(sœur Marie Raphaël)
Ouverture
Quel contraste entre les deux lectures de ce
jour ! Dans le récit des Actes, nous voyons Pierre et Jean pleins
d’assurance devant le Conseil suprême : « Est-il juste devant Dieu de
vous écouter plutôt que d’écouter Dieu ? à
vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que
nous avons vu et entendu ». Et d’autre part, dans l’évangile, comme ils
ont de la peine à croire ceux qui leur disent que Jésus est vivant !
L’évangile de Marc ne se termine pas en apothéose, comme un chant triomphal. Il
insiste plutôt sur le doute, la perplexité, la peur, le mutisme, la difficulté
de croire. Cela nous rejoint dans notre quête de la vérité.
Résonances
Dans ces six versets d’évangile que nous venons
d’entendre, nous avons rencontré 4 fois l’expression « ne pas
croire » ou « refuser de croire ». Quand Marie-Madeleine vient
leur dire que Jésus est vivant et qu’elle l’a vu, ils refusent de croire. On
pourrait dire : voilà encore un bel exemple de misogynie. C’est parce
qu’elle est une femme qu’ils refusent de lui accorder leur confiance. Mais tout
de suite après, il est question de deux disciples qui leur font le même
témoignage. Et ils ne les croient pas non plus. Vient ensuite Jésus
lui-même : il commence par leur reprocher leur manque de foi, leur dureté
de cœur. Puis il les envoie à leur tour proclamer l’évangile à toute la création.
Cette fin de l’évangile de Marc est frappante par son
insistance sur la difficulté de croire et le défi de témoigner. Vraiment, il
semble que le témoignage ne suffit pas, qu’il y faut quelque chose de plus, qui
serait l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Ressuscité. Le
témoignage est tout juste là pour préparer le terrain à cette rencontre.
Alors, croire, c’est quoi ? Voici une piste que
nous donne l’évangile : Jésus leur reproche leur « dureté de
cœur », leur sclérocardie. La foi se situe là : non dans
l’intelligence, dans notre désir de comprendre, de saisir les choses par la
faculté d’intelligence, mais dans le cœur. Et quand le cœur est dur,
l’expérience ne peut se faire. Le cœur n’est pas le sentimentalisme, mais le
centre de l’être. Il s’agit de percevoir els choses avec le cœur.
Autre piste : il n’est pas dit que Jésus vient à
eux et puis repart, il est dit que Jésus se manifeste à eux, se fait
voir. Autrement dit, il est déjà là, il est toujours déjà là, mais on ne le
voit pas nécessairement. Plutôt que d’apparition, il faudrait parler de
« transparition ». Il transparaît à travers une expérience, un
événement, une parole, et soudain sa présence devient manifeste, alors qu’avant
elle ne l’était pas. Pour percevoir cela, il faut les yeux du cœur.
« L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le
cœur », disait quelqu’un de célèbre… D’où cette insistance sur la
sclérocardie : le contraire de la foi, ce n’est pas le doute, mais la
dureté du cœur.
Pour venir à bout de cette dureté de cœur, il
suffirait peut-être de déverrouiller la porte, de l’entrouvrir pour laisser
passer la lumière. La lumière est là, mais si notre porte est close, elle
n’entrera pas, elle ne force rien. Si nous ouvrons la porte, la lumière entrera
sans rien forcer et rendra visible les choses qui étaient déjà là, mais que nous
ne pouvions pas voir.
Seigneur, donne-nous de regarder toute chose dans
cette lumière-là : la lumière de la résurrection.
Prière.
Seigneur Jésus, manifeste-toi à nous, donne-nous de
voir par transparence ta présence vivante et vivifiante au cœur du monde. Et
donne-nous d’en témoigner sans crainte, non seulement en paroles, mais par
toute notre vie. Une vie qui se nourrit de ta vie pour la donner en partage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire