samedi 31 mai 2025

Liturgie de la Parole 31 mai, Visitation de la Vierge Marie

Méditation

Dans son Magnificat, Marie ne dit presque rien d’elle-même : elle parle d’un Dieu fidèle à sa promesse, fidèle à son amour. Un Dieu qui relève les humbles et comble de biens les affamés. Et elle se reconnaît dans ce « peuple des humbles », ce « peuple pauvre et petit » dont parle le prophète Sophonie. Le « reste d’Israël » qui « prendra pour abri le nom du Seigneur ». La dernière page du prophète Sophonie ruisselle de joie, car elle proclame que la présence du Seigneur n’est pas dans un avenir lointain, mais qu’elle est toute proche, on ne peut plus proche : elle est « en toi ».
Je m’arrête un instant à cette préposition « en ». Elle vient d’une racine en hébreu (qèrèv) qui veut dire l’intérieur, la proximité (par opposition à « loin »), l’intérieur d’un groupe social, d’un lieu, l’intérieur du corps, le centre de la vie intellectuelle et psychique…. 
À l’intérieur de toi, au cœur de toi. Le prophète s’adresse à la ville de Jérusalem : « au cœur de la ville ». La liturgie l’applique à Marie : « au cœur de ton corps de femme ». Saint Augustin dit à Dieu qu’il est « intimo meo intimior », plus intime à moi-même que moi-même. 
Le récit de la rencontre des ces deux femmes enceintes dont les deux enfants se reconnaissent me fait penser aussi à ce que le père Jean-Pierre Longeat nous disait cette semaine : ces femmes se parlent « par les entrailles ». Elles n’ont pas besoin de beaucoup parler. Elles se comprennent par l’intérieur. Et que se disent-elles ? Que nous disent-elles ? « Heureuse es-tu, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ». Il est au cœur de toi, il est en toi.
Écoute ton cœur : il est plein de lumière !
C’est la raison de la vraie joie. Mais le texte dit plus encore : il déclare que cette joie n’est pas seulement la nôtre : c’est la joie de Dieu lui-même et c’est même d’abord cela ! Parce que la joie de Dieu, c’est de nous sauver. La joie de Dieu, c’est notre joie. En fait, c’est complètement fou de penser cela : que Dieu voudrait nous faire participer à sa joie. Marie et Élisabeth l’ont compris : elles ont eu l’audace d’y consentir.
Lire l’évangile de la Visitation au temps pascal, et qui plus est en cette neuvaine d’attente de la Pentecôte, c’est aussi demander à l’Esprit de nous rendre disponibles à cette joie. L’Esprit a pris Marie sous son ombre. L’Esprit a fait d’Élisabeth une prophétesse. Marie est au cénacle, avec les disciples. Avec eux, elle attend : ce qui va naître, c’est l’Église. 
Bien sûr, les nouvelles du monde ne sont pas toutes réjouissantes et nous nous demandons dans quelle mesure nous avons le droit d’être dans la joie, alors que tant de personnes sont dans la souffrance. Marie et Élisabeth sont des figures de l’espérance. Leur joie ne les rend pas étrangères au monde. Leur joie va aider Dieu à venir sauver le monde. J’entends encore le pape François qui répète : « ne nous laissons pas voler notre espérance, ne nous laissons pas voler notre joie ». Nous sommes invitées à rechercher une qualité de joie qui n’est pas indifférence au malheur des autres, mais qui est participation au salut, ouverture au salut que Dieu veut nous donner. Cela demande de la confiance. Dieu attend notre oui, comme il a attendu celui de Marie.

Sœur Marie-Raphaël


vendredi 30 mai 2025

Liturgie de la Parole 6e vendredi du Temps Pascal

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.
Nous poursuivons la lecture des Actes des Apôtres et du 4e évangile.
Je ne m’attarderai guère aux Actes des Apôtres, pour n’en glaner qu’un seul verset, trouvant un écho magistral dans l’Évangile : « Sois sans crainte… Je suis avec toi ».
Quant à l’Évangile, il retiendra notre attention après sa proclamation.
Anticipons-en la méditation par un verset du psaume-graduel :
« Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! »
Tournons-nous vers le Seigneur, en lui présentant les intentions de nos contemporains, par le chant des psaumes…

Méditation

Un bel Évangile, dont on ne se lasse pas.
Après la belle fête de l’Ascension, où Jésus a rejoint son Père, ce vendredi de la 6e semaine du TP nous replonge dans les discours d’adieux.
Ce temps intermédiaire est le temps de notre vie terrestre.
Cet Évangile peut tellement parler aux hommes et femmes de notre temps !
« Votre peine se changera en joie… et votre joie, personne ne vous l’enlèvera ».
Il ne s’agit pas de se rassurer à bon compte, en se réfugiant dans la quête du bonheur ou du bien-être.
Jésus évoque une dimension plus profonde, celle de la joie.
Elle est située ici en contraste avec les verbes « pleurer, se lamenter, être dans la peine ».
C’est ce que vivent tant de nos contemporains.
A eux, à nous-mêmes, Jésus offre une image concrète :
« La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ».
La métaphore de la femme enceinte sur le point d’accoucher nous met devant les yeux le passage entre les pleurs/la peine et la joie : « votre peine se changera en joie »

Ces discours de Jésus se situent avant sa Pâque, dans l’attente de « son Heure ».
Cette Heure, qui a été annoncée, « mon Heure n’est pas encore venue », se profile à l’horizon…
Jésus a ressenti les appréhensions et la peur que nous pouvons éprouver.
Rappelons-nous sa parole rapportée au chapitre 12 :
« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? ‘Père, sauve-moi de cette heure’ ? » (Jn 12, 27a).
Deux options s’offraient à Jésus et s’offrent aujourd’hui à nos contemporains et à nous-mêmes.
Rester enfermé dans la peur ; s’ouvrir à la confiance.
Ce choix de la confiance, c’est celui que Jésus a opéré lui-même.
Dès lors continue-t-il au chapitre 12 :
« Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12, 27b-28a).
Mais où Jésus a-t-il trouvé la force pour traverser cette Heure redoutée ?
Où nous conseille-t-Il de trouver force, encouragement et réconfort ?
Toujours au chapitre 12, après avoir demandé « Père, glorifie ton nom ! », l’évangéliste poursuit : « Alors, du ciel vint une voix qui disait : ‘Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore’ » (Jn 12, 28b).
Ce verbe « glorifier » s’apparente à la « gloire », étymologiquement selon l’hébreu, c’est « ce qui a du poids » : c’est-à-dire la présence de Dieu en Jésus, le poids de l’amour de Dieu.
C’est en son Père que Jésus a trouvé le ressort, les ressources nécessaires pour traverser son Heure.
Nos vies humaines, avec leurs fragilités et leurs souffrances, sont tout imprégnées d’un « poids d’amour » qui leur donne une véritable densité.
C’est à ce poids d’amour qu’il nous faut nous raccrocher.
Jésus nous a montré le chemin. Il a souffert Sa Passion, mais l’a traversée.
Il est à présent Vivant, à nos côtés.
Nos souffrances et nos épreuves trouvent ainsi un lieu qui puisse les recueillir et une Personne à qui les partager.
Alors, ce qui est lourd peut être mystérieusement allégé, car nous ne sommes plus seul(e)s !
Jésus nous précède sur ce chemin, car Il l’a vécu lui-même : « votre peine se changera en joie ».
Restons dans la confiance. Accordons-Lui notre foi.
En cette Présence de Jésus se trouve la source de la vraie joie, cette « joie… (que) personne ne nous enlèvera » !

Temps de silence

Notre Père 

Jésus nous partage le lien singulier qu’il vivait avec son Père. Redisons-Lui la prière qu’Il nous a enseignée…

Prière

Seigneur, lorsque l’épreuve ou la souffrance nous assaillent, tu nous dévoiles ta propre expérience, passage de la peine à la joie. Tu nous invites à la confiance, car Ta présence nous accorder de traverser nos peines pour les ouvrir à une « joie que personne ne nous enlèvera ». Aujourd’hui, renouvelle notre foi ! Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.


Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…

Sr Marie-Jean écrit le 10 mai 2024


jeudi 29 mai 2025

Liturgie de la Parole Ascension du Seigneur Année C

Homélie

La finale de l’Évangile de Saint Matthieu évoque le départ de Jésus, la fin de la période courte des apparitions :  apôtres et disciples sont rassemblés et Jésus leur déclare tandis qu’il les envoie en mission : « Et moi, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ». 
Dès le départ, d’ailleurs, en début d’Évangile, Matthieu avait dit de Jésus qu’il était l’Emmanuel, le Dieu avec nous. 
Avec nous dans sa vie publique, il le demeurera. Ainsi son absence signifie donc une autre présence, non pas un abandon mais une autre manière d’être là. 
L’Évangile de Luc exprime cette même réalité en évoquant le don et la présence de l’Esprit. Luc fera une large place à l’Esprit : ici il relie le don de l’Esprit à une force venue d’En-Haut. Il s’agit notamment d’une force qui permet de témoigner. Et quand l’Esprit est là, la joie est au rendez-vous.  Luc fait suivre son Évangile par les Actes des Apôtres dont nous venons de lire les tout premiers mots. On pourrait dire que le personnage central du livre des Actes est l’Esprit : tout au long l’Esprit de cesse de guider, d’inspirer. C’est lui que les disciples, les apôtres, les témoins, les pasteurs des communautés doivent écouter. C’est parce que l’Esprit est présent et à l’œuvre que les communautés peuvent se doter de formes inédites et audacieuses.  On peut penser par exemple à l’abandon de certaines règles du judaïsme, notamment les règles alimentaires et surtout au fait de se tourner vers les païens pour les accueillir et les intégrer.
Cet au-revoir, sinon cet adieu de la part de Jésus est susceptible d’inspirer sans doute notre vie de disciple. 
Notre Dieu est un Dieu pour nous, il est aussi un Dieu face à nous mais la finale de l’Évangile de Matthieu, comme le début insiste : il est un Dieu avec nous. 
Il est un Dieu pour nous : il se donne, il guérit, il soigne. Il est un Dieu pour nous comme nos parents ont été des parents pour nous, comme nous l’avons été pour nos enfants. Nous faisons à leur profit beaucoup de choses, nous consacrons beaucoup d’énergie, de temps et d’argent. Nous donnons, nous soignons…
Il est aussi un Dieu face à nous : il nous interroge, il enseigne, il propose une parole de vie.
Mais il est aussi un Dieu avec… peut-être est-il même surtout cela : un Dieu avec ! Un Dieu avec nous !
L’image d’un Dieu Tout-Puissant, d’un Dieu juge, comptable de nos actions, qui pèse, en nous, le pour et le contre, continue à nous habiter.  Mais il y a tout un chemin à faire pour découvrir un Dieu avec nous… non pas un magicien qui nous guérit et nous sauve, non pas un Dieu qui fait, agit, pense à notre place mais qui est avec nous sur la route, comme il l’a été par exemple avec les disciples d’Emmaüs. Et nous aussi nous avons à être une Église installée au milieu des hommes de ce temps. Une Église présente au cœur du monde, solidaire des pauvretés nombreuses de notre monde. Non pas une Église face au monde, contre le monde mais avec… comme nous y invite le Concile Vatican II, soyons une Église dans le monde de ce temps… et non hostile au monde de ce temps.
Luc met en évidence l’Esprit. Et pourtant, en Église, nous avons tendance à mettre en évidence l’institution, les structures, les règlements, les procédures. 
Parfois, nous restons-là à regarder le ciel et attendre. Attendre alors que l’Esprit nous est donné, alors que le Christ est avec nous. 
La crise de l’Église est profonde aujourd’hui mais il faut reconnaître que nous manquons d’imagination, de créativité, d’audace, de confiance aussi pour créer les communautés dont le monde a besoin. 
L’Église primitive s’est laissé conduire par l’Esprit et a fait cette expérience que le Christ était là, avec eux. Puissions-nous nous enrichir de leur expérience. 

Abbé Guy Balaes

PRIÈRE D’OUVERTURE

Seigneur Dieu, tu gouvernes les peuples avec grande sagesse. 
Béni sois-tu pour ta bienveillance envers chacun d’entre nous. 
Que nos corps et nos cœurs revêtent ton amour pour témoigner de ta présence parmi nos frères et sœur. Par Jésus…

PRIÈRE SUR LES OFFRANDES

Les mains levées vers le ciel, nous te présentons notre offrande, Seigneur Dieu. Elle est le fruit de notre travail en l’honneur du Christ que tu accueilles auprès de toi aujourd’hui.
Qu’elle nous fasse également demeurer avec toi dès maintenant et pour les siècles…

PRIÈRE APRÈS LA COMMUNION

Seigneur Dieu, par notre communion au corps et au sang du Christ, tu fais de nous des êtres nouveaux.
Que cette foi renouvelée nous mène vers nos frères et sœurs afin de témoigner de ton amour sans condition pour tous tes enfants. Par Jésus…

PRÉFACE

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, 
de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi Père, Roi de toutes les nations.
Aujourd’hui, tu élèves auprès de toi, le Christ, vainqueur de la mort.
Il est notre prêtre par excellence qui nous rassemble.
En lui, tous les croyants forment un  seul et même corps.
Dans la confiance, nous avançons vers toi, le cœur sincère et purifié.
C’est pourquoi, rayonnant de la joie pascale, nous exultons par toute la terre et auprès de tous nos frères, tandis que les anges dans le ciel chantent sans fin l’hymne de ta gloire : Saint… 

mercredi 28 mai 2025

Liturgie de la parole 6e mercredi du Temps Pascal

 Un Dieu qui se laisse chercher

Autel au Dieu Inconnu [1] 

Lectures du jour : (Actes 17, 15.22 – 18, 1) – Psaume 148 -  (Jean 16, 12-15)

Introduction

La liturgie nous fait entendre aujourd’hui un texte venu du cœur du monde grec : l'adresse de Paul à l’Aréopage (Actes 17, 22-34). Paul ne parle plus à des juifs ; il ne s’adresse plus à des gens qui attendent un Messie. Il entre dans le cœur intellectuel d’Athènes, dans l’univers des philosophes, des penseurs, des chercheurs de sens. Et il leur annonce un Dieu vivant, créateur, proche, qui se rend accessible à qui le cherche.

Ce Dieu présent dans l’univers tout entier, se révèle dans toute la création. Paul en parle. Nous le chantons avec le psaume 148.

L’Évangile de Jean (Jn 16, 12-15), lui, nous rapporte la parole de Jésus : Il promet à ses disciples « l’Esprit de vérité qui guidera dans la vérité toute entière ».

Ces textes mettent en perspective tout ce que l’Ascension va déclencher : l’ouverture universelle du témoignage chrétien sous l’action de l’Esprit. 

Préparons-nous à accueillir la Parole avec confiance.

Commentaire

Les lectures que nous venons d’entendre, je vous le disais, mettent en perspective tout ce que l’Ascension va déclencher : l’ouverture universelle du témoignage chrétien sous l’action de l’Esprit, avec une mission vers toutes les cultures, un langage nouveau pour traduire l’Évangile, un appel à la croire sans avoir vu, ou plutôt un appel à la conversion et à l'ouverte à cette présence particulière du Christ (une présence « mystérieuse », en ce qu'elle relève du mystère) à laquelle on accède par la foi.

Après l’Ascension, les disciples (dont nous sommes...) devront apprendre à vivre sans voir Jésus. Ils devront annoncer un Christ invisible, mais bien vivant, présent autrement. Et c’est exactement ce que Paul fait à Athènes !

À Athènes, Paul est seul, devant un auditoire cultivé et ouvert intellectuellement. Il a vu un autel dédié « au Dieu inconnu », qu'il interprète comme la trace d'une recherche spirituelle d'un « autre ». Un Dieu inconnu, un Dieu sans visage... Paul aborde son auditoire en utilisant les références culturelles des grecs. Il leur parle de leur aspiration spirituelle : « Ce Dieu que vous cherchez, je viens vous l’annoncer ». 

Il parle d’un Dieu créateur de toutes choses, qui n’habite pas dans les temples, mais qui habite la vie. Un Dieu que nul ne peut posséder, mais que chacun peut chercher. Et il en vient à dire l’essentiel : ce Dieu-là a établi un homme [2] pour juger le monde avec justice. Et il l’a ressuscité d’entre les morts.  

Et là, l’écoute se brise. Un homme ressuscité d'entre les morts ?! Certains se moquent. D’autres s’en vont. Quelques-uns seulement s’ouvrent. Comme Denys et Damaris [3], qui se convertissent...

Ce texte des Actes nous parle en fait du monde tel qu’il est et qu'il est encore aujourd'hui : traversé de désirs de Dieu, mais souvent rétif à la résurrection. Il nous dit quelque chose de notre mission : annoncer un Christ présent, parler à un monde qui ne partage pas nos codes, dire une parole ajustée, humble, patiente, habitée, oser une parole qui rencontre parfois le refus (mais parfois aussi l'adhésion).

Ce que dit Paul à Athènes, c’est une parole qui ouvre, sans forcer. Semer, sans toujours voir le fruit. 

Dans l’Évangile, Jésus dit à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. »,  « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière. »

Ce que dit Jésus, c'est qu'il faut laisser l’Esprit préparer les cœurs. Croire que la vérité est une lumière qui se donne en chemin.

Prenons le temps de préparer notre cœur à vivre l’Ascension comme une espérance vivante : celle d’un Dieu qui se laisse chercher, qui laisse place à un autre mode de présence, plus intérieur, plus libre, plus exigeant aussi. L'espérance d’un Dieu qui marche avec nous et nous envoie son Esprit pour nous conduire à la vérité, d'un Dieu dont on ose humblement mais sûrement témoigner aujourd'hui.
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[1] Autel au Dieu Inconnu, musée du Palatin, Rome (Photo : Sailko) https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56294298)
[2] Avez-vous remarqué que Paul ne cite pas le nom de Jésus ?
[3] Tiens donc, une femme dans l'Aréopage !

Isabelle Halleux, 29/5/2025


mardi 27 mai 2025

Liturgie de la Parole 6e mardi du Temps Pascal

Introduction

Bonjour, nous voici en Église, rassemblés autour de la Parole de Dieu, afin de nous en nourrir. Aujourd’hui l’Écriture nous interroge : qu’est-ce que la liberté ? la vraie ? sommes-nous vraiment libres ? comment orientons-nous nos vies, nos désirs ? où est notre joie ? laissons-nous interroger par la Parole, et entrons dans ce temps de célébration par la prière des psaumes.

Après l’Évangile

Qui est emprisonné ? qui est libre ? n’est-ce pas la question que nous pourrions poser à l’écoute de cette page des Actes ? alors un petit tour d’horizon : qui est libre ?
Les deux personnes qui livrent Paul et Silas aux magistrats ? ils les livrent parce que Paul a libéré leur servante d’un esprit qui l’aliénait, or cette aliénation faisait de cette servante une  source de gain pour ses maitres. La servante est libérée de cet esprit, mais eux ? Seraient-ils prisonniers de leur porte-monnaie ? Ils viennent et accusent en fait Paul et Silas d’être juifs, d’avoir des coutumes incompatibles avec leur vie à eux de citoyens romains. Cela ressemble furieusement à du mensonge et du racisme… seraient-ils prisonniers de leur jugement arbitraire, aveuglés par leur auto-centrement ?
La foule ?  Entraînée dans un mouvement sans savoir exactement de quoi il retourne, elle est prête à lyncher deux hommes… prisonnière de ses préjugés ? au sein d’elle chacun semble prisonnier du mouvement de foule, sans plus de pensée personnelle…
Les magistrats ? prisonniers de leur peur, de leur volonté de vivre en paix, donc de régler rapidement l’affaire, de satisfaire la foule en faisant arracher les vêtements de Paul et Silas, en les faisant battre et enfermer, sans même avoir pris le temps d’une écoute, d’un jugement éclairé ?  
Paul et Silas ? prisonniers ou libres ? à première vue prisonniers, mais même dans les fers, ils chantent les louanges du Seigneur… peut importe pour eux, ce qui leur arrive. Pour eux l’important c’est de vivre pour le Christ. Ils sont totalement décentrés d’eux-mêmes, totalement tournés vers Dieu. Heureux même dans le fond d’une prison
Le gardien ? au départ on aurait pu le croire libre, il tient les clés de la prison. Mais il tremble à l’idée de devoir rendre compte d’une évasion qui n’aurait pas dépendu de lui, mais d’un tremblement de terre. Et puis, le voilà qui devient libre de ses peurs, pour accueillir Paul et Silas, pour découvrir la lumière de la foi… et voilà le gardien libéré !!!

Sr Myrèse écrit le  19 mai 2020


lundi 26 mai 2025

Liturgie de la Parole 6è lundi de Pâques

Introduction

La lecture des Actes de ce jour nous raconte l'arrivée de Paul à Philippe, il pose les pieds en Europe. La grande aventure missionnaire qui a commencé en Orient se poursuit maintenant en Occident. Rendons grâce pour tous ceux qui parfois au prix de leur sang – martyrs – témoins- nous ont apporté la Bonne Nouvelle et transmis la foi. Dans l’Évangile Jésus nous promet le Défenseur, l'Esprit de vérité qui nous permettra à notre tour d'être des témoins de Jésus.  

Méditation

« Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. »
Oui, nous sommes appelés à être témoins de la résurrection de Jésus. Or Jésus nous dit : « l’Esprit de vérité qui procède du Père rendra témoignage en ma faveur. » L'Esprit nous a donc devancé dans le témoignage et cependant il demeure en nous pour qu'avec nous et à travers nous, à travers notre parole ou notre silence, nos réalisations visibles ou notre vie cachée selon l'appel que nous avons reçu et notre réponse à cet appel, il puisse rendre témoignage au Christ. De cette invitation à rendre témoignage personne ne doit se sentir exclu mais une seule condition : avoir rencontré Jésus et avoir cheminé avec lui.  « Vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. » « Être avec » c'est ce que st Marc nous dit au chapitre 3 de son évangile quand Jésus choisi ses apôtres : « Il en institua douze pour être avec lui ». Vivre en compagnonnage avec Jésus est essentiel pour être des témoins crédibles.
Ce dont nous avons à témoigner c'est de la victoire du Christ sur le mal qui est source d'espérance pour notre monde. Comment le ferons-nous ? Les manières de témoigner sont multiples car les dons de l'Esprit sont divers et variés. Chacun selon sa vocation propre trouvera dans sa vie le moyen de témoigner ; le Seigneur n'est pas à court d'idée et saura diriger nos pas. En effet, dans la 1ère lecture nous voyons Paul parler aux femmes juives réunies pour la prière au bord de la rivière et le Seigneur ouvre les cœurs « Le Seigneur ouvrit l’esprit de Lydie pour la rendre attentive à ce que disait Paul. » Après la résurrection les femmes courent et annoncent la Bonne Nouvelle aux apôtres et tout au début de l'évangile nous avons le témoignage de Jean Baptiste il désigne Jésus et s’efface devant lui. Tout au long de l'histoire de l’Église les exemples de témoins ne manquent pas, à commencer par St Étienne, le 1er martyrs, mot grec qui veut dire « témoins » et dont l'histoire est rapportée dans les Actes des Apôtres.
Alors que je réfléchissais à cette célébration, nous avons chanté à complies une hymne que je connais depuis plus de 15 ans : « Offrir ce jour », tout à coup la dernière strophe s'est animée, elle est devenue comme une réponse à ma question : Comment témoigner ? Que faire ?  Je vous partage ces paroles qui sont devenues vivantes pour moi et m'enracinent un peu plus dans ma vocation :
« Louer le Nom, que tout nom tient en lui scellé, s'unir au chant que lui voue tout vivant et faire en Dieu silence, pour que sans mots, nos vies parlent aussi de lui. » (Lit 95 1995 Texte CFC Frère David)
Que l'Esprit découvre à chacun comment être témoin de Jésus.  

Introduction au Notre Père 

 Nous qui voulons être témoins de Jésus, redisons ensemble la prière qu'il nous a apprise

Conclusion

Seigneur Jésus, tu as envoyé le Défenseur, l'Esprit de vérité pour que nous aussi soyons tes témoins. Accorde-nous cette grâce de ne jamais avoir peur de témoigner de toi, même quand les circonstances sont difficiles puisque l'Esprit habite en nous et que nous ne serons jamais seuls. Toi qui vis avec le Père et l'Esprit Saint aujourd'hui et dans les siècles des siècles.

Sr Jean Baptiste écrit le 23 mai 2022


dimanche 25 mai 2025

Liturgie de la Parole 6e dimanche de Pâques

Méditation de sr Marie Christine écrit le 11 mai 2020

Dieu se manifeste dans « le murmure d'une brise légère » (1Rois 19,12) et Jésus nous dit aujourd'hui « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole » - (il la gardera comme Marie « gardait toutes les paroles-événements dans cœur et les méditait dans son cœur » Luc 1,19 et 51) - « mon Père l'aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » : Texte central pour la vie chrétienne. J'avoue m'avoir guère envie de la commenter, mais plutôt de l'accueillir dans la prière et d'essayer d'en pénétrer mon cœur et toute ma vie.
Simplement un beau raccourci de Sainte Élisabeth de la Trinité, la carmélite de Dijon : « Dieu en moi et moi en lui c'est ma vie ». Cette phrase d'une lettre m'a été offerte pour l'anniversaire de mon baptême et je l'ai gardée précieusement, alors que j'étais postulante...Je ne l'ai jamais oubliée ![1]

Prière

Sans toi Seigneur, nous ne pouvons t'aimer ni garder tes commandements. Viens te manifester à nous et à tous les chrétiens en ce jour. Viens faire chez nous ta demeure. Envoie l'Esprit Saint qui nous enseignera toutes choses et nous aidera à descendre en nous même pour t'y rencontrer et te laisser grandir en nous. Toi qui nous aimes avec le Père et l'Esprit Saint dès maintenant et pour toujours.


Méditation de sr Marie Christine le 17 mai 2022

https://partage-de-lectio.blogspot.com/2022/05/liturgie-de-la-parole-5e-mardi-du-temps.html

Jésus nous dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. »
La vie chrétienne n’est pas une assurance anti épreuve ! Et heureusement car alors ce serait ambigu, illusoire, voire magique.
Mais nous avons l’assurance d’une Présence, celle de Jésus : « Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. » Et sur lui le Prince de ce monde « n’a aucune prise. »
Il offre sa paix à un moment clé, celui où la Passion est toute proche, où, parce qu’il aime le Père, il ne se dérobera pas à ceux qui veulent l’anéantir justement à cause de sa relation si particulière, déconcertante et déstabilisante, avec Dieu qu’il appelle son Père. À cause aussi de sa relation et de son attention aux plus pauvres, aux exclus du système religieux et politique. À cause de sa manière libre d’interpréter la Loi, la Torah, en donnant priorité à la personne, en mettant en lumière l’intention du texte (la vie et le relèvement de la personne) et non son application littérale. Nous l’avons entendu la semaine dernière : Je suis venu pour que les hommes aient la vie, la vie en abondance.[2]
La paix qu’il nous offre est une paix intérieure, une force de vie, une capacité de se relever, de rebondir, de repartir, de marcher même si la route est difficile. Et quelle route humaine est un long fleuve tranquille sans épreuve ? Aucune !

Prière

Seigneur, fais-nous prendre au sérieux ta promesse de paix pour atteindre enfin la confiance à laquelle tu nous appelles.
Que ta présence dans les cœurs pacifie les baptisés.
Et que, dans l’épreuve, tes témoins encouragent tes disciples, et toute personne, à se relever et à persévérer, car rien ne pourra nous séparer de l’amour du Père manifesté en toi.
Nous t’en prions toi qui nous aimes et nous conduis, dans l’Esprit, au Royaume du Père, dès maintenant et jusque dans les siècles des siècles.

[1]prières  pour poursuivre si vous le désirez
-Que mon cœur soit ta demeure : sainte Élisabeth de la Trinité, carmélite
http://users.skynet.be/prier/textes/PR0424.HTM
-O mon Dieu, Trinité que j'adore: Élisabeth de la Trinité
http://users.skynet.be/prier/textes/PR0328.HTM

[2] Cf. Jean 10,10 et d’autres textes comme Matthieu 23,23

samedi 24 mai 2025

Liturgie de la Parole 5e samedi du Temps Pascal

Accueil : Actes 16, 1-10

Je nous invite à rester enthousiastes même quand la Parole qui nous est annoncée a de quoi nous inquiéter.  Nous entendons et nous voyons combien c’est difficile, voire périlleux, d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et d’en vivre.
Dans les Actes, Paul est empêché par l’E.S. d’annoncer la Parole en Asie.  Il arrive dans le N-E de la Turquie et là aussi, l’Esprit ne lui permet pas d’annoncer l’évangile.  Paul quant à lui, il est animé d’un esprit qui lui brûle le cœur.  Ce n’est pas un message religieux qu’il apporte mais Quelqu’un qu’il porte au-dedans de lui et qui lui donne son rayonnement.
Il arrive à Troas à l’extrême ouest de la Turquie et c’est là que, de nouveau, l’E.S. se manifeste dans une vision : un Macédonien lui dit : « Viens, viens nous sauver ».
Ce que Paul dit partout où il va est très dérangeant.  Il ne faut dès lors pas s’étonner qu’il ait été confronté aux pires embûches, aux railleries, aux emprisonnements et à la torture.
Nous voyons et nous savons d’expérience combien c’est tellement plus facile de vivre d’une religion que de vivre libre dans l’amitié de Jésus, une amitié dont on sait qu’elle vient de Dieu.
Concrètement, comment on fait pour vivre heureux et joyeux au quotidien ?  C’est un don de Dieu qui se cultive et dont il faut avoir le désir.  Pour cela il est nécessaire de lutter contre toute forme de tristesse et ne pas entrer dans des discours aux idées noires.
Comme Paul nous sommes invités à avoir de l’audace, oser, être créatif, et avant tout à nous déplacer intérieurement. Les mots n’ont de l’importance que dans la mesure où ils nous parlent et vibrent en nous.

Commentaire : Jean 15, 18-21

« Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi…  Souvenez-vous de ce que je vous ai dit : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera vous aussi… »
Ce que Jésus nous dit n’a rien de bien emballant ni de très réjouissant.  Je pourrais avoir l’impression d’aller au casse-pipe et même que je ne pourrai pas y échapper.   Même si ces mots peuvent nous déstabiliser, il y a des raisons de croire qui sont plus fortes que nos peurs.  Je vois et j’entends dans les rencontres et les expériences vécues qu’il y a des façons de vivre et de mourir qui ne construisent rien sinon d’éternels regrets et il y des façons de vivre en étant vivant jusqu’à mourir en vie. C’est comme si nous pouvions apprendre dès maintenant ce que c’est que d’échapper à la mort, à la mort qui tue.   Nous pouvons expérimenter par la grâce de l’E.S. un rapport à la souffrance et à la mort, un rapport à ce qui meurt et qui en fait ne tue pas, qui n’anéantit pas.
Tout le ministère de Jésus, c’est d’être prêtre, prophète et roi, c’est de déposer dans le monde, dans les relations, dans la vie, une parole ou un geste prophétique, une parole ou un geste inspiré et qui fait vivre.  Alors nous comporter en enfant de Dieu, en fils et fille d’un même Père, ce n’est pas seulement une mission. Nous avons reçu la capacité de le faire.  Cela signifie que nous pouvons nous attendre à une sorte de restructuration profonde de notre personnalité où les différentes dimensions de notre condition humaine, s’assouplissent, s’attendrissent, sont pétries à la ressemblance de Jésus.  Nous devenons par le S.E. une créature nouvelle comme le dit Paul dans sa lettre aux Co.  Ce n’est pas d’abord une question de morale, c’est une question de ressemblance fraternelle et filiale.
Ceux qui ne vous écoutent pas ou qui vous traitent mal à cause de mon nom dit Jésus, c’est parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé.  Vous, « vous allez recevoir une puissance, celle du S.E. qui descendra sur vous, en vous, au milieu de vous, alors vous serez mes témoins ». (Ac 1, 8)

Invitation au Notre Père

Sans crainte et à l’invitation de Jésus lui-même, adressons notre prière à Dieu, son Père et notre Père.

Raymond


vendredi 23 mai 2025

Liturgie de la Parole 5e vendredi du Temps Pascal

Méditation

Bonjour à chacun chacune,
Je vais rebondir sur la journée de samedi dernier : thème qui me tient à cœur depuis le début de l’année 2025 « La beauté… s’émerveiller »
Je fais partie d’un groupe d’accompagnement où depuis janvier nous travaillons sur la beauté, à l’écoute de notre beauté intérieure.  Le thème de cet atelier « La beauté sauvera le monde, j’y vais et vous »? La beauté éveille l’âme, éveille le cœur. Qu’il s’agisse de s’émerveiller devant la nature, s’émerveiller devant la beauté humaine. Voici un vaste programme devant ce monde en souffrance.   
Nourrie par ce travail intérieur sur la beauté, je me suis inscrite à cette merveilleuse journée ici dont le thème était :
« La quête de la beauté comme chemin de conversion.  Un merveilleux programme. Cela commence ici et maintenant en nous.

La beauté conduit à L’amour. L’amour conduit à Dieu.
Dans l’évangile Jésus nous demande de nous aimer l’un uns les autres comme Lui nous aime.
A travers la beauté, notre âme s’éveille à la présence de l’invisible…un murmure, une joie fine, un souffle qui nous fait dire « j’aime ».
 Jésus disait à ses disciples : « mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.  Jésus tient ce dernier discours à ses disciples, c’est à la fois solennel et intime.  Jésus nous appelle ses amis. Il change le statut de ses disciples, ils deviennent ses amis, Jésus nous offre un chemin d’amitié. Pour croitre dans cette amitié, Jésus nous demande de nous aimer les uns les autres.
Jésus dit encore « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». Il est là présent au cœur de nos vies.  
Etre vivant c’est reconnaitre le Vivant en soi et au-dedans de l’autre.
 C’est reconnaitre en l’autre qu’il est unique et habité de la « Présence » c’est croire en lui au-delà de nos mots, de ses mots ? C’est l’aimer dans le  silence. C’est oser l’espérance.  

Florin Callerand écrivait :
« Ainsi se font les visites du Ciel en Terre, toujours par dedans, dans le secret…mais cela devient une lumière qui monte, sort des yeux et fait apparaître toute chose comme en transparence. Quand on voit, on aime !
Plus on aime, plus on voit. »

Introduction au Notre Père

Unis dans un même Esprit et confiants en l’amour du Père, prions comme Jésus nous l’a enseigné.   Notre Père…

Brigitte