lundi 17 mars 2025

 Liturgie de la Parole 2e lundi de Carême

Accueil : Daniel 9, 4-10

C’est déjà la deuxième semaine de carême, ce temps de remise en question qui nous est proposé pour un changement important dans nos manières de penser, de vivre et agir. C’est-à-dire, adopter des comportements en adéquation avec ce que les prophètes et Jésus nous révèlent dans les Écritures.                                                                                  

Je ne considère pas qu’il s’agisse de leçons de morale mais bien d’un éveil et une attention bienveillante de quelqu’un qui tient à nous, qui a le souci de notre bonheur parce qu’il nous aime.
Ceci dit, que ce soient les prophètes ou Jésus, ils ont besoin de notre collaboration.
Dans la première lecture, le prophète Daniel propose un chemin de conversion qui honore l’homme en le rendant libre et responsable : Il s’adresse au Seigneur par une prière et une confession :  
- Il reconnaît que Dieu est fidèle et garde l’alliance avec ceux qui l’aiment et observent ses paroles de vie.
- Notre part consiste à reconnaître nos fautes mais aussi la justice de Dieu quand nous éprouvons de la honte à cause de nos fautes, à cause du péché des hommes.
- Daniel reconnaît en Dieu la miséricorde et le pardon. Nous avons cette chance de pouvoir implorer la miséricorde et le pardon du Seigneur.
Nous verrons que Jésus, dans l’Évangile de Luc, nous éclaire par rapport à une perception de Dieu plus ajustée et nous précise les comportements à adopter.


Commentaire : Luc 6, 36-38

Après avoir entendu le prophète Daniel, je vous invite à écouter le neuf apporté par Jésus dans l’Evangile.
Pour Jésus, le Seigneur n’est pas le Dieu grand et redoutable envers qui nous implorons la miséricorde. Pour Jésus, Dieu est un Père qui est miséricordieux. C’est un état : Il est. Et sur ce plan, nous pouvons être rassurés.
Ce que Jésus nous demande, ce à quoi il nous invite, c’est d’adopter le comportement miséricordieux de son Père : « Soyez miséricordieux » c’est-à-dire, ayez un cœur disponible, ouvert, qui s’incline avec bienveillance et compassion sur notre misère et sur celle des autres. Sur la misère humaine plus globalement.                                                                        

 Cette miséricorde de Dieu est sans mesure puisqu’elle va jusqu’au pardon, autrement dit un don de vie au-delà de nos fautes, de nos iniquités, de nos péchés multiples et divers.
Comment cela nous est-il possible ?
Jésus nous donne des clés d’accès à la miséricorde.  C’est une règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on fasse pour toi (juger, condamner) et réciproquement, faire à autrui ce que tu voudrais que l’on fasse pour toi (pardonner)
Je vois deux attitudes fondamentales nécessaires : Le goût de la vérité sur soi et l’humilité face à soi-même et face aux autres.
Il y a quelques jours, j’écoutais une maman dévastée par l’annonce d’une condamnation à 30 ans de prison pour son fils.  La miséricorde et le pardon ne consiste pas à balayer d’un revers de la main une faute commise, à ignorer l’iniquité mais il s’agit :
- d’écouter la blessure et la douleur vécues par cette maman.
- Reconnaître aussi la blessure et la douleur de l’entourage des victimes.  
- Finalement, pour celui dont c’est la mission, écouter et accompagner ce fils reconnu coupable en accueillant qu’il reconnaisse, pas après pas, ses parts d’ombre, ses parts sombres pour l’aider à éveiller et découvrir en lui cette autre part indestructible d’un amour auquel il ne croyait pas.
Miséricorde et pardon nous dépassent.  Ce sont les doigts d’une main tournée vers Dieu comme une offrande. Ce qui apparaît alors, c’est la miséricorde et le pardon d’un Père dont l’alliance avec nous est indéfectible. La miséricorde et le pardon sont des grâces versées dans le pan de notre vêtement.  C’est sans mesure puisque Dieu ne sait pas compter paraît-il. Mais versées de manière bien pleine, tassée, débordante. Cela se manifeste, j’en suis sûr,  par la paix et la joie qu’elles suscitent.

Invitation au Notre Père :

A l’invitation de Jésus, en toute confiance, adressons notre prière à Dieu, notre Père plein de miséricorde et de tendresse pour nous.  Notre Père…

Raymond 17 mars 2025


samedi 1 mars 2025

Liturgie de la Parole, 1er samedi de carême - 1er mars 2025

 Méditation

 La dernière phrase de l’Evangile d’aujourd’hui me pose toujours question. Comment mieux saisir la portée de cette perfection demandée par Jésus ? Je me suis appuyée sur le commentaire du Père Jean Radermakers1et sur le Vocabulaire de Théologie Biblique2 (VTB)
Dans l’Ancien Testament « on ne qualifie pas Dieu de « parfait » : en hébreu, le mot ne s’applique bien qu’à des êtres limités. » (VTB).
« Outre le sens d’intégrité physique (cf. les règles sur le pur et l’impur) et morale requise de ce qui est consacré à Dieu, la perfection prend aussi celui de la fidélité à l’observance de la Loi (cf. la « béatitude » du Ps 119,1). » (J. Radermakers)
« Mais si la pratique de la Loi prétend se refermer sur elle-même, elle n’est plus qu’une fausse perfection et suscite l’opposition irréductible de Jésus.
… En révélant pleinement que le Dieu très saint est un Dieu d’amour, Jésus donne à l’exigence de perfection que suscite le rapport avec Dieu une nouvelle orientation. » (VTB) « La conjonction « comme », en effet, n’évoque pas ici seulement la ressemblance ; le sens de la phrase est à peu près « Vous donc, soyez parfaits de la perfection même de votre Père céleste ». (J. Radermakers) « Il ne s’agit plus d’intégrité à préserver, il s’agit des dons de Dieu, il s’agit de l’amour de Dieu, à recevoir et à répandre.
Jésus ne s’aligne pas sur les « justes » qui fuient le contact des pécheurs : c’est pour les pécheurs qu’il est venu… Qui veut profiter du salut qu’apporte Jésus doit donc se reconnaître pécheur et renoncer à se prévaloir d’aucun avantage personnel, pour ne se confier qu’en sa grâce. Sans l’humilité et le détachement, on ne peut suivre Jésus. » (VTB)
Alors cette invitation à être parfaits comme notre Père céleste est parfait est pour des pécheurs ! Ce n’est pas une perfection de perfectionniste, à la force du poignet. La perfection à laquelle sont appelés les enfants de Dieu est celle de l’amour. « Le contexte de Matthieu parle de charité universelle, d’amour étendu même à l’ennemi et au persécuteur. » (VTB) Cet amour interpelle : « Lorsqu’on voit apparaître un amour universel, on est curieux d’en découvrir la source ». (J. Radermakers)
« Le chrétien doit, certes se garder du mal, mais pour ressembler à son Père, il doit en même temps se soucier du méchant, l’aimer et, quoiqu’il lui en coûte, « vaincre le mal à force de bien » (Rom 12,21 ; 1 P 3,9). …les disciples de Jésus ont toujours à progresser, à croître dans la connaissance et dans l’amour (Ph 1, 9) » (VTB)

Devant cette perfection à laquelle Jésus appelle ses disciples, je me sens pauvre et incapable. Mais la perfection n’est pas notre œuvre, c’est celle de Dieu en nous et par nous. En ce temps de carême, ouvrons-lui d’avantage notre cœur et demandons-lui de nous transformer selon son amour.

 Introduction au Notre Père

 Jésus nous a aimés jusqu’au bout et nous offre de vivre en nous et avec nous cet amour pour tous, même quand cela nous semble impossible. Par lui, avec lui et en lui, prions le Père.

 Sr M Christine

Notes:
1 Jean RADERMAKERS Au fil de l’évangile selon saint Matthieu. Edition Institut d’Etudes Théologiques. Bruxelles 1972 tome 2 lecture continue p 94-96
2 Vocabulaire de Théologie Biblique. Editions du Cerf. Paris, 1977 (VTB article « perfection »)