre solennité de saint Hubert

Lectures : Ezéchiel 3, 16-21 ; Psaume 95 ; 1 Corinthiens 9, 16-19. 22-23 ; Matthieu 9, 35-38

lien pour cette image des Jubilés de saint Hubert: https://www.jubilessainthubert.be/

 Homélie de Mgr Jean Pierre Delville le 31e dimanche ordinaire B

Saint-Hubert, 3 novembre 2024

Chers Frères et Sœurs,
C’est un jour de fête aujourd’hui ; nous célébrons l’anniversaire de la canonisation de saint
Hubert, qui a eu le dimanche 3 novembre 743. C’est donc le 1281ème anniversaire. Dans trois
ans on célébrera les 1300 ans de sa mort. Saint Hubert était un personnage important : il a
succédé à saint Lambert en 705 après l’assassinat de celui-ci ; il a réussi à maintenir l’unité du
diocèse malgré les tensions qui y existaient. Il était appuyé par l’autorité du maire du palais
Pépin de Herstal. Or celui-ci et sa femme Plectrude fondent ers 705 l’abbaye d’Andage en
Ardenne (future abbaye Saint-Hubert), au sud du diocèse de Tongres-Maastricht, en y
envoyant comme abbé Bérégise, moine de Saint-Trond. Ce fait pourrait manifester
l’engagement de Pépin et Plectrude envers le nouvel évêque, Hubert. Nous savons de source
sûre que Hubert a été missionnaire en Ardenne ; sa Vita nous dit : « Dans les Ardennes, il
détruisait beaucoup d’idoles et de statues qui y étaient vénérées et les jetait dans les
flammes ». Il y a donc de grandes possibilités que Hubert soit venu visiter l’abbaye d’Andage
peu après sa fondation. Son corps fut transféré dans cette abbaye en 825 par l’évêque
Walcaud. On va donc fête les 1200 an de ce transfert l’an prochain. Tout cet engagement
missionnaire est motivé par la foi en Dieu, un Dieu qui sauve, un Dieu qui aime, un Dieuqui
nous invite à aimer ?
C’est bien cela que nous montre l’évangile d’aujourd’hui (Marc 12,28-34) ; il s’agit d’un scribe
qui est félicité par Jésus. D’abord, parce qu’il pose une bonne question : « Quel est le
commandement qui est avant tout ? » Par cette question, il montre qu’il cherche ce qui est
essentiel dans la vie et dans la révélation de Dieu. Jésus répond en citant d’abord un passage
du Deutéronome connu de tous, puisqu’il s’agit de la profession de foi que les fidèles d’Israël
récitent chaque jour, matin et soir : « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique
Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton
esprit, de toutes tes forces » (Deutéronome 6, 4-5). Par cette phrase, la Bible insiste sur l’unicité de Dieu,
par rapport aux idoles ; mais elle souligne aussi que le croyant est invité à aimer Dieu, pas
seulement croire en lui ; et à l’aimer avec toutes ses forces vitales : avec son cœur, son âme,
son esprit, sa force. Cela nous interpelle déjà personnellement. Jusqu’à quel point est-ce que
nous aimons Dieu, jusqu’à quel point est-ce que nous mettons en lui notre énergie ? Notre
danger est souvent de mettre notre énergie dans beaucoup de choses secondaires et pas dans le
désir de l’essentiel. On pourrait dire que Dieu nous permet de nous délivrer de tous nos soucis
secondaires pour nous pousser à unifier notre vie autour de lui. L’aimer, c’est le désirer, le
rechercher, l’apprécier, le contempler, le connaître, le servir.
Pour parvenir à cette affection et à cette amitié avec Dieu, il faut un deuxième
commandement, qui concrétise cette démarche d’amour. Jésus trouve ce commandement dans
le livre du Lévitique. Il s’agit de la phrase : « Tu aimeras ton prochain comme toi même ».
Aimer son prochain pour lui-même, pour ce qu’il est, pas comme je voudrais qu’il soit – de
même qu’on s’aime soi-même comme on est. Jésus engage donc le scribe à cette démarche
d’amour concret. Aimer ainsi est un engagement sur une voie pleine de surprises. Quand on
aime, on ne sait pas ce qui va se passer dans la relation : un parent qui aime son enfant
découvre jour après jour de nouvelles facettes de son enfant, de bonnes et parfois de
mauvaises facettes ; aimer, c’est donc découvrir, apprécier et parfois corriger, faire grandir.
Un conjoint qui aime son conjoint s’engage dans une relation, qui a parfois des passages à
vide, parfois des moments d’exaltation et de joie profonde ; l’amour est donc fait d’une
alternance de reconnaissance et de déception, de contemplation de de conflits ; par ces étapes,
il s’approfondit. L’amour c’est aussi envers ceux qu’on ne connaît pas au départ : l’amitié
d’un jeune pour une personne âgée, d’un Belge pour une personne étrangère, d’une personne
aisée pour un pauvre, d’un bien-portant pour un malade, d’un travailleur pour un collègue,
etc. C’est le creuset de la vie chrétienne, l’originalité de l’engagement chrétien. C’est le
contraire de l’indifférence.
Ces deux amours, l’amour de Dieu et celui du prochain, trouvent en Jésus leur
accomplissement. En lui, ils s’unissent, se fondent et s’identifient. Jésus est celui qui aime ; il
est compatissant, il est miséricordieux, il est le seul bon. Il est l’homme qui sait aimer plus
que tous et mieux que tous. Jésus aime son Père par-dessus tout.
Frères et Sœurs, remercions le Seigneur qui nous a donné un double commandement si clair et
si gratifiant. C’est un défi qui ne nous écrase pas, mais qui nous épanouit et nous stimule,
comme il a stimulé saint Hubert dans sa pastorale missionnaire. Demandons au Seigneur qu’il
nous la grâce d’y être toujours plus fidèle et d’aimer toujours davantage Dieu et notre prochain. Amen.

Mgr jean Pierre Delville Saint-Hubert, 3 novembre 2024


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