vendredi 18 juillet 2025

Liturgie de la Parole 15e vendredi TO-I

accueil 

Lectures: Exode 11,10-12,14 Matthieu 12,1-8 

Nous sommes rassemblés pour ce temps de prière, un jour de fête nationale. Nous voici donc tout spécialement invités à prier pour notre Patrie et tous ses habitants quelle que soit leur nationalité ! et puis prier pour notre Patrie, tout en la regardant comme part de l’Europe, part de l’humanité entière. Posons sur celle-ci un regard bienveillant, tel le regard même de notre Dieu. Et que monte vers lui notre prière. C’est le temps des vacances pour certains, un temps pour faire sabbat. Que ce sabbat les rapproche de toi, les rapproche les uns des autres. 

Méditation de la Parole 

Nous venons d’écouter le beau texte de l’Exode, qui donne les prescriptions pour le repas de la Pâque. Un chant dit de notre Dieu qu’il met tout à l’envers. Cela me semble assez clair en ce texte. Le peuple d’Israël connaît l’oppression, l’esclavage. Dieu a vu, a été ému, et a décidé de libérer son peuple. Il a appelé Moïse et Aaron pour cela. Et jusqu’ici cela a plutôt tourné mal. Après 9 plaies supposées convaincre Pharaon de libérer le peuple, la condition des israélites a été durcie par Pharaon. Le sort est pire ! et voilà que Dieu donne à Moïse d’instituer la Pâque. Il donne les détails du repas, de la fête à célébrer, et dit qu’il faudra dorénavant en faire une fête de pèlerinage d’âge en âge ! Vous feriez ainsi vous ? vous avez un peuple dans la souffrance, dans la détresse, et vous lui demandez de célébrer par un repas sa libération, avant d’être libéré ? Le dicton populaire dit :  il vend la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Et oui, notre Dieu met tout à l’envers. Il demande à des esclaves, qui actuellement ne sont pas libres de leurs pas, de célébrer une fête de pèlerinage, ceinture aux reins, sandales aux pieds, et bâton à la main. Bref, il les invite à la foi totale et à l’espérance ! En même temps, il leur déclare par cette célébration avant l’heure : vous êtes déjà libres, intérieurement par votre foi, votre espérance. Et le repas que vous allez partager en est le signe, comme le sacrement… cela ne manque pas d’annoncer la dernière cène ! 
L’évangile nous offre une autre libération, celle d’une lecture tyrannique de la loi de Dieu, alors que nous sommes invités à la recevoir comme une garante de la liberté nouvelle, gage de l’alliance de Dieu. 
Oui, Dieu a fait célébrer la pâque, une nuit obscure en Égypte, pour que le peuple se mette en route, vers l’alliance nouvelle. Et c’est seulement au Sinaï que sera donnée la loi. On aurait pu penser que Dieu propose d’abord son alliance, dise la loi, et puis si le peuple est d’accord, alors Dieu le libère. Et bien non ! le don de Dieu, le salut est gratuit. Célébrer doit mettre le peuple en route, dans une liberté nouvelle, dans la confiance et la foi. Et alors le peuple pourra vraiment choisir s’il veut ou non vivre une alliance avec ce Dieu libérateur. 
Un signe clair de la liberté : le sabbat : il y a deux sens liés au sabbat : c’est participer au repos de Dieu créateur. Dieu a renoncé à la toute-puissance et nous confie de poursuivre son œuvre. Cocréateurs, renonçons aussi à la toute-puissance et sachons faire sabbat comme lui. Et puis le sabbat rappelle que le peuple a été en esclavage, et que Dieu l’en a libéré. Le sabbat doit donc être vécu comme rappel de cette liberté, il protège d’un retour à l’esclavage. Aussi Jésus lutte contre toute mauvaise lecture du sabbat et sans cesse ramène à l’Esprit profond de cette loi. Jésus ne contredit pas la loi, mais il nous apprend à la lire, il l’ouvre avec une unique clé d’interprétation : la miséricorde. Plutôt que de juger les disciples, que serait-il arrivé si les pharisiens s’étaient demandé : pourquoi ont-ils faim ?   

invitation à la prière : 

Jésus libérateur, tu nous invites à la liberté. Que ton Esprit prononce en nous la prière des enfants de Dieu

prière d’envoi

Dieu Sauveur, pour nous donner de partager ta vie, ton amour, tu nous as donné une terre, une patrie, et tu ouvres ton Royaume à toute l’humanité. Nous te rendons grâce. Accorde-nous de vivre sur cette terre, en pèlerins, auditeurs inlassables de ta Parole. Alors mettant au centre ta miséricorde, nous marcherons ensemble, artisans d’unité et de fraternité. Nous te le demandons à toi le Dieu fidèle pour les siècles des siècles. 

sr Myrèse écrit le 21 juillet 2023,


mercredi 16 juillet 2025

Liturgie de la Parole 15e mercredi TO-I

Lectures : Exode 3,1-6.9-12 Matthieu 11,25-27

Ouverture

Le fil rouge des lectures de ce jour pourrait être le mot « révélation ». Dieu se révèle à Moïse au buisson ardent. Jésus proclame la louange du Père qui « révèle aux petits » les mystères du Royaume. Mais ce qui est révélé, ce n’est pas seulement quelque chose de Dieu, c’est aussi quelque chose qui concerne l’homme. Comme Moïse, nous sommes invités à faire un détour pour voir cette chose étrange : quel est ce Dieu qui brûle le buisson sans que le buisson ne brûle ? Quel est ce Dieu qui semble avoir tellement besoin de nous pour réussir son projet ?

Résonances

Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jethro. Il mena le troupeau au-delà du désert… Un midrash raconte que Moïse fut mis à l’épreuve par des moutons : alors qu’il paissait le troupeau de son beau-père, un petit agneau s’échappa. Moïse courut après lui et le vit s’arrêter dans un lieu ombragé pour boire. Moïse le prit sur ses épaules pour le ramener. Le Seigneur lui dit alors : « parce que tu as eu pitié d’un agneau en conduisant le troupeau, tu paîtras mon troupeau Israël ».
La révélation se fait progressivement. On dirait que Dieu guette le moment favorable. Il attire l’attention de Moïse par un phénomène étrange, il voit que Moïse fait un détour pour voir, il suscite sa curiosité et l’appelle en disant deux fois son nom : « Moïse, Moïse ». Il le connaît déjà. Il continue à le tester en lui disant : « retire tes sandales, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ». Pourquoi doit-il retirer ses sandales ? Des commentateurs y ont vu une marque de respect. Ou d’ascèse. Une ancienne tradition juive affirme même que l’ordre donné à Moïse de délier ses sandales signifie qu’il doit renoncer à la vie conjugale lorsqu’il est investi de sa mission. 
Pour ma part, je dirais simplement : retirer ses sandales, surtout en plein désert, est une chose dangereuse : on peut se blesser, être mordu par un serpent, que sais-je. C’est donc une posture de vulnérabilité. On marche avec prudence, quand on est déchaussé. On marche lentement, et on est peut-être plus attentif aux embûches du chemin. Et si Dieu dit que le lieu où il se tient est une « terre sainte », retirer ses sandales signifie qu’on entre en contact direct avec la terre sanctifiée, avec la sainteté de la terre, avec Celui qui rend cette terre sainte par sa Présence. Dieu demande à Moïse d’entrer en contact, peau sur peau, peau de ses pieds nus sur la peau de la terre, sacrement de la rencontre. Pour que ce contact puisse se faire, Moïse doit se défaire de ce qui le protège. Il est désarmé. C’est seulement alors que vient la révélation, et elle est surprenante. Moïse découvre que le Dieu de ses pères est un Dieu proche, un Dieu qui a « les deux pieds sur terre », un Dieu qui s’implique dans l’histoire des hommes, qui a un rêve magnifique, un rêve de libération de son peuple, et qu’il a besoin de lui, Moïse, pour réaliser son rêve. Le Dieu du buisson ardent est un Dieu rusé. Il nous attire et puis il nous envoie en mission. Une mission impossible ! Il commence par nous désarmer, et puis il nous donne pour toute arme l’assurance de sa présence : « je serai avec toi ! » Pas facile…
Dans l’évangile, nous assistons à un dialogue intime entre Jésus et son Père. Nous entrons dans l’intimité de sa prière de louange : « je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Cet évangile commence par « en ce temps-là ». Pour une fois, ce n’est pas un ajout du lectionnaire, mais c’est vraiment dans le texte. On peut comprendre : « à ce moment-là », « dans ce contexte-là », ce qui renvoie aux passages précédents. La suite de la phrase se comprend alors aussi dans ce sens : « tu as caché cela (ces choses-là) aux sages et aux savants et tu l’as révélé aux tout-petits ». C’est quoi, ce cela ? Si nous regardons les passages qui précèdent : il y a eu le chapitre 10, l’envoi des disciples en mission, qui se terminait par ces mots : « qui vous accueille m’accueille » … Puis il y a eu un passage concernant l’accueil (ou le non-accueil) réservé aux paroles de Jean-Baptiste, et puis le passage que nous avons entendu hier concernant l’accueil (ou le non-accueil) des paroles de Jésus par les villes de Bethsaïde, Corazine, Capharnaüm. Le contexte de la prière de Jésus est donc celui-là : une question concernant l’accueil de sa parole (ou de celle de ses disciples, ce qui est la même chose).
Sur ce point, nous revenons au buisson ardent. Moïse doit retirer ses sandales et toucher la terre nue pour accueillir la parole que le Seigneur lui adresse. Une parole qui est à la fois révélation et envoi en mission. Si nous voulons entendre la parole de Jésus, pas comme une parole superficielle, mais comme une parole qui nous touche, nous devons nous laisser toucher, retirer nos sandales, nous laisser désarmer. Alors, nous ne serons pas comme Bethsaïde, Corazine ou Capharnaüm, blindées dans leurs certitudes. Alors, nous serons comme les « petits » qui sont appelés à refléter le vrai visage de Dieu.

Sœur Marie-Raphaël 16 juillet 2025


Méditation de Sœur Renée du Carmel saint Joseph

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/matthieu-11-25-27-4/ 

Lecture Matthieu 11,25-27

Ô Toi l’au-delà de tout, Comment t’appeler
d’un autre nom ? Quelle hymne peut te chanter ?
Aucun mot ne t’exprime. Quel esprit peut te saisir ? Nulle intelligence ne te conçoit.
(Grégoire de Nazianze)
Béni sois-tu pour l’autre voix qui sait ton nom, qui vient de toi. (Cf. D. Rimaud)
Jésus, l’autre voix qui sait ton nom, nous partage le plus grand des secrets, nous ouvre le mystère étonnant qu’aucun sage et qu’aucun savant ne pouvaient approcher ni même pressentir. Dieu est Père, éternellement. Et ce n’est pas sa volonté de le cacher, mais bien notre incapacité radicale de le découvrir par nous-mêmes qui ne nous permet pas de prendre part à ce dévoilement. La quête est sans issue pour ceux qui cherchent avec les connaissances et la sagesse humaine. Et ce n’est pas au-delà de toute science, mais en-deçà. Oui, ce qui est révélé est un mystère d’abaissement, un Dieu pauvre et nu. Folie d’amour d’un Dieu que seuls les tout- petits peuvent accueillir et qui se laisse rencontrer. Ce rendez-vous là demande un cœur de pauvre.
Et Jésus prie : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté, tu le veux avec ta force douce qui conduit chacune de tes créatures vers toi. » Il dit encore : « Tout m’a été confié par mon Père. » Le Père lui-même s’en remet totalement à un autre et ouvre en son Fils un tout nouvel univers de relations. En cet Unique, nous voilà amenés à reconnaître que le Père est Seigneur, non parce qu’il s’impose, mais parce qu’il se donne et autorise l’autre à être pleinement, parce qu’il se retire pour que nous vivions et nous épanouissions en liberté.
Père, avec Jésus, nous proclamons ta louange !


lundi 14 juillet 2025

Liturgie de la Parole 15e lundi TO-I

Méditation du père Jean Lévêque (carme) 

http://bibleetviemonastique.free.fr/matthieu/merces.htm  

Lecture: Matthieu 10,34-11,1 

Saint Matthieu a regroupé en un même discours un bon nombre de consignes de Jésus concernant la mission chrétienne et le style de vie des missionnaires chrétiens ; c'est la conclusion de ce discours que l'Église nous fait lire aujourd'hui. 
Comme vous l'avez remarqué, ces quelques versets sont centrés sur l'idée d'accueil ; mais l'accueil peut être vu à plusieurs niveaux.
Il y a d'abord l'accueil des envoyés de Dieu. 
Disons tout de suite que ces envoyés ne portent pas forcément tous la petite croix des clercs ou des religieuses. Hommes ou femmes, prêtres ou non, il s'agit des prophètes de la nouvelle Alliance, donc de tous ceux et de toutes celles qui ont quelque chose à dire dans l'Église de Jésus, non parce qu'ils l'ont lu dans une revue ou dans leur journal, mais parce qu'ils l'ont expérimenté, dans la force de l'Esprit Saint, parce qu'ils interprètent authentiquement les événements que traverse le peuple de Dieu.
 
"Qui accueille un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète." (…)." Autrement dit : celui qui accueille les messagers de Dieu, le message de Dieu, les suggestions de Dieu, voit venir dans sa vie une fécondité inespérée : c'est la récompense accordée par le prophète
Mais on peut comprendre aussi : celui qui accueille un prophète reçoit la même récompense que le prophète. Si c'est vraiment un prophète que nous recevons, et si nous l'accueillons à cause du message qu'il porte, à cause du Christ qu'il représente, à cause de l'appel qu'il nous transmet, lui "l'homme juste", il faut nous associer, librement et courageusement, à l'œuvre du prophète, il faut laisser entrer en nous l'espérance nouvelle et l'exigence inattendue dont il est le témoin, et c'est pourquoi Jésus nous promet, à nous aussi, une récompense de prophète et d'homme juste.
Évidemment, on ne peut accueillir tout le monde à la fois, on ne peut investir ses forces chrétiennes dans toutes les directions à la fois, ni non plus participer à la fois à toutes les entreprises missionnaires. Il y a d'authentiques disciples du Christ qui ne feront que traverser notre vie. L'important, nous dit Jésus, est de ne pas manquer le moment du verre d'eau.
Autour de nous, des hommes, des femmes peinent pour le Royaume, ou simplement cherchent le Seigneur, qu'il s'agisse de jeunes, d'adultes ou de personnes âgées. Nous les rencontrons fortuitement, au hasard de notre métier ou sur la route des vacances. Ils ne demandent rien, mais ils ont soif, soif d'un moment d'amitié ou de compréhension, soif d'un accueil aussi simple, aussi limpide, aussi opportun qu'un verre d'eau fraîche en pleine chaleur.
 
Mais l'accueil le plus fondamental se situe à un autre niveau : celui de notre relation directe au Christ Sauveur.
"Celui qui aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille, plus que moi, n'est pas digne de moi", c'est-à-dire n'est pas de niveau avec ce que je lui offre, dit Jésus. Bien sûr, le Christ ne cherche absolument pas à déprécier ni même à relativiser les affections familiales. Lui-même, au moment de mourir, se souciait encore de sa mère, et il a tenu à ce que Marie soit intégrée à sa vraie place dans la communauté chrétienne. Le Christ ne veut pas non plus opposer les attachements humains et l'attachement à sa personne, comme s'ils étaient inconciliables, mais il proclame cependant avec force que, si nous voulons marcher à sa suite, notre marche ne doit pas être arrêtée ni même gênée par des liens affectifs.
En d'autres termes, le Christ ne peut se contenter des restes de nos forces, de notre temps, de notre amour. Il veut tout et tout de suite, et l'amour pour lui est premier et total. Toute autre affection, tout autre lien d'amitié ou d'amour doit être vécu, pour ainsi dire, à l'intérieur de ce don total que nous faisons au Christ. Mais - et c'est là une richesse inouïe du message de Jésus - nos affections humaines, ainsi ressaisies dans notre don au Christ, loin d'être niées, loin d'être dévaluées, loin d'être taries ou stérilisées, trouvent une vérité plus grande et se libèrent des contraintes de l'égoïsme.
 
On n'aime jamais autant que lorsqu'on aime en Dieu. Tant que Dieu, dans un cœur humain, reste le concurrent, quelque part se glisse la tristesse. Quand Dieu est accueilli comme source de tout amour, la tristesse même se change en joie, et l'on apprend à aimer avec tout son cœur.