jeudi 31 juillet 2025

Liturge de la Parole 17e jeudi TO-I

Lectures : Exode 40, 16-21, 34-38, Matthieu 13, 47-53

Introduction

Seigneur en respectant ce que le Seigneur lui a demandé. Il dépose le Témoignage dans l'arche. Une nuée a couvert la tente. Lorsqu'elle s'élevait, les fils d'Israël « levaient le camp ». La nuit comme le jour, la gloire du Seigneur remplissait la demeure.
Dans l’Évangile de Mathieu, le royaume est comparé à un filet de pêcheurs qui ramènent toutes sortes de poissons, des bons et des mauvais. Sur cette terre, les hommes vivent ensemble, les bons et les mauvais. Seront-ils séparés à la fin des temps ? Jésus compare aussi le royaume à un maitre de maison qui tire du neuf et de l'ancien de son trésor. 
Dieu approche, Dieu est proche.
Rendons-lui grâce en chantant les psaumes !

Commentaire :

« Le monde est en feu, vraiment ce n'est pas le moment de traiter avec Dieu d'affaires de peu d'importance » disait sainte Thérèse d'Avila. Aujourd'hui encore, il y a des atrocités, de la violence aveugle qui touchent souvent des innocents. Il y a des génocides qui seront irréparables. Nous voudrions un filet rempli de bons poissons, uniquement des bonnes personnes, mais une telle Église ne serait-elle pas vide ? Or Jésus compare le Royaume à un filet dans lequel les bons et les mauvais se côtoient. Les « bons » ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit, Jésus n'a-t-il pas comparé un jour, une insulte à un frère, à un crime ? Bien sûr, il y aura un triage à la fin des temps. Le premier psaume le dit « le Seigneur connait le chemin des justes et le chemin des méchants se perdra » mais Dieu est miséricordieux et patient avec nous, il « jugera » à la fin des temps. Jésus « manifeste ainsi le terme, la fin du monde...cette incapacité pour les injustes de se tenir au rassemblement des justes » (Sr Frédérique Oltra, communauté du Caire Egypte).
- C'est étrange cette promesse de « punition » alors que Jésus connait la bonté infinie de son Père mais il connait aussi l'humain et cette liberté que Dieu nous donne de croire ou non en lui, liberté de l'écouter ou bien liberté de refuser d'entendre. La menace de l'enfer, de la Géhenne ou de la fournaise... peut nous heurter. Jusqu'au 20° siècle, (et peut-être pour certains, jusqu'à nos jours), cette menace de l'enfer était bien présente, il y avait les péchés mortels et les péchés véniels. Au temps de Jésus, la crainte de l'enfer servait sans doute à éduquer les barbares mais aujourd'hui nous devinons l'attitude de Dieu vis-à-vis des pécheurs. Dans son infinie miséricorde, il serait capable de pardonner même au pire des criminels qui se repentirait.
La chose la plus terrible pour nous, c'est de nous perdre loin de Dieu et Jésus ne parle pas que des fautes graves, au chapitre 25 de l'évangile de Mathieu, il énumère tout ce qu'il faut faire pour l'accueillir, donner à boire à l'étranger, le vêtir etc. 
Mais saint Paul le dit, Dieu sauve les pécheurs. Il est comme le potier, il nous façonne, il est d'une grande patience avec nous et nous croyons que la fin du monde est déjà advenue.
« Le royaume est comparable à un maitre de maison qui tire du neuf et de l'ancien
»
Aujourd'hui encore, l'Eglise souffre de conflits entre les conservateurs traditionalistes et les progressistes innovateurs. Certains n'ont toujours pas accepté les décisions du concile Vatican 2. « Méfions-nous de ceux qui pensent que seul l'ancien a de la valeur, ceux qui, à l'instar de certains aujourd'hui, confondent la tradition avec la perpétuelle répétition de l'ancien. Mais méfions-nous aussi de ceux qui pensent que seule l'innovation a de la valeur... qu'il faudrait continuellement rompre avec l'ancien pour faire du neuf. Jésus renvoie dos à dos ces deux conceptions, il ne s'agit ni de copier le passé, ni de rompre avec lui, il nous invite à une stratégie du « en même temps ». (Père Jean-Marie Petitclerc)
« Lorsque Jésus eut terminé, il s'éloigna de là ».
« Le Seigneur s'éloigne... pour que d'autres entrent dans la promesse, puissent à leur tour figurer ce qui, pas à pas, se développe au sein du monde sans en être : le Royaume » J.L. Fabre


Invitation au Notre Père

Prions notre Père avec les paroles apprises par Jésus.

Danièle 31 juillet 25


mardi 29 juillet 2025

Liturgie de la Parole 29 juillet: Marthe, Marie et Lazare

Méditation de Rosy en 2022

https://partage-de-lectio.blogspot.com/2022/07/liturgie-de-la-parole-17e-vendredi-to.html 

Liturgie de la Parole 17e mardi TO-I 

Méditation de Sœur Marie Christine en 2023 (retraite des enfants)


https://partage-de-lectio.blogspot.com/2023/08/celebration-de-la-parole-17e-mardi-to.html 

 

 https://www.facebook.com/photo/?fbid=2562407417194234&set=a.1110019842433006

Nous sommes aujourd'hui le 29 juillet, sainte Marthe, Marie et Lazare et pour le,moment je n'ai pas d'autre commentaires que celui-ci que je vous partage.  

lundi 28 juillet 2025

Liturgie de la Parole17e lundi TO-I

« Le grain de moutarde et le levain » Matthieu 13, 31-35 

Méditation 

Deux toutes petites paraboles sur le Royaume de Dieu.
Parler du Royaume de Dieu, éveille, en général, des images de puissance et d’éclat. Ce n’est pas tout à fait ce que Jésus nous suggère, ici. Il met plutôt, en scène un lien surprenant entre la petitesse initiale et une grandeur inattendue en finale. 
Jésus reprend, en fait, une parabole d’Ezéchiel qui parlait d’Israël comme d’un rameau (Ezéchiel ch.17, 22-24). « Je couperai un rameau à la cime d’un grand cèdre, dit le Seigneur, je le planterai moi-même au sommet d’une haute montagne. Il deviendra un cèdre magnifique qu’habiteront des oiseaux installés à l’ombre de sa ramure. »
Jésus transforme un peu ce récit. Ici, il s’agit d’une minuscule graine, qu’il faut jeter en terre, bien sûr. Dans une terre bien travaillée, retournée, évacuée de ses scories, ratissée afin qu’elle devienne fine et meuble. Ce sont les conseils de Jésus, dans sa parabole de la graine tombée dans les différentes terres ? Et la graine, débarrassée de son enveloppe, germe, grandit et devient la plus grande des plantes potagères. … !!! 
Toi, Jésus, tu en fais un grand arbre, … Et même un arbre de taille si imposante, que les oiseaux viennent y faire leurs nids pour abriter leurs petits !     
Là, tu exagères un peu !!!  L’image la plus adéquate, c’est le cèdre … le grand cèdre ! Mais voilà, c’est un récit fictif, n’est-ce pas !

En passant, nous pourrions nous poser la question : Suis-je assez disponible,
moi, assez abandonné, pour que le Seigneur puisse travailler, ma terre,
la purifier, l’affiner afin que sa parole puisse germer en moi ? »

Et puis, j’y pense ! Ces oiseaux … ils auraient pu manger la graine et faire avorter le processus de croissance ! Non ! Au contraire, Jésus nous dit qu’ils vont trouver un abri confortable.    
Jésus nous parle donc de l’avenir du Royaume de Dieu. Dans son état actuel, il est d’une petitesse dérisoire, peu visible, par rapport à beaucoup d’autres réalités de ce monde. Cependant, nuit et jour, que nous dormions ou que nous soyons debout,   … il grandit ! On ne sait comment !!! Et en finale, c’est en lui que nous pourrons tous, trouver une demeure !
Oui, cette histoire met en valeur un devenir mais … elle ne dit rien de l’agent de cette transformation.
Eh bien ! C’est justement LE SUJET de la parabole du levain dans la pâte que Jésus croque dans une scène de la vie quotidienne, familière. 
Du levain enfoui dans trois mesures de farine ! Oh là, 24 kg ! … C’est pour nourrir plus d’une centaine de personnes !

Jésus, tu prends encore un risque, ici ! … Celui de n’être pas compris, de te faire mal voir ! Tu sais très bien que le levain, est considéré négativement dans ton pays ! Car la fermentation est perçue comme la dégradation de la pureté originelle de la pâte ! Les pains purs sont les pains sans levain : les pains azymes. C’est d’ailleurs, uniquement ceux-là que l’on offrait à l’autel et à Dieu !
Il fallait même faire disparaitre le levain avant la Pâque ( Ex. 12-15 ) pour signifier une nouvelle existence, une existence purifiée. ( 1 Cor 5, 7-8 )
Jésus sait transgresser les codes, mais c’est pour nous faire comprendre des réalités essentielles.
Ces deux paraboles sont, en effet, un peu incongrues : le levain dans la pâte n’est pas plus perceptible que la graine semée en terre.
Mais ce que l’on voit c’est leur puissance de transformation. Et le ressort de cette puissance c’est l’amour que Jésus a enfoui dans la pâte humaine : pas seulement dans nos moments de recueillement ou de prière mais aussi dans nos moments de doute et de fragilités et également dans nos moments 

Le Royaume de Dieu est donc en continuelle croissance.
La question qui se pose à nous : sommes-nous prêts à y collaborer de tout notre être ? 
A travailler pour le Royaume à la manière d’un ferment : celui de l’amour vrai ?


Notre Père 

L’homme et donc, nous-mêmes, ne pouvons pas demeurer un témoin passif, dans la croissance du Royaume ! Et nous y enfouir de façon active et efficace.

Sr Anne Françoise le 28 juillet 25


dimanche 27 juillet 2025

Liturgie de la Parole 17e dimanche Année C

HOMÉLIE

Abraham était vraiment tenace. Si j’étais vulgaire, je dirais « casse-

pied », tellement il est insistant. Pour épargner la ville de Sodome, il fait un

véritable marchandage avec Dieu.

L’Evangile va dans le même sens : quel est le compagnon qui refuserait de

donner du pain à son ami sans gêne venant le réveiller pendant la nuit ?

En résumé ces deux lectures sembleraient vouloir dire qu’il suffit de demander

n’importe quoi à Dieu, avec un peu d’insistance. On finirait toujours par être

exaucé. Ceci peut faire rêver ! Une « bonne » prière me permettrait de gagner

à la loterie ou de réussir mes examens. Un tel raccourci faisant croire qu’on

peut demander n’importe quoi de n’importe quelle manière, nous fait passer à

côté du message de Jésus.

Pour m’aider à comprendre, je relève trois passages des lectures bibliques que

nous venons d’ écouter:

- Abraham ne demande pas quelque chose pour lui mais pour les habitants

de Sodome.

- Dans l’évangile, un homme accueille des amis arrivant à l’improviste pendant

la nuit. Il souhaite leur donner à manger mais il n’a plus de pain. Il va en

demander à son voisin.

- Le 3ème extrait est un peu semblable : « Quel père donnerait à manger un

serpent à son fils  qui lui demande un poisson ?  » 

Remarquons que ces trois personnes ne prient pas pour obtenir un plus à

ce qu’ils possèdent déjà. Non, il s’agit d’obtenir un pardon ou de la nourriture,

càd quelque chose d’absolument nécessaire, d’indispensable à la subsistance

ou à la vie.

En lisant ces deux récits je me suis aussi posé cette question : pourquoi

devons-nous prier avec autant d’insistance? D’abord Abraham qui essaye de

toutes ses forces d’infléchir le cœur de Dieu ou encore l’évangile qui nous dit

de ne pas avoir peur d’insister : « frappez, demandez, cherchez … et vous

obtiendrez ! » Dieu serait-il sourd ? Son cœur serait-il si peu sensible qu’il faille

tant insister ? Si vraiment il nous aimait, ne pourrait-il nous donner, nous

ouvrir avant même que nous le lui demandions. 


Non, Dieu n’est pas sourd. Saint Luc veut simplement nous dire que Dieu ne

fera rien sans notre collaboration. Si nous avons perdu quelque chose il ne

suffit pas de dire une bonne prière pour que ça tombe du ciel. Il faut aussi

chercher.

Jésus est bien clair : A notre prière nous devons joindre le geste, l’effort, le

travail, la recherche.

Prenons un exemple: le plus mauvais service que des parents puissent rendre à

leurs enfants c’est de faire tout à leur place. Au contraire, en bons éducateurs

ils leur apprendront à devenir autonomes, à travailler et à lutter pour se

construire.

Mais dans les moments difficiles les parents seront toujours aux côtés de leurs

enfants pour les encourager, les soutenir et leur apporter l’aide nécessaire

jusqu'à ce que cela aille mieux et puis ils se retireront.

Il en est de même pour Dieu. Comme un Père qui nous aime, il ne fait pas le

travail à notre place mais il est toujours à nos côtés pour nous aider, nous

soutenir et nous relever.

La prière ne nous épargne ni les épreuves ni la souffrance. Elle ne

change pas le cours des événements mais elle nous donne la force de les

affronter.

Le verbe « demander » revient sept fois dans l’évangile d’aujourd’hui. La

dernière fois il est lié à la demande de l’Esprit-Saint. Que c’est beau de

clôturer cette péricope par une telle requête. Ce don suprême nous aide à

percevoir ce qui nous convient au moment propice. N’hésitons jamais à

solliciter l’Esprit-Saint pour être en relation ajustée avec Dieu, avec Jésus et

entendre ce qu’ils nous demandent à leur tour. Nous serons transformés sous

son effusion. De cette manière, notre prière de demande convertira notre

relation à Dieu.


Abbé Stréber Fernand


P’TIT RAWETT’

HISTOIRE DE JEANNOT

Dans la cour de récréation d'un centre de rééducation pour enfants handicapés, un petit

garçon vient de tomber et il a beaucoup de peine à se relever.

Un éducateur passe et l'enfant, abandonnant son effort, tend la main en disant:

«  - Aide-moi. » «  - Aide-moi. » «  - Aide-moi. »

Mais l'éducateur s'approche en souriant et lui répond:

« - Non, Jeannot, relève-toi tout seul. »


L'enfant fait une crise de colère mais l'éducateur ne change pas d'avis. Alors calmé,

Jeannot reprend son effort retrouve doucement une position d'équilibre.

Un grand sourire se dessine sur son visage et il se jette dans les bras du grand en disant:

« - Hein... tu ne m'as pas aidé... tu le diras aux autres, hein... tu le diras que je l'ai fait tout

seul ! »

Et après Jeannot dit encore: « - Si, tu m'as quand même aidé !.. »

L'éducateur lui répond alors: « - Maintenant Jeannot, je t'aiderai toujours comme cela. »

Il était une foi tome 1 Ed CRJC (Liège)

samedi 26 juillet 2025

Liturgie de la Parole 16e samedi TO-I

Mind your business (Mt 13, 24-30)

Lectures du jour : Exode 24, 3-8 - Psaume. 49 - Matthieu 13, 24-30

Méditation

Il n’y a pas de lecture particulière en ce 26 juillet, mémoire des saints Joachim et Anne, parents de Marie. Et pour cause : ils sont absents des évangiles canoniques ! Nous les honorons cependant comme discrets serviteurs de Dieu ;  ils incarnent la transmission de l’Alliance, la patience dans la foi, et la confiance dans le travail de Dieu. Tout ce dont nous parlent les deux lectures.


Dans la première lecture (Ex 24, 3-8), Moïse rassemble le peuple pour sceller une alliance avec Dieu. Ce moment fort est un engagement collectif, mais il ne gomme pas la fragilité humaine. Ce peuple, comme le nôtre, est mêlé : fidèle et parfois rebelle, fragile et complexe.


La parabole de l’ivraie (Mt 13, 24-30) nous dit quelque chose de proche : elle nous parle d’un champ où poussent ensemble le bon grain et l’ivraie, difficiles à distinguer tant qu’ils ne sont pas mûrs. Cette histoire nous ouvre sur trois mystères [1] : la coexistence du bien et du mal (mystère du mal), le jugement dernier (mystère du temps), et le mystère de la patience de Dieu qui nous demande de laisser croître et de vivre ensemble malgré les ambiguïtés.


Gardons cela en tête pour mieux entendre ce que la Parole nous dit aujourd’hui. Entrons en prière, en relation avec notre Dieu en chantant les psaumes.


 
Isabelle H

vendredi 25 juillet 2025

Liturgie de la Parole 25 juillet fête de saint Jacques 

Évangile : Matthieu 20, 20-28

Homélie 

      Souvent, je me suis demandé si saint Jacques, le jour de sa fête, avait du plaisir à s'entendre rappeler cet épisode qui n'est peut-être pas vraiment à son honneur. Certes, la liturgie a eu la délicatesse de préférer au récit de Marc la version de Matthieu, qui met la demande sur le compte de sa mère, ce qui le dédouane un peu. Mais Jésus ne s'y trompe pas et ce n'est pas la mère qu'il interroge ensuite, mais ses deux fils : "Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?"
      
      La requête des apôtres Jacques et Jean peut surprendre. Si elle exprime une simple tendance à la course aux honneurs, elle a quelque chose de ridicule. Mais elle pourrait avoir une autre portée, beaucoup plus sérieuse et aussi plus tragique. Elle pourrait signifier une grave contradiction entre deux manières de concevoir la mission de Jésus. Jean-Baptiste leur avait promis un Messie qui allait mettre de l'ordre, opérer un grand nettoyage, amasser le grain dans son grenier et brûler la paille. Et Jésus trouve qu'il vaut mieux laisser l'ivraie pousser avec le bon grain. Jean-Baptiste leur avait annoncé que la cognée se trouvait déjà à la racine des arbres et que tout arbre qui ne portait pas de fruit allait être coupé et jeté au feu. Et Jésus échange la cognée contre la bêche : il creuse à la racine des arbres pour y mettre du fumier et leur laisser une chance.
      
      La démarche de Jacques et de Jean, qui survient juste après la troisième annonce de la Passion, signifie à tout le moins qu'ils ne sont pas sur la même longueur d'ondes que Jésus. "Vous ne savez pas ce que vous demandez". Je vous parle de moqueries et de crachats, de flagellation et de mort, et vous me demandez des trônes de gloire ! Vous voudriez être l'un à ma droite et l'autre à ma gauche, mais ces places sont préparées pour d'autres." Et en effet, quand l'annonce de la Passion se réalise, on crucifie avec Jésus deux bandits, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche : voilà pour qui ces places sont préparées.
      
      Luc, qui a beaucoup d'estime pour les apôtres, a l'habitude de les ménager, de leur chercher des excuses, de corriger les anecdotes où ils apparaissent trop stupides. C'est ainsi qu'il a passé sous silence cette démarche de Jacques et de Jean. Mais il a mis en scène les deux mêmes apôtres dans un autre récit. Quand Jésus part pour Jérusalem, des Samaritains refusent de l'accueillir. Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : "Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ?" Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. En lisant ce récit de Luc, on peut comprendre pourquoi Jacques et Jean espéraient siéger aux côtés de Jésus. De leur part, c'est une preuve de courage, de détermination. Ils sont prêts à boire la coupe de leur maître. Mais ils n'ont pas les mêmes vues que lui, ils ne partagent pas son "programme". En voyant Jésus qui est bon avec tout le monde, pardonne aux pécheurs et supporte l'adversité, ils craignent que, quand il aura pris le pouvoir, il l'exerce avec trop de mollesse. Ils se disent que Jésus devra être entouré par des conseillers plus fermes, à l'occasion plus expéditifs, et qu'ils sont de l'étoffe dont on fait les bons ministres, intègres et rigoureux.
      
      Jésus, qui aimait donner des surnoms, appelait ces deux apôtres "les fils du tonnerre". C'était leur reprocher, avec un brin d'ironie, de mal habiter leurs vrais noms, car Jean veut dire le Seigneur fait grâce et Jacques, Dieu protège. Dieu n'a que faire de leurs conseils de gouvernement. Il n'est pas celui qui menace et foudroie, mais celui qui protège et fait grâce.

      Frère François, moine de Wavreumont 25 juillet 25


jeudi 24 juillet 2025

Liturgie de la parole 16e jeudi TO-I

Évangile : Matthieu 13,10-17

Homélie 

      Ce n'est pas la page la plus limpide de l'évangile. J'ai parfois vu avec un peu d'inquiétude s'approcher le jour où j'allais devoir la commenter. Oui, sans doute, c'est une béatitude. Heureux êtes-vous, parce que vous êtes du bon côté. Soit. Mais ça ne me comble pas tout à fait. Car, comme disait il y a un demi-siècle le spectacle Glory Hallelujah, la Bible sonore, il y a aussi "tous ces milliers d'autres que Dieu n'a pas pu consoler". Ils se bouchent les yeux et les oreilles pour ne pas voir et ne pas entendre. Sinon je les guérirais, disait l'ancienne traduction liturgique. Nous sommes habitués à des traductions qui disent : ils ont peur que je les guérisse ; ou bien : s'ils m'avaient laissé faire, je les aurais guéris.
      
      Et puis, un jour, surprise, notre traduction dit bien : et moi, je les guérirai. Au futur. Je me suis précipité à la bibliothèque pour vérifier le texte grec. C'est bien cela : καί ἰάσομαι αὐτούς  (kè iasomè avtous), et je les guérirai. Pas contre leur gré, sans doute, pas malgré eux, mais la promesse est bien là, ouverte, disponible : je les guérirai.
      
      Cela m'a fait songer à la fin du psaume 80. Chez moi, on le prie encore dans la version du Psautier de Jérusalem : "Mon peuple n'a pas écouté ma voix… je les laissai à leur cœur endurci… Ah ! si mon peuple m'écoutait, si dans mes voies marchait Israël, les ennemis du Seigneur l'aduleraient et leur temps serait à jamais révolu…" Mais la condition n'est pas remplie, le peuple n'écoute pas. Et Dieu peut seulement constater que son rêve est brisé : "Je l'aurais nourri de la farine du froment et rassasié avec le miel du rocher." J'aurais pu le faire, irréel du passé.
      
      Votre traduction est un peu plus optimiste, elle reste jusqu'au bout au conditionnel : "Si mon peuple m'écoutait… je le nourrirais de la fleur du froment." Il reste un espoir, la porte n'est pas fermée. 
      
      Puis, coup de théâtre, les derniers mots du psaume : "Je te rassasierais avec le miel du rocher." On s'attendait plutôt à : je le rassasierais. Il y a cinq versets et demi que Dieu parle d'Israël à la troisième personne. "Mon peuple n'a pas écouté ma voix, Israël n'a pas voulu de moi…" Et puis, juste avant la fin, cette surprise : "Je te rassasierais." Ici encore, ce n'est pas une faute de frappe. Israël n'a pas écouté, mais il a tout de même entendu qu'on parlait de lui, il a dressé l'oreille. Juste assez pour que Dieu puisse s'adresser à nouveau à lui : "Je te rassasierais avec le miel du rocher." Ce n'est pas encore un futur, comme dans notre évangile, mais la porte est entrouverte…

Frère François, moine de Wavreumont 24 juillet 25